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lundi, 11 mars 2019

Contradictions

louis scutenaire, roman de romansomans« À les entendre se contredire sans cesse, Je finirai par croire que tous les proverbes sont du même auteur »
Louis Scutenaire
Extrait de "Roman de romans", Raymond Alcovère, 2016, éditions les Réfractaires

dimanche, 24 février 2019

L'affaire Dzerjinski

Dq1_L6oUwAA-uzN.jpg large.jpgL’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?
- Non, raconte !
- C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps.
Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll"
Polar, Clairdeplume34 éditions, 2011

dimanche, 17 février 2019

Reprise en main globale de la situation

avion.jpgNote de synthèse
NB ORG TS 101125
Reprise en main globale de la situation

L’abandon par le président Nixon en 1971 de l’étalon or a favorisé, comme préconisé par nos services, le dérapage des monnaies, le développement de l’économie virtuelle et la mainmise définitive des marchés financiers sur l’économie réelle. Commencée en 1974 avec la crise du pétrole, la dégradation de l’économie n’a pas cessé depuis, avec son corollaire la montée du chômage, la précarité, l’insécurité ; après « Les 30 glorieuses » qui avaient vu une relative prospérité, surtout dans les pays riches.
Le mouvement s’est accéléré dans les années 80 puis 90 ; la pauvreté a gagné du terrain partout, entraînant le repli sur soi, la peur du lendemain, la débrouille, la recherche de solutions individuelles.
Arrivé des Etats-Unis, le crédit s’est développé, rendant les populations dépendantes et assujetties ; la paralysie d’un pays par la grève comme on l’a vu en France en mai 68 est devenue impossible (dispositif complété par la destruction progressive des lois sociales).
L’argent, surtout depuis que la prospérité s’est envolée, est devenu une préoccupation majeure pour les gens. La publicité fait naître des désirs jamais rassasiés d’objets, d’images, de façons de vivre, au point que l’argent est l’étalon unique de réussite d’une vie : l’avoir a pris le dessus sur l’être.
Les barrières étatiques et douanières ont peu à peu sauté, les concentrations tissant une toile économique qui gouverne le monde. Les marchés financiers ont pris le pas sur les gouvernements ; d’où une défiance du politique dont chacun peut constater qu’il n’a plus de pouvoir sur l’économie réelle.
Les politiques ne peuvent faire autrement qu’accompagner le mouvement ; influant de moins en moins le cours des choses, ils se voient discrédités par les opinions publiques. Les partis de gauche surtout perdent de plus en plus de crédibilité ; l’opinion leur préfère des gouvernements de droite, moins ambigus.
En faisant sauter le verrou du communisme qui s’est terminé en échec en URSS - laquelle avait été longtemps maintenue sous perfusion par les pays occidentaux, et se présentait en même temps comme le repoussoir idéal - le libéralisme apparaît comme le seul système possible, le moins mauvais en tout cas.
La rupture sino-soviétique entre les deux grands régimes issus du communisme a été un événement capital - s’ils s’étaient alliés, le danger aurait été immense : la Chine s’est retrouvée momentanément dans l’ombre.
La chute du Mur de Berlin lui a ouvert un espace nouveau. La Chine n’a pas choisi l’affrontement ; au contraire elle utilise les armes du capitalisme, et domine même maintenant économiquement les pays occidentaux, sur leur propre terrain, devenu tout à fait logiquement le seul possible.
L’affrontement avec les Etats-Unis en fait les deux grandes puissances mais le processus d’alliance entre les deux, s’il est dissimulé n’en est pas moins réel et tangible, d’autant que d’autres pays émergents (Brésil, Inde, Afrique du sud, autres pays asiatiques) équilibrent mieux les centres de pouvoir apparents.
Les systèmes coercitifs, pour maintenir malgré tout la cohésion et l’adhésion autour d’eux, ont besoin d’un ennemi. La chute du Mur a créé un vide qu’il fallait combler. Ce fut le terrorisme.
Avantage, il maintient les populations dans la peur et permet d’installer des états policiers renforcés, un contrôle chaque jour plus accru, lié au développement des nouvelles technologies et à la cybernétique. Ainsi est monté en épingle un ennemi archaïque à qui nous donnons les moyens de rivaliser, de menacer avec succès l’occident. Autre avantage, il fait figure d’étendard et de contre feu pour les pays pauvres ; un conservatisme tout à fait favorable à nos intérêts peut ainsi perdurer.
La disparition du pétrole comme source d’énergie prépondérante affaiblira dans les décennies à venir leur source financière principale et partant, leur influence réelle et leur capacité de nuisance. Un chantier a été ouvert par nos services sur cette question.
Le développement exponentiel de la technique maintient les populations dans la dépendance à la consommation et les éloigne des sensations vraies.
Le règne de l’image et du virtuel crée un monde séparé où apparemment les limites ont disparu, devenant une sorte de refuge et de mythe. Création d’un sentiment illusoire de liberté qui éloigne du réel, lequel devient de plus en plus opaque, compétitif et violent.
La valeur refuge du virtuel est décuplée par la consommation de drogues issue de laboratoires techniquement très pointus, consommation en hausse constante qui présente le double avantage de diminuer l’esprit critique et la volonté des populations, en particulier de la jeunesse, de la rendre dépendante, et d’autre part de faire prospérer les mafias, lesquelles financent en tant que de besoin les opérations frauduleuses assurant la cohérence du système et le financement des pouvoirs en place.
L’aspect psychologique est essentiel. Dans les pays dits développés, l’esprit des populations doit sans cesse être accaparé, distrait par une foule d’informations inutiles et futiles.
L’objectif est de désamorcer peu à peu tout travail de mémoire, d’approfondissement, de véritable réflexion. Le temps est de plus en plus morcelé, compartimenté, de façon à lui enlever de l’épaisseur, de la constance. Il ne faut surtout pas que les gens parviennent avec des mots jusqu’à leurs sensations ni leur pensée ; tout doit être médiatisé à travers des écrans, des animations, sans trêve ni repos.
La sexualité sollicitée sans cesse sera mécanisée et surtout omniprésente comme spectacle, consommée, multipliée. Après avoir été censurée, elle est devenue obligatoire, ce qui la constitue en norme nouvelle. Son absence devient traumatisante de même que sa pratique standardisée et mécaniste. Il s’en suit un émiettement des relations humaines. Les taux de divorces sont croissants : la dernière structure de type communautaire, la famille, est en train d’éclater, isolant toujours plus les individus, conformément à nos plans.
Extrait de "Rien compris au rock and roll", polar d'espionnage, Raymond Alcovère, 2011, Clair de plume 34 éditions.

