dimanche, 13 avril 2008
N'ayez point pitié
Fumez marais
les images rupestres de l'inconnu
vers moi détournent le silencieux crépuscule
de leur rire
Fumez ô marais cœur d'oursin
les étoiles mortes apaisées par des mains merveilleuses
jaillissent
de la pulpe de mes yeux
Fumez fumez
l'obscurité fragile de ma voix craque de cités
flamboyantes.
et la pureté irrésistible de ma main appelle
de loin de très loin du patrimoine héréditaire
le zèle victorieux de l'acide dans la chair
de la vie - marais -
telle une vipère née de la force blonde de l'éblouissement.
Aimé Césaire
Frédérique Azaïs-Ferri : Passion de mai
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jeudi, 03 avril 2008
La peinture est effraction
La peinture est effraction, solitude, dévastation. Pour peindre comme pour écrire, il faut d’abord tout détruire, tout effacer, tout déconstruire. Vouloir tout recommencer, reprendre le fil de la création. La peinture est incarnation et l’incarnation c’est l’éternel retour.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
Peinture de Frédérique Azaïs : Tous les matins du monde
00:47 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, littérature, en cours d'écriture, frédérique azaïs
samedi, 08 mars 2008
Devant, ciel gris, âpre
J'avais écrit ce texte sur Saint-John Perse. Il a douze ans, quitte les Antilles pour la première fois, direction l'Europe. Lors d'une escale aux Açores, pour la première fois de sa vie, il découvre la neige...
Devant, ciel gris, âpre. Une chaleur insensible flotte. Le monde ne peut être paisible sans cette trouée lilas, monocorde, à fixer les nuages, les rendre transparents. La terre s’approfondit.
Une musique monte dans le lointain, symphonie élastique. Gammes bleues et mauves. La terre est prête à s’engouffrer dans l’océan. Terre blonde et vermeille. Un lit de terre.
Loin encore l’Europe est là, je la sens. J’y jette tous mes espoirs, je ne reverrai jamais les îles je crois. Pourquoi revenir en arrière ?
La symphonie de l’aurore jette une lumière ocre. Des plages longilignes dévorent la terre devant l’étrave du bateau.
Si j’étais peintre, je poserais mon chevalet ici. Le ciel étagé en rumeurs, les couleurs comme des bruits, des notes, qui s’attirent, se repoussent, s’aiment.
La nuit recouvre le monde d’un baume nourricier. Le fin halo de l’aube pose des reflets de nacre. La mer déferle et envahit. La plaine s’évase, roule ses méandres d’eau, de limon et de soleil.
La neige, fluide, volatile – jamais je n’avais rêvé un tel bonheur – lance un soubresaut de calme sur l’azur. L’air piqué de nuages, d’oiseaux blancs, déchiquette l’ombre.
La montagne, d’un coup fondue, disparue corps et âme, happée par le vent qui règne en maître. Le vent est le seul maître du ciel, de la terre et de la mer. Il attise les grandes passions et éteint les petites.
La scène se déroule sans ordre apparent. Une clarté dahlia, pulvérisée en fines gouttelettes mauves, disperse les derniers désordres de la nuit.
D’un coup de baguette magique, l’opéra déferle. Le chef d’orchestre, les bras chargés de neige, dirige la scène, pointant un doigt menaçant sur l’horizon.
Tout s’anime et se referme en un même mouvement. Le temps est immobile, dressé comme une forteresse en pleine lueur. Une symphonie du nouveau monde.
Une frondaison blanche s’est répandue, annonciatrice de temps nouveaux. Qui sait, la fin des temps est peut-être venue, ici, à la limite de l’océan, sur cet arrondi de la terre, archipel de hasard, de roc, de vent et de sable, noyé.
Déchaînement des éléments. La terre va s’engloutir, revenir à sa vérité première. Matière, fusion, évanouissements.
L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure. Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.
