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samedi, 19 juillet 2025

Je ne t'oublie pas

le bonheur est un drôle de serpent, Carlos Santana"Du côté de mes amis, c’était plutôt la dispersion. On avait vécu si près les uns des autres pendant des années, dans les mêmes appartements, que par un mouvement naturel sans doute, chacun avait volé de ses propres ailes. Valentin - j’avais partagé tant d’aventures avec lui - se laissait lentement envahir par l’alcool. Il avait un talent fou pour la musique, l’amitié. Un humour, une ironie mordantes. Il ne pouvait s’empêcher de regarder l’autre côté des choses. Et presque uniquement celui-là. Ce « presque » l’avait rattaché à la vie, mais pas longtemps. Un jour, à force de tutoyer le néant, il l’avait rejoint. Parti vivre aux Pays-Bas après des études de psycho, à son retour il n’était plus le même. Il pouvait se passer de boire, mais s’il avait le malheur de commencer, il ne s’arrêtait qu’ivre mort. Son regard si pétillant devenait hagard, il répétait les mêmes phrases, bientôt il titubait et c’était fini. Tout le temps de mon absence, il avait demandé de mes nouvelles. Et je n’en avais donné à personne. C’était terrible de le voir ainsi, à l’occasion de ses rares passages à Montpellier.
Il jouait divinement de la guitare. Quand j’entends Sampa pa ti, son morceau fétiche, je vois ses doigts courir sur le manche. Souvent, on finissait nos soirées au London Tavern. Fabrice, au piano, flottait au-dessus des événements, sourire fin à travers ses verres épais. On buvait, on parlait avec n’importe qui au London, tout était vrai, parce qu’on ne jugeait rien. Sauf dans les moments où l’alcool l’égarait, j’avais une complicité stupéfiante avec Valentin. Aujourd’hui, j’écoute Flor d’luna et je pense à lui. Un jour, j’en avais assez, je voulais quitter Laure, et lui si discret en général, m’avait répondu sans hésiter : “Ne le fais pas, tu ne pourrais pas vivre sans elle”. Quoi qu’il en soit, mon pote Valentin, j’entends tes phrases, tes notes et je ne t’oublie pas."
Raymond Alcovère, Le bonheur est un drôle de serpent, roman, Lucie éditions, 2009, extrait

vendredi, 18 juillet 2025

Claire, logique et nerveuse

Maupassant, Bernard Plossu«La langue française, d’ailleurs, est une eau pure que les écrivains maniérés n’ont jamais pu et ne pourront jamais troubler. Chaque siècle a jeté dans ce courant limpide ses modes, ses archaïsmes prétentieux et ses préciosités, sans que rien surnage de ces tentatives inutiles, de ces efforts impuissants. La nature de cette langue est d’être claire, logique et nerveuse. Elle ne se laisse pas affaiblir, obscurcir ou corrompre. »
Guy de Maupassant — Pierre et Jean, Éditions chez Paul Ollendorff (1888) 
Photo : Bernard Plossu

mercredi, 16 juillet 2025

Liberté de la lumière…

Le Sourire de CézanneLéonore vit avec Cézanne. Beaucoup de tapage autour de lui aujourd’hui. Comme tant d’autres, il est devenu un alibi au tourisme, un produit, qui voit vraiment ses tableaux ? C’est plutôt un nom. Son sourire si fin devant Les Baigneuses. A croire qu’il contemple amusé le spectacle, un siècle plus tard. Les aixois l’ont mal accepté de son vivant, lettres de menaces, injures anonymes, calomnies. Il a pourtant passé le plus clair de son temps près de la Sainte-Victoire. Quand même, il n’a jamais peint la ville, toujours l’extérieur. Il préférera Le Jas de Bouffan, “ La bergerie des vents ”, ses arbres, son bassin, ses marronniers, son lavoir. Liberté de la lumière…

Raymond Alcovère, extrait de Le Sourire de Cézanne, roman, éditions N&B, 2007

dimanche, 13 juillet 2025

Au moment où tout nous semble perdu

voyage seul.jpg« Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l'avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu'on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s'ouvre. »
Marcel Proust, Le temps retrouvé.

samedi, 12 juillet 2025

Courrier Sud

Courrier Sud, Saint-Exupéry« Devant lui une terre vêtue de soleil, l’étoffe claire des prés, la laine des bois, le voile froncé de la mer. »

Courrier Sud ; Saint-Exupéry.

vendredi, 11 juillet 2025

Sur les rives du Lez...

