vendredi, 10 octobre 2025
Pas assez
Que dit La Rochefoucauld ? "Nous n'avons pas assez de force pour suivre toute notre raison." Correction de la fille de Madame Sévigné : "Nous n'avons pas assez de raison pour employer toute notre force. "17:16 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : logan zillmer, la rochefoucauld
mercredi, 08 octobre 2025
Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses
« Rien ne nous plaît que le combat mais non pas la victoire. On aime à voir les combats des animaux, non le vainqueur acharné sur le vaincu. Que voulait on voir sinon la fin de la victoire et dès qu’elle arrive on en est saoul. Ainsi dans le jeu, ainsi dans la recherche de la vérité. On aime à voir dans les disputes le combat des opinions mais de contempler la vérité trouvée ? Point du tout. Pour la faire remarquer avec plaisir il faut la faire voir naître de la dispute. De même dans les passions il y a du plaisir à voir deux contraires se heurter, mais quand l’une est maîtresse ce n’est plus que brutalité. Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses. Ainsi dans les comédies les scènes contentes, sans crainte, ne valent rien, ni les extrêmes misères sans espérance, ni les amours brutaux, ni les sévérités âpres. »17:18 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pascal, jasper tejano
lundi, 29 septembre 2025
Rencontres de hasard
"C’est une règle de la vie que nous pouvons, et devons, apprendre avec tous ceux qui nous entourent. Certains des aspects les plus sérieux de la vie, nous pouvons les apprendre de charlatans et de bandits ; il est des philosophies que nous enseignent les imbéciles, il est des leçons de loyauté et de constance qui nous viennent par hasard, de rencontres de hasard. "18:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fernando pessoa
dimanche, 28 septembre 2025
On était en septembre
"On était en septembre. Dans les dernières journées, quand les choses deviennent tristes sans raison.09:41 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ray bradbury, mark littlejohn
mardi, 16 septembre 2025
Soyez moins lourds
« Si vous marchez sur mes rêves, amis, soyez moins lourds ! Hélas, très peu de vous ont la légèreté voulue. Seuls quittent leurs semelles de plomb ceux qui traversent leur vie en enfants, en poètes, ces ingénieurs d'amour. Ils posent leurs pattes nues sur mon tapis bleu comme un moineau, un hérisson, un petit animal inconnu. Ce tapis qui depuis toujours est censé ne servir à rien. »10:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yves heurté, jérôme liebling
vendredi, 05 septembre 2025
Et puis, soudain...
Et puis, soudain, Philippe Sollers se confie, l’air de rien, dans L’Éclaircie (p. 165) : « Je ne suis pas un écrivain, je suis beaucoup plus, mais les gens ne me prennent pas au sérieux. Ils me prennent au sérieux comme écrivain (et encore). Tant pis pour eux. »
Image : Philippe Berthet
18:56 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, philippe berthet
dimanche, 17 août 2025
Apprentissages
"De Lao-Tseu nous apprenons à nous mouvoir imperceptiblement le long de la vie, comme l’eau courante, tandis qu’à la façon de l’eau nous recherchons notre propre niveau en dépit de tout obstacle ; de Kouang-Tseu, la capacité de préserver un détachement ironique à l’égard de toute vanité personnelle, de tout orgueil social, de toute prétention à la supériorité morale, tandis que nous apprenons des arbres inutiles, des personnes simples, des présages fortuits de la voie, l’art protéen de garder notre identité tout en la perdant ; d’Héraclite, à maintenir le feu de notre être dans un combatif état de tension entre les opposés, et à mépriser les idoles du marché ; d’Épictète, à simplifier à l’extrême notre vie, et à garder une humeur égale ; de Marc Aurèle, à pénétrer jusqu’au fond de notre âme la plus profonde et à penser incessamment à l’annihilation de tout en nous-mêmes qui n’est pas “Dieu” ; de Rousseau, à établir comme la principale illusion de notre vie la possibilité de s’abandonner à la volupté d’une communication sensuelle avec la Nature ; et enfin, de Wordsworth, à nous isoler, dans l’austérité et dans la rigueur, de la frivolité et de la trivialité de la société, et à nous consacrer à l’établissement d’une relation mystique avec les éléments primordiaux, jusqu’à ce que nous rentrions en communication avec un Mystère “qui nous dérange par la joie des pensées élevées… par le sublime sentiment de Quelque chose de beaucoup plus profondément confondu…”.15:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : john cowper powys
