jeudi, 27 août 2020
Mantis religiosa
Photo de Georges Souche
15:56 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges souche, max rouquette
samedi, 02 janvier 2010
Chez Georges Souche, ces mots de Max Rouquette
Il n’y a qu’un seul jour :
le jour d’aujourd’hui
qui depuis mille ans dure
et boit déjà les mille ans qui viennent,
dans le bref éclair du bonheur.
I a pas qu’un sol jorn :
lo jorn de uòi.
que despuòi mil ans s’esperlonga
e bèu adejà los mil ans que venon,
dins lo brèu ulhauç dau bonur.
Max Rouquette, extrait de Poèmas de pròsa (ed. Fédérop, 2008)
21:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : max rouquette
mercredi, 20 février 2008
La bonté de la nuit
... Maintenant nous étions dans l'ombre. La lune avait disparu derrière les toits de l'église et glissait vers l'occident. Là-bas, haute, très haute dans le ciel, elle se penchait sur les balustrades, les voûtes, les terrasses du château d'Aumelas dressé là comme calciné, tout droit, par le feu de Dieu, à mi-chemin des astres. Elle se penchait sur ce silence, cette présence pétrifiée hors du temps, cette veille d'une attente d'éternité. A la pointe effilée de la tour, à l'extrême nord, il y avait une chouette aussi immobile que le château et qui, noire sur le ciel, jetait chaque minute une sorte d'appel à la justice du monde sidéral ; désespoir de ces pierres désertes noyées de lune et que le passé n'en finissait plus d'abandonner à jamais. La lune entra par les fins contreforts, dans des salles dont les murs éboulés s'ouvraient sur le gouffre ténébreux des bois de chênes verts. Châtelaine sur la tour, elle semblait contempler, par les trous béants des pierres, son empire. Elle vit la coquille qui dessine comme un soleil de pierre au-dessus d'un trône écroulé. Elle entra dans la pure église plus ouverte sur la nuit que le flanc de son Christ disparu. Longuement entre les tas de gravats elle caressa les murs et s'agenouilla sur d'antiques tombeaux, sans pierre, sans inscription, sans nom. Elle réveilla sous le ciel l'angoisse des voûtes. Puis elle reprit sa haute ascension dans un ciel de lumière, laissant aux grands rouvres, droits sur les crêtes, la royale robe d'un manteau d'ombre...
Max Rouquette, extrait de Vert Paradis
03:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, Max Rouquette, nuit
mardi, 19 février 2008
La mort de Costesoulane
Costesoulane attendait les perdreaux et c'est la mort qui vint. Et la mort qui était pour les perdreaux servit pour lui. Et les perdreaux qui devaient être froids et l'œil voilé à l'heure où le soleil se couche, ce soir étaient encore chauds et vifs, et leur sang qui devait rougir le gravier bleu de la forêt était encore tapi dans la ténèbre de leurs veines et courait sous la peau à chaque coup pressé de ces cœurs serrés comme des poings de colère. Mais les pierres eurent leur part de sang rouge, celui de Costesoulane, parce qu'il était dit et écrit qu'en ce jour le sacrifice du sang devait s'accomplir dans ce lieu désert de notre terre, sous un ciel mourant, et dans le souffle d'un vent qui a vu bien d'autres drames. Costesoulane vida sur les pierres toute la chaleur de ses veines, son sang venu de l'obscurité de son cœur et comme surpris de tant de lumière et de tant d'espace, coulait doucement sur la roche et serpentait comme un voyageur de hasard -- il s'accrochait aux fils de l'herbe, aux brindilles du thym, il descendait dans les creux entre les pierres et il fumait doucement et l'air en était tremblant. Costesoulane attendait les perdreaux et il ne savait pas pourquoi il était là, couché sur le ventre, avec cette tendresse qui lui faisait regarder de si près et avec tant de patience les herbes, les pierres et un trou de fourmis.
Max Rouquette, extrait de La mòrt de Còstesolana (Verd Paradis I)
Version originale en occitan parue aux éditions I.E.O.
Traduction française d'Alem Surre-Garcia disponible aux éditions du Rocher.
Plus d'infos sur Max Rouquette sur Cardabelle, le superbe site de Georges Souche
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, Max Rouquette, Vert paradis, Frédérique Azaïs