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mercredi, 13 août 2008

Cérémonie d'ouverture

Cérémonie d'ouverture : petites libertés avec la vérité, lire ici

Ce que nous appelons talent

"DSC07637.JPGNous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d’un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de «grand talent» dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force; et puis un jour nous nous rendons compte que c’est justement tout cela le talent."

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Delbar Shahbaz

size:120-120cm
mixmedia
"feast of angles"

 

mardi, 12 août 2008

Jules Verne, vu par Roland Barthes

003.jpg« L’imagination du voyage correspond chez Verne à une exploration de la clôture, et l’accord de Verne et de l’enfance ne vient pas d’une mystique banale de l’aventure, mais au contraire d’un bonheur commun du fini, que l’on retrouve dans la passion enfantine des cabanes et des tentes : s’enclore et s’installer, tel est le rêve existentiel de l’enfance et de Verne. L’archétype de ce rêve est ce roman presque parfait : L’île mystérieuse, où l’homme-enfant réinvente le monde, l’emplit, l’enclot, s’y enferme, et couronne cet effort encyclopédique par la posture bourgeoise de l’appropriation : pantoufles, pipe et coin du feu, pendant que dehors la tempête, c’est-à-dire l’infini, fait rage inutilement. (…) Le geste profond de Jules Verne, c’est donc, incontestablement, l’appropriation. L’image du bateau, si importante dans la mythologie de Verne, n’y contredit nullement, bien au contraire : le bateau peut bien être symbole de départ ; il est, plus profondément, chiffre de la clôture. Le goût du navire est toujours joie de s’enfermer parfaitement, de tenir sous sa main le plus grand nombre possible d’objets. De disposer d’un espace absolument fini : aimer les navires, c’est d’abord aimer une maison superlative, parce que close sans rémission, et nullement les grands départs vagues ; le navire est un fait d’habitat avant d’être un moyen de transport. Or tous les bateaux de Jules Verne sont bien des « coins du feu » parfaits, et l’énormité de leur périple ajoute encore au bonheur de leur clôture, à la perfection de leur humanité intérieure. 029.jpgLe Nautilus est à cet égard la caverne adorable : la jouissance de l’enfermement atteint son paroxysme lorsque, au sein de cette intériorité sans fissure, il est possible de voir par une grande vitre le  vague extérieur des eaux, et de définir ainsi dans un même geste l’intérieur par son contraire ».

Roland Barthes, Mythologies, 1957

Pour voir les illustrations originales, c'est ici

lundi, 11 août 2008

Hiroshige et Van Gogh

ponthiroshige.jpgpontvangogh.jpgL'original de Hiroshige et la copie par Van Gogh. Influence sur Monet aussi : voir ici

Hiroshige

estampe02_bis.jpg"La mer est bien telle que Hiroshige l'a vue."

Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", roman en cours d'écriture

dimanche, 10 août 2008

Cuisant comme une pâte...

09.04.06 ANNIV NATHALIE (6).jpg"...on me faisait attendre un instant, dans la première pièce où le soleil, d’hiver encore, était venu se mettre au chaud devant le feu, déjà allumé entre les deux briques et qui badigeonnait toute la chambre d’une odeur de suie, en faisait comme un de ces grands «devants de four» de campagne, ou de ces manteaux de cheminée de châteaux, sous lesquels on souhaite que se déclarent dehors la pluie, la neige, même quelque catastrophe diluvienne pour ajouter au confort de la réclusion la poésie de l’hivernage; je faisais quelques pas de prie-Dieu aux fauteuils en velours frappé, toujours revêtus d’un appui-tête au crochet; et le feu cuisant comme une pâte les appétissantes odeurs dont l’air de la chambre était tout grumeleux et qu’avait déjà fait travailler et «lever» la fraîcheur humide et ensoleillée du matin, il les feuilletait, les dorait, les godait, les boursouflait, en faisant un invisible et palpable gâteau provincial, un immense «chausson» où, à peine goûtés les aromes plus croustillants, plus fins, plus réputés, mais plus secs aussi du placard, de la commode, du papier à ramages, je revenais toujours avec une convoitise inavouée m’engluer dans l’odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée de couvre-lit à fleurs."

