vendredi, 30 août 2019
On ne sait de quoi il faut le plus s'étonner chez Titien
« On ne sait de quoi il faut le plus s'étonner chez Titien : sa longévité légendaire, sa maîtrise des événements et des puissances, son sens stratégique des affaires ou, tout simplement (tout simplement!) son génie en peinture résumant celui de Venise et projetant sa lumière intérieure sur tous les tableaux après lui. Contre tous ceux qui ne peuvent voir de vraie réussite que dans l'échec, la réussite de cette vie paraît invraisemblable, elle semble une insulte à nos valeurs religieuses de mort, d'empêchement sentimental, de pauvreté ou de malédiction suicidaire. Rien ne lui fait obstacle : sa croissance est celle du temps lui-même. Comme dans un mythe parfait, jusqu'à sa date de naissance prête à controverse et il est le premier à la dissimuler. Le mystère est pourtant simple : Titien était déjà plus qu'excellent étant jeune (il se vieillissait donc pour paraître sérieux et emporter les commandes, et comme il reste incomparable devenu très vieux, il en rajoute pour avoir la paix, stupéfier ses contemporains et poursuivre à l'écart ses toiles les plus secrètes. » Il passera donc pour le grand vieillard centenaire qui continue jusqu'au bout à peindre, alors qu'il meurt seulement (seulement!) à 88 ans, en pleine épidémie de peste, en 1576. » : Philippe Sollers. Dictionnaire amoureux de Venise.
Titien : l'homme au gant
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mercredi, 21 août 2019
Femmes
« L'admission des femmes à l'égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation : elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain et ses chances de bonheur. »
Stendhal
Photo de Antonio Palmerini
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dimanche, 18 août 2019
Perdre connaissance
« Les nuances du couchant nous gagnaient aussi vite que l’on perd connaissance. »
Mishima
Magritte
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vendredi, 16 août 2019
Un espace intérieur désormais menacé
"La lecture serait-elle la variante moderne de la prière ? Elle remplace l'espace rituel par le volume et à travers les sentiers imprévisibles des mots agencés d'une certaine manière ouvre chez le lecteur un espace intérieur désormais menacé."
Julia Kristeva
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vendredi, 09 août 2019
Définition de la culture par Michel Serres
« Si vous avez du pain, et si moi j’ai un euro, si je vous achète le pain, j’aurai le pain et vous aurez l’euro et vous voyez dans cet échange un équilibre, c’est-à-dire : A a un euro, B a un pain. Et dans l’autre cas B a le pain et A a l’euro. Donc, c’est un équilibre parfait. Mais, si vous avez un sonnet de Verlaine, ou le théorème de Pythagore, et que moi je n’ai rien, et si vous me les enseignez, à la fin de cet échange-là, j’aurai le sonnet et le théorème, mais vous les aurez gardés. Dans le premier cas, il y a un équilibre, c’est la marchandise, dans le second il y a un accroissement, c’est la culture. »
Michel Serres
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mercredi, 24 juillet 2019
Jef
"Un ami c'est à la fois nous même et l'autre.
L'autre en qui nous cherchons le meilleur de nous-mêmes, mais également ce qui est meilleur que nous "
"Jef "
Joseph Kessel
Disparu le 23 juillet 1979
Romancier Académicien journaliste Aviateur
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samedi, 13 juillet 2019
Courage
«Être différent n'est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même.»
Albert Camus
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vendredi, 12 juillet 2019
Solitude de l'écrivain
« L'écrivain est seul, abandonné des anciennes classes et des nouvelles. Sa chute est d’autant plus grave qu’il vit aujourd’hui dans une société où la solitude elle-même, en soi, est considérée comme une faute. Nous acceptons (c’est là notre coup de maître) les particularismes, mais non les singularités ; les types, mais non les individus. Nous créons (ruse géniale) des chœurs de particuliers, dotés d’une voix revendicative, criarde et inoffensive. Mais l’isolé absolu ? Celui qui n’est ni breton, ni corse, ni femme, ni homosexuel, ni fou, ni arabe, etc. ? Celui qui n’appartient même pas à une minorité ? La littérature est sa voix, qui par un renversement paradisiaque, reprend superbement toutes les voix du monde, et les mêle dans une sorte de chant qui ne peut être entendu que si l’on se porte, pour l’écouter, très au loin, en avant, par-delà les écoles, les avant-gardes, les journaux et les conversations. »
Roland Barthes
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vendredi, 05 juillet 2019
Paradis
"Il est difficile d’écrire un paradis quand tout semble vous pousser à écrire une apocalypse. Il est évidemment beaucoup plus facile de peupler un enfer ou même un purgatoire."
Ezra Pound
Photo : Jasper Tejano
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mardi, 02 juillet 2019
Forger
« J’aime mieux forger mon âme que la meubler. (…) La lecture me sert spécialement à éveiller par divers objets mon discours, à embesogner mon jugement, non ma mémoire. »
Montaigne
Photo de Georg Oddner
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samedi, 29 juin 2019
Sur la lecture
"Dans la lecture, l'amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie."
