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samedi, 24 mai 2008

Printemps

Les mûres ont des abeilles

10:26 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)

L’Adversaire

1333012460.jpg« Car l’Adversaire est inquiet. Ses réseaux de renseignement sont mauvais, sa police débordée, ses agents corrompus, ses amis peu sûrs, ses espions souvent retournés, ses femmes infidèles, sa toute-puissance ébranlée par la première guérilla venue. Il dépense des sommes considérables en contrôle, parle sans cesse en termes de calendrier ou d’images, achète tout, investit tout, vend tout, perd tout. Le temps lui file entre les doigts, l’espace est pour lui de moins en moins un refuge. Les mots « siècle » ou « millénaire » perdent leur sens dans sa propagande. Il voudrait bien avoir pour lui cinq ou dix ans, l’Adversaire, alors qu’il ne voit pas plus loin que le mois suivant. On pourrait dire ici, comme dans la Chine des Royaumes combattants, que « même les comédiens de Ts’in servent d’observateurs à Houei Ngan ». Le Maître est énorme et nu, sa carapace est sensible au plus petit coup d’épingle, c’est un Goliath à la merci du moindre frondeur, un Cyclope qui ne sait toujours pas qui s’appelle Personne, un Big Brother dont les caméras n’enregistrent que ses propres fantasmes, un Pavlov dont le chien n’obéit qu’une fois sur deux. Il calcule et communique beaucoup pour ne rien dire, l’Adversaire, il tourne en rond, il s’énerve, il ne comprend pas comment le langage a pu le déserter à ce point, il multiplie les informations, oublie ses rêves, fabrique des films barbants à la chaîne, s’endort devant ses films, croit toujours dur comme fer que l’argent, le sexe et la drogue mènent le monde, sent pourtant le sol se dérober sous ses pieds, est pris de vertige, en vient secrètement à préférer mourir. » 

Philippe Sollers, Eloge de l’Infini. Janvier 2001

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 23 mai 2008

Baudelaire...

Baudelaire, en entrant dans une brasserie, avec des amis : "Ca sent la destruction."

14:33 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : baudelaire

Troisièmes Rencontres du Livre-film, faire le cinéma de la littérature


1701636112.jpgUSINE SAINTE MARTHE, LE PRÉ BATTOIR 42220 SAINT JULIEN MOLIN MOLETTE
Samedi 7 juin et dimanche 8 juin 2008

Jean-Jacques Marimbert y présentera son film :

Le corps de l’océan ( 12’30) 2008 Texte et voix Jacques Marimbert. Extrait de : Le corps de l’océan Editions Jean-Pierre Huguet Carnet des 7 collines. 2007

(Images extraites du film)

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Programme complet ici

jeudi, 22 mai 2008

Ce n'était qu'un oeil, mais quel oeil !

1171976541.jpgClaude Monet, Les Nymphéas

22:42 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claude monet

Tels qu'un dieu... (Rimbaud sera toujours le plus grand)

1651670711.jpgD'un gradin d'or - parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, - je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes d'argent, d'yeux et de chevelures.
Des pièces d'or jaune semées sur l'agate, des piliers d'acajou supportant un dôme d'émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d'eau.
Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.