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 08 août 2008

Le Saint chinois

picasso-boy-with-pipe.jpg« Il s’exprime dans des discours extravagants, dans des paroles inédites, dans des expressions sans queue ni tête, parfois trop libres, mais sans partialité, car sa doctrine ne vise pas à traduire des points de vue particuliers. Il juge le monde trop boueux pour être exprimé dans des propos sérieux. C’est pourquoi il estime que les paroles de circonstance sont prolixes, que les paroles de poids ont leur vérité, mais que seules les paroles révélatrices possèdent un pouvoir évocateur dont la portée est illimitée. Ses écrits, bien pleins de magnificence, ne choquent personne, parce qu’ils ne mutilent pas la réalité complexe. Ses propos, bien qu’inégaux renferment des merveilles et des paradoxes dignes de considération. Il possède une telle plénitude intérieure qu’il n’en peut venir à bout. En haut, il est le compagnon du créateur ; en bas il est l’ami de ceux qui ont transcendé la mort et la vie, la fin et le commencement. La source de sa doctrine est ample, ouverte, profonde et jaillissante ; sa doctrine vise à s’harmoniser avec le principe et à s’élever à lui. Et pourtant, en répondant à l’évolution du monde et en expliquant les choses, il offre une somme inexprimable de raisons qui viennent, sans rien omettre, mystérieuses, obscures et dont personne ne peut sonder le fond."

Tchouang-tseu

Picasso, période rose

jeudi, 07 août 2008

Rubens, au détail

113909920_fd22a5e014.jpgvoir également ici

01:21 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, rubens

La pluie

f_rain1m_e5bff66.jpg"La pluie peut rendre n'importe quel endroit étrange, même les endroits où vous avez vécu."
Hemingway

00:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : hemingway, pluie

mercredi, 06 août 2008

Pourquoi divisons-nous le monde ?

Paul_Cezanne_Nature_morte.jpg"Ces verres, ces assiettes, ça se parle entre eux, des confidences interminables...  Les fruits sont plus faciles que les fleurs, ils aiment qu'on leur fasse leur portrait. Ils sont là comme à vous demander pardon de les décolorer... Ils viennent à vous dans toutes leurs odeurs, vous parlent des champs qu'ils ont quittés, de la pluie qui les a nourris, des aurores qu'ils épiaient... Pourquoi divisons-nous le monde ? Est-ce notre égoïsme qui se reflète ? Nous voulons tout à notre usage... Les objets se pénètrent entre eux, ils ne cessent pas de vivre... Ils se répandent insensiblement autour d'eux par d'intimes reflets comme nous par nos regards et nos paroles..."

Paul Cézanne (citation extraite de "Le Paradis de Cézanne" : Philippe Sollers, Eloge de l'infini)

Voir aussi ici : "Cézanne m'apprit à regarder la nature chinoise."

03:23 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, peinture, cézanne

La vérité dévoilée par le temps ?

tiepolo01g.jpgPour ne pas heurter les sensibilités, le sein d'un femme représentée sur l'œuvre de Tiepolo ("La vérité dévoilée par le temps") qui sert de toile de fond à la salle de presse du Conseil italien a été voilé.

Lire ici

mardi, 05 août 2008

La vérité

Cezanne-portraitartiste-9e473.gif"Je vous dois la vérité en peinture et je vous la dirai."

Cézanne

14:39 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, cézanne, vérité

Sur ce point de glissement vertigineux

Bataille_vers_1943_258x377_.jpg"Il ne faudrait jamais cesser de dire ce que les hommes découvrent d'éblouissant quand ils rient : leur ivresse ouvre une fenêtre de lumière donnant sur un monde criant de joie. A vrai dire, ce monde a tant d'éclat qu'ils en détournent vite les yeux. Une grande force est nécessaire à celui qui veut maintenir son attention fixée sur ce point de glissement vertigineux."