Média (8).jpg« Au Moyen Âge, sur les rives du Lez, la laine lavée importée d’Espagne ou d’Afrique apportait avec elle des graines lointaines. Ces plantes ont poussé ici, discrètes mais bien réelles. Elles ont changé à jamais le paysage. Aujourd’hui encore, elles participent du sentiment d’étrangeté que l’on éprouve en parcourant certaines portions du Lez dont la physionomie végétale diffère tant des autres paysages méridionaux »
A voir l'expo : L'arbre aux mille mains de J.R. au Carré Sainte-Anne à Montpellier, puissant hommage à l’histoire, à la diversité et à la richesse humaine de la ville ; entrée gratuite.

dimanche, 06 juillet 2025

Si vous marchez sur mes rêves, amis

Yves Heurté" Si vous marchez sur mes rêves, amis, soyez moins lourds ! Hélas, très peu de vous ont la légèreté voulue. Seuls quittent leurs semelles de plomb ceux qui traversent leur vie en enfants, en poètes, ces ingénieurs d'amour. Ils posent leurs pattes nues sur mon tapis bleu comme un moineau, un hérisson, un petit animal inconnu. Ce tapis qui depuis toujours est censé ne servir à rien. »

Yves Heurté

16:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yves heurté

La nuit

 Vivant Denon« La nuit était superbe ; elle laissait entrevoir les objets, et semblait ne les voiler que pour donner plus d’essor à l’imagination. »

Vivant Denon, Point de lendemain

16:18 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vivant denon

vendredi, 04 juillet 2025

En sous-main

 Edoardo Pellegrini.jpg« J’ai toujours cru moi aussi que les livres étaient des instruments magiques, indiquant quand il faut l’attitude à avoir, le chemin à suivre. Ils font semblant d’être inertes, mais ils agissent en sous-main. Le papier renferme des  atomes non encore connus, l’encre secrète des particules invisibles. »

Philippe Sollers

Photo : Edoardo Pelligrini

Naples

Naples, Jean-Noël SchiffanoC'est le début de ce livre de Jean-Noël Schiffano : Naples, dans la collection Petite Planète qui, il y a bien longtemps, m'a donné envie d'y aller :« Nous revenions de l’étang de feu, de soufre embrasé, par la voix royale du voyageur venant de Rome, celle que vous indique le rocher en tour de Babel, la voie que vous ouvre la porte de Terracina sur l’ancien royaume des Bourbons et qui, longeant la mer Tyrrhénienne, épousant la courbe voluptueuse des eaux de Gaète, traverse, avant de glisser sous une grotte au pied de Naples, les Champs Phlégréens. Cette route est celle de Cumes, celle de l’Averne, celle des Enfers : la route dite 7 Quater, la route alchimique des quatre éléments, la route des sept degrés d’initiation aux mystères du dieu solaire, Mithra, la route des origines et de l’Apocalypse : de la révélation. »

CQFD !

L'imagination au pouvoir.jpghttps://www.gqmagazine.fr/article/chat-gpt-vous-rend-chaque-jour-un-peu-plus-bete-et-c-est-de-votre-faute-selon-les-scientifiques

09:06 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chat gpt

mardi, 01 juillet 2025

Le réchauffement

carte de France.jpgMagnifique travail de Perrin Remonté : l'hexagone si tous les glaciers venaient à fondre !

La carte poursuit un scénario fictif mais elle saisit la gorge : face au réchauffement climatique, bien des lieux, même sous des scénarios optimistes, seront bousculés, surement noyés.

Lorsque la géographie, l'art et l'environnement s'épousent, de nouveaux chemin de sagesse apparaissent pour comprendre et surtout pour agir !

Du côté de l'obscur

intérieur baroque.jpg"Ce qui nous avons de plus nôtre, de plus précieux est obscur à nous-même."

Paul Valéry

19:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul valéry