dimanche, 08 août 2021
Un matin
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lundi, 12 novembre 2012
Je n'y suis pour Bergson
« Nous tendons instinctivement à solidifier nos impressions, pour les exprimer par le langage. De là vient que nous confondons le sentiment même, qui est dans un perpétuel devenir, avec son objet extérieur permanent, et surtout le mot qui exprime cet objet. »
Henri Bergson
Peinture Gildas Pasquet
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jeudi, 22 juillet 2010
Et le vent qui souffle est toujours bon
Dans ces temps-là, les Français s'imaginaient d'aimer leur Roi, et ils en faisaient toutes les grimaces ; aujourd'hui on est parvenu à les connaître un peu mieux. Mais dans le fond les Français sont toujours les mêmes. Cette nation est faite pour être toujours dans un état de violence ; rien n'est vrai chez elle, tout n'est qu'apparent. C'est un vaisseau qui ne demande que d'aller, et qui veut du vent, et le vent qui souffle est toujours bon. Aussi un navire est-il les armes de Paris."
Casanova, Histoire de ma vie
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jeudi, 01 juillet 2010
A part le bouquin de P.A.G. je vois pas ce qui pourrait nous remonter le moral
Voir ici ou alors...
« ON FERME »
Théâtre LE SONOGRAF
(84250 Le Thor)
Samedi 3 juillet à 21h
D'après « Friterie bar Brunetti »
de Pierre AUTIN-GRENIER
(aux éditions L’Arpenteur/Gallimard)
adaptation et mise en scène: Camille Vivante
Le propos du roman situé dans les années 1960 résonne aujourd’hui avec acuité : l’adaptation insiste sur quelques points qui sont très actuels : la solitude, le consumérisme, l’empire des banques et leurs profits financiers, les opérations immobilières, etc… Avec : Frédéric CHIRON : Monsieur Pierre. Alain VERGNE : Vincent et Monsieur Joseph Alice : Madame Loulou et Madame Renée Sébastien BOUCHET : Le banquier, le noiraud, Domi et Madame Ginette.
LE SONOGRAF, Mas de la Cigalière - 84250 LE THOR
Tél: 04 90 02 13 30
Email: prog@sonographe.fr
20:48 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre autin-grenier, gildas pasquet
mardi, 30 mars 2010
Le vrai charme des gens
« Le vrai charme des gens, c'est le côté où ils perdent un peu les pédales, c'est le côté où ils ne savent plus très bien où ils sont ... ça ne veut pas dire qu'ils s'écroulent, au contraire, ce sont des gens qui ne s'écroulent pas ... mais si tu ne saisis pas la petite racine, le petit grain de la folie chez quelqu'un, tu peux pas l'aimer ... on est tous un peu dément … or, j'ai peur ou au contraire je suis content que le point de démence de quelqu'un soit la source de son charme même. » Gilles Deleuze, Abécédaire, lettre F comme Fidélité.
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samedi, 20 mars 2010
La solitude de l'écrivain
« L'écrivain est seul, abandonné des anciennes classes et des nouvelles. Sa chute est d'autant plus grave qu'il vit aujourd'hui dans une société où la solitude elle-même, en soi, est considérée comme une faute. Nous acceptons (c'est là notre coup de maître) les particularismes, mais non les singularités ; les types, mais non les individus. Nous créons (ruse géniale) des chœurs de particuliers, dotés d'une voix revendicatrice, criarde et inoffensive. Mais l'isolé absolu ? Celui qui n'est ni breton, ni corse, ni femme, ni homosexuel, ni fou, ni arabe, etc. ? La littérature est sa voix, qui, par un renversement "paradisiaque", reprend superbement toutes les voix du monde, et les mêle dans une sorte de chant qui ne peut être entendu que si l'on se porte, pour l'écouter (comme dans ces dispositifs acoustiques d'une grande perversité), très haut au loin, en avant, par-delà les écoles, avant-gardes, les journaux et les conversations. »
Roland Barthes
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dimanche, 14 mars 2010
Jardins de l’Alhambra
« Je ne savais plus si je respirais de la musique ou si j’entendais des parfums ».
Maupassant, à propos des Jardins de l’Alhambra, à Grenade
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samedi, 13 mars 2010
Le mal
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vendredi, 12 mars 2010
La Rochefoucauld, toujours...
« Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. »
« Nous avons plus de force que de volonté, et c’est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. »
« Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections. »
« Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. »
« Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune. »
« On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine. »
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samedi, 21 novembre 2009
Cela fera l'affaire
"Il arrive souvent qu'à partir d'un certain âge, l'œil d'un grand chercheur trouve partout les éléments nécessaires à établir les rapports qui seuls l'intéressent. Comme ces ouvriers ou ces joueurs qui ne font pas d'embarras et se contentent de ce qui leur tombe sous la main, ils pourraient dire de n'importe quoi : cela fera l'affaire." :
Marcel Proust.
