dimanche, 16 avril 2017
Brièveté
" La brièveté est flatteuse et plus avantageuse dans le commerce du monde ; elle gagne par sa politesse ce qu'elle perd par sa petitesse. Entre deux mots, il faut choisir le moindre ; et les maux et les sons, s'ils sont brefs, ne sont qu'un moindre mal. La quintessence est plus efficace que les farragos. "
Baltazar Gracian
Photo de Claude Nori
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vendredi, 31 mars 2017
Régénération
" Être-temps a le don de régénérer : aujourd'hui régénère demain, aujourd'hui régénère hier, hier régénère aujourd'hui, aujourd'hui régénère aujourd'hui, demain régénère demain.
Le temps générationnel est dégénérant. Seuls les dégénérés du temps lui attachent de l'importance. La régénération est un don du temps. Il n'y a ni superposition ni juxtaposition du temps passé et présent. Le temps ne passe pas, il surgit, c'est un feu, une rotation, une combustion. à ceux qui seraient tentés d'immobiliser le temps, on rappelle que " le Bouddha lui-même est temps " ( comme le rat ou le singe ). " Héraclite " est temps, " J.C." est temps, "Génie" est temps, "Bach" est temps. On devrait d'ailleurs dire Temps-Être plutôt qu' Être-Temps."
Philippe Sollers
Cézanne
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jeudi, 16 février 2017
Au bout
«Un personnage de roman, c'est n'importe qui dans la rue, mais qui va jusqu'au bout de lui-même.»
Georges Simenon
Photo de Nigel Jones
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mercredi, 15 février 2017
Les chevaux haut-bruyants des dieux
"Tout l'espace brumeux que voit un homme assis sur une hauteur, en regardant la mer couleur de vin, tout cet espace est à la portée d'un bond pour les chevaux haut-bruyants des dieux."
Homère, l'Iliade
Photo de Nicolas Bruno
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jeudi, 09 février 2017
C'est toujours la première fois
"L'expérience consiste à tout voir pour la première fois. Je demande à Lisa si c'est bien de cette façon qu'elle aborde une partition, qu'elle a déjà jouée pendant des heures, et sa réponse est immédiate : c'est toujours la première fois. Voilà un entrainement spécial, n'importe où, n'importe quand, à propos de n'importe quoi. On se met en état d'étrangeté maximale, on vient de débarquer et d'avoir un corps. Les formes et les couleurs s'annoncent et se prononcent. C'est la première fois que le monde existe. L'Histoire s'efface dans les faits divers."
Philippe Sollers, Beauté, p. 195.
Photo de A. Aubrey Bodine
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dimanche, 05 février 2017
Les ombres ne sont pas noires mais bleues
"Un jour, alors que personne ne s'y attend, une marée de beauté envahit l'espace. Des types bizarres, qu'on nomme vite "impressionnistes", se mettent à célébrer la nature, l'existence, les pins, les peupliers, les roses, les coquelicots, les pivoines, les nymphéas, les déjeuners sur l'herbe, les femmes respirables et sans voiles, les enfants. On les couvre d'injures, ils insistent. Et puis, ils disparaissent dans l'atmosphère, après avoir prouvé que les ombres ne sont pas noires mais bleues. La nature a rapidement révélé sa beauté. Il est stupéfiant qu'on l'oublie."
Philippe Sollers, Beauté, p 155
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La France est le pays des accomplissements imprévus
"La France est le pays des accomplissements imprévus. Toutes les contradictions, comme des fleuves, coulent vers elle. Elle les intègre et les assimile, non sans mal, dans des synthèses instables qui, sans arrêt, se métamorphosent. C'est le pays des fins qui s'ignorent. Drôle de royaume révolutionnaire, évoqué par Rimbaud dans Illuminations :
"Un beau matin, chez un peuple fort doux, un homme et une femme superbes criaient sur la place publique : "Mes amis, je veux qu'elle soit reine !" "Je veux être reine !" Elle riait et tremblait. Il parlait aux amis de révélation, d'épreuve terminée. Ils se pâmaient l'un contre l'autre. En effet ils furent rois toute une matinée où les tentures carminées se relevèrent sur les maisons, et tout l'après-midi, où ils s'avancèrent du côté des jardins de palmes."
Philippe Sollers, Beauté, p 158
Photo de Fred Stein
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samedi, 04 février 2017
Ma plume agit
"Je peux être la paix, la sérénité, le devenir ; je peux l'être et le suis ; les éclats, les troubles, tout ceci m'affecte à peine ; les souvenirs affleurent, les morts sont vivants - ce que personne ne veut croire - et ma plume agit."
Héraclite
Photo de Henki Koentjoro
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vendredi, 27 janvier 2017
Le matin, le soleil raccourcit les distances

22:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hansol choi
Pourquoi publier, par l’abominable temps qui court ?
"Pourquoi publier, par l’abominable temps qui court ? Est-ce pour gagner de l’argent ? Quelle dérision ! Comme si l’argent était la récompense du travail, et pouvait l’être ! Cela sera quand on aura détruit la spéculation : d’ici là, non. Et puis comment mesurer le travail, comment estimer l’effort ? Reste donc la valeur commerciale de l’œuvre. Il faudrait pour cela supprimer tout intermédiaire entre le producteur et l’acheteur, et quand même cette question en soi est insoluble. Car j’écris (je parle d’un auteur qui se respecte) non pour le lecteur d’aujourd’hui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter, tant que la langue vivra. Ma marchandise ne peut donc être consommée maintenant, car elle n’est pas faite exclusivement pour mes contemporains. Mon service reste donc indéfini et, par conséquent, impayable."
Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, mercredi 4 décembre 1872
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jeudi, 19 janvier 2017
Guerre
"Enfant, certains ciels ont affiné mon optique : tous les caractères nuancèrent ma physionomie. Les Phénomènes s'émurent. - A présent l'inflexion éternelle des moments et l'infini des mathématiques me chassent par ce monde où je subis tous les succès civils, respecté de l'enfance étrange et des affections énormes. - Je songe à une guerre, de droit ou de force, de logique bien imprévue.
C'est aussi simple qu'une phrase musicale."
Rimbaud, Guerre, Illuminations
Photo de Gerda Taro
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lundi, 16 janvier 2017
Trouble
« J’attends de la pensée qu’elle se trouble. Ce qui ne le met pas à l’épreuve n’existe pas. Une pensée qui ne s’expose à rien d’autre qu’à sa petite production d’idées ne vaut pas mieux qu’un container à poubelles. »
Yannick Haenel
Cy Twombly, Sunset, Gaeta, 2009
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dimanche, 15 janvier 2017
La littérature est une parole sans origine
« La littérature est une parole sans origine ; peut-être est-elle-même la parole même de l’absence d’origine. Chaque écrivain conjure l’absence d’origine de la littérature en la faisant exister à travers lui – comme si elle naissait. Ainsi se refonde-t-elle à travers chaque écrivain qui se laisse traverser par sa voix. »
Yannick Haenel
Photo de César Blay
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vendredi, 13 janvier 2017
Fils du soleil
"J'avais en effet, en toute sincérité d'esprit, pris l'engagement de le rendre à son état primitif de fils du soleil, - et nous errions, nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule."
Rimbaud
21:59 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud
mardi, 27 décembre 2016
Après un travail, je me sauve
"Après un travail, je me sauve. J’ai peur du mou de l’habitude. Je me veux libre de techniques, d’expériences, maladroit."
Jean Cocteau
Photo Antanas Sutkus, 1959
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vendredi, 23 décembre 2016
L'affaire Jésus
Picasso, Crucifixion
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dimanche, 18 décembre 2016
une vie spirituelle qui ne doive rien à ce qui existe
"Parce que le monde moderne est tumulte et chaos, la tâche de l'homme moderne est de sortir du tumulte et du chaos. Comment ? En construisant une vie spirituelle à part, (...) c'est-à-dire une vie spirituelle qui ne doive rien à ce qui existe, mais vous devez la faire exister, c'est à vous de faire exister quelque chose que nous n'emprunterez pas à l'existant."
Gilles Deleuze à ses étudiants de Vincennes
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vendredi, 16 décembre 2016
Les paroles sont des archipels fluctuants et sporadiques
Roberto Calasso évoque « le postulat qui dirige une grande partie de notre monde, qui l’aide à fonctionner, mais qui le rend en même temps incapable de saisir une vaste partie de l’essentiel. Dans sa forme la plus concise, ce postulat déclare que la pensée est langage. Plus ambitieusement, que l’esprit est langage. Mais nous ne pensons pas en paroles. Nous pensons parfois en paroles. Les paroles sont des archipels fluctuants et sporadiques. L’esprit est l’océan. Reconnaître dans l’esprit cet océan semble être quelque chose d’interdit, que les orthodoxies en vigueur, dans leurs différentes versions, scientistes ou simplement commonsensical, évitent presque instinctivement. C’est là que réside justement la bifurcation essentielle. C’est là qu’on décide dans quelle direction va opérer la connaissance. »
Photo de B. Benini
22:14 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roberto calasso
jeudi, 06 octobre 2016
Le grand et le petit
« Le grand a sa durée historique parce qu’il est unique dans le temps, le grand a de la grandeur parce que et dans la mesure où il a toujours au-dessus de lui un plus grand. Pouvoir avoir au-dessus un plus grand, c’est le secret du grand. Le petit en est incapable, bien qu’il présente en fait de la façon la plus directe et la plus commode l’écart maximum avec le grand. Mais le petit ne veut que lui-même, c’est-à-dire précisément être petit, et son secret n’est pas un secret, mais un truc, la rouerie hargneuse qui s’entend à rapetisser et à frapper de suspicion tout ce qui ne lui ressemble pas, afin de le rendre semblable à elle. »
Heidegger
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dimanche, 02 octobre 2016
Par conséquent
"Si j'avais été habile, je serais dégoûté des femmes jusqu'à la nausée, et, par conséquent, de la musique et de la peinture, comme X ou Y. Ils sont secs, dégoûtés du monde, philosophes. Au lieu de cela, dans tout ce qui touche aux femmes, j'ai le bonheur d'être dupe comme à 25 ans."
Stendhal
18:52 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : stendhal