lundi, 30 octobre 2017

Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps

DNEaLDfXkAESdQO.jpgL’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?
- Non, raconte !
- C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps.
Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll"
Polar, Clairdeplume34 éditions, 2011

Je crois que le tuyau était plutôt bon…

559885_507596159278293_1686169065_n.jpg- Il y a quoi dans le sac, lui demanda-t-elle ?
- Je veux bien te le dire mais je devrai te tuer après !
- Très drôle !
- Des joujoux !
- Arrête !
- Je blague pas ! Des armes, des piqûres anesthésiantes, téléphones, faux papiers, cartes de crédit, argent liquide, clés électroniques, c’est une manie des agents secrets, un tuyau qu’on m’avait donné. On se constitue des réserves, au cas où, pour les mauvais jours, eh bien voilà c’est arrivé, je crois que le tuyau était plutôt bon…
Raymond Alcovère, Rien compris au rock and roll, Clair de plume 34 éditions, 2011 (extrait)
Photo de Sam Pujol Greif

vendredi, 13 octobre 2017

Il ne lui restait plus qu’à écouter « Let it bleed »

Johan prit un double café puis repartit. Il en avait trop envie depuis un moment, cette fois il sortit ses CD et glissa dans le lecteur Beggars Banquet des Stones, peut-être leur meilleur album avec Let it bleed. Parfaite, la voix traînante de Jagger dans Salt of the earth et ses accents bluesy dans Prodigal song. Et puis la version studio de Street fighting man, toujours aussi fracassante. Quelle idée géniale d’utiliser la guitare sèche.
Parler avec Samuel lui avait fait du bien, il se sentit moins seul sur cette autoroute, alors qu’il ne savait même pas où il allait, ignorant s’il reverrait un jour Angélique et suspendu au génie d’un hacker qu’il connaissait à peine. En face, c’était du lourd. Puis, comme un ado tout seul dans sa chambre, il laissa les percussions de Sympathy for the devil occuper tout l’habitacle de la Benz.
Au bout d’une heure de route - il ne cessait de surveiller la circulation dans son rétro - par sécurité mais aussi parce qu’il avait besoin d’action, il décida de changer de voiture. Il prit son sac à dos chargé de tous ses sésames et jeta son dévolu sur une BMW série 3. Quarante-cinq secondes furent nécessaires pour que sa télécommande ouvre la serrure électronique et il était dans l’habitacle. Trois minutes plus tard, il démarrait en souplesse. Rien compris au rock and roll.jpgIl ne lui restait plus qu’à écouter « Let it bleed ».
Raymond Alcovère, extrait de Rien compris au rock and roll, polar, 2011, Clair de plume 34 éditions

