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dimanche, 26 février 2023

Baudelaire Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal

baudelaireTranquille comme un sage et doux comme un maudit,
J’ai dit :
Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…
Que de fois…
Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,
Ton goût de l’infini
Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame,
Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,
Tes faubourgs mélancoliques,
Tes hôtels garnis,
Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,
Tes temples vomissant la prière en musique,
Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,
Tes découragements ;
Et tes feux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.
Ton vice vénérable étalé dans la soie,
Et ta vertu risible, au regard malheureux,
Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie.
Tes principes sauvés et tes lois conspuées,
Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes,
Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,
Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,
Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,
Tes magiques pavés dressés en forteresses,
Tes petits orateurs, aux enflures baroques,
Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,
S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,
Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques.
Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,
Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

07:52 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire

samedi, 11 février 2023

Le sens artistique

Marcel Proust, Linda Moro« Le sens artistique, c’est-à-dire la soumission à la réalité intérieure. »

Marcel Proust

Photo de Linda Moro

mardi, 07 février 2023

Le propre lecteur de soi-même

Marcel Proust"En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument d’optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même."

Marcel Proust

Photo de Jasper Tejano

dimanche, 05 février 2023

La seule différence

Georg Büchner"La veine du sentiment est la même chez presque tous les hommes, la seule chose qui diffère, c'est l'épaisseur de l'enveloppe à travers laquelle elle doit se frayer passage."
Georg Büchner
Photo de Miaro di Biasi, Piazza Duomo, Milano, 1951

samedi, 04 février 2023

Intensité

fernando pessoa« La valeur des choses n'est pas dans la durée, mais dans l'intensité où elles arrivent. C'est pour cela qu'il existe des moments inoubliables, des choses inexplicables et des personnes incomparables. »

Fernando Pessoa

dimanche, 29 janvier 2023

La splendeur de la vie

Pawel Klarecki.jpgIl est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile, ni malveillante, ni sourde ; -qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C'est là l'essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque.
Franz Kafka, Journal. 18 octobre 1921
Photo de Pawel Klarecki

mardi, 03 janvier 2023

Drôle de royaume révolutionnaire...

philippe sollers,dima begma« La France est le pays des accomplissements imprévus. Toutes les contradictions, comme des fleuves, coulent vers elle. Elle les intègre et les assimile, non sans mal, dans des synthèses instables, qui, sans arrêt, se métamorphosent. C'est le pays des fins qui s'ignorent. Drôle de royaume révolutionnaire... »
Philippe Sollers.
Photo : Dima Begma

dimanche, 01 janvier 2023

...

Mark Littlejohn28.jpg« La vérité porte des masques pour voyager saine et sauve. Elle porte le masque du jeu, celui du rire qui coupe, elle porte celui de la nuit noire et du midi aveuglant. Elle porte aussi celui de la musique, celui de la beauté, celui de la bonté. Elle porte le masque du poème, la joie la plus proche du soleil. Elle porte le masque du secret qui porte lui-même toutes sortes de masques dont ceux de l’invisibilité et de l’omniprésence. Le mensonge lui n’a qu’un seul masque, celui de la pure vérité. (...) Il ne manque rien à celui qui participe à une aventure sans commencement ni fin, à un tout à la fois unique et multiple, à un unique infini. La tâche la plus exigeante est de le concevoir sans commencement. Ensuite il n’y a plus de fin qui tienne. La lumière n’a pas de source si elle est la source. Elles n’ont pas de limite, les vies que la nature inspire. L’apprécier ne suffit pas, il faut se sentir contribuer à sa force. »
Mathieu Terence
Photo de Mark Littlejohn
Tous mes vœux pour l'an nouveau !

jeudi, 29 décembre 2022

Son aliment c’est admiration, chasse, ambiguïté

Jack Vettriano.jpg« Nul esprit généreux ne s’arrête en soi : il prétend toujours et va outre ses forces ; il a des élans au-delà de ses effets ; s’il ne s’avance et ne se presse et ne s’accule et ne se choque, il n’est vif qu’à demi ; ses poursuites sont sans terme et sans forme ; son aliment c’est admiration, chasse, ambiguïté. »

Montaigne

Photo : Jack Vettriano

samedi, 17 décembre 2022

Vivre c’est être autre

fernando pessoa« Vivre c’est être autre. Et sentir n’est pas possible si l’on sent aujourd’hui comme l’on a senti hier. »

Fernando Pessoa

mercredi, 30 novembre 2022

Il change à chaque fois

Borges« Qu'est ce qu'un livre si nous ne l'ouvrons pas ? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles ; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d'étrange, je crois qu'il change à chaque fois »

