jeudi, 08 mai 2008
Le Logos
"Si l'acte de penser, qui est dans l'acte même d'être, ne se caractérise pas par un engagement de tout l'être, le Logos devient un os à ronger."
Philippe Sollers, Guerres secrètes, Editions Carnets Nord, 2007
Photo de Gildas Pasquet : Arôme
22:56 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers, guerres secrètes, gildas pasquet
mercredi, 07 mai 2008
Tout est rythme
"Tout est rythme. Le destin tout entier de l'homme est un rythme céleste et le dire poétique est une lutte pour la vérité. Ainsi le dieu utilise le poète comme flèche pour tirer de son arc le rythme."
Hölderlin
Bernini, Apollon et Daphné
19:02 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, rythme, hölderlin, apollon, bernini
mardi, 06 mai 2008
Cézanne, à la fin
Le vent âpre de novembre déjà l’entoure, odeur du froid qui s’insinue, feu de la terre. Cézanne, à la fin, ne peint plus que des couleurs. Un vent de folie balaye ses toiles. La couleur est le lieu où notre cerveau et l’univers se rencontrent. La lumière absolue, irradiante, déborde tout. Le dessin et la couleur ne sont plus distincts, quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude.
Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire vue des Lauves
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b
22:28 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne
Un an déjà !
22:06 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rue89, anniversaire, sarkozy
lundi, 05 mai 2008
Baigneuses
Le dessin et la couleur ne sont plus distincts, quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude.
Paul Cézanne, Baigneuses.
20:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cézanne, baigneuses
Guerres secrètes
"Il y a une guerre incessante : celle qui nous saute à la figure à travers le terrorisme déchaîné par la stratégie directe. Et une guerre plus secrète qui se mène sans cesse, pas seulement économique, et dont les Chinois sont en train de tirer la plupart des fils. Si l’adversaire est unilatéral, je vais faire du multilatéralisme ; comme l’adversaire est capitaliste, je vais devenir encore plus capitaliste. Pratiquer la défensive stratégique, utiliser la force de l’adversaire pour la retourner en ma faveur. Le Chinois s’appuie d’instinct sur la compréhension interne de ce que l’adversaire ose, veut, calcule et est obligé de faire. Il mène une guerre défensive qui peut durer une éternité : sa conception du temps n’est pas la nôtre. Cette guerre peut se prolonger indéfiniment pour user l’adversaire. Elle ne cherche pas l’anéantissement, mais la domination."
Philippe Sollers, Guerres secrètes, Editions Carnets Nord, 2007
(Un livre indispensable si l'on veut comprendre les conflits d'aujourd'hui)
13:05 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : philippe sollers, politique, chine, guerres secrètes
Festival des Arts du Pont d’Oye
12:57 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : festival des arts du pont d’oye
dimanche, 04 mai 2008
Elisabeth Molimard, tourneuse sur bois de la montagne ardéchoise
21:36 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, artisanat, tournage sur bois, elisabeth molimard
Usé par la pluie
Tenant le fusil de mon père dans la main gauche
je le fais passer dans la fumée de *sweetgrass,
puis mets la cartouche remplie d’un calibre six pour oiseaux
au contact de la blessure dans ma chair qui ne se refermera pas.
Il fait sombre, les nuages sont en selle sur une lune affamée
trois jours après sa plénitude, pas un souffle de vent,
j’enfonce la cartouche dans la chambre
puis lève la crosse à mon épaule.
Je pointe le canon vers le ciel endeuillé,
en direction du sud-est , puis je dis
Grand Père*, j’envoie ceci de l’endroit
où il est venu, que la guérison commence.
Le bruit sourd de la détonation résonne dans mes oreilles.
L’odeur de cordite est aussi douce que celle du silex frappé
et quelque part, après ce tonnerre, décrivant une courbe,
une étoile verte en colère tombe.
Cette nuit, cinq hivers après son décès,
Je rêve encore de la voix de mon père.
Takwanipihisan, dit-il. Un guide
lui avait donné ce nom dans le Nouveau monde.
Et maintenant apparaît
celui des temps anciens, la promesse des temps de paix,
celui dont le nom fut donné par Le Peuple De L’Aube,
parce qu’il parle des couleurs du ciel
Joseph Bruchac, écrivain amérindien
takwanipihisan " Manteau Usé Par La Pluie . "
* Sweetgrass : herbe sacrée que les Indiens brûlent afin que sa fumée purifie. Nom scientifique : Hierochloe Odorata
Grandfather : mot utilisé pour les invocations au ciel. Les Indiens disent familièrement Grand-Père le ciel, Grand-Mère la lune.