Rimbaud, Illuminations (1874) : Fleurs

Manuscrit de Voyelles

C’est un peu plus tard

1121116882.JPGC’est un peu plus tard que Laure m’a fait rencontrer Gilles et Coline, ses amis les plus proches. Gilles était plus âgé que sa femme, elle-même notre aînée. Il avait alors près de soixante ans. Proche de la retraite, il s’était retiré, avec son piano et ses livres près des Cévennes, au Quintanel, un hameau auquel on accède par une route qui ne va pas plus loin. Là-bas, la terre est sauvage et dépouillée. Le hameau, en amphithéâtre, s’accote aux contreforts du Causse. Ethnologue et grand lecteur de Malraux, Gilles avait quitté l’Europe où il s’ennuyait, traversant l’Afrique de part en part avant de poser ses valises à Madagascar. Là il avait rencontré Coline, elle était devenue sa femme. Un de ses grands regrets, avoir raté Mai 68, dans la Grande Ile à ce moment-là. Un peu plus tard, ils étaient venus vivre en France tous les deux, à Paris d’abord puis dans le sud, où longtemps, il avait laissé flotter un drapeau noir face à sa maison. Son obstination à ne pas publier me fascinait.  Il consacrait le plus clair de son temps à lire, écrire, et jouer du piano. Il avait toujours refusé de perdre son temps avec les conventions sociales. Devenu formateur, quelques heures par semaine, il avait ainsi assez d’argent pour vivre et faire ce qu’il voulait. Tout dans sa manière de vivre dénotait un refus du monde, de la vie des marionnettes. Il ne se souciait en rien de ses vêtements, de son image. J’étais jeune, il me déroutait souvent, bien sûr il en jouait, mais je sais maintenant qu’il avait raison ; écrire et peindre sont un même mouvement, une même passion, et la publication ou l’exposition ne sont pas si importants, comme on le croit alors. Parler avec lui c’était prendre conscience de mes limites et commencer d’y remédier. Sans doute, il n’existera bientôt plus de gens comme lui, avec une telle connaissance encyclopédique. Je lui montrais mes dessins, il s’en suivait de longues discussions. Souvent on avait le même humour. Nos histoires étaient si différentes que je m’étonnais de son amitié. Gilles et Coline n’avaient pas eu d’enfant, il aurait pu être mon père bien sûr, il le devenait d’une certaine façon, on en riait. Je me sentais plus libre avec lui qu’avec quiconque. J’imaginais mal qu’il ne laisse aucune trace, que tout ce savoir, son expérience si riche s’évanouissent. Je rêvais de découvrir un jour dans une malle un de ses manuscrits, de le publier et le faire connaître. J’ai même eu l’illusion, de courte durée, qu’il change d’avis à ce sujet. Il parlait souvent de Madagascar, ce pays magique dont il avait appris la langue et où il voulait être enterré. Avec lui je rêvais de Majunga, Farafangana, Sainte-Marie, Diego-Suarez, Fort-Dauphin, Fianarantsoa, Tulear, Foulpointe…

Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", roman en cours d'écriture

mercredi, 21 mai 2008

Un message de la Baignoire

Cher public, chers amis, Comme chaque année maintenant, nous clôturons notre saison par un apéritif festif. Cette année il aura lieu le : 23 mai à 19 heures à La Baignoire

Les artistes de la saison, ceux des saisons passées et le public de La Baignoire y sont conviés.

Nous nous occupons du liquide et laissons à la discrétion de chacun la forme solide...

Ce sera l'occasion de nous rencontrer et de deviser sur la saison passée et celle à venir.

Pouvons-nous compter sur votre présence?  

En espérant vous y retrouver,

Cordialement, Béla Czuppon

la Baignoire, 7 rue Brueys 34000 Montpellier

Tél. 06 61 56 06 08 / contact@labaignoire.fr

19:04 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la baignoire

Mai 68, Les Echos du Languedoc (sortie dans quelques jours...)

607383548.jpgMai 68, à Carcassonne, Montpellier, Oran, Paris, et bien plus loin… Un vent de révolte et de liberté agite le monde. En France, étudiants et ouvriers occupent usines et facultés. Dans la rue, ils se retrouvent pour défier un pouvoir et une société figés. Une enfant de dix ans, son grand frère en route pour l'Asie, un commerçant montpelliérain, un photographe amoureux, un militant d'extrême droite, un étudiant guinéen, une journaliste stagiaire, une jeune Oranaise, une étudiante allemande, un peintre à l'explosif, un alchimiste... Destins croisés, qui s'enlacent ou se heurtent au fil de quinze nouvelles tissées par des auteurs du Languedoc-Roussillon.


LES AUTEURS :

Quinze auteurs pour une joute littéraire sur le thème : mai 68 à partir du Languedoc, et pour laquelle chacun des auteurs a pleinement gardé sa liberté d'écriture.
 
Quinze nouvelles dont les personnages se croisent, se rencontrent, s'aiment, s'affrontent ou se fuient.
 
