jeudi, 17 avril 2008
Le vent est ivre
"En Camargue le vent est ivre. Il trépigne, il tournoie, il perd la tête. Nul obstacle aux dévastations: une terre nue, des eaux pâles et, à l'horizon, toute moutonnante, la mer arrive du large en se hérissant. Tout se plie à la loi du vent: les eaux, le végétal, l'homme, les bêtes. Et la plus puissante de toutes prend à la brise âpre son impétueuse fureur. Là, règne le taureau, bête du vent !"
Henri Bosco, Malicroix
Nicolas de Staël
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mercredi, 16 avril 2008
Sur la solitude
15:02 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, henri bosco, malicroix, bona mangangu, solitude
Ramener sa fraise

Cette agriculture couvre près de 6000 hectares dont une bonne centaine empiètent déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60% de ces cultures seulement sont autorisées; les autres sont des extensions «sauvages» sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux malgré les protestations des écolos. Bien qu'il s'agisse d'une plante vivace productive plusieurs années, les fraisiers sont détruits à chaque récolte pour donner des fruits hors saison. Les plants produits in vitro sont placés en plein été dans des frigos qui simulent l'hiver... À l'automne, la terre sableuse est nettoyée et stérilisée et la microfaune détruite au bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal signé en 1987 sur les gaz attaquant la couche d'ozone ; le second, a base de chlore et d'ammoniaque, est un poison dangereux qui bloque les alvéoles pulmonaires. Qui s'en soucie? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient des ouvriers marocains saisonniers ou sans-papiers, sous-payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brûlant les résidus des serres en plastique recouvrant les fraisiers en hiver. Un écolo de la région raconte l'explosion de maladies pulmonaires et d'affections de la peau. Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui transporte au loin engrais, pesticides, fongicides.
Ils sont alimentées en eau par des forages dont la moitié ont été installés illégalement, transformant en savane sèche une partie de cette région, d’où l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition.
2 000 hectares de forêt ont été rasés. La saison finie, au début de juin, on a 5000 tonnes de plastique emportées par le vent, enfouies n'importe où brûlées sur place... Les ouvriers sont priés de retourner chez eux ou de s'exiler ailleurs. Ils ont toutefois le droit de se faire soigner, à leurs frais ! La production et exportation de la fraise hors saison représente ce qu'il y a de moins durable comme agriculture. Quand la région sera ravagée, elle sera transférée au Maroc où les industriels espagnols commencent à s'installer. Avant de venir de Chine, d'où sont déjà importées des pommes encore plus traitées que les pommes françaises...
Par Claude-Marie Vadrot (Politis)
01:46 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, alimentation, espagne, fraise
"Au revoir Seigneur, nous allons à Bodie"
01:19 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photo, bodie, californie, eddie bonesire
mardi, 15 avril 2008
La même sorte de probabilité qu’un Cézanne existe
Elle se lève tôt le lendemain matin, ouvre la fenêtre. L’air, étonnamment doux, palpite au dessus des toits. L’ombre est grise encore. Une trouée dans le ciel orgeat, derrière Saint-Sauveur, plus ocre et violente au fil des minutes. Des vols de moineaux décrochent des toits avant de plonger dans les rues vides. Sa vie commence. Elle a dix-huit ans, mais avec le calme en plus. Elle ira posément dans la direction fixée, une certaine forme de doute n’a plus sa place. Gaétan dort tranquillement. Ses affaires, posées sur une chaise, sont animées d’une vie propre. Elle déborde d’un amour absolu envers lui, un amour qui ne remet pas en cause sa liberté. Le plus improbable est arrivé, il en est ainsi depuis les origines de l’univers. La même sorte de probabilité qu’un Cézanne existe.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", n & b éditions, mai 2007
17:07 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne
Les photos d'Eddie Bonesire
"La photographie doit être silencieuse. Ce n'est pas une question de discrétion, mais de musique."
Roland Barthes
02:55 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, eddie bonesire
dimanche, 13 avril 2008
N'ayez point pitié
Fumez marais
les images rupestres de l'inconnu
vers moi détournent le silencieux crépuscule
de leur rire
Fumez ô marais cœur d'oursin
les étoiles mortes apaisées par des mains merveilleuses
jaillissent
de la pulpe de mes yeux
Fumez fumez
l'obscurité fragile de ma voix craque de cités
flamboyantes.
et la pureté irrésistible de ma main appelle
de loin de très loin du patrimoine héréditaire
le zèle victorieux de l'acide dans la chair
de la vie - marais -
telle une vipère née de la force blonde de l'éblouissement.