Georges Bataille

 

lundi, 04 août 2008

Un miracle ? D’accord, mais pas trop.

ingrid.jpgLazare, ressuscité aujourd’hui, ferait bien trois semaines de magazines et de télé, serait décoré de la Légion d’honneur, après quoi on lui demanderait de rentrer tranquillement dans sa tombe. Un miracle ? D’accord, mais pas trop.

Lire ici le Journal du mois de Philippe Sollers, juillet 2008 dans le JDD

Lire ici aussi : Un essai de Sandrick Le Maguer : Où il est joyeusement avancé que les Evangiles résultent d'une forme d'exégèse biblique spécifiquement juive. Un travail passionnant qui devrait provoquer quelques remous

dimanche, 03 août 2008

Les couleurs de Frédéric Bazille

pink_dress.jpgJe retrouvais ce quartier près de la Cathédrale où Paul Valéry avait écrit Monsieur Teste. Place de la Canourgue, au-delà de la balustrade, la silhouette du Pic Saint-Loup surgit, en morceau de garrigue plissée. Air embaumé, vent tiède dans les micocouliers. Comme les fumées des cheminées en hiver, les musiques montent dans le calme des venelles. Au soir, la lumière en reflets ocre et rose se dépose, du sable au fond de la mer, sur le damier des toits. Les couleurs de Frédéric Bazille.

Raymond Alcovère, extrait de "Solaire" (qui va s'appeler finalement : "Vision des anges déchus") roman en cours d'écriture

samedi, 02 août 2008

Les femmes inflexibles...

T%20forts%20Manet%20Chritie%20-450.jpg"Les femmes inflexibles sont les seules qui comptent. Il faut les prendre par la tendresse. Même quand vous en avez le moins envie, soyez tendre"

Hemingway

Manet

vendredi, 01 août 2008

La littérature...

picasso2.jpg"La littérature a pour but de découvrir la Réalité en énonçant des choses contraires aux vérités usuelles."

Proust à Paul Morand

Pablo Picasso

 

jeudi, 31 juillet 2008

Eloge du sommeil

DSC07544.JPGJe ne comprends pas le poète qui frémit de percer « les portes d’ivoire ou de corne » qui séparent le dormeur du « monde invisible » (Nerval). J’adore, au contraire, m’abandonner aux bras pneumatiques du sommeil, porter cette vague qui me porte, me sentir pénétrante et pénétrée, féminine-masculine, couple parfait parce que jamais en paix, éternelle poursuite, heureuse échappée, discordance insoluble, le somme comme un des beaux arts.

Julia Kristeva, lire l'article entier ici

Delbar Shahbaz : Feast of angels size:135-180

 

mercredi, 30 juillet 2008

Encore, toujours, être à soi

40120565~Moonlight-Over-Boulogne-Harbor-1869-Posters.jpgJ’attends dans mon lit, bientôt la nuit viendra et je serais morte pour le monde

Le soir arpente les trottoirs, il s’éteint, se perd

Le songe est assis sur mes rives et se hâte de remplir ma tête

Le vide est un ogre avide qui hante ma mémoire

En silence, je regarde la lune

Son regard est si pur, si doux que je veux le conserver sur tout mon corps et les moindres plis de mes draps

Doucement la nuit s’évanouit, se fond lentement jusqu'à l’invisible

Je ne sais plus si je rêve ou…

Un temps de chien

L’aube ramène un jour gris

La pensée de la mort m’effleure

La nature entière s'anime

Une poussière d’oiseaux de papiers envahit l’air

Je me retourne, heureuse d’être vivante

Encore, toujours, être à soi

 

Sandy Bel, poète amérindienne

Edouard Manet

 

mardi, 29 juillet 2008

Moderne

« Etre moderne, c’est savoir ce qui n’est plus possible. » : Roland Barthes.

01:48 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : moderne, barthes