jeudi, 29 septembre 2016
La plume d'un côté et l'épée de l'autre
"Nous tenons la plume d'un côté et l'épée de l'autre."
Stendhal
Sol Lewitt
23:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : stendhal, sol lewitt
mardi, 23 août 2016
Le monologue de Novalis
"Il y a quelque chose de drôle, à vrai dire, dans le fait de parler et d'écrire ; une juste conversation est un pur jeu de mots. L'erreur risible et toujours étonnante, c'est que les gens s'imaginent et croient parler en fonction des choses. Mais le propre du langage, à savoir qu'il est tout uniment occupé que de soi-même, tous l'ignorent. C'est pourquoi le langage est un si merveilleux et fécond mystère : que quelqu'un parle tout simplement pour parler, c'est justement alors qu'il exprime les plus originales et les plus magnifiques vérités. Mais qu'il veuille parler de quelque chose de précis, voilà alors le langage et son jeu qui lui font dire les pires absurdités, et les plus ridicules. C'est bien aussi ce qui nourrit la haine que tant de gens sérieux ont du langage. Ils remarquent sa pétulante espièglerie ; mais ce qu'ils ne remarquent pas, c'est que le bavardage négligé est justement le côté infiniment sérieux de la langue. Si seulement on pouvait faire comprendre aux gens qu'il en va, du langage, comme des formules mathématiques : elles constituent un monde en soi, pour elles seules ; elles jouent entre elles exclusivement, n'expriment rien si ce n'est leur propre nature merveilleuse, ce qui justement fait qu'elles sont si expressives, que justement en elles se reflète le jeu étrange des rapports entre les choses. Membres de la nature, c'est par leur liberté qu'elles sont, et c'est seulement par leurs libres mouvements que s'exprime l'âme du monde, en en faisant tout ensemble une mesure délicate et le plan architecturale des choses. De même en va-t-il également du langage : seul celui qui a le sentiment profond de la langue, qui la sent dans son application, son délié, son rythme, son esprit musical; - seul celui qui l'entend dans sa nature intérieure et saisit en soi son mouvement intime et subtil pour, d'après lui, commander à sa plume ou à sa langue et les laisser aller : oui, celui-là seul est prophète. Tandis que celui qui en possède bien la science savante, mais manque par contre et de l'oreille et du sentiment requis pour écrire des vérités comme celles-ci, la langue se moquera de lui et il sera la risée des hommes tout comme Cassandre pour les Troyens.
Mais si je pense avoir, par ceci, précisé de la façon la plus claire l'essence même et la fonction de la poésie, je sais aussi que pas un homme ne le saurait comprendre et que, l'ayant voulu dire, j'ai dit quelque chose de tout à fait stupide, d'où toute poésie est exclue. Pourtant s'il a fallu que je parle ? si, pressé de parler par la parole même, j'avais en moi ce signe de l'intervention et de l'action du langage ? et si ma volonté n'avait aucunement voulu ce qu'il a fallu que je dise? Alors il se pourrait bien que ce fût là, à mon insu, de la poésie, et qu'un mystère de la langue eût été rendu intelligible... Et aussi, donc, que je fusse un écrivain de vocation, puisqu'il n'est d'écrivain qu'habité par la langue, puisque l'écrivain né n'est seulement qu'un inspiré du verbe!"
Novalis
Photo de Inge Morath
17:47 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inge morath, novalis
Langage
« Nous sommes vraiment les animaux lourds et laboureurs de notre langage qui nous possède d'une façon beaucoup plus fine, beaucoup plus virevoltante, beaucoup plus explosive que nous nous permettons de le penser ».
Philippe Sollers
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lundi, 25 juillet 2016
Frère de lait de toutes les vagues de l'eau
« Quoique je sois né sur la terre, j'ai été nourri par les mamelles des mers, et malgré le sein maternel des vallées et des collines, je suis le frère de lait de toutes les vagues de l'eau ».
Herman Melville
21:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : herman melville
dimanche, 24 juillet 2016
Une horloge où toutes les heures sont égales
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales » : Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Photo de Michael Kena
02:56 Publié dans Grands textes, Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, philippe sollers
mercredi, 13 juillet 2016
Image
"Le spectacle est le capital à un tel degré d’accumulation qu’il devient image."
