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mercredi, 25 septembre 2024

Temps

Héraclite, Lothar ReichelLe temps est un enfant qui joue
Héraclite
Photo : Lothar Reichel

mercredi, 18 septembre 2024

L'amour fou

Inox Lord.jpg« La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas. »
André Breton, L'amour fou
Photo : Inox Lord

lundi, 16 septembre 2024

Le grand sommeil

GOH5SgBWQAAD1jm.jpgIl était environ onze heures du matin, à la mi-octobre, le soleil ne brillait pas et une pluie forte et pénétrante s’annonçait dans la clarté des collines au pied des montagnes. Je portais mon costume bleu poudre, avec chemise, cravate et pochette bleu foncé, brogues noires, chaussettes de laine noire à motifs bleu foncé. J’étais net, propre, rasé, je n’avais pas bu et je n’avais pas honte qu’on le sache. J’étais tout ce que doit être un détective privé élégant. Je rendais visite à quatre millions de dollars.
Début du Grand Sommeil, de Raymond Chandler, film de Howard Hawks ce soir sur Arte...

samedi, 07 septembre 2024

Depuis l'aube des temps

Mark Littlejohn11.jpg« A l’homme de profond désir, un signe suffit, et les signes sont, depuis l’aube des temps, le langage des dieux. »

Hölderlin

Photo : Mark Litteljohn

dimanche, 01 septembre 2024

Pas d'avant

Franck Gerard.jpg"Il n'y a pas d'avant dans la naissance simultanée de l'espace et du temps."
Philippe Sollers, Centre
Photo : Franck Gerard

vendredi, 30 août 2024

Mon cerveau et moi

Philippe Sollers« De temps en temps, mon cerveau me reproche d’avoir tardé à lui obéir ; d’avoir sous-estimé ses possibilités, ses replis, sa mémoire ; de m’être laissé aller à l’obscurcir, à le freiner, à ne pas l’écouter. Il est patient, mon cerveau. Il a l’habitude des lourds corps humains qu’il dirige. Il accepte de faire semblant d’être moins important que le cœur ou le sexe (quelle idée). Sa délicatesse consiste à cacher que tout revient à lui. Il évite de m’humilier en soulignant qu’il en sait beaucoup plus long que moi sur moi-même. Il m’accorde le bénéfice d’un mot d’esprit, et prend sur lui la responsabilité de mes erreurs et de mes oublis. Quel personnage. Quel partenaire. « Sais-tu que tu ne m’emploies que très superficiellement ? » me dit-il parfois, avec le léger soupir de quelqu’un qui aurait quelques millions d’années d’expérience. Je m’endors, et il veille. Je me tais, et il continue à parler. Mon cerveau a un livre préféré : l’Encyclopédie. De temps en temps, pour le détendre, je lui fais lire un roman, un poème. Il apprécie. Quand nous sortons, je lui fais mes excuses pour toutes les imbécillités que nous allons rencontrer. « Je sais, je sais, me répond-il, garde-moi en réserve. » J’ai un peu honte, mais c’est la vie. J’écrirai peut-être un jour un livre sur lui. »

Philippe Sollers

lundi, 26 août 2024

Sur la lecture

Marcel Proust"En réalité, chaque lecteur est quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même. La reconnaissance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci et vice-versa, au moins dans une certaine mesure, la différence entre les deux textes pouvant être souvent imputée non à l’auteur mais au lecteur."

Marcel Proust, Le temps retrouvé

vendredi, 23 août 2024

Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu

Marcel Proust"Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l'avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu'on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s'ouvre."

Marcel Proust

jeudi, 22 août 2024

Ces écrivains français, tout de même, quels noms ils portent

Caroline Mitchell.jpgCes écrivains français, tout de même, quels noms ils portent. Molière, Sévigné, La Fontaine, La Rochefoucauld, La Bruyère, Racine, Boileau, Vauvenargues, Voltaire, Sade, et, plus tard, Céline, Genet... On dirait un paysage, avec ses vallons, ses prairies, ses rivières, ses arbres, ses puits d’ombre, ses clairières, ses fleurs.

Philippe Sollers, Éloge de l'infini
Photo : Caroline Mitchell

mardi, 20 août 2024

On dirait qu’ici, en Grèce, le miracle est la fleur inévitable de la nécessité

nikos katzantzakis,murielle etc« Mer, douceur automnale, îles baignées de lumière, voile diaphane de petite pluie fine qui couvrait l’immortelle nudité de la Grèce. Heureux, pensais-je l’homme à qui il est donné, avant de mourir, de naviguer dans la mer égéenne. Nombreuses sont les joies de ce monde – les femmes, les fruits, les idées. Mais fendre cette mer-là, par un tendre automne, en murmurant le nom de chaque île, je crois qu’il n’est pas de joie, qui, davantage, plonge le cœur de l’homme dans le paradis. Nulle part ailleurs on ne passe aussi sereinement ni plus aisément de la réalité au rêve. On dirait qu’ici, en Grèce, le miracle est la fleur inévitable de la nécessité. »
Nikos Kazantzakis, Alexis Zorba
Photo : Murielle Etc

dimanche, 18 août 2024

Qu'est-ce encore que ce prodige !

