Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 04 mai 2008

Étonnante amitié entre Cézanne et Zola

1175312627.jpgÉtonnante amitié entre Cézanne et Zola, nouée dans l’enfance. Zola a pressenti le génie de Cézanne, il l’a encouragé, poussé à persévérer. Puis comme s’il avait reconnu en lui sa part maudite, ses doutes, sa difficulté à créer, il ne l’a plus supporté. Il le tue symboliquement dans L’Œuvre, ce roman qui provoquera la rupture, où Cézanne découvre son portrait déformé. Après avoir lu le livre, il écrit sa dernière lettre à Zola et termine par ses mots : Tout à toi sous l’impulsion des temps écoulés. La vie de l’écrivain était devenue de plus en plus publique, celle du peintre retirée. Au début, c’était le contraire. Tout avait commencé avec les pommes. Zola adolescent chétif, renfermé, italien par son père et parisien par son accent, est mal accepté ; il est mis en quarantaine par les autres. Un jour, Cézanne, plutôt solide, bien dans son corps et de deux ans son aîné, transgresse l’interdit : “ Je ne pouvais m’empêcher de lui parler quand même ”. Il reçoit une raclée de toute la cour, petits et grands. Le lendemain, pour le remercier, Zola lui offre un plateau de pommes. Lesquelles reviendront constamment dans sa peinture. Leur amitié venait de naître, elle ne cesserait pas. Malgré la rupture, l’éloignement, quand il apprendra sa mort, bien des années plus tard, Cézanne, fou de douleur, s’enfermera dans sa chambre. Toute sa vie il peindra des pommes. La pomme, cet objet idéal pour qui veut régler simultanément par la modulation les problèmes du volume, de l’espace, de la lumière et de la couleur, a écrit Jean Arrouye ; ronde, elle n’est jamais sphérique. Étrange intimité entre cet homme de cent ans son aîné, et Léonore. Elle n’a pas envie pour autant de fouiller sa biographie, des années à tout reconstituer, décortiquer. Qu’en aurait-il pensé lui ? Ca n’a pas de sens, la vie d’un homme n’entrera jamais dans les travaux d’un biographe. Le soleil caresse les toits. Les rayons bas traversent le studio. L’artiste décompose puis recompose le monde. Volume, éclairage, couleurs, forme, les éléments s’assemblent dans un ordre amoureux. Comme dans les Variations Goldberg, les lignes mélodiques sautillent, s’avancent, mordent l’une sur l’autre, se déchirent, s’entrechoquent, reviennent au point de départ, plus tout à fait les mêmes, puis s’envolent comme des sinusoïdes ou des parallèles, à ne jamais se rejoindre. Les couleurs chez Cézanne se parlent, lancent des cris, des injures parfois, ensuite douceur, repos. L’ensemble est réconcilié. On a vu d’abord une mer en furie, le déchaînement des éléments, flux et reflux de l’ombre et du soleil. Une multitude de plans apparaissent, des ouvertures, des contrechamps. Une résonance, un abîme, des passerelles.

Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b

 

Commentaires

C'est curieux comme on a un regard différent sur un extrait de texte lu sur le blog et sur le texte dans l'ensemble du livre. Et c'est encore autre chose lu à haute voix. Bises.

Écrit par : ariaga | dimanche, 04 mai 2008

Je me demandais si on pouvait acheter le livre directement chez vous ?!
J'ai hâte de le lire en tout cas , je vais voir si je le trouve à ma librairie La machine à lire .

Écrit par : soulef | lundi, 05 mai 2008

Oui vous pouvez le commandez à votre libraire, ou sur les sites de vente de livres, ou bien je peux vous l'envoyer

Écrit par : Ray | lundi, 05 mai 2008

Et une animation présente dans chaque manifestation matérielle également . Cezanne , ai-je lu( mais j'ai perdu la source), imaginait la vie à l'intérieur d'objets comme table, chaise etc... ce qui l'a amenait à créer ces choses, ces structures , ces constructions que l'on pourrait croire des déséquilibre et qui ne seraient que danse .

Écrit par : cpatricia | lundi, 05 mai 2008

"Ce que j’essaie de traduire est plus mystérieux, s’enchevêtre aux racines mêmes de l’être, à la source impalpable des sensations"

Écrit par : Ray | lundi, 05 mai 2008

moi aussi .....

Écrit par : cpatricia | mardi, 06 mai 2008

Je trouve votre article vraiment très touchant. Je suis plongé dans un enrichissement perpétuel sur votre blog et cela me ravit.

Zola se met en scène aussi dans l'Oeuvre, je ne me rappelle plus le nom de son personnage, celui qui à la fin dit "allons retournons au travail" ou quelque chose de ce type. Enfin, ce ne devait pas être un Zola entier car il se serait incarné dans le Docteur Pascal.

Écrit par : Léopold | jeudi, 21 août 2008

Zola est "Sandoz", Cézanne lui s'appelle Claude Lantier.

Écrit par : Ray | jeudi, 21 août 2008

Sandoz merci! Claude Lantier ne serait-il pas aussi inspiré par Manet? Et je me demande si Sandoz n'est pas aussi inspiré par Jules Sandeau et sa femme George Sand.

Quelle densité dans ce siècle! Vive l'esprit fin de siècle, les poètes du chat noir, les meilleurs récits de Verne, l'arrivée d'Apollinaire etc.

Écrit par : Léopold | jeudi, 21 août 2008

Il semblerait que ce soit surtout Cézanne : bourru, entier (L'entier) ! Ah oui les années 1870 surtout !

Écrit par : Ray | jeudi, 21 août 2008

Les commentaires sont fermés.