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vendredi, 12 juillet 2019

Solitude de l'écrivain

Roland Barthes« L'écrivain est seul, abandonné des anciennes classes et des nouvelles. Sa chute est d’autant plus grave qu’il vit aujourd’hui dans une société où la solitude elle-même, en soi, est considérée comme une faute. Nous acceptons (c’est là notre coup de maître) les particularismes, mais non les singularités ; les types, mais non les individus. Nous créons (ruse géniale) des chœurs de particuliers, dotés d’une voix revendicative, criarde et inoffensive. Mais l’isolé absolu ? Celui qui n’est ni breton, ni corse, ni femme, ni homosexuel, ni fou, ni arabe, etc. ? Celui qui n’appartient même pas à une minorité ? La littérature est sa voix, qui par un renversement paradisiaque, reprend superbement toutes les voix du monde, et les mêle dans une sorte de chant qui ne peut être entendu que si l’on se porte, pour l’écouter, très au loin, en avant, par-delà les écoles, les avant-gardes, les journaux et les conversations. »
Roland Barthes

vendredi, 05 juillet 2019

Paradis

ezra pound, jasper tejano

 

"Il est difficile d’écrire un paradis quand tout semble vous pousser à écrire une apocalypse. Il est évidemment beaucoup plus facile de peupler un enfer ou même un purgatoire."
Ezra Pound
Photo : Jasper Tejano

mardi, 02 juillet 2019

Forger

Montaigne, georg oddner

 

« J’aime mieux forger mon âme que la meubler. (…) La lecture me sert spécialement à éveiller par divers objets mon discours, à embesogner mon jugement, non ma mémoire. »
Montaigne
Photo de Georg Oddner

samedi, 29 juin 2019

Sur la lecture

Barcelone.jpg

 

"Dans la lecture, l'amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie."

Marcel Proust

dimanche, 26 mai 2019

Mais il m'attire

Bending, 2015 - by Jan Spreeuw, Dutch.jpg« Supposons que je sois sur le point d’écrire une fable et que deux arguments s’offrent à moi ; ma raison reconnaît que le premier est très supérieur ; le second est résolument médiocre, mais il m’attire. Dans ce cas-là, j’opte toujours pour le second. Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu. »
Borges
Photo de Jan Spreeuw

mercredi, 22 mai 2019

Les classiques

Téber Ramírez.jpg"Le public respecte les bustes mais les adore peu. On a pour eux une admiration de convention et puis c'est tout. Le bourgeois (c'est-à-dire l'humanité entière maintenant, y compris le peuple) se conduit envers les classiques comme envers la religion : il sait qu'ils sont, serait fâché qu'ils ne fussent pas, comprend qu'ils ont une certaine utilité très éloignée, mais il n'en use nullement et ça l'embête beaucoup, voilà."
Gustave Flaubert, Lettre à Louise Collet, 22 novembre 1852
Photo de Téber Ramirez

lundi, 20 mai 2019

et c’est calme ! C’est calme ! 

Masayuki.jpg« Ce qui me semble à moi, le plus haut dans l’Art (et le plus difficile), ce n’est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d’agir à la façon de la nature, c’est-à-dire de faire rêver. Aussi les très belles œuvres ont ce caractère. Elles sont sereines d’aspect et incompréhensibles Quant au procédé, elles sont immobiles comme des falaises, houleuses comme l’Océan, pleines de frondaisons, de verdures et de murmures comme des bois, tristes comme le désert, bleues comme le ciel. Homère, Rabelais, Michel-Ange, Shakespeare, Goethe m’apparaissent impitoyables. Cela est sans fond, infini, multiple. Par de petites ouvertures on aperçoit des précipices ; il y a du noir en bas, du vertige. Et cependant quelque chose de singulièrement doux plane sur l’ensemble ! C’est l’éclat de la lumière, le sourire du soleil, et c’est calme ! C’est calme ! ».

Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 26 août 1953.

dimanche, 24 mars 2019

Les mots

Sōichirō TOMIOKA(富岡惣一郎 Japanese, 1922-1994)Trees.jpg"Les mots manquent aux émotions."
Victor Hugo
Photo : Soichiro Tomioka

 

dimanche, 17 février 2019

On naît vieux

sol.jpgExtrait de "Une conversation infinie, Josyane Savigneau Philippe Sollers", vient de sortir

mardi, 01 janvier 2019

Avoir du temps pour l’amour

DqykjeQWkAIDy0V.jpg large.jpg“Voici le premier pressentiment de l’éternité : avoir du temps pour l’amour. ”
Rainer Maria Rilke