dimanche, 05 mars 2017

Reprise en main globale de la situation

2420128452.jpgNote de synthèse
NB ORG TS 101125
Reprise en main globale de la situation

L’abandon par le président Nixon en 1971 de l’étalon or a favorisé, comme préconisé par nos services, le dérapage des monnaies, le développement de l’économie virtuelle et la mainmise définitive des marchés financiers sur l’économie réelle. Commencée en 1974 avec la crise du pétrole, la dégradation de l’économie n’a pas cessé depuis, avec son corollaire la montée du chômage, la précarité, l’insécurité ; après « Les 30 glorieuses » qui avaient vu une relative prospérité, surtout dans les pays riches.
Le mouvement s’est accéléré dans les années 80 puis 90 ; la pauvreté a gagné du terrain partout, entraînant le repli sur soi, la peur du lendemain, la débrouille, la recherche de solutions individuelles.
Arrivé des Etats-Unis, le crédit s’est développé, rendant les populations dépendantes et assujetties ; la paralysie d’un pays par la grève comme on l’a vu en France en mai 68 est devenue impossible (dispositif complété par la destruction progressive des lois sociales).
L’argent, surtout depuis que la prospérité s’est envolée, est devenu une préoccupation majeure pour les gens. La publicité fait naître des désirs jamais rassasiés d’objets, d’images, de façons de vivre, au point que l’argent est l’étalon unique de réussite d’une vie : l’avoir a pris le dessus sur l’être.
Les barrières étatiques et douanières ont peu à peu sauté, les concentrations tissant une toile économique qui gouverne le monde. Les marchés financiers ont pris le pas sur les gouvernements ; d’où une défiance du politique dont chacun peut constater qu’il n’a plus de pouvoir sur l’économie réelle.
Les politiques ne peuvent faire autrement qu’accompagner le mouvement ; influant de moins en moins le cours des choses, ils se voient discrédités par les opinions publiques. Les partis de gauche surtout perdent de plus en plus de crédibilité ; l’opinion leur préfère des gouvernements de droite, moins ambigus.
En faisant sauter le verrou du communisme qui s’est terminé en échec en URSS - laquelle avait été longtemps maintenue sous perfusion par les pays occidentaux, et se présentait en même temps comme le repoussoir idéal - le libéralisme apparaît comme le seul système possible, le moins mauvais en tout cas.
La rupture sino-soviétique entre les deux grands régimes issus du communisme a été un événement capital - s’ils s’étaient alliés, le danger aurait été immense : la Chine s’est retrouvée momentanément dans l’ombre.
La chute du Mur de Berlin lui a ouvert un espace nouveau. La Chine n’a pas choisi l’affrontement ; au contraire elle utilise les armes du capitalisme, et domine même maintenant économiquement les pays occidentaux, sur leur propre terrain, devenu tout à fait logiquement le seul possible.
L’affrontement avec les Etats-Unis en fait les deux grandes puissances mais le processus d’alliance entre les deux, s’il est dissimulé n’en est pas moins réel et tangible, d’autant que d’autres pays émergents (Brésil, Inde, Afrique du sud, autres pays asiatiques) équilibrent mieux les centres de pouvoir apparents.
Les systèmes coercitifs, pour maintenir malgré tout la cohésion et l’adhésion autour d’eux, ont besoin d’un ennemi. La chute du Mur a créé un vide qu’il fallait combler. Ce fut le terrorisme.
Avantage, il maintient les populations dans la peur et permet d’installer des états policiers renforcés, un contrôle chaque jour plus accru, lié au développement des nouvelles technologies et à la cybernétique. Ainsi est monté en épingle un ennemi archaïque à qui nous donnons les moyens de rivaliser, de menacer avec succès l’occident. Autre avantage, il fait figure d’étendard et de contre feu pour les pays pauvres ; un conservatisme tout à fait favorable à nos intérêts peut ainsi perdurer.
La disparition du pétrole comme source d’énergie prépondérante affaiblira dans les décennies à venir leur source financière principale et partant, leur influence réelle et leur capacité de nuisance. Un chantier a été ouvert par nos services sur cette question.
Le développement exponentiel de la technique maintient les populations dans la dépendance à la consommation et les éloigne des sensations vraies.
Le règne de l’image et du virtuel crée un monde séparé où apparemment les limites ont disparu, devenant une sorte de refuge et de mythe. Création d’un sentiment illusoire de liberté qui éloigne du réel, lequel devient de plus en plus opaque, compétitif et violent.
La valeur refuge du virtuel est décuplée par la consommation de drogues issue de laboratoires techniquement très pointus, consommation en hausse constante qui présente le double avantage de diminuer l’esprit critique et la volonté des populations, en particulier de la jeunesse, de la rendre dépendante, et d’autre part de faire prospérer les mafias, lesquelles financent en tant que de besoin les opérations frauduleuses assurant la cohérence du système et le financement des pouvoirs en place.
L’aspect psychologique est essentiel. Dans les pays dits développés, l’esprit des populations doit sans cesse être accaparé, distrait par une foule d’informations inutiles et futiles.
L’objectif est de désamorcer peu à peu tout travail de mémoire, d’approfondissement, de véritable réflexion. Le temps est de plus en plus morcelé, compartimenté, de façon à lui enlever de l’épaisseur, de la constance. Il ne faut surtout pas que les gens parviennent avec des mots jusqu’à leurs sensations ni leur pensée ; tout doit être médiatisé à travers des écrans, des animations, sans trêve ni repos.
La sexualité sollicitée sans cesse sera mécanisée et surtout omniprésente comme spectacle, consommée, multipliée. Après avoir été censurée, elle est devenue obligatoire, ce qui la constitue en norme nouvelle. Son absence devient traumatisante de même que sa pratique standardisée et mécaniste. Il s’en suit un émiettement des relations humaines. Les taux de divorces sont croissants : la dernière structure de type communautaire, la famille, est en train d’éclater, isolant toujours plus les individus, conformément à nos plans.
Extrait de "Rien compris au rock and roll", polar d'espionnage, Raymond Alcovère, 2011, Clair de plume 34 éditions.