Et, l'alchimie des singularités opérant, les quinze œuvres individuelles se fondent en un ouvrage parfaitement imprévu qui devrait surprendre aussi bien amateurs exigeants de littérature que les passionnés interrogeant le passé. 

Anne Bourrel : La famille d’Anna.

André Gardies : La fille au drapeau.

Antoine Barral : Janvier 71.

René Escudié : Le trou.

Jacques Vénuleth : Souvenirs et espoirs d’un facho.

Florence Ludi : Sous les ombres portées, mai.

Dominique Gauthiez-Rieucau : La soixanthuitarde.

Janine Gdalia : L’amour d’un seul printemps.

Marie-Laure Dardenne : Le sablier.

Antoine Blanchemain : La mort de Justin.

Michèle Bayar : Love, not war.

Françoise Renaud : De Carcassonne à Lahore.

Raymond Alcovere : La sortie de crise.

Lilian Bathelot : Les cœurs légers.

Anne-Marie Jeanjean : Ce printemps très singulier.

mardi, 20 mai 2008

Du rififi en Rimbaldie

Un inédit de Rimbaud, « Le rêve de Bismarck », lire ici

14:00 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rimbaud, poésie, inédit

Entre tonnerre et éclairs

318718002.jpgEntre tonnerre et éclairs mon rêve tremble

Sa sève féconde se dilue dans mon sang

Ce qui reste de cette saveur descend au plus profond et s’écroule en moi comme un naufrage

Elle contient le monde

Les animaux, ivres de gestes et de cris éperdus

S’accordent une trêve imprévue

Tout se met en mouvement sans rien briser

Des insectes sortent en trombe par des portes de pluie

Des ombres sans âge plus hautes que les nuages se tapissent pour y continuer à vivre

Des papillons de feu prennent la forme de fleurs fanées A peine l’orage passe, déjà vient l’aube

Elle s’étend sur notre mémoire perdue

Tous nos frères sont morts derrière nos paupières

Nos yeux ouverts ne rencontrent que le vide

Il avance et recule en libérant les couleurs de la vie

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 


Peinture de Antonio Andivero

Samedi 24 mai 2008 - à partir de 20h30 
exposition de peintures et dessins
présentation et signature du livre
« le paradis des mutants » 
20h30 : « Le paradis des mutants » - poème et dessins Antonio Andivero - J-P Huguet éditeur
21h30 : lecture
23h00 : tango 
3 rue Raymond Fassin 92240 Malakoff  09 79 55 61 90 

http://www.ackenbush.com
à 5' du M° Malakoff-Plateau de Vanves ou depuis la Porte Brancion
 
l'exposition sera ouverte du dimanche 25 au samedi 31 mai de 14h à 19h sauf le mardi 
 
Né à Montevideo, Uruguay, Antonio Andivero vit et travaille en France depuis 1975.
On trouve ses oeuvres dans les musées d'art contemporain de Montevideo, Buenos Aires, Quito, Bogota, Madrid...et dans de nombreuses collections particulières ou d'entreprises (European Space Agency, NASA, Matra Space...).
Son univers échappe à la pesanteur et la navette spatiale américaine a emporté, le 28 avril 1990, 250 de ses gravures à l'occasion du lancement du télescope Hubble.
"Un monde minéral, végétal, animal, sidéral. Un monde fossilisé ou vivant, perceptible ou imperceptible, réel ou fictif. Des modifications sémantiques des apparences visant le choc mental et l'éveil de la luminosité, puis de la passion. Des cités cristallines flottantes, arborescentes. Images d'opacité et de limpidité.
Univers atemporel où se mêlent des références au passé, au présent, à l'avenir. Un nœud de Mœbius où l'envers et l'endroit ne font qu'une seule réalité figurée."
Egidio ALVARO

lundi, 19 mai 2008

1968-2008 : Quelle évolution !

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18:23 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, mai68, humour

Cézanne m'apprit à regarder la nature chinoise

1130285326.jpgLire ici, Sur Pileface, quelques considérations sur Zao Wou Ki, Cézanne, la nature chinoise...