Photo : Gildas Pasquet
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jeudi, 19 novembre 2009
Appel à candidatures, Salon Elan d'Art
La septième édition du Salon artistique Elan d'Art se déroulera les 26, 27 et 28 novembre 2010 à Montpellier
La date limite de dépôt des dossiers est fixée au 10 mai 2010.
ou à : elandart@neuf.fr
Ici, photo de Gildas Pasquet qui a souvent participé au salon
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lundi, 27 juillet 2009
Cela révèle notre désir d'un maître
C'est tout juste si on n'a pas suivi en direct le transfert en hélicoptère du président à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce comme une étape du Tour de France ou un épidode de l'émission La Chasse au trésor
18:21 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, médias, sarkozy, gildas pasquet
mardi, 07 juillet 2009
Je m'écris
J'interprète ma page de vie
J'en use comme plaque de cuivre
Je la grène de plaisirs
Je la crible d'années
Je la saisis en verte saison
Je la racle de nuits d'hiver
Je la ronge en creux d'angoisses
Je m'y taille espace libre
Je l'attaque en matière noire
Je progresse d'épreuves en épreuves
Je la creuse de vaines morsures
Je la burine d'émotions
Je l'entame
Pour nier le temps
Je m'écris
Pour durer."
Andrée CHEDID Rythmes"
00:23 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andrée chedid, gildas pasquet
samedi, 17 janvier 2009
Temps éternel de l'enfance
"Temps éternel de l'enfance. A nouveau un appel de la vie. Il est parfaitement concevable que la magnificence de la vie soit répandue autour de chacun, et cela toujours dans sa plénitude, mais voilée, dans la profondeur, invisible, fort loin. Elle se trouve là-bas, pas hostile, pas réfractaire ni sourde. Si on l'invoque par le mot juste, par son nom véritable, alors elle vient. C'est là le caractère de la magie qui ne crée pas mais qui invoque."
Kafka, Journal, 18 octobre 1921
Photo de Gildas Pasquet, Chine 2008, Nantong
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lundi, 24 novembre 2008
Si les vieux imbéciles...
Si les vieux imbéciles n'avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n'aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini ! ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s'en clamant les auteurs !
Rimbaud, 15 mai 1871
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lundi, 10 novembre 2008
La malle aux manuscrits de Pessoa
Dans ses ouvrages et articles sur Pessoa, Teresa Rita Lopes, grande exégète de l'écrivain, raconte les difficultés extrêmes qui se posent aux chercheurs, car l'oeuvre est enfoui pêle-mêle dans cette malle-sarcophage. 27 543 documents ont été retrouvés dont 18 816 sont des manuscrits. 3 948 d'entre eux sont dactylographiés. Certains sont classés dans des enveloppes, au nombre de 343, mais il s'agit d'une minorité, car on dénombre 2662 feuillets volants. De plus, il écrivait parfois des fragments d'œuvres différentes sur la même feuille, ce qui complique singulièrement la tâche des chercheurs.
Quand, en 1968, la malle fut mise à la disposition d'équipes officielles de recherche, elle avait déjà été fouillée par bien des mains, qui ont contribué ainsi au désordre et à la disparition de certains manuscrits. Le fonds a été racheté par la fondation Gulbenkian en 1979, et déposé à la Bibliothèque Nationale du Portugal en 1982.
Dès qu'on ouvre l'une des pochettes dans lesquelles se trouvent maintenant les manuscrits, on est frappé du peu de cas que Pessoa en a fait. Certes, il était pauvre, ce qui l'obligeait à récupérer tout le papier possible ; c'est pourquoi ses manuscrits sont une véritable stratification car constamment réutilisés.
Il n'a pas pris la peine de numéroter les feuillets, et très peu sont datés. L'écriture y est quasiment illisble, ce qui entraîne les exégètes à publier nouvelles versions, au fur et à mesure de leur relecture de la graphie pessoenne. Enfin les supports utilisés révèlent un véritable mépris quant à la sauvegarde de l'œuvre : papier de qualité médiocre, feuilles fournies par les cafés, en particulier le Brasileiro, calendriers, articles et quotidiens, brouillons divers et même… ses propres manuscrits. Ainsi un passage du Livre jouxte-t-il sur la même page, quand il n'est pas copié par-dessus, un poème d'Alvaro de Campos, un horoscope, une liste de comptes… Soares, le semi-hétéronyme auteur du Livre de l'Intranquillité, affiche son indifférence pour l'outil et le support graphiques :
"Je remplis peu à peu, à traits lents et mous d'un crayon émoussé (que je n'ai pas la sentimentalité de tailler), le papier blanc qui sert à envelopper les sandwiches et que l'on m'a fourni dans ce café, parce que je n'avais pas besoin d'en avoir de meilleur et que n'importe lequel faisait l'affaire, pourvu qu'il soit blanc."