03:41 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, poésie amérindienne, joseph bruchac
Étonnante amitié entre Cézanne et Zola
Étonnante amitié entre Cézanne et Zola, nouée dans l’enfance. Zola a pressenti le génie de Cézanne, il l’a encouragé, poussé à persévérer. Puis comme s’il avait reconnu en lui sa part maudite, ses doutes, sa difficulté à créer, il ne l’a plus supporté. Il le tue symboliquement dans L’Œuvre, ce roman qui provoquera la rupture, où Cézanne découvre son portrait déformé. Après avoir lu le livre, il écrit sa dernière lettre à Zola et termine par ses mots : Tout à toi sous l’impulsion des temps écoulés. La vie de l’écrivain était devenue de plus en plus publique, celle du peintre retirée. Au début, c’était le contraire. Tout avait commencé avec les pommes. Zola adolescent chétif, renfermé, italien par son père et parisien par son accent, est mal accepté ; il est mis en quarantaine par les autres. Un jour, Cézanne, plutôt solide, bien dans son corps et de deux ans son aîné, transgresse l’interdit : “ Je ne pouvais m’empêcher de lui parler quand même ”. Il reçoit une raclée de toute la cour, petits et grands. Le lendemain, pour le remercier, Zola lui offre un plateau de pommes. Lesquelles reviendront constamment dans sa peinture. Leur amitié venait de naître, elle ne cesserait pas. Malgré la rupture, l’éloignement, quand il apprendra sa mort, bien des années plus tard, Cézanne, fou de douleur, s’enfermera dans sa chambre. Toute sa vie il peindra des pommes. La pomme, cet objet idéal pour qui veut régler simultanément par la modulation les problèmes du volume, de l’espace, de la lumière et de la couleur, a écrit Jean Arrouye ; ronde, elle n’est jamais sphérique. Étrange intimité entre cet homme de cent ans son aîné, et Léonore. Elle n’a pas envie pour autant de fouiller sa biographie, des années à tout reconstituer, décortiquer. Qu’en aurait-il pensé lui ? Ca n’a pas de sens, la vie d’un homme n’entrera jamais dans les travaux d’un biographe. Le soleil caresse les toits. Les rayons bas traversent le studio. L’artiste décompose puis recompose le monde. Volume, éclairage, couleurs, forme, les éléments s’assemblent dans un ordre amoureux. Comme dans les Variations Goldberg, les lignes mélodiques sautillent, s’avancent, mordent l’une sur l’autre, se déchirent, s’entrechoquent, reviennent au point de départ, plus tout à fait les mêmes, puis s’envolent comme des sinusoïdes ou des parallèles, à ne jamais se rejoindre. Les couleurs chez Cézanne se parlent, lancent des cris, des injures parfois, ensuite douceur, repos. L’ensemble est réconcilié. On a vu d’abord une mer en furie, le déchaînement des éléments, flux et reflux de l’ombre et du soleil. Une multitude de plans apparaissent, des ouvertures, des contrechamps. Une résonance, un abîme, des passerelles.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b
00:30 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne
samedi, 03 mai 2008
"Je sais qu'après avoir pleuré en me la donnant, elle va se mettre à rire en la revoyant."
Fodie Konté voudrait maintenant retourner à Bamako, embrasser sa mère et lui montrer la couverture qu'il a su garder tout au long de son périple. "Je sais qu'après avoir pleuré en me la donnant, raconte-t-il, elle va se mettre à rire en la revoyant."
07:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, sans papiers, bamako
Pourquoi croyez-vous que je date tout ce que je fais ?
« Pourquoi croyez-vous que je date tout ce que je fais ? C’est qu’il ne suffit pas de connaître les œuvres d’un artiste, il faut savoir aussi quand il les faisait, pourquoi, comment, dans quelles circonstances. Sans doute existera-t-il un jour une science, que l’on appellera peut-être « la science de l’homme », qui cherchera à pénétrer plus avant à travers l’homme créateur. Je pense souvent à cette science et je tiens à laisser à la postérité une documentation aussi complète que possible… Voilà pourquoi je date tout ce que je fais. »
00:38 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, art, peinture, pablo picasso, date
vendredi, 02 mai 2008
Look, this is in fashion !
