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dimanche, 03 août 2008

Les couleurs de Frédéric Bazille

pink_dress.jpgJe retrouvais ce quartier près de la Cathédrale où Paul Valéry avait écrit Monsieur Teste. Place de la Canourgue, au-delà de la balustrade, la silhouette du Pic Saint-Loup surgit, en morceau de garrigue plissée. Air embaumé, vent tiède dans les micocouliers. Comme les fumées des cheminées en hiver, les musiques montent dans le calme des venelles. Au soir, la lumière en reflets ocre et rose se dépose, du sable au fond de la mer, sur le damier des toits. Les couleurs de Frédéric Bazille.

Raymond Alcovère, extrait de "Solaire" (qui va s'appeler finalement : "Vision des anges déchus") roman en cours d'écriture

samedi, 02 août 2008

Les femmes inflexibles...

T%20forts%20Manet%20Chritie%20-450.jpg"Les femmes inflexibles sont les seules qui comptent. Il faut les prendre par la tendresse. Même quand vous en avez le moins envie, soyez tendre"

Hemingway

Manet

vendredi, 01 août 2008

La littérature...

picasso2.jpg"La littérature a pour but de découvrir la Réalité en énonçant des choses contraires aux vérités usuelles."

Proust à Paul Morand

Pablo Picasso

 

jeudi, 31 juillet 2008

Eloge du sommeil

DSC07544.JPGJe ne comprends pas le poète qui frémit de percer « les portes d’ivoire ou de corne » qui séparent le dormeur du « monde invisible » (Nerval). J’adore, au contraire, m’abandonner aux bras pneumatiques du sommeil, porter cette vague qui me porte, me sentir pénétrante et pénétrée, féminine-masculine, couple parfait parce que jamais en paix, éternelle poursuite, heureuse échappée, discordance insoluble, le somme comme un des beaux arts.

Julia Kristeva, lire l'article entier ici

Delbar Shahbaz : Feast of angels size:135-180

 

mercredi, 30 juillet 2008

Encore, toujours, être à soi

40120565~Moonlight-Over-Boulogne-Harbor-1869-Posters.jpgJ’attends dans mon lit, bientôt la nuit viendra et je serais morte pour le monde

Le soir arpente les trottoirs, il s’éteint, se perd

Le songe est assis sur mes rives et se hâte de remplir ma tête

Le vide est un ogre avide qui hante ma mémoire

En silence, je regarde la lune

Son regard est si pur, si doux que je veux le conserver sur tout mon corps et les moindres plis de mes draps

Doucement la nuit s’évanouit, se fond lentement jusqu'à l’invisible

Je ne sais plus si je rêve ou…

Un temps de chien

L’aube ramène un jour gris

La pensée de la mort m’effleure

La nature entière s'anime

Une poussière d’oiseaux de papiers envahit l’air

Je me retourne, heureuse d’être vivante

Encore, toujours, être à soi

 

Sandy Bel, poète amérindienne

Edouard Manet

 

mardi, 29 juillet 2008

Moderne

« Etre moderne, c’est savoir ce qui n’est plus possible. » : Roland Barthes.

01:48 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : moderne, barthes

L'inattendu

watteau_femme_pied_big.jpg"Les choses divines ont bien des aspects. Souvent les dieux accomplissent ce qu'on n'attendait pas. Ce qu'on attendait demeure inachevé. A l'inattendu les dieux livrent passage."

Euripide, Les Bacchantes

Antoine Watteau

lundi, 28 juillet 2008

Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages, de Françoise Renaud

couverture.jpgVoir la présentation du livre ici

« La vie d’un homme ressemble à celle de la montagne. L’événement qui arrive noie les précédents dans le chaos, remanie les matériaux tout en les entraînant vers l’abîme. Mais un jour tout remonte à la surface. » La montagne que raconte le dernier livre de Françoise Renaud est la Cévenne, terre rude et sensuelle en même temps, massive et tendre, fermée en apparence mais où les cœurs s’ouvrent si fort. C’est l’histoire d’un homme aussi qui remonte le cours de sa vie et des ses amours. « Auprès d’Hélène, la matière du souffle se faisait plus dense, l’espace se tendait comme une voile au vent. » « Ce n’était pas qu’Hélène me remplissait les veines de feu et m’inspirait des sentiments inédits, non, c’était seulement que sa présence révélait en moi une vie secrète. » Et dans la vie de cet homme, la découverte du tableau de Friedrich : « Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages » va jouer un rôle clé.  « Chez Friedrich, toujours des transparences et des lumières surnaturelles, du minéral déchiqueté : parois diaclasées, chaos, abîmes, sommets inaccessibles avec personnages minuscules dominés par la puissance des événements terrestres. » On se laisse d’abord envoûter par la beauté du style de l’écrivain, son amplitude, la sensualité et la pudeur qui en émanent, puis par la finesse des notations psychologiques. Françoise Renaud a le don d’alterner les phrases longues et belles avec des énoncés courts et concis qui arrêtent la lecture et imposent la réflexion, un peu comme la vie finalement faite de longs moments creux et de satoris fulgurants.