Aimé Césaire
Frédérique Azaïs-Ferri : Passion de mai
20:48 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie, aimé césaire, frédérique azaïs
samedi, 12 avril 2008
J'ai toujours rêvé d'être un gangster
Un film très drôle, décalé, loufoque et intelligent !
Voici le point de vue du réalisateur : Après Janis et John, Samuel Benchetrit a eu du mal à se remettre à écrire pour le cinéma. La sortie avait été trop pénible à vivre pour lui. "J'avais envie de me concentrer sur la littérature et le théâtre", avoue-t-il. "Et puis, le cinéma est revenu de lui-même, organiquement. Je me suis lancé sur un projet assez gros avec Roberto Benigni. Mais celui-ci n'était pas libre avant un an. J'ai alors décidé de travailler à un film intime avec peu de moyens. Un film populaire mais avec une ambition artistique et technique. Comme on en faisait dans l'Italie des années 60. Je voyais beaucoup de ce genre de films avec mon fils. Le Pigeon, Le Fanfaron, Les Monstres... Je ne veux pas paraître prétentieux en disant que je voulais faire ces films-là, qui sont des grands films, mais c'était leurs esprits qui m'inspiraient. J'avais un besoin énorme de liberté. Le même que celui que j'avais connu au théâtre avec "Moins 2". J'avais très peu d'argent pour faire cette pièce, pas de décor et juste deux comédiens, et j'ai aimé la paix qu'on m'a foutue pendant les répétitions ! J'ai donc eu envie de faire un film dans ce sens, en sachant bien sûr que le cinéma coûte toujours plus cher, mais je voulais voir si j'en étais capable, un peu comme on élève un enfant. Le genre : là on a du fric, mais si on n'en a plus, sois content quand même !"
Sur la photo : Anna Mouglalis
Voir la bande-annonce ici11:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, j'ai toujours rêvé d'être un gangster
La création
00:38 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, delbar shabaz
vendredi, 11 avril 2008
La création du monde
Delbar Shalbaz, peintre iranienne, née en 1978 à Téhéran, a exposé de nombreuses fois dans son pays, et gagné de nombreux prix, notamment en 2007 celui des peintres contemporains influencés par la culture perse et celui des femmes peintres de son pays. Contact : delbar_shahbaz@yahoo.com
Delbar Shalbaz
les deux oeuvres : size 90-90 mixmedia title: the creation of the world
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : delbar shalbaz, peinture, art, iran
jeudi, 10 avril 2008
La flambée mondiale des prix des céréales fait basculer de nombreux pays pauvres dans la faim et la révolte.
14:07 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, révolte, faim dans le monde
La Société du spectacle, version théâtre
Mettre en scène, au théâtre, l'oeuvre de Guy Debord, c'est le pari réussi par cette compagnie, au théâtre du Hangar, jusqu'au 12 avril, à Montpellier, courez-y vite !
NOUS TOURNONS EN ROND DANS LA NUIT ET NOUS SOMMES DEVORES PAR LE FEU (HURLEMENTS EN FAVEUR DE GUY DEBORD)
Pièce pamphlétaire pour trois films et sept acteurs
d’après l’œuvre critique et cinématographique de
Guy Debord
Conception, réalisation et mise en scène : David Ayala
avec : Sophie Affholder, Jean-Claude Bonnifait, Diane Calma, Roger Cornillac, Christophe Labas-Lafite, Alexandre Morand, Véronique Ruggia.
Coréalisation des films et montage : Julie Simonney
assistanat : Edith Félix
lumières : Mathias Roche
son : Laurent Sassi
costumes : Gabrielle Mutel
régie générale : Frédéric Bellet
Administration de production : Sylvia Mammano
Extrait du texte :
C’est la première fois, dans l’Europe contemporaine, qu’aucun parti ou fragment de parti n’essaie plus de seulement prétendre qu’il tenterait de changer quelque chose d’important. La marchandise ne peut plus être critiquée par personne : ni en tant que système général, ni même en tant que cette pacotille déterminée qu’il aura convenu aux chefs d’entreprises de mettre pour l’instant sur le marché.