GRypmWqXkAAJDVy.jpg« Qu'est-ce que c'est encore que cette eau rouge, patron, dis-moi ! Une vieille souche pousse des rameaux, il y a des espèces d'ornements acides qui pendent, et le temps passe, le soleil les mûrit, ils deviennent doux comme du miel et alors on les appelle raisins ; on les foule, on retire le jus qu'on met dans des tonneaux, il fermente tout seul, on le découvre à la fête de Saint-Georges-le-Buveur, il est devenu du vin ! Qu'est-ce encore que ce prodige ! Tu bois ce vin rouge et voilà ton âme qui grandit, elle ne tient plus dans la vieille carcasse, elle défie Dieu à la lutte. Qu'est-ce que c'est que ça, patron, dis-moi ? »
Nikos Katantzakis, Alexis Zorba

dimanche, 11 août 2024

Tu dois rester réservé, calme, olympien, lisse, détaché ; tibétain en somme…

Philippe Sollers, Germaine Chaumel« J’aime écrire, tracer les lettres et les mots, l’intervalle toujours changeant entre les lettres et les mots, seule façon de laisser filer, de devenir silencieusement et à chaque instant le secret du monde. N’oublie pas, se dit avec ironie ce fantôme penché, que tu dois rester réservé, calme, olympien, lisse, détaché ; tibétain en somme… Tu respires, tu fermes les yeux, tu planes, tu es en même temps ce petit garçon qui court avec son cerf-volant dans le jardin et le sage en méditation quelque part dans les montagnes vertes et brumeuses, en Grèce ou en Chine… Socrate debout toute la nuit contre son portique, ou plutôt Parménide sur sa terrasse, ou encore Lao-Tseu passant, à dos de mulet, au-delà de la grande muraille, un soir… Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe. Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux, ta vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Ils aimeraient tellement qu’on soit là pour. Qu’on existe et qu’on agisse pour. Qu’on pense en fonction d’eux et pour. Tu dois refuser, et refuser encore. Non, non et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir. »

Philippe Sollers, Le Secret

Photo : Germaine Chaumel, 1945

lundi, 29 juillet 2024

Trois couleurs mer

GLr5ZuAXcAAwN1o.jpgAvec tes yeux de braise
Tu as l'air Bretonne
ma fille.
Avec tes pieds abers,
ta langue d'Ys,
ta chevelure fontaine,
tu écris les destinées.
En te voyant si fraîche,
les guillemots des falaises
décollent à tire d'ailes
pour aller becter l'empyrée.
 
Jean Azarel
Extrait de "Trois couleurs mer"
Vient de paraître
Collection Grand Ours, L'Ail des ours / N° 24

vendredi, 26 juillet 2024

Eté

Le retour d'Ulysse, de Chirico.jpgCe feu qui nous précède dans l'été, comme une route déchirée. Et le froid brusque de l'orage. []
Je départage l'air et les routes. Comme l'été, où le froid de l'été passe. Tout a pris feu.
André du Bouchet
De Chirico, le retour d'Ulysse

vendredi, 14 juin 2024

Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud : René Char

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vendredi, 17 mai 2024

Plus je vieillis

F7Qc5XoWwAErZpd.jpg"Plus je vieillis moi-même et plus je constate que l’enfance et la vieillesse non seulement se rejoignent, mais encore sont les deux états les plus profonds qui nous soient donnés de vivre. L’essence d’un être s’y révèle, avant ou après les efforts, les aspirations, les ambitions de la vie. Les yeux de l’enfant et ceux du vieillard regardent avec la tranquille candeur de qui n’est pas encore entré dans le bal masqué ou en est déjà sorti. Et tout l'intervalle semble un tumulte vain, une agitation à vide, un chaos inutile par lequel on se demande pourquoi on a dû passer."

Marguerite Yourcenar

lundi, 13 mai 2024

A la façon d’un rêve…

Platon"Socrate : — Ainsi donc, chez celui qui ne sait pas, il existe, concernant telles choses qu’il se trouve ne pas savoir, des pensées vraies concernant ces choses qu’il ne sait pas ?
Ménon : — Bien sûr !
Socrate : — Et à présent ces pensées elles viennent de se lever en lui, à la façon d’un rêve…"
Platon, Ménon

10:21 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : platon

mardi, 26 mars 2024

Amour

Roland Barthes« Sentiment raisonnable : tout s'arrange - mais rien ne dure.
Sentiment amoureux : rien ne s'arrange - et pourtant cela dure. »
Roland Barthes ( né le 12 novembre 1915 à Cherbourg, et décédé le 26 mars 1980 à Paris)

vendredi, 15 mars 2024

Le français

Philippe Sollers"L'avantage du français, c'est sa concision et sa commotion. Il n'est pas fait pour communiquer, mais pour dégager, abréger, juger et tuer."
Philippe Sollers (Médium)
Photo : Gabor Dvornik

mercredi, 13 mars 2024

Insomnies

"J'aime les insomnies de trois heures du matin, les plus dures, les plus inquiétantes, les plus éclairantes. C'est tout de suite, en sursaut, le choix entre la vie et la mort. Il faut vite saisir la vie, malgré ses brûlures, car la mort est trop longue et désespérément ennuyeuse. La mort est une condamnation éternelle à l'ennui."
Incipit de l'ultime roman de Philippe Sollers, "La Deuxième Vie"; postface de Julia KristevaFc2S0kxWIAABh1U.jpg