Editions GabriAndre, prix Vallélivre Cévennes 2008

Site de l'auteur

 

 

dimanche, 27 juillet 2008

Le Poker

ANIMAUX 032005 (15).jpg"Contraint et forcé par les circonstances, il quitta la table de jeu : il avait misé - et perdu - son neuvième doigt."

Eric Dejaeger, extrait des Jivarosseries.

La Nouvelle Revue Moderne (région de Lille) vient de publier dans son numéro de juillet six de ses contes brefs extraits d'un recueil inédit, Courts, toujours ! Philippe Lemaire, le directeur de cette publication, les a illustrés d'un collage intitulé La réductrice de têtes.
Si vous désirez en savoir plus sur La NRM : http://nouvellerevuemoderne.free.fr/sommaire.htm
Eric Dejaeger est ici aussi : http://lbmdure.canalblog.com/

samedi, 26 juillet 2008

Toute oeuvre d'art...

ARBRE.JPG"Toute oeuvre d'art doit avoir un point, un sommet, faire la pyramide, ou bien la lumière doit frapper sur un point de la boule."

Gustave Flaubert, Lettre à Edma Roger des Genettes, 8 octobre 1879

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 25 juillet 2008

Un inédit de Pierre Autin-Grenier

Cordes sur ciel. 2004 (2).jpgUn couple d’étudiants des Beaux-Arts s’est fait prendre en flagrant délit en train de lire, lui un roman de Zola, elle (ce qui ne va pas manquer d’aggraver sérieusement son cas) un samizdat de V., dans le Lyon-Orléans de dix-huit heures quatre, hier. Trois jeunes recrues frais versées dans la toute nouvelle Police Armée du Peuple ont sans doute voulu faire d’entrée du zèle et afficher ainsi leur ardeur a bien servir le régime en opérant de leur propre initiative ce contrôle-surprise juste avant le départ du train.

La suite à lire ici sur le blog de Martine Laval

Photo de Gildas Pasquet

Pour comprendre la nature...

DSC07493.JPG"Pour comprendre la nature, il faut être calme comme elle. Ne nous lamentons sur rien ; se plaindre de tout ce qui nous afflige ou nous irrite, c'est se plaindre de la constitution même de l'existence. Nous sommes faits pour la peindre, nous autres, et rien de plus. Soyons religieux. Moi, tout ce qui m'arrive de fâcheux, en grand ou en petit, fait que je me resserre de plus en plus à mon éternel souci. Je m'y cramponne à deux mains et je ferme les deux yeux. à force d'appeler la grâce, elle vient. Dieu a pitié des simples et le soleil brille toujours pour les coeurs vigoureux qui se placent au−dessus des montagnes. Je tourne à une espèce de mysticisme esthétique (si les deux mots peuvent aller ensemble), et je voudrais qu'il fût plus fort."

Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 4 septembre 1852

Delbar Shahbaz : "feast of angles"

jeudi, 24 juillet 2008

Appel à textes

inedit1.jpgEn vue du numéro de rentrée du Magazine Autour des Auteurs, nous lançons un nouvel appel à textes. Inédits, chroniques livres seront bienvenues. Chroniques événements aussi. Là toujours il s'agit d'écriture (et non de journalisme), (réception avant la mi-août).
Toutes les propositions sont les bienvenues, même si vous ne résidez pas en Languedoc-Roussillon.
Textes à faire parvenir à Françoise Renaud : renaudfran@free.fr
Photographie : Istanbul de Christine Oberlinkels

mercredi, 23 juillet 2008

Quel écrivain je serais !

"Oh mon Dieu ! Si j'écrivais le style dont j'ai l'idée, quel écrivain je serais !"

Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 16 janvier 1852

Le baroque, toujours

1428137804_924b32eef0.jpgtorinosanlorenzo.jpgSan Lorenzo, à Turin

mardi, 22 juillet 2008

Les chances d'Obama

Lire ici

lundi, 21 juillet 2008

L’Italie est notre rêve à tous

canova_venere_e_adonis.jpgEt Rome. Ville creuset, ville cristal. Ville matrice. Ombre portée. Ici les limites entre soi et les autres se dissolvent. On peut divaguer à loisir en vespa, cheminer des heures durant ou cultiver l’immobilité à la terrasse d’un café devant le plus stupéfiant des spectacles ou même cloîtré dans sa chambre avec la rumeur de la ville tout autour, peu importe, le voyage continue. La vie se justifie par elle-même. Ainsi nous ont été donnés Bernini, Borromini, Canova, Michelangelo et L’extase de Sainte-Thérèse. Tendresse sculpturale. Matière désir. L’Italie est notre rêve à tous.

Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", roman en cours d'écriture

Canova, Venus et Adonis

dimanche, 20 juillet 2008

Marseille est une ville selon mon cœur.

21898.jpgLa silhouette de Notre-Dame de la Garde qui surgit, par surprise, c’est toujours un miracle. Léonore ferme les yeux. Les mots de Cendrars, Marseille sentait l’œillet poivré, ce matin-là, résonnent dans sa tête, Marseille est une ville selon mon cœur.

Raymond Alcovère, Extrait du roman : "Le sourire de Cézanne", 2007, éditions N & B

samedi, 19 juillet 2008

Le baroque...

19-8.jpg- Le baroque, c'est justement ça, travestir la réalité, la mettre en scène. Le baroque c'est la peur de l'ennui, de la platitude, c'est l'outrance,  la grandiloquence. Pour défier la vie, sa sécheresse. Le baroque c'est toute une vie d'un seul regard, d'une seule caresse, c'est magnifier les sentiments, leur donner la plénitude, c'est oublier la raison, la mesure, retrouver la vraie vie, son intensité, sa folie. C'est l'Orient, la faconde. C'est un instant saisi au vol, la grâce de la pierre qui saisit la fluidité de la vie, cette sorte de  miracle ! Mais tout ça ne sont que des mots, vous verrez, à Naples, tout sera beaucoup plus clair...

Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman, 1998, prix 98 de la ville de Balma, éditions n & b

 Borromini (San Carlo alle Quattro Fontane, Rome, 1638-41)

jeudi, 17 juillet 2008

Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages

couverture.jpgLe Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Françoise Renaud, a obtenu le Prix 2008 du Manuscrit Régional VALLEELIVRES Cévennes.

Extrait : 

Le deuxième trimestre était largement entamé quand je revis par hasard Virginia au bar de Jacquelin.

Elle paraissait changée, son visage amaigri, sa peau ternie. Dans l'instant où elle avait franchi le seuil du bar, j'avais cru qu'elle me cherchait des yeux, raison pour laquelle j'avais levé le bras pour lui faire signe. Lentement elle avait marché vers moi, alors j'avais vu combien elle était changée.

Je rentrais d'une excursion à l'île de Groix avec mes camarades de maîtrise, aussi j’entrepris de lui raconter la pointe des Chats, les litages fins et plissés des schistes étonnamment bleus. Bleus à cause du glaucophane. Oui, le glaucophane : un minéral abyssal qui donnait idée de ce qui arrivait quand l'écorce terrestre rencontrait le plancher océanique, un minéral engendré sous de très hautes pressions qui témoignait de chevauchements anciens. J'assurais que sa couleur était inimitable, proche de l'indigo des robes de désert, proche des lavandes du plein été. À la fois marin et végétal. Elle n'avait jamais entendu ce nom-là. Pour conclure elle affirma que je ne manquais pas de talent pour conter les histoires.

En vérité j'étais fou, fou d'avoir découvert les roches à glaucophane et fou de la revoir, persuadé que le premier événement avait suscité l'autre.

Souvent j’avais guetté sa silhouette au sein de la marée d'étudiants qui franchissait le seuil du restaurant, mais jamais ne l'avais aperçue. Chaque fois j’avais refoulé ma déception. Et maintenant j'avais envie de le lui avouer quand, brusquement, elle proposa de sortir dans le parc. L'air lui manquait.

La pluie était tombée une bonne partie de la matinée et les végétaux dégageaient encore des odeurs de tempête. Tout de même, on sentait que le vent du nord était en train de rentrer, que le ciel lentement s'abandonnait à ses courants indécis.

Nous nous assîmes sur un muret à proximité de la bibliothèque.

Les gouttes géantes suspendues aux branches d'arbre au-dessus de nos têtes tremblaient. Parfois chutaient dans nos cheveux.

Quel prix accorder à ces secondes où nous avions les yeux posés sur le même ciel ? Il était plombé comme après un naufrage, pourtant la clarté grandissait à mesure que le vent se précisait, nimbait nos corps et nos visages d’un halo blanc. Tout le reste de la vie aurait pu se dérouler à l'aune de cette clarté, du moins en avoir la saveur : moi assis près d'elle à frôler sa manche, le vent en train de naître, l’imperceptible frémissement du monde après la pluie.

Peut-être que c'était ça le bonheur.