Guy Debord, 1967
Photo de Miguel Silva
19:36 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guy debord, miguel silva
samedi, 02 juillet 2016
La raison n’a plus de pouvoir ici
Rûmî : « Une fois parvenu à ce point, arrête-toi et ne te préoccupe de rien. La raison n’a plus de pouvoir ici. Quand elle arrive à l’océan, elle s’arrête, et même le fait de s’arrêter n’existe plus pour elle. »
Photo : Luke Shaldolt
23:58 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rûmî
dimanche, 26 juin 2016
Tout
« Pour moi tout est important. Je ne fais pas de différence entre occupations importantes et sans importance. Ce qui en sort est souvent un hasard. Parfois je pars d’une allumette, et ça donne une sculpture monumentale. »
Picasso
Siberian eagle owl by Pavel Labonskiy
04:16 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pablo picasso
vendredi, 10 juin 2016
Larvatus prodeo
"Il faut briser ses chaînes sans qu'ils le voient. Il n'y a que ça de vrai : l'imperceptible. Essaie de te révolter, ils te tomberont dessus tout de suite. Ils n'attendent que ça : comment est-ce que tu crois que Descartes a pu tenir dans un trou pareil ? Larvatus prodeo, c'était sa devise : je m'avance masqué."
Yannick Haenel, le sens du calme
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lundi, 16 mai 2016
Diable !
« Mais me direz-vous, avec une spontanéité candide, le Diable n'existe pas. En effet. Mais sa fonction est justement de faire croire que ce qui n'existe pas existe. Le non-être est, voilà sa répétition. Le non-être pourrait être ? Il est possible que le non-être soit ? Les mortels se laissent pénétrer et convaincre. Prince de ce monde, bien sûr, puisque ce monde n'est que celui de l'opinion à propos de ce qui n'est pas. Aller en enfer, signifie : vous aurez à souffrir, comme si vous étiez, de ne pas être. Diable veut dire étymologiquement : qui divise. »
Philippe Sollers, Le secret.
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dimanche, 15 mai 2016
Desperadoes
« Les desperadoes languissent après l’orage, l’ivresse et les blessures. »
Rimbaud
02:37 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud
dimanche, 01 mai 2016
une grande pensée
« Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c'est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d'autres, et qui nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture."
Montesquieu, Essai sur le goût
16:09 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montesquieu
Étonnants voyageurs
"Étonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers."
Baudelaire
Samuel Beckett, par Richard Avedon
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samedi, 30 avril 2016
Appétit
"Pour l'enfant amoureux de cartes et d'estampes, l'univers est égal à son vaste appétit."
Baudelaire
Venezia
20:04 Publié dans Grands textes, Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire, venise
jeudi, 28 avril 2016
Dans les choses de la pensée
"Dans les choses de la pensée, il faut toujours prévoir un pôle positif et un pôle négatif, sans quoi on s'égare, on croit au bien et au mal, et on n'est jamais par-delà, c'est-à-dire au lieu où l'on peut "divinement" comprendre ce qui se passe chez les mortels."
Philippe Sollers
18:39 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers
samedi, 23 avril 2016
Vous
"N'oublions pas que nos maîtres ont des âmes d'esclaves."
Louis Scutenaire
18:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis scutenaire
Grave !
"La gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l'esprit."
La Rochefoucauld
12:34 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la rochefoucauld
jeudi, 14 avril 2016
Arme à feu
"Cette sensation poignante qui fait qu'on touche à une phrase comme à une arme à feu."
Jules Renard, Journal, 26 décembre 1889
Photo de Nicholas Bell
21:09 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jules renard, nicholas bell
samedi, 09 avril 2016
Oracles chaldaïques
"Ceux qui poussent l'âme hors d'elle-même et la font respirer sont libérés."
Oracles chaldaïques, fragment 124
08:55 Publié dans Grands textes, illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oracles chaldaïques
Bonheur
"Par bonheur, on entend, dans l'ordre qu'on veut, le plaisir et la connaissance."
Philippe Sollers, Le Cœur absolu
Matisse, Odalisque, 1923
01:53 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matisse, philippe sollers, bonheur