mercredi, 02 mars 2016

Let it roll

Milano Mario de Biasi .jpg- Oui, mais dans l’action, c’est justement ce moment de fragilité qui peut faire tout capoter, c’est compliqué l’action… Ok, let it roll ! Pour revenir à Nice, c’est une ville qui peut être très vulgaire, elle l’est par certains côtés, mais aussi absolument magique. On va aller dans le vieux Nice.
Une heure plus tard, ils débouchaient sur la Baie des Anges. En arrivant, on a l’impression de plonger dans un film. Les palaces, les belles voitures, les riches retraités, on croirait un décor. On se dit il va se déchirer, mais non, il persiste, immuable comme la mer.
Et pourtant si, le décor commençait à se lézarder. En cette année 2011, quelque chose ne tournait plus rond. La crise sans doute.
Même les riches – et ici ils étaient légion – semblaient moins arrogants ou plutôt absents d’eux-mêmes, ils n’y croyaient plus, agissant comme des automates. Ils dépensaient leur argent, comme on leur avait appris, mais la mécanique, enrayée, tournait à vide.
Face à cette mer de plus en plus glauque, tous ces petits malfrats en quête du jackpot, les rescapés d’un univers parallèle jouaient encore le jeu, mais ils avaient l’air triste de ceux qui ont un monde de retard, trimbalant un blues de pantomimes délaissées.
Raymond Alcovère, extrait de Rien compris au rock and roll, polar
Photo de Mario de Biasi