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mercredi, 05 novembre 2008
Ces rives de l'Italie
Les délires baroques de Spaccanapoli, eux aussi, sont là de toute éternité. Ils figurent l’autre côté des choses, la folie, la mort, l’amour fou. Des étendards, balises de l’univers onirique qui me hante, s’étalent là devant mes yeux.
Ils sont avec moi, ils sont moi, ces frontons d’église, ces figures alambiquées, torsadées, sculptures aériennes, fluides, qui défient le temps, la logique, la mesure. Cette folie-là, je m’y suis lové, comme on se glisse entre les draps pour y trouver le repos, ne plus agir, ne plus être envahi du désordre et de l’incongruité du monde. Un grand calme enfin.
J’aime ces ruelles sombres où clabaude la vie, ces cours, ces palais de marbre, ces rives de l’Italie... Plus envie de retourner en France, je voudrais être une de ces pierres, le bras de cette statue dont le doigt pointe vers la mer, sentir le matin les odeurs de l’aube, sécher au soleil de midi et m’effriter lentement de la vie qui va... La rouille comme une délivrance.
Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, prix 98 de la ville de Balma, éditions n & b
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jeudi, 30 octobre 2008
C’est le combat qui continue
(Un dernier inédit de Pierre Autin-Grenier)
Ça y est, depuis un bon mois les surmulots ont délaissé leurs sarabandes dans les égouts pour venir faire ripaille dans la rue, les cafards eux-mêmes ne se cachent plus qui affrontent impunément le plein jour et dont l’odeur fétide infecte jusqu’à l’atmosphère des beaux quartiers et bien au-delà, la banlieue, les campagnes alentour, le diable vauvert, le bout de l’horizon, tout, quoi. C’est miracle qu’on puisse encore respirer. Miracle aussi que le va-et-vient bruyant de la vie persiste au beau milieu de ce merdier.
Trois semaines déjà que tout le monde se barricade derrière des volets clos en permanence dans le fol espoir d’échapper autant que faire se peut à cette pestilence; pour rien, tant la puanteur insoutenable qui monte du pavé encore humide des dernières pluies telle l’eau dans le sable s’insinue partout jusqu’à venir pourrir le restant de bœuf en daube dans votre assiette. Et quand, ici ou là, une ou plusieurs de ces montagnes d’immondices qui submergent depuis des lustres toute la ville sont enflammées, souvent de nuit, par des mains malveillantes ou quelques riverains excédés et irresponsables, que les pompiers, largement débordés par la besogne, n’interviennent pas tambour battant et c’est alors un épais nuage toxique qui vient noircir sans appel les façades, encrasser jusqu’au dernier croissant de lune le fond du ciel.
Dans certaines ruelles particulièrement resserrées du vieux quartier, on dit que ces tonnes de détritus accumulées avec constance une éternité durant permettraient tout juste le passage pour les accès d’immeubles et, dans cet état de choses, la circulation automobile y serait devenue impossible. Ne rapporte-t-on pas de même qu’il serait vain, dans d’autres coins, de vouloir s’accouder aux balcons des premiers étages, des monceaux de sacs-poubelles éventrés montant jusqu’aux balustrades. Tout cela sans parler du fait que dans des secteurs comme l’avenue de la Victoire, ou l’interminable boulevard de la Révolution Nationale qui mène à la gare, les voitures ne se croisent qu’à peine quand elles ne roulent pas sur une seule file, en alternance, comme dans une tranchée creusée dans les ordures; cela je l’ai vu et bien vu de mes propres yeux.
La situation se dégrade de semaine en semaine, empire à bientôt nous faire toucher le fond de la répugnance, l’écœurement devient universel et l’incurie des pouvoirs publics à nous soulager de ce fléau est telle que nous n’attendons plus aucun secours de nos dirigeants qui, par ignorance, lâcheté, ou trop occupés à de douteuses tractations, semblent pour toujours avoir renoncé à s’attaquer sérieusement à la question. Ce que nous redoutons le plus maintenant c’est l’apparition de la leptospirose dans la population à cause de ces hordes de rats dans nos rues, une contamination des eaux par la dioxine et, plus angoissant encore, le retour du choléra que nombre de médecins au sein du Conseil de l’Ordre, et non des moindres, considèrent comme inéluctable à plus ou moins long terme si rien ne s’améliore sensiblement sous peu.