Jorge Luis Borges

15:48 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : borges

jeudi, 13 octobre 2022

Un vagabond de mots dans un voyage de songes

Brassai le pont Neuf.jpg« J’avais été jadis un voyageur insouciant. Je devins un lecteur de grand chemin, toujours aussi rêveur mais un livre à la main. Je lus, adossé à tous les talus d’Europe, à l’orée de vastes forêts. Je lus dans des gares, sur de petits ports, des aires d’autoroute, à l’abri d’une grange, d’un hangar à bateaux où je m’abritais de la pluie et du vent. Le soir je me glissais dans mon duvet et tant que ma page était un peu claire, sous la dernière lumière du jour, je lisais. J’étais redevenu un vagabond, mal rasé, hirsute, un vagabond de mots dans un voyage de songes. »
René Frégni, Minuit dans la ville des songes. Gallimard, 2022.
Photo : Brassaï, Le Pont-Neuf

samedi, 08 octobre 2022

Plus musculaires dans le parler, plus respirés et surprenants

ueyioauz.jpg« Je fréquente les auteurs anciens parce qu’ils ont plus d’oreille que nous, parce qu’ils sont plus musculaires dans le parler, plus respirés et surprenants. Dans Bossuet, dans  Pascal, dans La Fontaine, il y a une vigueur sonore, une respiration, un naturel, une joie immédiate. Je les fréquente plus que jamais aujourd’hui où la somptueuse forêt des langues risque de disparaître d’Europe, remplacée par une végétation rabougrie et passe-partout, un petit parterre uniforme. »

Valère Novarina

mercredi, 03 août 2022

Le combat

Mark Littlejohn14.jpg« Rien ne nous plaît que le combat mais non pas la victoire. On aime à voir les combats des animaux, non le vainqueur acharné sur le vaincu. Que voulait‑on voir sinon la fin de la victoire et dès qu’elle arrive on en est saoul. Ainsi dans le jeu, ainsi dans la recherche de la vérité. On aime à voir dans les disputes le combat des opinions mais de contempler la vérité trouvée ? Point du tout. Pour la faire remarquer avec plaisir il faut la faire voir naître de la dispute. De même dans les passions il y a du plaisir à voir deux contraires se heurter, mais quand l’une est maîtresse ce n’est plus que brutalité.
Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses. Ainsi dans les comédies les scènes contentes, sans crainte, ne valent rien, ni les extrêmes misères sans espérance, ni les amours brutaux, ni les sévérités âpres. »

Blaise Pascal

Photo de Mark Littlejohn

vendredi, 22 juillet 2022

On n’évite pas l’avenir

de Kooning, oscar wilde« Effacer le passé, on le peut toujours : c’est une affaire de regret, de désaveu, d’oubli. Mais on n’évite pas l’avenir. »

Oscar Wilde

Willem de Kooning, untitled

mardi, 19 juillet 2022

Prémonitions...

Marguerite Duras

samedi, 09 juillet 2022

Georges Perros

georges perros

vendredi, 24 juin 2022

Ce petit garçon...

Louis ArmstrongCe petit garçon, qui effectuait régulièrement des séjours dans un foyer pour enfants de couleur abandonné, est hébergé en 1907 par les Karnofsky, une famille juive qui a immigré de Lituanie à la Nouvelle Orléans.
Ce petit garçon, qui n’a connu jusque-là que misère et violence, découvre pour la première fois de sa vie les bienfaits de la gentillesse et de la tendresse. Ester Karnofsky lui chante des berceuses juives qu'il reprend avec elle, et Morris Karnofsky lui offre son premier instrument de musique, un cornet à piston.
Ce petit garçon n’oubliera jamais que cette famille juive fut le déclencheur de sa réussite ; devenu trompettiste, il le souligne dans ses mémoires et, en leur honneur, toute sa vie il portera l'étoile de David sur lui.
Ce petit garçon, on l’appelle satchmo (abréviation de satchel-mouth, littéralement bouche-sacoche), mais il est plus connu sous le nom de Louis Armstrong ...
Via Hippolyte Gaspard

jeudi, 23 juin 2022

Surestimation extravagante

La plus grande faiblesse de la pensée contemporaine me parait résider dans la surestimation extravagante du connu par rapport à ce qui reste à connaître.

André Breton

dimanche, 19 juin 2022

Soir historique

Mark Littlejohn23.jpg"Le moment de l’étuve, des mers enlevées, des embrasements souterrains, de la planète emportée, et des exterminations conséquentes, certitudes si peu malignement indiquées dans la Bible et par les Nornes et qu’il sera donné à l’être sérieux de surveiller. — Cependant ce ne sera point un effet de légende !"
Rimbaud, Soir historique
Photo : Mark Littlejohn