Raymond Alcovère
Tableau de Frédérique Azaïs : "Le petit prince a dit"
00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, saint-john perse, frédérique azaïs
dimanche, 24 février 2008
Terrifiante et rassurante à la fois
Terrifiante cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues gigantesques dans le désordre de la nuit, remous effrayants, terrifiante et rassurante à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant, traçant son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Rêvant que mon âme soit pareille, un bloc insubmersible.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture.
05:51 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, frédérique azaïs
samedi, 23 février 2008
Censure (Si tu ne vas pas à Lagardère, etc.)
08:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, Sarkozy, censure, Courrier International, Frédérique Azaïs
mardi, 19 février 2008
La mort de Costesoulane
Costesoulane attendait les perdreaux et c'est la mort qui vint. Et la mort qui était pour les perdreaux servit pour lui. Et les perdreaux qui devaient être froids et l'œil voilé à l'heure où le soleil se couche, ce soir étaient encore chauds et vifs, et leur sang qui devait rougir le gravier bleu de la forêt était encore tapi dans la ténèbre de leurs veines et courait sous la peau à chaque coup pressé de ces cœurs serrés comme des poings de colère. Mais les pierres eurent leur part de sang rouge, celui de Costesoulane, parce qu'il était dit et écrit qu'en ce jour le sacrifice du sang devait s'accomplir dans ce lieu désert de notre terre, sous un ciel mourant, et dans le souffle d'un vent qui a vu bien d'autres drames. Costesoulane vida sur les pierres toute la chaleur de ses veines, son sang venu de l'obscurité de son cœur et comme surpris de tant de lumière et de tant d'espace, coulait doucement sur la roche et serpentait comme un voyageur de hasard -- il s'accrochait aux fils de l'herbe, aux brindilles du thym, il descendait dans les creux entre les pierres et il fumait doucement et l'air en était tremblant. Costesoulane attendait les perdreaux et il ne savait pas pourquoi il était là, couché sur le ventre, avec cette tendresse qui lui faisait regarder de si près et avec tant de patience les herbes, les pierres et un trou de fourmis.
Max Rouquette, extrait de La mòrt de Còstesolana (Verd Paradis I)
Version originale en occitan parue aux éditions I.E.O.
Traduction française d'Alem Surre-Garcia disponible aux éditions du Rocher.
Plus d'infos sur Max Rouquette sur Cardabelle, le superbe site de Georges Souche
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, Max Rouquette, Vert paradis, Frédérique Azaïs
samedi, 19 janvier 2008
Qu'est ce que la peinture a à nous dire sur le monde d'aujourd'hui ?
Réponses, peut-être, avec Frédérique Azaïs, oeuvres récentes
01:21 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Frédérique Azaïs, peinture, art, aujourd'hui
mardi, 15 janvier 2008
Un recueil sur Mai 68 par Autour des Auteurs
Je viens de terminer pour l'association Autour des auteurs, une nouvelle sur mai 68. Le recueil devrait sortir au mois de mai aux éditions Cap Béar. Particularité, les textes sont liés entre eux, certains personnages se retrouvent même dans plusieurs nouvelles.
Occasion pour moi de relire l'excellent Commentaires sur la Société du Spectacle de Guy Debord, sorti en 1988. Voici les citations mises en exergue de la nouvelle :
Le spectacle organise avec maîtrise l'ignorance de ce qui advient et, tout de suite après, l'oubli de ce qui a pu quand même être connu. Le plus important est le plus caché.
Guy Debord, La Société du Spectacle, 1967
La désinformation se déploie maintenant dans un monde où il n’y a plus de place pour aucune vérification.
Guy Debord, Commentaires sur La Société du Spectacle, 1988
Il me semble que le mystère est considéré comme insoluble, par la raison même qui devrait le faire regarder comme facile à résoudre — je veux parler du caractère excessif sous lequel il apparaît… Dans des investigations du genre de celle qui nous occupe, il ne faut pas tant se demander comment les choses se sont passées, qu’étudier en quoi elles se distinguent de tout ce qui est arrivé jusqu’à présent.