Ecrire l’histoire

418213902.jpgA l’heure ou nous sortions transis de froid et de misère des veilles brumeuses

Fenêtres et portes se sont ouvertes en éclats de sourire

Des yeux braqués sur le réveil se bousculent pour boire un jus de soleil

Le parfum de la liberté flotte d’un bout à l’autre de la ville

Des vieilles indiennes tatouées sorties pour la première fois de chez elles, se frottent les yeux en pleurant

Des trous du silence, sortent des abeilles

Elles volent d’une seule aile, au ralenti

Sur une nappe tendue par le vide les petits enfants dessinent des maisons

Les vierges revenues des berges déblaient les ruelles des ossements de nos ancêtres pour en faire des tombes

Les arbres se plient et chuchotent des mots revenus d’une mémoire ancienne

Il nous appartient maintenant d’écrire l’histoire

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 

Willem de Kooning
Two trees on Mary Street . . . Amen! 1975

dimanche, 18 mai 2008

A propos de la pornographie ambiante

"L'exhibition est inhibition"

Philippe Sollers, Un vrai roman

Je souffre pour Naples, une de mes villes d'adoption

Lire ici

10:28 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : naples

Tout ce qui se vend est bon

Il était normal que cette règle unique qui régit nos sociétés s'appliquât à Mai 68, voir le déferlement actuel...

02:53 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, médias, mai68

Il ne trouve du goût

847957074.jpg"Il ne trouve du goût qu'à ce qui lui fait du bien. Son plaisir, son désir cessent dès lors qu'il dépasse la mesure de ce qui lui convient. Il devine les remèdes contre ce qui lui est préjudiciable ; il fait tourner à son avantage les mauvais hasards : ce qui ne le fait pas mourir le rend plus fort. De tout ce qu'il voit et entend, de tout ce qui lui arrive, il sait d'instinct tirer profit conformément à sa nature : il est lui-même un principe de sélection ; il laisse passer bien des choses sans les retenir. Il se plaît toujours dans sa propre société, quoi qu'il puisse fréquenter, des livres, des hommes ou des paysages : il honore en choisissant, en acceptant, en faisant confiance. Il réagit lentement à toutes les excitations, avec cette lenteur qu'il tient, par discipline, d'une longue circonspection et d'une fierté délibérée. Il examine la séduction qui s'approche, il se garde bien d'aller à sa rencontre. Il ne croît ni à la "malchance" ni à la "faute". Il sait en finir avec lui-même, avec les autres, il sait oublier - il est assez fort pour que tout doive tourner, nécessairement, à son avantage."

Nietzsche, Ecce Homo

 

Photo de Gildas Pasquet

samedi, 17 mai 2008

Mon art serait de vivre

"Mon art serait de vivre ; chaque seconde, chaque respiration est une œuvre qui n'est inscrite nulle part, qui n'est ni visuelle ni cérébrale. C'est une sorte d'euphorie constante."

Marcel Duchamp

Maintenant que chacun te caresse...

287618903.jpgMaintenant que chacun te caresse pour se rassurer, je me vante de t’avoir découvert le premier

Pourtant, c’est le contraire

Je me souviens quand tu gisais 

Sur le sol je t’ai soulevé

Et posé sur mes épaules

C’était pendant la révolution

Les gens las d’avoir rêvé plutôt que vécu

Prenaient la fuite

 

Oui je me souviens de ce temps de chien

Il pleuvait

Et je craignais pour toi

A cause de ta blessure qui saignait

Tu avais a peine seize ans je crois

 

Tu affrontas mon regard et tu pleurais

Je savais qu’il me faudrait coûte que coûte te soigner

Maintenant que nous sommes libres

Dans notre pays

Je me vante de t’avoir rencontré et aimé

Mais la mort t’a emmené

 

Où es-tu passé mon amour ?

Ou es ton sourire de neige ?

 

Figée je reste derriere ma fenêtre

Où je sens ta présence

Mais je ne te trouve plus

Je ne te vois plus

Si nous nous étions arrêtés

Dans cette maison à la lisière de la forêt

 

L’homme qui etait là aurait pu te sauver

 

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 

Photo de Gildas Pasquet