Voilà à quelle apocalypse nous a réduits ce régime dont le chef continue pourtant à promettre monts et merveilles au peuple lors de ses incessantes parades en province devant des parterres de miliciens bornés et d’adeptes conquis, voire face à des assemblées de travailleurs médusés. D’une fenêtre audacieusement entrouverte sur cet abîme me parviennent, c’est étrange, des petits morceaux de musique , fugue parfois sonatine d’autres; ainsi, par-delà puanteur et oppression, quelqu’un du voisinage trouve-t-il encore la force d’occuper ses journées à jouer du piano. Tout n’est donc pas perdu, je me dis, et d’une certaine façon, avec cette envolée de notes dans la rue, c’est le combat qui continue.
P.A.G
Extrait de « C’est tous les jours comme ça (Les dernières notes d’Anthelme Bonnard) » inédit.
Voir ici le site du Salon avec toutes les infos
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mercredi, 29 octobre 2008
Indifférence
Un inédit de Pierre Autin-Grenier
Le peu que je connaissais du bonhomme, tout de raccroc ou par ouï-dire, ça frisait le rien du tout. Il m’était arrivé certes de le surprendre, au saut du lit, crachant par la fenêtre de son sixième étage dans la rue après avoir jeté un coup d’œil alentour, manière de faire qui ne m’inspirait pas autrement la sympathie, on m’aura vite compris; je l’avais croisé de très rares fois, au bas de l’immeuble ou tard sur le boulevard, traînant le délabrement de ses vieux jours comme chiffonnier une charrette de misère, pour le reste je n’en savais guère plus. C’était un tout-seul, trop tôt veuf d’une moulinière retrouvée pendue par un fil de soie à son métier, des lustres de cela, et qui végétait depuis dans ses quarante mètres carrés tel un Indien dans sa réserve, replié sur le passé, s’étant même débarrassé de la compagnie d’un poisson rouge en tirant la chasse d’eau, à ce qui se disait méchamment ici ou là.
La couturière du deuxième, qui se veut toujours très informée et connaissant bien des dessous, me rapporte qu’il avait pour habitude, ses minces économies serrées dans sa ceinture, d’aller chaque soir à nuit tombante et en rasant les murs acheter un demi-pain, une brique de lait ou le plus souvent des sardines en conserve à la supérette de la rue Barrot, qu’il en revenait comme un voleur pour vite s’enfermer à double tour dans sa caverne d’où rien ne ressortait jamais, ni des emballages pas plus que des maigres reliefs de table, conservant tous ces déchets avec une maniaquerie méticuleuse dans un coin de cuisine à en faire suinter de pourriture la peinture cloquée du galandage. Dans quelles sinistres pensées pouvait-il bien se perdre ces journées entières passées à remâcher inlassablement la mistoufle de toute une vie cloîtré dans ce qui était devenu petit à petit un vrai taudis?
Outre les petites gens aux mœurs simples et les bourgeois bien-pensants, nos quartiers sont peuplés aussi de ces miséreux brisés sous le fardeau de la vieillesse et que l’effrayante solitude des exclus parfois précipite dans la folie. La foule grouillante et pressée des boulevards dans sa hâte d’arriver nulle part les ignore, des milliers de regards le jour durant leur passent au travers comme on franchit un obstacle, sans même les voir. Vieux monsieur esseulé laissant volontairement tomber son porte-monnaie vide sur le trottoir dans l’espoir d’attirer l’attention, qu’un quidam le lui ramasse, se confondre alors en remerciements et pouvoir peut-être entamer un bout de conversation. À l’inverse, d’autres se retranchent définitivement du monde, abandonnent la vie et doucement glissent dans le gouffre sans fond de l’oubli. Il appartenait, pour sûr, à cette seconde catégorie.
Ce matin donc rebelote, sirènes et pin-pon à crever les tympans de tout le canton, grande échelle, bris de vitres, branle-bas général! Les pompiers sont de retour. La même équipe venue il y a peu éteindre l’incendie de couple du cinquième opère cette fois-ci à l’étage au-dessus. Des voisins incommodés par la puanteur tenace qui émanait depuis huit jours de l’appartement se sont enfin décidés à donner l’alerte. Le pauvre diable serait passé de vie à trépas au moins deux semaines de cela au dire du toubib appelé sur place. Dans la fière indifférence des uns et des autres, avec pour seul avis de décès cette pestilence d’enfer par-dessous sa porte.
P.A.G
Extrait de « C’est tous les jours comme ça (Les dernières notes d’Anthelme Bonnard) » inédit.
Voir ici le site du Salon avec toutes les infos
Photo de Gildas Pasquet (Marseille)
00:54 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, inédit, pierre autin-grenier, gildas pasquet
jeudi, 23 octobre 2008
Manifeste anti-littéraire
De :
"Rien de plus littéraire que d’omettre l’essentiel" (P. Valéry : Tel quel)
à :
"Je touche au midi de mes ans,
Et je me dois tous mes instants
Pour jouir, non pour faire un livre.
Ami, penser, sentir, c'est vivre :
Écrire, c'est perdre du temps."
Chamfort
Poésies diverses
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