mardi, 05 août 2025
Le monologue de Novalis
"Il y a quelque chose de drôle, à vrai dire, dans le fait de parler et d'écrire ; une juste conversation est un pur jeu de mots. L'erreur risible et toujours étonnante, c'est que les gens s'imaginent et croient parler en fonction des choses. Mais le propre du langage, à savoir qu'il est tout uniment occupé que de soi-même, tous l'ignorent. C'est pourquoi le langage est un si merveilleux et fécond mystère : que quelqu'un parle tout simplement pour parler, c'est justement alors qu'il exprime les plus originales et les plus magnifiques vérités. Mais qu'il veuille parler de quelque chose de précis, voilà alors le langage et son jeu qui lui font dire les pires absurdités, et les plus ridicules. C'est bien aussi ce qui nourrit la haine que tant de gens sérieux ont du langage. Ils remarquent sa pétulante espièglerie ; mais ce qu'ils ne remarquent pas, c'est que le bavardage négligé est justement le côté infiniment sérieux de la langue. Si seulement on pouvait faire comprendre aux gens qu'il en va, du langage, comme des formules mathématiques : elles constituent un monde en soi, pour elles seules ; elles jouent entre elles exclusivement, n'expriment rien si ce n'est leur propre nature merveilleuse, ce qui justement fait qu'elles sont si expressives, que justement en elles se reflète le jeu étrange des rapports entre les choses. Membres de la nature, c'est par leur liberté qu'elles sont, et c'est seulement par leurs libres mouvements que s'exprime l'âme du monde, en en faisant tout ensemble une mesure délicate et le plan architectural des choses. De même en va-t-il également du langage : seul celui qui a le sentiment profond de la langue, qui la sent dans son application, son délié, son rythme, son esprit musical; - seul celui qui l'entend dans sa nature intérieure et saisit en soi son mouvement intime et subtil pour, d'après lui, commander à sa plume ou à sa langue et les laisser aller : oui, celui-là seul est prophète. Tandis que celui qui en possède bien la science savante, mais manque par contre et de l'oreille et du sentiment requis pour écrire des vérités comme celles-ci, la langue se moquera de lui et il sera la risée des hommes tout comme Cassandre pour les Troyens.
Mais si je pense avoir, par ceci, précisé de la façon la plus claire l'essence même et la fonction de la poésie, je sais aussi que pas un homme ne le saurait comprendre et que, l'ayant voulu dire, j'ai dit quelque chose de tout à fait stupide, d'où toute poésie est exclue. Pourtant s'il a fallu que je parle ? si, pressé de parler par la parole même, j'avais en moi ce signe de l'intervention et de l'action du langage ? et si ma volonté n'avait aucunement voulu ce qu'il a fallu que je dise? Alors il se pourrait bien que ce fût là, à mon insu, de la poésie, et qu'un mystère de la langue eût été rendu intelligible... Et aussi, donc, que je fusse un écrivain de vocation, puisqu'il n'est d'écrivain qu'habité par la langue, puisque l'écrivain né n'est seulement qu'un inspiré du verbe!"
Novalis
19:32 Publié dans Grands textes, illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : novalis
dimanche, 27 juillet 2025
Le temps
Car l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à portée tantôt d’une époque, tantôt d’une autre.15:38 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, paul huf
vendredi, 18 juillet 2025
Claire, logique et nerveuse
«La langue française, d’ailleurs, est une eau pure que les écrivains maniérés n’ont jamais pu et ne pourront jamais troubler. Chaque siècle a jeté dans ce courant limpide ses modes, ses archaïsmes prétentieux et ses préciosités, sans que rien surnage de ces tentatives inutiles, de ces efforts impuissants. La nature de cette langue est d’être claire, logique et nerveuse. Elle ne se laisse pas affaiblir, obscurcir ou corrompre. »21:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maupassant, bernard plossu
dimanche, 13 juillet 2025
Au moment où tout nous semble perdu
« Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l'avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu'on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s'ouvre. »19:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
samedi, 12 juillet 2025
Courrier Sud
« Devant lui une terre vêtue de soleil, l’étoffe claire des prés, la laine des bois, le voile froncé de la mer. »
Courrier Sud ; Saint-Exupéry.
09:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : courrier sud, saint-exupéry
dimanche, 06 juillet 2025
Si vous marchez sur mes rêves, amis
" Si vous marchez sur mes rêves, amis, soyez moins lourds ! Hélas, très peu de vous ont la légèreté voulue. Seuls quittent leurs semelles de plomb ceux qui traversent leur vie en enfants, en poètes, ces ingénieurs d'amour. Ils posent leurs pattes nues sur mon tapis bleu comme un moineau, un hérisson, un petit animal inconnu. Ce tapis qui depuis toujours est censé ne servir à rien. »
Yves Heurté
16:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yves heurté
vendredi, 04 juillet 2025
Naples
C'est le début de ce livre de Jean-Noël Schiffano : Naples, dans la collection Petite Planète qui, il y a bien longtemps, m'a donné envie d'y aller :« Nous revenions de l’étang de feu, de soufre embrasé, par la voix royale du voyageur venant de Rome, celle que vous indique le rocher en tour de Babel, la voie que vous ouvre la porte de Terracina sur l’ancien royaume des Bourbons et qui, longeant la mer Tyrrhénienne, épousant la courbe voluptueuse des eaux de Gaète, traverse, avant de glisser sous une grotte au pied de Naples, les Champs Phlégréens. Cette route est celle de Cumes, celle de l’Averne, celle des Enfers : la route dite 7 Quater, la route alchimique des quatre éléments, la route des sept degrés d’initiation aux mystères du dieu solaire, Mithra, la route des origines et de l’Apocalypse : de la révélation. »
16:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : naples, jean-noël schiffano
mardi, 01 juillet 2025
Du côté de l'obscur
"Ce qui nous avons de plus nôtre, de plus précieux est obscur à nous-même."
Paul Valéry
19:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul valéry
lundi, 23 juin 2025
Une autre vision se dessine
"Il y a des écrits qu’on lit distraitement, ceux qu’on lit en sachant qu’on ne les relira jamais, et puis, en très petit nombre, ceux qu’on relit sans cesse. On les sait presque par cœur, à la virgule près, mais, rien à faire, ils révèlent toujours quelque chose de nouveau, ils sont actifs sans en avoir l’air, ce sont des émetteurs constants, des trésors. Ils font signe. Du coup, une autre vision se dessine."
Philippe Sollers
19:16 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
vendredi, 25 avril 2025
Un nouveau peintre ou un nouvel écrivain originaux
Et voici que le monde (qui n'a pas été créé une fois, mais aussi souvent qu'un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent de l'ancien, mais parfaitement clair.20:27 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, auguste renoir
mardi, 15 avril 2025
C'est peut-être vos plus belles idées
À force de coller les uns aux autres ces papiers, que Françoise appelait mes paperoles, ils se déchiraient çà et là. Au besoin Françoise pourrait m'aider à les consolider, de la même façon qu'elle mettait des pièces aux parties usées de ses robes ou qu'à la fenêtre de la cuisine, en attendant le vitrier comme moi l'imprimeur, elle collait un morceau de journal à la place d'un carreau cassé.10:26 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
jeudi, 10 avril 2025
Vitesses différentes
Pour parcourir les jours, les natures un peu nerveuses, comme était la mienne, disposent, comme les voitures automobiles, de « vitesses » différentes. Il y a des jours montueux et malaisés qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train en chantant.09:56 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, mark littlejohn
vendredi, 21 mars 2025
Ruse géniale
"A la fin de sa vie, ruse géniale, Proust fait dire au narrateur de la Recherche qu'il va se mettre à écrire. La mort est là, et il a des milliers de pages derrière lui. C'est fini, et pourtant il commence. Le mot "temps" prend ici une majuscule, le Temps, retrouvé, avant d'être définitivement perdu. Il compare son œuvre à venir (alors qu'elle est faite) à une cathédrale ou, plus modestement, à une robe. Cette embardée, du gothique à la mode, est sensationnelle, et la faute de goût est énorme. Peu importe, vous avez entre les mains un chef-d’œuvre écrit en 15 ans, de 37 à 52 ans, alors que la durée de la rédaction nocturne aurait dû demander un siècle."
Philippe Sollers, L"Ecole du mystère
Gargouille au livre, Balliol college, Oxord
18:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, gargouille

