Edgar Allan Poe, Double assassinat dans la rue Morgue, 1841
Tableau récent de Frédérique Azaïs
02:00 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mai 68, Autour des Auteurs, Frédérique Azaïs
dimanche, 16 décembre 2007
Je suis trop heureux
Je suis trop heureux pour écrire, trop heureux pour penser. Je regarde le soleil se coucher dans l’eau ou Elle se verser une tasse de café et l’univers est renversé, sens dessus dessous, pulvérisé, atomisé comme mon cerveau qui se répand dans toutes les directions. Allongés sur un rocher, au fond d’une crique. Juste un clapotis et les coquillages qui, bercés par les vagues émergent ou glissent dans l’eau profonde, si noire près de la côte. Alors qu’une brume s’échappe à l’horizon, rend l’atmosphère presque fraîche et nous pousse à rentrer. Nous montons, l’escalier se perd en balustrades qui dominent les flots. Arrivés là-haut, on fait l’amour encore. Par la fenêtre ouverte, les senteurs salines sont en nous comme on était dans le bleu de la mer tout à l’heure. Je suis au-delà de la pensée, dans un moment de sensualité pure, où les émotions pour vivre n’ont besoin d’aucune charpente, d’aucun secours. Il y a un million d’années-lumière entre ce que je vivais avant de la rencontrer et ces quelques jours où tout m’a été donné, l’Italie, la sensualité et Elle. A moins que ce ne soit la même chose. J’ignore si cette mystérieuse alchimie pourra se poursuivre mais une chose est sûre et vaut pour tout le reste, elle aura été.
Raymond Alcovère, Extrait de "Fugue baroque", roman, n & b éditions, 1998
Peinture de Frédérique Azaïs
01:50 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : fugue baroque, raymond alcovère, frédérique azaïs
mardi, 04 décembre 2007
Les réfractaires
Comment atteindre la négation de la négation, l’affirmation même ? ça les préoccupe très tôt, les réfractaires. On croit les élever, les éduquer, les terroriser, les domestiquer, on obtient avec eux les résultats minimaux, ils apprennent anormalement vite à lire et à écrire, mais c’est comme si ce don particulier ne les menait à rien, ils le gardent pour eux, on ne comprend pas ce qu’ils projettent d’en faire. Ils ne partagent pas volontiers, ne semblent pas attirés par les sacrifices et les mortifications, l’ascèse ou lla discipline. Le garçon sera un salarié bidon, un déserteur, un simulateur, incapable de la moindre carrière. La fille ne sera ni actrice, ni mannequin, ni professeur, ni docteur, ni publicitaire, ni bonne mère, et encore moins hystérique ou anorexique. Que leur reste-t-il ? L’art ? Mais comme, là encore, le caractère réfractaire persistera dans cette dérivation, il y a fort à parier qu’il s’agira d’un art non conforme à ce que les contemporains considèrent comme tel. Un art de vivre, alors ? Ce n’est pas impossible, c’est même ce qui fait peur. Que voulez-vous, ce sont des irresponsables. On dirait qu’ils se moquent de leur réputation. Ils s’habillent n’importe comment (mais aussi, parfois, avec une élégance inexplicable), dépensent tout leur argent, interrompent leurs relations d’un moment à l’autre, se lèvent et partent sans s’excuser dans des dîners, oublient leurs amis, leurs femmes, leurs maris, leurs amants, leurs maîtresses, ne font pas de cadeaux, ne donnent aucune indication sur leurs maladies ou leurs états d’âme. Ce sont des asociaux, même pas conservateurs, incontrôlables, irrécupérables. Mal vus à droite, mal vus à gauche, vomis par le centre, étrangers aux marges, où voulez-vous les mettre ? Dans l’au-delà ? Même pas.
