vendredi, 04 mars 2022
Pouvoir réfléchissant
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mardi, 01 mars 2022
Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres
Mais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part. Elles finissent par gonfler si parfaitement les joues, par suivre en une adhérence si exacte la ligne du nez, elles se mêlent si bien de nuancer la voix comme si celle-ci n'était qu'une transparente enveloppe, que chaque fois que nous voyons ce visage et que nous entendons cette voix, ce sont ces notions que nous retrouvons, que nous écoutons.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann
Masques du théâtre grec
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mercredi, 23 février 2022
Ce français...
« Ce français qu'on dit parfois inaccentué, sec, raisonneur et gourmé, est une langue très invective, très secrète et très arborescente, faite pour pousser. Très native, très germinative. La plus belle langue du monde, parce que c'est à la fois du grec de cirque, du patois d'église, du latin arabesque, de l'anglais larvé, de l'argot de cour, du saxon éboulé, du picard d'oc, du doux-allemand et de l'italien raccourci. Un grand théâtre d'ombres, de transformismes, de variétés rythmées... »
Valère Novarina
Photo : Carlos Santoro
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samedi, 05 février 2022
Les jours sont ronds
«Les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit. Ils n’ont pas la forme longue, cette forme des choses qui vont vers des buts : la flèche, la route, la course de l’homme. Ils ont la forme ronde, cette forme des choses éternelles et statiques : le soleil, le monde, Dieu. La civilisation a voulu nous persuader que nous allons vers quelque chose, un but lointain. Nous avons oublié que notre seul but, c’est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours et qu’à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable si nous vivons. Tous les gens civilisés se représentent le jour comme commençant à l’aube ou un peu après, ou longtemps après, enfin à une heure fixée par le début de leur travail ; qu’il s’allonge à travers leur travail, pendant ce qu’ils appellent « toute la journée » ; puis qu’il finit quand ils ferment les paupières. Ce sont ceux-là qui disent : les jours sont longs. Non, les jours sont ronds.»
Jean Giono
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jeudi, 27 janvier 2022
Age
Quand on s'éloigne d'une côte en bateau, on la découvre soudain différemment. L'âge aussi est une manière de s'éloigner : on commence à percevoir sa vie comme un tout, qui n'est pas forcément la juxtaposition des événements qui l'ont constituée…
Benoîte Groult
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vendredi, 21 janvier 2022
Épicure
« Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter ; quand on est vieux, il ne faut pas se lasser. »
Épicure
Photo de Argiris Karamouzas
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dimanche, 09 janvier 2022
Madame Sagan
«On a parfois, comme ça, des idées sur soi, même purement "visuelles", mais irrévocables. Le reste du temps, on se laisse flotter sans se voir, on se laisse disparaître dans une traînée de bulles saumâtres et sans couleur vers les fonds les plus bas, aveugle, sourd et muet de désespoir.
Ou alors, au contraire on ressurgit superbe et triomphant dans l'œil de quelqu'un d'autre, aveuglé de ce soleil que vous êtes pour lui et qu'il invente au péril de son cœur.»
Françoise Sagan
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dimanche, 05 décembre 2021
Le plaisir du texte
“Nul objet n’est dans un rapport constant avec le plaisir (Lacan, à propos de Sade). Cependant, pour l'écrivain, cet objet existe ; ce n'est pas le langage, c'est la langue, la langue maternelle.”
Roland Barthes, Le plaisir du texte
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lundi, 29 novembre 2021
Ce que j’embrasse sur ton visage
Ce que j’embrasse sur ton visage, c’est celle que j’aime bien sûr, mais aussi, et parfois, le visage de la vie telle que je la voudrais pour tous, généreuse et intelligente.
Camus à Maria Casarès, le 26 avril 1950
Photo de Théo Gosselin
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lundi, 15 novembre 2021
Force ou faiblesse ?
17:59 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dalaï lama
jeudi, 11 novembre 2021
Boris
13:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boris cyrulnik
lundi, 01 novembre 2021
Parole mélanésienne
11:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 30 octobre 2021
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. Phrase d’Evelyn Beatrice Hall, dans Les Amis de Voltaire (1906). Evelyn Hall est la véritable autrice de cette phrase faussement attribuée à Voltaire.
10:08 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : evelyn beatrice hall, voltaire
mardi, 19 octobre 2021
La grande poésie
La grande poésie vit dans un état de perpétuelle transformation, de perpétuelle traduction: le poème meurt quand il n'a plus d'endroit où aller.
Eliot Weinberger
Photo : Lothar Dörfer
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dimanche, 17 octobre 2021
"La nuit vient, noir pirate, aux cieux d'or débarquant." : Rimbaud
Photo : Edd Allen
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jeudi, 14 octobre 2021
Absence d'amour
Et tout ment dans l'absence d'amour …
Georges Bataille
Photo : Alain Schaller
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vendredi, 08 octobre 2021
Revirginité
Tout effacer sur le tableau, du jour au lendemain, se retrouver neuf à chaque aurore, dans une revirginité perpétuelle de l'émotion - voilà, et voilà seulement ce qu'il vaut la peine d'être, ou d'avoir, pour être ou avoir ce qu'imparfaitement nous sommes.
Fernando Pessoa
Photo : Pierre Pipien
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dimanche, 03 octobre 2021
je travaince
« Maintenant, c’est la nuit que je travaince. De minuit à cinq heures du matin. Le mois passé, ma chambre, rue Monsieur-le-Prince, donnait sur un jardin du lycée Saint-Louis. Il y avait des arbres énormes sous ma fenêtre étroite. A trois heures du matin, la bougie pâlit ; tous les oiseaux crient à la fois dans les arbres : c’est fini. Plus de travail. Il me fallait regarder les arbres, le ciel, saisis par cette heure indicible, première du matin. Je voyais les dortoirs du lycée, absolument sourds. Et déjà le bruit saccadé, sonore, délicieux des tombereaux sur les boulevards. - je fumais ma pipe-marteau, en crachant sur les tuiles, car c’était une mansarde, ma chambre. À cinq heures, je descendais à l’achat de quelque pain ; c’est l’heure. Les ouvriers sont en marche partout. C’est l’heure de se soûler chez les marchands de vin, pour moi. Je rentrais manger, et me couchais à sept heures du matin, quand le soleil faisait sortir les cloportes de dessous les tuiles. Le premier matin en été, et les soirs de décembre, voilà ce qui m’a ravi toujours ici. »
Lettre de Rimbaud à Ernest Delahaye (juin 1872)
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mercredi, 29 septembre 2021
Couvert de poussière
Couvert de poussière, un piment à demi rongé dans la main droite, j'écoutais au fond de moi la journée s'effondrer joyeusement comme une falaise.
Nicolas Bouvier
09:54 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bouvier
samedi, 25 septembre 2021
L'art
L'art, en somme, est l'expression harmonieuse de la conscience que nous avons des sensations, autrement dit nos sensations doivent être exprimées de telle sorte qu'elles créent un objet qui deviendra pour d'autres une sensation. Les principes de l'art sont : 1) Toute sensation doit être pleinement exprimée ; 2) La sensation doit être exprimée de façon à pouvoir évoquer ; 3) L'ensemble ainsi produit doit ressembler autant que possible à un être organisé : il ne vivra qu'à cette condition.»
Fernando Pessoa (Lettre à un éditeur, dans "Fragments d'un voyage immobile")
Photo : Sofie Conte
04:30 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sofie conte, fernando pessoa