vendredi, 26 février 2016

Le chômage sera donc accru de manière à rendre les lendemains difficiles

CbX_KKQWwAAlpd6.jpgNote de contexte
NC ORG HC 14225

La décolonisation des années 60 a mis en lumière l’influence grandissante des mouvements d’émancipation des peuples. En parallèle, les contestations se sont multipliées depuis une dizaine d’années dans les pays développés.
Le groupe 4 a planché sur cette situation périlleuse. Trois ans de travaux ont été nécessaires, des dizaines de réunions, de consultations, d’avis d’experts, de rapports.
Résultat : si on ne fait rien, si on laisse cette situation se dégrader, c’en est fini à court terme de nos valeurs, de nos intérêts. Les courants gauchistes, largement financés par l’Union Soviétique et la Chine - laquelle pour l’instant est rentrée dans le rang, mais son pouvoir de fascination reste important parmi les jeunes générations - ont pris une place prépondérante dans l’évolution des mentalités.
La croissance de l’économie qui ne rencontre pas d’obstacle, élève considérablement le niveau de vie des populations, leur donnant un sentiment d’impunité, et du « tout est possible ». Il est indispensable d’en finir au plus vite avec cet état de fait.
Notre objectif est de provoquer un choc économique majeur, une crise durable et profonde remettant en cause ce bien-être et cette aisance. Le plein emploi actuel qui a un temps favorisé nos intérêts en participant à la vitalité de l’économie de marché constitue à présent une menace grave pour nos valeurs. Le chômage sera donc accru de manière à rendre les lendemains difficiles et à accentuer les valeurs de lutte pour la vie, que le confort et la prospérité modernes avaient commencé à faire oublier.

Raymond Alcovère, extrait de Rien compris au rock and roll, roman d'espionnage, 2011, Clair de plume 34 éditions

mercredi, 17 février 2016

La minute psycho, tu m’auras vraiment tout fait !

Cbaor0DWwAEcDr-.jpg- Tu as eu combien de vies ?
- Un agent secret en a plus d’une, il faudra t’y faire ! Tu sais, dans nos manuels de formation, on apprend que pour qu’une véritable relation de confiance s’établisse entre deux personnes, il faut qu’ils se soient montrés l’un à l’autre en position de faiblesse, on est en plein dedans tous les deux non ?
- La minute psycho, tu m’auras vraiment tout fait !
- Prêt à tout pour te séduire !
Il avait la main sur le démarreur. Elle l’embrassa goulûment, remontant son genou contre ses jambes. Puis elle se retira :
- Allez, démarre, dépêchons-nous, tu sais que j’aime les hôtels, j’ai hâte d’y être !
Extrait de "Rien compris au rock and roll", polar, Raymond Alcovère

dimanche, 14 février 2016

L’Italie ce n’est pas ce qu’on croit

Anka Zhuravleva.jpg"Tu sais l’Italie ce n’est pas ce qu’on croit, tu savais que c’est une plaque tournante pour la vente d’armes, les armes légères - pas les fusées, les tanks et tous ces machins - mais les fusils, les mitrailleuses, charmant non ?"
Extrait de "Rien compris au rock and roll", Polar, Raymond Alcovère, Clair de plume 34 éditions
Photo de Anka Zhuraleva

lundi, 28 décembre 2015

Reprise en main globale de la situation

CP7S37-WcAACEzy.jpgNote de synthèse
NB ORG TS 101125
Reprise en main globale de la situation