Philippe Sollers, L'étoile des amants
Frédérique Azaïs, Histoires
19:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Philippe Sollers, Frédérique Azaïs
dimanche, 02 décembre 2007
Histoires, de Frédérique Azaïs
Jusqu'au 20 décembre au
21:33 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Frédérique Azaïs
mardi, 20 novembre 2007
Ces rives de l'Italie
Ils sont avec moi, ils sont moi, ces frontons d’église, ces figures alambiquées, torsadées, sculptures aériennes, fluides, qui défient le temps, la logique, la mesure. Cette folie-là, je m’y suis lové, comme on se glisse entre les draps pour y trouver le repos, ne plus agir, ne plus être envahi du désordre et de l’incongruité du monde. Un grand calme enfin.
J’aime ces ruelles sombres où clabaude la vie, ces cours, ces palais de marbre, ces rives de l’Italie...
Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", édtions n & b, 1998
Frédérique Azaïs, 20 x 20
du 15 novembre au 20 décembre au
CLUB HOUSE de la JALADE
03:36 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Raymond Alcovère, Fugue baroque, Frédérique Azaïs
lundi, 19 novembre 2007
La vente aux enchères de tableaux au profit de Occi'zen
Demain à 20 H, salle Rabelais à Montpellier, grande vente aux enchères de tableaux au profit de l'association Occi'zen, enfance et art.
Frédérique Azaïs y proposera deux éléments de sa série de 20 x 20 dont vous voyez deux autres ici
11:48 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Frédérique Azaïs, peinture, Occi'zen, vente aux enchères
lundi, 12 novembre 2007
Frédérique Azaïs, expo
09:28 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Frédérique Azaïs, expo
lundi, 15 octobre 2007
Frédérique Azaïs, prochaines expos à Paris
Carrousel du Louvre, 27 et 28 octobre, Art Shopping, Stand D7, salle 2
GMAC Bastille, du 30 octobre au 4 novembre, stand 1 ère expo
Galerie 3 F, du 29 octobre au 4 novembre, 38 rue des 3 Frères, Paris 18 è
Contacts : 06 87 27 62 91 / 06 63 57 07 49
http://frederiqueazais.hautetfort.com/
14:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Frédérique Azaïs, expos, Paris
jeudi, 04 octobre 2007
Vent d'art, c'est parti !
Vent d'art 2007
Du 2 au 7 octobre
Espace Armingué (salle polyvalente) avenue de la Gare à Vendargues (34)
De 14 H à 19 H et de 10 à 12 H et 14 à 19 H le week-end
53 peintres présents
L’association Présence des Arts et les artistes ont le plaisir de vous convier au
Vernissage le 6 octobre à 19 H
Raymond Alcovère dédicacera son roman
« Le Sourire de Cézanne » n & b Editions (mai 2007)
Thème du concours
Contacts : Présence des Arts
04 67 87 54 56 / 06 87 27 62 91
00:05 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Vent d'art, Frédérique Azaïs
lundi, 24 septembre 2007
Kiou-Siou
Contact : Frédérique Azaïs
00:25 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Kiou-Siou, Frédérique Azaïs
samedi, 22 septembre 2007
Frédérique Azaïs à la Jalade
00:40 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, expo, Frédérique Azaïs
lundi, 17 septembre 2007
La vigilance
"La vigilance repose, l'hypocrisie fatigue"
02:31 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : vigilance, peinture, Frédérique Azaïs
lundi, 18 juin 2007
Machine aimée des qualités fatales.
Il est l'affection et le présent, puisqu'il a fait la maison ouverte à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été, lui qui a purifié les boissons et les aliments, lui qui est le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Il est l'affection et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d'extase. Il est l'amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l'éternité : machine aimée des qualités fatales.
Rimbaud, Génie
00:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Frédérique Azaïs, Rimbaud, Génie