Yasamusa Morimura
23:49 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, japon, yasamusa morimura
Le Saint chinois
« Il s’exprime dans des discours extravagants, dans des paroles inédites, dans des expressions sans queue ni tête, parfois trop libres, mais sans partialité, car sa doctrine ne vise pas à traduire des points de vue particuliers. Il juge le monde trop boueux pour être exprimé dans des propos sérieux. C’est pourquoi il estime que les paroles de circonstance sont prolixes, que les paroles de poids ont leur vérité, mais que seules les paroles révélatrices possèdent un pouvoir évocateur dont la portée est illimitée. Ses écrits, bien que pleins de magnificience, ne choquent personne, parce qu’ils ne mutilent pas la réalité complexe. Ses propos bien qu’inégaux renferment des merveilles et des paradoxes dignes de considération. Il possède une telle plénitude intérieure qu’il n’en peut venir à bout. En haut, il est le compagnon du créateur ; en bas, il est l’ami de ceux qui ont transcendé la mort et la vie, la fin et le commencement. La source de sa doctrine est ample, ouverte, profonde et jaillissante ; sa doctrine vise à s’harmoniser avec le principe et à s’élever à lui. Et pourtant, en répondant à l’évolution du monde et en expliquant les choses, il offre une somme inexprimable de raisons qui viennent sans rien omettre, mystérieuses, obscures et dont personne ne peut sonder le fond. »
Tchouang-Tseu
09:29 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, tchouang-tseu
jeudi, 01 mai 2008
Mourir avec sa vision la plus forte
« Ma vie n’est qu’un accident, je sens que je ne devais pas naître : acceptez de cet accident la passion, la rapidité et le malheur.» : Chateaubriand. Philippe Sollers, qui fait cette citation dans Femmes continue ainsi : « Rions… On verra… Allez, un autre verre… L’important est de vivre le plus longtemps possible, de mourir avec sa vision la plus forte… »
00:27 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : philippe sollers, chateaubriand, gildas pasquet
Cecilia Bartoli
« Tout son corps est un instrument de souffle. Elle peut être furieuse, idyllique, pseudo-naïve, sentimentale, drôle, sadique, tendre, rêveuse, enfantine. Elle a fait le tour des mille détours. Elle prend les mots à la racine (divin italien), elle les étire et les broie, elle les catapulte, les caresse et les fouette. [...] Une telle aptitude à la volupté abolit, chirurgicalement, des tonnes de musique romantique inutiles. Bartoli est une sorcière, une fée, une débauchée, une fille du peuple sensuelle et gaie, une artiste incroyable, une merveilleuse femme de la vie courante, une camarade, une aristocrate, une reine. Elle descend de tous les tableaux vénitiens, Vénus, saintes, elle est là, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. »
Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise.
00:09 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, venise, cecilia bartoli, philippe sollers
mercredi, 30 avril 2008
Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit
Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit. Il fait presque toujours doux à Montpellier. Soudain il comprend à quel point il aime cette ville. Pas de façon exclusive, mais à cause de son ouverture, de sa légèreté, cette façon de ne pas être vraiment à soi. Rien de pesant, de trop enraciné ici.
Il retrouve son quartier, Les Halles Castellane, en pleine effervescence. Le moment idéal pour aller dormir, dans une aube lilas. Une dernière pensée vers Léonore, un sourire sur les lèvres. Respecter sa solitude, sans cela, il n’y a rien. Cette image de lui-même, rassurant et protecteur, lui plaît.
Une semaine plus tard, la chair de Léonore bien présente, chez lui. Le feu crépite dans la cheminée. Gaétan contemple son corps endormi pigmenté de rouge par les reflets incandescents.
Son regard est si intense, scrutateur, gourmand, qu’il craint de la réveiller. Elle est sublime, dos nu jusqu’aux reins, on devine l’arrondi des hanches. La dénuder complètement, il en a furieusement envie. Il dévoile les fesses, les cuisses. Clarté rougeoyante. Pas un pouce de son corps qu’il ne vénère. Le monde s’arrête d’être multiple, il s’est envolé, résumé en elle, sa chair.
Il n’aime rien tant chez les femmes que l’effet du repos sur le visage, le relâchement, cette grâce dans l’abandon. La sensualité, visible, palpable, dans le granulé de la peau, les lignes du geste inachevé, la respiration du sommeil. Certaines femmes laissent flotter cette ondulation en permanence autour d’elles, à la lisière. Alors, la rudesse du monde s’estompe. Il éprouve de la fierté à la contempler dans son lit, avec le sentiment du devoir accompli. Plaisir âcre, puissant, paisible.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b
Edouard Manet ; Bouquet de pivoines, 1882
Oil on Canvas ( 57 x 45 cm.)
00:20 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne, edouart manet
mardi, 29 avril 2008
La danse des arbres
Shitao ; Conversation au bord du vide
Dimensions : 27 x 16,3 cm
Musée de Shenyang (Moukden)
15:22 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peinture, chine, shitao
C'était hier
Aujourd'hui, le ciel tombe en nuages, mes pensées sont crémeuses...
01:51 Publié dans Instantané | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : raymond alcovère, eddie bonesire
lundi, 28 avril 2008
Multiforme
02:34 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : illumination, montaigne, littérature, gildas pasquet