18:40 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rilke

lundi, 24 décembre 2018

Rien n'est plus merveilleux pour l'homme que d'être dans un entier repos

Philippe Sollers"S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là. J'affirme donc tranquillement, et, s'il le faut, contre la planète entière, que rien n'est plus merveilleux pour l'homme que d'être dans un entier repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son être, sa sérénité, sa capacité, sa liberté, sa jouissance, sa plénitude. Immédiatement, il sortira, du fond de son être, l'amusement, la lumière, la joie, la gaieté, la reconnaissance, l'espoir."
Philippe Sollers, Le Secret
Photo : Darusz Kclimczack

jeudi, 13 septembre 2018

L'ellipse parfaite

ferdinando scianna, mérimée"Elle mit sa mantille devant son nez, et nous voilà dans la rue, sans savoir où j'allais."
Mérimée
Photo de Ferdinando Scianna

jeudi, 23 août 2018

La trouvaille du romancier

Marcel Proust"C’était les événements qui survenaient dans le livre que je lisais ; il est vrai que les personnages qu’ils affectaient n’étaient pas « réels », comme disait Françoise. Mais tous les sentiments que nous font éprouver la joie ou l’infortune d’un personnage réel ne se produisent en nous que par l’intermédiaire d’une image de cette joie ou de cette infortune ; l’ingéniosité du premier romancier consista à comprendre que dans l’appareil de nos émotions, l’image étant le seul élément essentiel, la simplification qui consisterait à supprimer purement et simplement les personnages réels serait un perfectionnement décisif. Un être réel, si profondément que nous sympathisions avec lui, pour une grande part est perçu par nos sens, c’est-à-dire nous reste opaque, offre un poids mort que notre sensibilité ne peut soulever. Qu’un malheur le frappe, ce n’est qu’en une petite partie de la notion totale que nous avons de lui que nous pourrons en être émus ; bien plus, ce n’est qu’en une partie de la notion totale qu’il a de soi qu’il pourra l’être lui-même. La trouvaille du romancier a été d’avoir l’idée de remplacer ces parties impénétrables à l’âme par une quantité égale de parties immatérielles, c’est-à-dire que notre âme peut s’assimiler. Qu’importe dès lors que les actions, les émotions de ces êtres d’un nouveau genre nous apparaissent comme vraies, puisque nous les avons faites nôtres, puisque c’est en nous qu’elles se produisent, qu’elles tiennent sous leur dépendance, tandis que nous tournons fiévreusement les pages du livre, la rapidité de notre respiration et l’intensité de notre regard. Et une fois que le romancier nous a mis dans cet état, où comme dans tous les états purement intérieurs, toute émotion est découplée, où son livre va nous troubler à la façon d’un rêve mais d’un rêve plus clair que ceux que nous avons en dormant et dont le  souvenir durera davantage, alors, voici qu’il déchaîne en nous pendant une heure tous les bonheurs et tous les malheurs possibles dons nous mettrions dans la vie des années à connaître quelques uns. »

Marcel Proust

jeudi, 21 juin 2018

Pour se mettre à aimer quelqu'un

DgNA9JSXkAU1EIj.jpg"Tu sais, pour se mettre à aimer quelqu'un, c'est une entreprise. Il faut avoir une énergie, une générosité, un aveuglement. Il y a même un moment, tout au début, où il faut sauter par-dessus un précipice ; si on réfléchit, on ne le fait pas."

Sartre

mercredi, 20 juin 2018

Bibliothèque

Maria Helena Vieira da Silva, Frank Zappa'So many books, so little time.' Frank Zappa

'Bibliothèque', 1949 by © Maria Helena Vieira da Silva

mardi, 12 juin 2018

Cercle

yannick haenel«"C'est maintenant qu'il faut reprendre vie." Aussitôt, il y a eu une série d'étincelles autour de ma tête, puis la phrase s'est enroulée autour de mes épaules en y traçant des lignes rouges, orange, jaunes ; elle a cheminé le long de mon bras, lentement, jusqu'à ma main qui s'est gorgée d'un sang bleu-noir. C'est ainsi que ce livre a commencé à s'écrire. Un calme étrange fleurissait dans ma tête. Laisse faire, me disais-je, surtout laisse faire : un passage va s'ouvrir, et ce passage, tu l'appelleras Cercle.»
Yannick Haenel

dimanche, 22 octobre 2017

Un chat faisant la chattemite

La Fontaine"C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas."
La Fontaine

12:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la fontaine

vendredi, 25 août 2017

Phrases

yannick haenel"Lorsque vous avez écrit quelque chose qui vous semble important, ne serait-ce que trois phrases, celles-ci continuent à vivre à travers vos pensées, et sans que vous le sachiez, elles vous transmettent leur découverte ; il me semble parfois que c'est elles, sur un plan très secret, qui vivent à notre place, nous épargnant la peine de trouver une solution à nos vies : les phrases existent ; quant à nous, peu importe."
Yannick Haenel

 

jeudi, 24 août 2017

France

Au 30 rue de Belleville, la Bellevilloise Paris 1924.jpg« La France est le pays des accomplissements imprévus. Toutes les contradictions, comme des fleuves, coulent vers elle. Elle les intègre et les assimile, non sans mal, dans des synthèses instables, qui, sans arrêt, se métamorphosent. C'est le pays des fins qui s'ignorent. Drôle de royaume révolutionnaire... »

Philippe Sollers.

 

mardi, 22 août 2017

Le vide

Wu Shixian -summer landscape.jpg« Le vide ne devient abîme que si on lui résiste. C’est entièrement détaché, et pour ainsi dire lui-même déjà vide, qu’un corps ne craindra plus le vide, et n’aura plus rien à craindre, car si l’on joue avec le vide, il n’existe plus de face-à-face, aucun rapport de force : une autre souplesse doit naître. »

Yannick Haenel

Peinture de Wu Shixian