L’abandon par le président Nixon en 1971 de l’étalon or a favorisé, comme préconisé par nos services, le dérapage des monnaies, le développement de l’économie virtuelle et la mainmise définitive des marchés financiers sur l’économie réelle. Commencée en 1974 avec la crise du pétrole, la dégradation de l’économie n’a pas cessé depuis, avec son corollaire la montée du chômage, la précarité, l’insécurité ; après « Les 30 glorieuses » qui avaient vu une relative prospérité, surtout dans les pays riches.
Le mouvement s’est accéléré dans les années 80 puis 90 ; la pauvreté a gagné du terrain partout, entraînant le repli sur soi, la peur du lendemain, la débrouille, la recherche de solutions individuelles.
Arrivé des Etats-Unis, le crédit s’est développé, rendant les populations dépendantes et assujetties ; la paralysie d’un pays par la grève comme on l’a vu en France en mai 68 est devenue impossible (dispositif complété par la destruction progressive des lois sociales).
L’argent, surtout depuis que la prospérité s’est envolée, est devenu une préoccupation majeure pour les gens. La publicité fait naître des désirs jamais rassasiés d’objets, d’images, de façons de vivre, au point que l’argent est l’étalon unique de réussite d’une vie : l’avoir a pris le dessus sur l’être.
Les barrières étatiques et douanières ont peu à peu sauté, les concentrations tissant une toile économique qui gouverne le monde. Les marchés financiers ont pris le pas sur les gouvernements ; d’où une défiance du politique dont chacun peut constater qu’il n’a plus de pouvoir sur l’économie réelle.
Les politiques ne peuvent faire autrement qu’accompagner le mouvement ; influant de moins en moins le cours des choses, ils se voient discrédités par les opinions publiques. Les partis de gauche surtout perdent de plus en plus de crédibilité ; l’opinion leur préfère des gouvernements de droite, moins ambigus.
En faisant sauter le verrou du communisme qui s’est terminé en échec en URSS - laquelle avait été longtemps maintenue sous perfusion par les pays occidentaux, et se présentait en même temps comme le repoussoir idéal - le libéralisme apparaît comme le seul système possible, le moins mauvais en tout cas.
La rupture sino-soviétique entre les deux grands régimes issus du communisme a été un événement capital - s’ils s’étaient alliés, le danger aurait été immense : la Chine s’est retrouvée momentanément dans l’ombre.
La chute du Mur de Berlin lui a ouvert un espace nouveau. La Chine n’a pas choisi l’affrontement ; au contraire elle utilise les armes du capitalisme, et domine même maintenant économiquement les pays occidentaux, sur leur propre terrain, devenu tout à fait logiquement le seul possible.
L’affrontement avec les Etats-Unis en fait les deux grandes puissances mais le processus d’alliance entre les deux, s’il est dissimulé n’en est pas moins réel et tangible, d’autant que d’autres pays émergents (Brésil, Inde, Afrique du sud, autres pays asiatiques) équilibrent mieux les centres de pouvoir apparents.
Les systèmes coercitifs, pour maintenir malgré tout la cohésion et l’adhésion autour d’eux, ont besoin d’un ennemi. La chute du Mur a créé un vide qu’il fallait combler. Ce fut le terrorisme.
Avantage, il maintient les populations dans la peur et permet d’installer des états policiers renforcés, un contrôle chaque jour plus accru, lié au développement des nouvelles technologies et à la cybernétique. Ainsi est monté en épingle un ennemi archaïque à qui nous donnons les moyens de rivaliser, de menacer avec succès l’occident. Autre avantage, il fait figure d’étendard et de contre feu pour les pays pauvres ; un conservatisme tout à fait favorable à nos intérêts peut ainsi perdurer.
La disparition du pétrole comme source d’énergie prépondérante affaiblira dans les décennies à venir leur source financière principale et partant, leur influence réelle et leur capacité de nuisance. Un chantier a été ouvert par nos services sur cette question.
Le développement exponentiel de la technique maintient les populations dans la dépendance à la consommation et les éloigne des sensations vraies.
Le règne de l’image et du virtuel crée un monde séparé où apparemment les limites ont disparu, devenant une sorte de refuge et de mythe. Création d’un sentiment illusoire de liberté qui éloigne du réel, lequel devient de plus en plus opaque, compétitif et violent.
La valeur refuge du virtuel est décuplée par la consommation de drogues issue de laboratoires techniquement très pointus, consommation en hausse constante qui présente le double avantage de diminuer l’esprit critique et la volonté des populations, en particulier de la jeunesse, de la rendre dépendante, et d’autre part de faire prospérer les mafias, lesquelles financent en tant que de besoin les opérations frauduleuses assurant la cohérence du système et le financement des pouvoirs en place.
L’aspect psychologique est essentiel. Dans les pays dits développés, l’esprit des populations doit sans cesse être accaparé, distrait par une foule d’informations inutiles et futiles.
L’objectif est de désamorcer peu à peu tout travail de mémoire, d’approfondissement, de véritable réflexion. Le temps est de plus en plus morcelé, compartimenté, de façon à lui enlever de l’épaisseur, de la constance. Il ne faut surtout pas que les gens parviennent avec des mots jusqu’à leurs sensations ni leur pensée ; tout doit être médiatisé à travers des écrans, des animations, sans trêve ni repos.
La sexualité sollicitée sans cesse sera mécanisée et surtout omniprésente comme spectacle, consommée, multipliée. Après avoir été censurée, elle est devenue obligatoire, ce qui la constitue en norme nouvelle. Son absence devient traumatisante de même que sa pratique standardisée et mécaniste. Il s’en suit un émiettement des relations humaines. Les taux de divorces sont croissants : la dernière structure de type communautaire, la famille, est en train d’éclater, isolant toujours plus les individus, conformément à nos plans.
Extrait de "Rien compris au rock and roll", polar d'espionnage, Raymond Alcovère, 2011, Clair de plume 34 éditions.