Marcel Proust
11:30 Publié dans Grands textes, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 mai 2019
Mais il m'attire
« Supposons que je sois sur le point d’écrire une fable et que deux arguments s’offrent à moi ; ma raison reconnaît que le premier est très supérieur ; le second est résolument médiocre, mais il m’attire. Dans ce cas-là, j’opte toujours pour le second. Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu. »
Borges
Photo de Jan Spreeuw
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mercredi, 22 mai 2019
Les classiques
"Le public respecte les bustes mais les adore peu. On a pour eux une admiration de convention et puis c'est tout. Le bourgeois (c'est-à-dire l'humanité entière maintenant, y compris le peuple) se conduit envers les classiques comme envers la religion : il sait qu'ils sont, serait fâché qu'ils ne fussent pas, comprend qu'ils ont une certaine utilité très éloignée, mais il n'en use nullement et ça l'embête beaucoup, voilà."
Gustave Flaubert, Lettre à Louise Collet, 22 novembre 1852
Photo de Téber Ramirez
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lundi, 20 mai 2019
et c’est calme ! C’est calme !
« Ce qui me semble à moi, le plus haut dans l’Art (et le plus difficile), ce n’est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d’agir à la façon de la nature, c’est-à-dire de faire rêver. Aussi les très belles œuvres ont ce caractère. Elles sont sereines d’aspect et incompréhensibles Quant au procédé, elles sont immobiles comme des falaises, houleuses comme l’Océan, pleines de frondaisons, de verdures et de murmures comme des bois, tristes comme le désert, bleues comme le ciel. Homère, Rabelais, Michel-Ange, Shakespeare, Goethe m’apparaissent impitoyables. Cela est sans fond, infini, multiple. Par de petites ouvertures on aperçoit des précipices ; il y a du noir en bas, du vertige. Et cependant quelque chose de singulièrement doux plane sur l’ensemble ! C’est l’éclat de la lumière, le sourire du soleil, et c’est calme ! C’est calme ! ».
Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 26 août 1953.
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dimanche, 24 mars 2019
Les mots
"Les mots manquent aux émotions."
Victor Hugo
Photo : Soichiro Tomioka
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dimanche, 17 février 2019
On naît vieux
Extrait de "Une conversation infinie, Josyane Savigneau Philippe Sollers", vient de sortir
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mardi, 01 janvier 2019
Avoir du temps pour l’amour
“Voici le premier pressentiment de l’éternité : avoir du temps pour l’amour. ”
Rainer Maria Rilke
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lundi, 24 décembre 2018
Rien n'est plus merveilleux pour l'homme que d'être dans un entier repos
"S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là. J'affirme donc tranquillement, et, s'il le faut, contre la planète entière, que rien n'est plus merveilleux pour l'homme que d'être dans un entier repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son être, sa sérénité, sa capacité, sa liberté, sa jouissance, sa plénitude. Immédiatement, il sortira, du fond de son être, l'amusement, la lumière, la joie, la gaieté, la reconnaissance, l'espoir."
Philippe Sollers, Le Secret
Photo : Darusz Kclimczack
18:40 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
jeudi, 13 septembre 2018
L'ellipse parfaite
"Elle mit sa mantille devant son nez, et nous voilà dans la rue, sans savoir où j'allais."
Mérimée
Photo de Ferdinando Scianna
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jeudi, 23 août 2018
La trouvaille du romancier
"C’était les événements qui survenaient dans le livre que je lisais ; il est vrai que les personnages qu’ils affectaient n’étaient pas « réels », comme disait Françoise. Mais tous les sentiments que nous font éprouver la joie ou l’infortune d’un personnage réel ne se produisent en nous que par l’intermédiaire d’une image de cette joie ou de cette infortune ; l’ingéniosité du premier romancier consista à comprendre que dans l’appareil de nos émotions, l’image étant le seul élément essentiel, la simplification qui consisterait à supprimer purement et simplement les personnages réels serait un perfectionnement décisif. Un être réel, si profondément que nous sympathisions avec lui, pour une grande part est perçu par nos sens, c’est-à-dire nous reste opaque, offre un poids mort que notre sensibilité ne peut soulever. Qu’un malheur le frappe, ce n’est qu’en une petite partie de la notion totale que nous avons de lui que nous pourrons en être émus ; bien plus, ce n’est qu’en une partie de la notion totale qu’il a de soi qu’il pourra l’être lui-même. La trouvaille du romancier a été d’avoir l’idée de remplacer ces parties impénétrables à l’âme par une quantité égale de parties immatérielles, c’est-à-dire que notre âme peut s’assimiler. Qu’importe dès lors que les actions, les émotions de ces êtres d’un nouveau genre nous apparaissent comme vraies, puisque nous les avons faites nôtres, puisque c’est en nous qu’elles se produisent, qu’elles tiennent sous leur dépendance, tandis que nous tournons fiévreusement les pages du livre, la rapidité de notre respiration et l’intensité de notre regard. Et une fois que le romancier nous a mis dans cet état, où comme dans tous les états purement intérieurs, toute émotion est découplée, où son livre va nous troubler à la façon d’un rêve mais d’un rêve plus clair que ceux que nous avons en dormant et dont le souvenir durera davantage, alors, voici qu’il déchaîne en nous pendant une heure tous les bonheurs et tous les malheurs possibles dons nous mettrions dans la vie des années à connaître quelques uns. »
Marcel Proust
19:36 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust