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mardi, 28 avril 2020

Candide (Voltaire)

Voltaire, CandideS’il fallait donner un nom à l’intelligence, ce serait sans doute le sien. Un monstre de lucidité. Son récit de bataille dans Candide est jubilatoire : « Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. » Ou encore : « Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé : il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à vif, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler (…) Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable ». Roland Barthes a brillamment analysé l’ironie voltairienne : « Nul mieux que lui n’a donné au combat de la Raison l’allure d’une fête. Tout était spectacle dans ses batailles : le nom de l’adversaire, toujours ridicule, la doctrine combattue, réduite à une proposition (l’ironie voltairienne est toujours la mise en évidence d’une disproportion) ; la multiplication des coups, fusant dans toutes les directions, au point d’en paraître un jeu, ce qui dispense de tout respect et de toute pitié. » Dans les Lettres philosophiques écrites lors de son premier voyage à Londres, Voltaire note : « J’ai toujours préféré la liberté à tout le reste ». Il a été beaucoup attaqué, détesté. « Dès que j’eus l’air d’un homme heureux, tous mes confrères les beaux esprits de Paris se déchaînèrent contre moi ». Ses épigrammes pouvaient être venimeuses : « L’autre jour au fond d’un vallon/ Un serpent piqua Jean Fréron/ Que pensez-vous qu’il arriva ?/ C’est le serpent qui creva. » Tout en lui est détours, esquive, subtilité et humour : « Je crois que j’étais né plaisant, et que c’est dommage que je me sois adonné parfois au sérieux. » Ou encore : « Je crois que la meilleure manière de tomber sur l’Infâme est de paraître n’avoir nulle envie de l’attaquer, de faire voir combien on nous a trompé en tout, combien ce qu’on nous a donné comme respectable est ridicule ; de laisser le lecteur tirer lui-même les conséquences. » Et enfin : « Je vais vite parce que la vie est courte et que j’ai bien des choses à faire. » Dans Le Mondain, il écrit : « J'aime le luxe, et même la mollesse, tous les plaisirs, les arts de toute espèce. La propreté, le goût, les ornements: Tout honnête homme a de tels sentiments (…) Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde. Ah! Le bon temps que ce siècle de fer ! Le superflu, chose très nécessaire. » Ironie encore dans cette lettre à Rousseau, du 30 août 1755 : « J'ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain ; je vous en remercie ; vous plairez aux hommes à qui vous dites leurs vérités, et vous ne les corrigerez pas. Vous peignez avec des couleurs bien vraies les horreurs de la société humaine dont l'ignorance et la faiblesse se promettent tant de douceurs. On n'a jamais tant employé d'esprit à vouloir nous rendre bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre. Et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. Je ne peux non plus m'embarquer pour aller trouver les sauvages du Canada, premièrement parce que les maladies auxquelles je suis condamné me rendent un médecin d'Europe nécessaire, secondement parce que la guerre est portée dans ce pays-là, et que les exemples de nos nations ont rendu les sauvages presque aussi méchants que nous. Je me borne à être un sauvage paisible dans la solitude que j'ai choisie auprès de votre patrie où vous devriez être. » La réponse de Rousseau n’est pas moins intéressante : « C'est à moi, Monsieur, de vous remercier à tous égards. En vous offrant l'ébauche de mes tristes rêveries, je n'ai point cru vous faire un présent digne de vous, mais m'acquitter d'un devoir et vous rendre un hommage que nous vous devons tous comme à notre chef. Sensible, d'ailleurs, à l'honneur que vous faites à ma patrie, je partage la reconnaissance de mes Concitoyens, et j'espère qu'elle ne fera qu'augmenter encore, lorsqu'ils auront profité des instructions que vous pouvez leur donner. Embellissez l'asile que vous avez choisi : éclairez un Peuple digne de vos leçons ; et, vous qui savez si bien peindre les vertus de la liberté, apprenez-nous à les chérir dans nos murs comme dans vos Écrits. Tout ce qui vous approche doit apprendre de vous le chemin de la gloire. Vous voyez que je n'aspire pas à nous rétablir dans notre bêtise, quoique je regrette beaucoup, pour ma part, le peu que j'en ai perdu. À votre égard, Monsieur, ce retour serait un miracle, si grand à la fois et si nuisible, qu'il n'appartiendrait qu'à Dieu de le faire et qu'au Diable de le vouloir. Ne tentez donc pas de retomber à quatre pattes ; personne au monde n'y réussirait moins que vous. Vous nous redressez trop bien sur nos deux pieds pour cesser de vous tenir sur les vôtres. » : Voilà comment on écrivait au XVIIIe ! Voltaire a su jouer de tous les pouvoirs, il incarne les Lumières. Sublime Correspondance. Au duc de Richelieu « Vous savez très bien que les hommes ne méritent pas qu’on recherche leur suffrage ; cependant, on a la faiblesse de le désirer, ce suffrage qui n’est que du vent. L’essentiel est d’être bien avec soi-même et de regarder le public comme des chiens qui tantôt vous mordent, tantôt vous lèchent. » « La grande affaire et la seule qu’on doive avoir, c’est de vivre heureux. » Et ce magnifique : « Le paradis terrestre est où je suis. » Et même : « Je ne sais comment j’ai fait pour être aussi heureux. » Son œuvre est beaucoup plus diverse qu’on ne l’entend en général. Il s’est donné les moyens de s’exprimer, on lui a beaucoup reproché de s’être enrichi : « J’ai vu tant de gens de lettres pauvres et méprisés, que j’ai conclu dès longtemps que je ne devais pas en augmenter le nombre. » Il avait compris que pour mener les combats qu’il voulait, il avait besoin de cette indépendance ; et des combats, il en a menés et avec succès, mettant sa notoriété au service de l’affaire Calas ou du chevalier de la Barre notamment. Son ennemi était le fanatisme, et le détachement son arme, comme ici dans Candide : « Le souper fut comme la plupart des soupers de Paris : d’abord du silence, ensuite un bruit de paroles qu’on ne distingue point, puis des plaisanteries dont la plupart sont insipides, de fausses nouvelles, de mauvais raisonnements, un peu de politique et beaucoup de médisance ; on parla même de livres nouveaux. » À Madame du Deffand : « Quand je vous aurai bien répété que la vie est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme, j’aurais dit tout ce que je sais. » Paul Morand : «Tachez donc de n'avoir pas toujours raison», écrit, en 1752, Voltaire à Frédéric II. C'est ce qu'on a envie de dire à Voltaire, dont chacune des trois mille lettres est si convaincante. » Nietzsche le vénérait au-delà de tout : « Voltaire était avant tout, au contraire de tout ce qui a tenu la plume après lui, un grand seigneur de l’intelligence. »

Raymond Alcovère

lundi, 11 mars 2019

Contradictions

louis scutenaire, roman de romansomans« À les entendre se contredire sans cesse, Je finirai par croire que tous les proverbes sont du même auteur »
Louis Scutenaire
Extrait de "Roman de romans", Raymond Alcovère, 2016, éditions les Réfractaires

dimanche, 17 décembre 2017

Troisième acte

Mozart, roman de romans« J’ai la tête et les mains si pleines du troisième acte qu’il ne serait pas étonnant que je me transforme moi-même en troisième acte »
Mozart
Extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère, 2016, éditions les Réfractaires
Photo de Wayne F. Miller, Naples 1944

dimanche, 26 novembre 2017

Jean de La Fontaine (extrait de Roman de romans)

Peter Turnley.jpgLa Fontaine (Jean de)
Commençons par tordre le cou aux légendes. Comme le souligne Patrick Dandrey : « Les animaux ne forment qu’un tiers, à peu près, des quatre cents personnages des Fables. Les deux cent quarante Fables ne constituent qu’une part, imposante mais relative, de la production d’un poète, qui composa aussi : soixante-quatre contes, un roman mêlé de prose et de vers, une idylle héroïque, deux livrets d’opéra, deux tragédies (l’une lyrique et inachevée), deux comédies, un ballet comique, les fragments d’un songe, un poème scientifique, trois épîtres critiques en vers, un poème chrétien, deux paraphrases de textes sacrés, une relation de voyage, six élégies, des satires, odes, ballades, madrigaux, chansons, épithalames, épigrammes, un pastiche, des traductions de vers latins, les lettres, beaucoup de vers de circonstances et de pièces perdues… Bilan estimable pour un paresseux. » Chateaubriand le considérait comme son dieu et il avait raison. La Fontaine, c’est la meilleure des thérapies, quand on est accablé, après avoir été obligé de lire mauvais livres, notes, rapports ou articles horriblement écrits. Un bain de jouvence ! Sans doute aucun écrivain français n’est arrivé à ce sens du raccourci, de l’épure, et de l’harmonie. Il dit en deux vers ce que beaucoup peinent à exprimer en de longues pages ou même volumes. Goût pour le bonheur, individualisme, sagesse, esprit pénétrant, imagination, tout y est. En relisant les Fables, on est étonné d’y trouver autant d’expressions encore utilisées aujourd’hui. On peut mesurer son génie en comparant avec l’original dont il s’est inspiré : ici, La Cigale et les fourmis, de Ésope (6e siècle avant J.-C.) : « Pendant l’hiver, leur blé étant humide, les fourmis le faisaient sécher. La cigale, mourant de faim, leur demandait de la nourriture. Les fourmis lui répondirent : – Pourquoi en été n’amassais-tu pas de quoi manger ? – Je n’étais pas inactive, dit celle-ci, mais je chantais mélodieusement. Les fourmis se mirent à rire. – Eh bien, si en été tu chantais, maintenant que c’est l’hiver, danse. Cette fable montre qu’il ne faut pas être négligent en quoi que ce soit, si l’on veut éviter les chagrins et les dangers. » Ses contes et tout ce qu’il a écrit sont touchés par la grâce. S’il ne fallait retenir que quelques citations de notre langue, on y trouverait sans doute : « Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? Que ce soit aux rives prochaines ; Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau, toujours divers, toujours nouveau ; Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste… » Et : « J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, la ville et la campagne, enfin tout, il n’est rien qui ne me soit souverain bien, jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. » Ou le merveilleux : « Tout est mystère dans l'amour, ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance. Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour que d'approfondir cette science. » Ou encore : « Bornons ici cette carrière. Les longs ouvrages me font peur. Loin d’épuiser une matière, on n’en doit prendre que la fleur. » Et les fleurs sont encore présentes ici : « Je suis chose légère, et vole à tout sujet ; je vais de fleur en fleur ; et d’objet en objet… » En appendice à son Siècle de Louis XIV, Voltaire, dans son Catalogue des écrivains, écrit : « Dans la plupart de ses fables, il est infiniment au-dessus de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que ce puisse être ». Il l’a écrit lui-même : « Les Sages quelquefois, ainsi que l’écrevisse, marchant à reculons, tournent le dos au port. C’est l’art des matelots. C’est aussi l’artifice de ceux qui, pour couvrir quelque puissant effort, envisagent un point directement contraire, et font vers ce lieu-là courir leur adversaire. »
Extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère, Editions les Réfractaires, 2016
Photo de Peter Turnley

samedi, 02 septembre 2017

Autoportrait avec un livre

Tintoret, roman de romans« Tintoret n’a jamais été sa place : mis à la porte par Titien de son atelier, comme le dit la légende ; critiqué par les polygraphes vénitiens qui voyaient dans son style les marques visibles d’un tempérament désordonné et l’influence trop grande de la maniera toscane de Michel-Ange ; peintre du peuple dans un temps où la gloire couronnait les artistes courtisans au service des monarques et des papes ; virtuose baroque en pleine Renaissance. » : Guillaume Cassegrain
Extrait de "Roman de romans", Raymond Alcovère
Tintoret : autoportrait avec un livre

dimanche, 23 juillet 2017

Rembrandt

RembrandtFrançois Cheng : « Par-delà paysages et corps, l’art occidental est parmi tous les arts du monde celui qui a le plus dévisagé le visage, le plus scruté toutes les facettes de son mystère. Mystère de sa beauté émouvante, mystère non moins hallucinant de sa capacité à glisser vers la hideur. Entre beauté et hideur se concentre sur un visage toute une gamme d’expressions à travers lesquelles la vie irrévélée cherche à se dire : tendresse, ravissement, jubilation, élan et quête, extase, solitude, mélancolie, colère, désolation, désespoir... Parmi tous ceux qui ont sondé ce mystère, Rembrandt, qui vient après les grands Renaissants, est certainement digne d’occuper la place la plus éminente. » 

Extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère,2016

samedi, 03 juin 2017

Renoir (Auguste)

Renoir.jpg« Nous voulions dans nos tableaux des accords gais, de la vie sans littérature. Un matin, l'un de nous, manquant de noir, utilisa du bleu. L'impressionnisme était né » : a-t-il écrit en 1874. Avec un nom pareil, il ne pouvait être que le peintre de la couleur, des femmes en couleur ! Écoutons-le : « Quels êtres admirables que ces Grecs, leur existence était si heureuse qu’ils imaginaient que les dieux, pour trouver leur paradis et aimer, descendaient sur la terre… Oui la terre était le paradis des dieux. Voilà ce que je veux peindre. » Il y est arrivé ! Il a écrit aussi : « Quand une chose est triste, on trouve ça toujours très bien. Faites quelque chose de gai et on vous tombe sur le dos. » Il y avait le fameux rire de Renoir : « Je sais bien qu'il est difficile de faire admettre qu'une peinture puisse être de la très grande peinture en restant joyeuse. Parce que Fragonard riait, on a eu vite fait de dire que c'était un petit peintre. » « Aussi longtemps que j'ai eu des jambes, rien ne m'était plus agréable qu'une promenade à travers les salles du Louvre ; je ne connaissais pas de plaisir plus reposant. Je retrouvais là, sur tous les murs, de vieux amis, avec lesquels j'aimais rester et auxquels je découvrais toujours des qualités nouvelles... »
Raymond Alcovère, extrait de Roman de romans, 2016

dimanche, 22 janvier 2017

Nouvel évangile

roman de romansNe nous soumets pas à l'ostentation !
(extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère)

Roman de romans

 

vendredi, 13 janvier 2017

Fugace

C16R7clXUAEJA5I.jpg« Les impressions les plus délicates sont les plus fugitives ; si elles ne sont rendues sur l'instant, elles s'évaporent ou se matérialisent, deviennent banales, absolument comme les expressions de physionomie en passant du tableau du grand maître à la gravure ou à la mosaïque. Or ces sensations rapides et évanouissantes, éclairs de poésie et d'idéal, parfums subtils, traces des anges qui passent dans notre vie, sont justement ce qu'elle a de plus précieux. »

Henri-Frédéric Amiel, Journal intime.

Extrait de Roman de romans

 

mercredi, 11 janvier 2017

Montagne

Roman de romans (3).jpgÀ l’origine, les montagnes avaient de grandes ailes. Elles volaient dans le ciel et s’arrêtaient sur la terre, suivant leur plaisir. Alors la terre tremblait et vacillait. Indra coupa les ailes des montagnes. Il fixa les montagnes sur la terre pour la rendre stable. Les ailes devinrent des nuages. Depuis lors, les nuages s’amassent autour des cimes.
Extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère
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mardi, 27 décembre 2016

Parole

roman de romans« Comme c’est le caractère des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses, les petits esprits au contraire ont le don de beaucoup parler, et de ne rien dire. » : La Rochefoucauld. Nietzsche, dans Le Crépuscule des idoles, écrit : « Ce pour quoi nous trouvons des paroles, c’est que nous l’avons dépassé. » Valère Novarina, lui, a eu cette illumination : « La parole appelle, ne nomme pas. Le français le dit : nous ne nommons pas les choses, nous les appelons. »
Extrait de "Roman de romans", Raymond Alcovère, vient de paraître
Photo de Adrian Davis

mardi, 20 décembre 2016

Les lois passent parfois plus rapidement que les phénomènes

roman de romans« Les mauvais peintres voient l'arbre, le visage, le chien, mais pas cet arbre, ce visage, ce chien. Ils ne voient rien. Les lois passent parfois plus rapidement que les phénomènes. Cet arbre n’est pas un arbre. C’est celui-là. En ce moment. »
Cézanne
Extrait de Roman de romans, vient de paraître
Photo de Ansel Adams

dimanche, 18 décembre 2016

Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu

roman de romans, Borges« Supposons que je sois sur le point d’écrire une fable et que deux arguments s’offrent à moi ; ma raison reconnaît que le premier est très supérieur ; le second est résolument médiocre, mais il m’attire. Dans ce cas-là, j’opte toujours pour le second. Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu. »
Borges, extrait de "Roman de romans", Raymond Alcovère, vient de sortir

jeudi, 15 décembre 2016

Grèce


Roman de romans, Grèce« Les européens et les Occidentaux situent toujours le mystère dans les ténèbres, dans la nuit, cependant que nous, les Grecs, le situons dans la lumière qui est pour nous quelque chose d’absolu » : Odysséas Elytis. On peut parler du miracle grec ; une expérience humaine unique et inégalée est passée là. Leurs dieux descendaient souvent parmi les hommes en se métamorphosant en eux, si bien qu’on pouvait à tout moment se demander si on n’avait pas un immortel devant soi, ce qui fait dire à Nietzsche : « Dès que n’importe quel arbre peut parler une fois en tant que Nymphe ou dès qu’un dieu sous l’aspect de taureau peut emporter des vierges, dès que la même déesse, Athéna peut être vue pendant qu’elle traverse sur un beau char les marchés d’Athènes –c’est ce que croyait l’honnête Athénien – alors à n’importe quel moment tout est possible, comme dans un rêve. »
La Grèce c’est Ulysse ; le plus énigmatique des héros ; alors qu’une éternité de délices lui est offerte, il n’a qu’une idée, rentrer chez lui. Il y parviendra par la ruse – il est l’homme aux mille tours – aidé par une déesse, Athéna, qui lui fera cette déclaration d’amour stupéfiante : « Toujours et partout, quand nous devrons agir, je serai près de toi, sans te manquer jamais. » Yannick Haenel, dans Cercle, fait dire à un de ces personnages : « S’il refuse d’être immortel, c’est parce qu’il veut continuer à tout vivre, à sentir dans son corps l’illimité des sensations. S’il acceptait d’être immortel, il vivrait dans un oubli parfait. Et lui, il ne veut pas perdre la mémoire. Il veut garder la mémoire des choses prochaines, celles des contrées inconnues qui l’attirent. Il veut vivre le temps, continuer à sentir passer dans son corps l’angoisse et la joie, le péril, le repos, le hasard des occasions. Et puis RACONTER. Car seul le récit est infini et il le sait. »
Nikos Kazantzakis a écrit avec Alexis Zorba un livre magnifique : « Mer, douceur automnale, îles baignées de lumière, voile diaphane de petite pluie fine qui couvrait l’immortelle nudité de la Grèce. Heureux, pensais-je l’homme à qui il est donné, avant de mourir, de naviguer dans la mer égéenne. Nombreuses sont les joies de ce monde – les femmes, les fruits, les idées. Mais fendre cette mer-là, par un tendre automne, en murmurant le nom de chaque île, je crois qu’il n’est pas de joie, qui, davantage, plonge le cœur de l’homme dans le paradis. Nulle part ailleurs on ne passe aussi sereinement ni plus aisément de la réalité au rêve. On dirait qu’ici, en Grèce, le miracle est la fleur inévitable de la nécessité. »
Extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère, vient de paraître
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samedi, 03 décembre 2016

Naître

Richard Avedon.jpg"Celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir."
Bob Dylan ; extrait de Roman de romans
Photo de Richard Avedon

jeudi, 01 décembre 2016

Rôle

ph.Jane Efremova.jpg"L'important est de ne jamais être tout à fait dans un rôle, ni dans un autre." : Philippe Sollers.
Raymond Alcovère, extrait de Roman de romans

Photo de Jane Efremova

samedi, 26 novembre 2016

Un voyage, des voyages

Affiche 9 décembre 2016 un voyage des voyages.jpgSoirée de présentation de Roman de romans : Vendredi 9 décembre à 19H, Maison pour Tous Albertine Sarrazin à Montpellier (43 Rue Tour Gayraud,  04 67 27 24 66)

Lectures croisées en compagnie de Jean Azarel qui présentera : Ciel du dessous, qui vient de paraître aux éditions La Boucherie littéraire.

Le voyage sera également pictural ; les deux écrivains seront entourés d’artistes peintres ou illustrateurs dont certains se seront inspirés de leurs extraits : Annie Caizergues, Marie-Jo Fortoul, Alain Richard et Marc Granier. Vernissage et apéritif dînatoire en clôture, entrée libre…

Contact : raymond.alcovere@gmail.com 

Descriptif et commande de Roman de romans

samedi, 19 novembre 2016

Extrait de #Romanderomans un abécédaire : Discrétion

#Romanderomans« La discrétion est la première des vertus, on lui doit bien des instants de bonheur » écrit Vivant Denon dans Point de lendemain. Dans un entretien pour La Revue des Deux Mondes, Philippe Sollers note, en remontant aux sources, que « dans discrétion il y a discernement ; le discernement, c’est-à-dire séparer, distinguer ». Dans le même article, il continue : « Si la discrétion est la première des vertus, on peut dire que l’indiscrétion est le premier des vices : on lui doit le continu du temps malheureux. L’indiscrétion est la négation de l’instant comme saisie du bonheur : négation à quoi tout le monde s’acharne par angoisse, ressentiment, esprit de vengeance.» Un peu plus loin, citant La Rochefoucauld : « L’homme discret parle quelquefois pour ne rien dévoiler par son silence ».

Extrait de #Romanderomans, un abécédaire : Raymond Alcovère, vient de paraître

Voir ici
Photo de Ralph Gibson

vendredi, 18 novembre 2016

Sortie de "Roman de romans"

R6.jpg"Roman de romans, un abécédaire" vient de sortir

Il est disponible ici 

Vendredi 9 décembre, à la Maison pour tous Albertine Sarrazin (43 rue Tour Gayraud à Montpellier) à 19 H, j'en ferai une lecture croisée avec mon ami Jean Azarel ; apéritif en clôture, entrée libre. Il y a aussi des peintres invités, sur le thème "Voyage, voyages" : Annie Caizergues, Marc Granier, Marie-Jo Fortoul etAlain Richard.