lundi, 17 août 2015

il n’y a pas de vie tranquille, pour personne

1457881996.jpg"Les corps engourdis commençaient à s’ébrouer, au ralenti. Une aube semblable à tous les matins du monde. Pour la plupart c’était la fin des vacances, d’autres partaient en voyage, hors temps scolaires. Lui n’appartenait à aucun de ces univers balisés. Si les gens savaient, se dit-il. Il les regardait avec tendresse se déplacer maladroitement dans la carlingue. Sans doute vaut-il mieux ne pas savoir. Il rêva un instant d’une petite vie tranquille, d’ « expat » comme on les appelle, puis il se dit, bien sûr que non, il n’y a pas de vie tranquille, pour personne."
Extrait de "Rien compris au rock and roll", Raymond Alcovère, 2011, Clairdeplume34editions

Photo de Sam Pujol Greif

vendredi, 15 mai 2015

Rien compris au rock and roll

405651_499120453459197_212150643_n.jpgL’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?
- Non, raconte !
- C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps.
Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll"
Polar, Clairdeplume34 éditions, nov 2011

jeudi, 15 mai 2014

A ecouter en Podcast : Rien compris au rock and roll

rien-compris-au-rock-and-roll-gf.jpgSur Radio Aviva par Marie-Laure de Noray-Dardenne

dimanche, 16 mars 2014

Tranquille

rnr.jpg"Les corps engourdis commençaient à s’ébrouer, au ralenti. Une aube semblable à tous les matins du monde. Pour la plupart c’était la fin des vacances, d’autres partaient en voyage hors temps scolaires. Lui n’appartenait à aucun de ces univers balisés. Si les gens savaient se dit-il. Il les regardait avec tendresse se déplacer maladroitement dans la carlingue. Sans doute vaut-il mieux ne pas savoir. Il rêva un instant d’une petite vie tranquille, d’ « expat » comme on les appelle, puis il se dit, bien sûr que non, il n’y a pas de vie tranquille, pour personne."
Extrait de "Rien compris au rock and roll", polar d'espionnage, Raymond Alcovère, Clair de plume 34 éditions, 2011,

mercredi, 19 février 2014

Zénith

Bertrand Russel, Ava Gardner"Une passion amoureuse atteint son zénith lorsque les amants ont l’impression que tout le monde est contre eux"
Bertrand Russel
Exergue du chapitre 11 de "Rien compris au rock and roll"
Raymond Alcovère, 2011, Clairdeplume34 éditions
Ava

mercredi, 27 février 2013

La position du tireur couché

rien compris au rock and roll, Jean-Patrick Manchette"Au moment de le rejoindre, une idée bizarre traversa son esprit. Dans La position du tireur couché, son polar préféré de Jean-Patrick Manchette, le héros, un tueur comme lui, traumatisé quand il a compris qu’il avait été manipulé depuis le début, perd l’usage de la parole. Ensuite, il est obligé d’écrire des mots pour s’exprimer. Hélios avait trouvé ce détail ridicule sur le moment, et tout d’un coup l’angoisse qu’il lui arrive la même chose l’étreignit. Il se força, comme pour lui-même et se rassurer à dire un mot ou deux à voix haute avant d’aborder Aldo. Ses cordes vocales avaient bien tenu le coup, ouf. Quant à sa tête..."
Raymond Alcovère, Rien compris au rock and roll, polar, 2011, extrait

vendredi, 01 février 2013

Une des plus grandes opérations de l’histoire

pujol1.jpg-                L’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?

-                Non, raconte !

C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui  permettre de durer si longtemps.

Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll", polar, Clairdeplume34 éditions, nov 2011

Photo de Samuel Pujol

jeudi, 31 janvier 2013

Il n’y a pas de vie tranquille

rnr.jpg"Les corps engourdis commençaient à s’ébrouer, au ralenti. Une aube semblable à tous les matins du monde. Pour la plupart c’était la fin des vacances, d’autres partaient en voyage hors temps scolaires. Lui n’appartenait à aucun de ces univers balisés. Si les gens savaient se dit-il. Il les regardait avec tendresse se déplacer maladroitement dans la carlingue. Sans doute vaut-il mieux ne pas savoir. Il rêva un instant d’une petite vie tranquille, d’ « expat » comme on les appelle, puis il se dit, bien sûr que non, il n’y a pas de vie tranquille, pour personne."

Extrait de "Rien compris au rock and roll", polar, Raymond Alcovère, Clair de plume 34 édtions, 2011