Partout où règne le spectacle, les seules forces organisées sont celles qui veulent le spectacle. Aucune ne peut donc plus être ennemie de ce qui existe, ni transgresser l’omertà qui concerne tout. On en a fini avec cette inquiétante conception, qui avait dominé durant plus de deux cents ans, selon laquelle une société pouvait être critiquable et transformable, réformée ou révolutionnée. Et cela n’a pas été obtenu par l’apparition d’arguments nouveaux, mais tout simplement parce que les arguments sont devenus inutiles. À ce résultat, on mesurera, plutôt que le bonheur général, la force redoutable des réseaux de la tyrannie.
Jamais censure n’a été plus parfaite. Jamais l’opinion de ceux à qui l’on fait croire encore, dans quelques pays, qu’ils sont restés des citoyens libres, n’a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu’il s’agit d’un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n’a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien.
Guy Debord, Commentaires sur la Société du spectacle, 1988
00:20 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : guy debord, la société du spectacle, gildas pasquet
mercredi, 09 avril 2008
Il faut sauver le point-virgule !
15:49 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : point-virgule, ponctuation
Si Jean-Luc Melenchon n'existait pas, il faudrait l'inventer.
13:53 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, chine, tibet, mélanchon
Lieu de l’impossible, peut-être le dernier, le seul, du réel
Gaétan se sent bien dans cette relation à priori bancale avec Léonore. Beaucoup de gens ont tenté de l’en dissuader. Certains sont rassurés lorsque tout tourne mal, surtout une histoire d’amour. Encore une preuve, ce qui se passe là est important. Lieu de l’impossible, peut-être le dernier, le seul, du réel. Presque par provocation, il n’a qu’une envie, être heureux avec Léonore. Pour aimer vraiment, il faut être contre la société, contre les autres. Parfois Gaétan veut tout abandonner, ses études, ses amis, Léonore, partir à l’autre bout du monde ou se mettre au jeu, tout brûler, ne rien conserver, aucune connaissance. De cette ivresse, il revient apaisé. Replonge dans l’étude. Là il reste des secrets, des territoires vierges. Autant s’attaquer au plus difficile, comprendre la vie dans son entier.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", n & b éditions, mai 2007
Rembrandt, Autoportrait en Apôtre Paul
04:45 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne, rembrandt
mardi, 08 avril 2008
Veille d'info sur la vie en Chine
20:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, chine, tibet, j.o.
Comme disent les chinois (en ce moment)...
Qui trop embrase, mal éteint !
10:24 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, chine, tibet, flamme olympique
Une interview de Robert Guédiguian
J’aime beaucoup la phrase d’Emmanuel Berl: "Je n’écris pas pour dire ce que je pense, mais pour savoir ce que je pense."
09:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, guédiguian
Le Grand sommeil
"Il était à peu près onze heures du matin, on arrivait à la mi-octobre et, sous le soleil voilé, l’horizon limpide des collines semblait prêt à accueillir une averse carabinée. Je portais mon complet bleu poudre, une chemise bleu foncé, une cravate et une pochette assorties, des souliers noirs et des chaussettes de laine à baguettes bleu foncé. J’étais correct, propre, rasé, à jeun et m’en souciais comme d’une guigne. J’étais, des pieds à la tête, le détective privé bien habillé. J’avais rendez-vous avec quatre millions."
Raymond Chandler, Le grand sommeil. (début du roman)
Le Grand sommeil est devenu un film (on connait l'anecdote célèbre) : L'intrigue du film était si complexe que le réalisateur Howard Hawks demanda à l'un des scénaristes, l'écrivain William Faulkner, si l'un des personnages du film appelés à mourir était assassiné ou s'il se suicidait. Faulkner admit qu'il n'en était pas très sûr non plus, et décida de téléphoner à Chandler, pensant que l'auteur du roman original devait forcément connaître la réponse. A cette question, Chandler répondit malicieusement qu'il n'en savait rien, une manière de signifier que l'intrigue proprement dite n'était pas selon lui le point le plus important de l'histoire...
Chandler a dit un jour : « Je suis un buveur occasionnel, le genre de type qui sort boire une bière et qui se réveille à Singapour avec une barbe. »
00:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, cinéma, faulkner, chandler, hawks
lundi, 07 avril 2008
Le complot
Ainsi Libération - avec une kyrielle de «médias occidentaux» - est au cœur d’un complot. Celui qui viserait à discréditer un Etat chinois fort de son bon droit. Il existe pourtant un moyen simple de déjouer le complot : laisser entrer les journalistes au Tibet. Ainsi la vérité apparaîtra-t-elle d’elle-même… Pour la Chine, il n’en est pas question. L’aveu est éclatant.
11:52 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j.o., chine, tibet, politique