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jeudi, 14 février 2008

Est-ce qu'on tue le Remords

9b7ecbf4dd14807ae4a6a713ed49df9d.jpgPartir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

Aimé Césaire

Photo : Gildas Pasquet

Ouvrir les fenêtres

01bf900f4cd611ef1fbaae1dd4d23e5e.jpgPierre Bonnard (1867–1947), The Open Window, 1921, Collection Phillips, Washington

20:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Bonnard, peinture, fenêtre

Vis-à-vis

0c9c9a229e8f92ad8194485c89a07e2d.jpg"Votre oeuvre peut-elle faire vis-à-vis à la pleine campagne et au bord de la mer ?"

Walt Whitman (phrase en exergue du "Serpent d'étoiles" : roman de Jean Giono)

Pierre Bonnard

 

mercredi, 13 février 2008

Désolation

La première Dame de France est désolée, lire ici

Je ne connais pas la Provence

6dc0231c599f5e9722bd2488f32a2f69.jpgJe ne connais pas la Provence. Quand j'entends parler de ce pays, je me promets bien de ne jamais y mettre les pieds. D'après ce qu'on m'en dit, il est fabriqué en carton blanc, en décors collés à la colle de pâte, des ténors et des barytons y roucoulent en promenant leur ventre enroulé de ceintures rouges; des poètes officiels armés de tambourins et de flûtes "bardent" périodiquement en manifestations lyriques qui tiennent moins de la poésie que d'une sorte de flux cholériforme.
J'aime la noblesse et la grâce, et cette gravité muette des pays de grande valeur. Non, je n'irai jamais dans cette Provence qu'on me décrit.
Pourtant j'habite les pentes d'une colline couverte d'oliviers et, devant ma terrasse, Manosque et ses trois clochers s'arrondit comme une ville orientale.
La Durance qui coule au fond de notre petite vallée sent déjà s'approcher les grandes plaines du Comtat. Pendant les crues de cet hiver, les hautes barres d'eau qui traversaient notre vallée mettaient à peine sept heures pour aller à Avignon.
Et la montagne de Lure nous abrite; or elle bouche le mont Ventoux, et ce pays-ci je ne le quitterai jamais; il m'a donné, il me donne encore chaque jour, tout ce que j'aime.
On est d'abord touché par un silence qui repose sur toute l'étendue du pays. Sur les vastes plateaux recouverts d'amandiers à l'époque où les arbres sont en fleur, on entend à peine le bruit des abeilles. On peut marcher des journées entières seul avec soi-même, dans une joie, un ordre, un équilibre, une paix incomparables. Non pas tous à la fois, mais un à un, vous laissant toujours un ami végétal et fleuri qui vous accompagne un peu plus loin puis vous laisse, vous ayant confié à un autre, et ainsi la terre peu à peu monte et vous fait pénétrer dans le ciel à mesure que vous passez des bras de l'amandier aux mains des tilleuls, puis des châtaigniers, puis des trembles et alors l'ondulation des terres vierges toutes nues se compose devant vous avec les lentes harmonies d'une ivresse divine.
Il faut alors quelques pas - et ils ont l'air de parcourir une distance magique - pour apercevoir la toiture du monde; les immenses montagnes avec leurs pentes glacées. Il a suffi d'un jour pour que ce pays vous ait fait comprendre l'organisation la plus noble de la terre. Sa simplicité pleine de sagesse vous a obligé à la plus paisible, à la plus durable des joies. Il vous a entouré d'une logique si éblouissante que vous êtes désormais habité par un dieu de lumière et de pureté.
Mais il prépare votre retour par des chemins noués à des ruisseaux. Rien ne troublera plus votre sérénité. Le mariage de votre âme et de ce pays ne se défera plus. Pour retrouver les hommes, vous n'avez plus besoin de descendre. Vous les trouverez à cette hauteur: silencieux et sévères comme la terre, travaillant dans des champs qui entourent des temples, labourant des vergers d'oliviers au milieu de l'ordre des collines, reposant leurs regards par le spectacle de leurs villages agglomérés comme des nids de guêpes au milieu de la blanche odyssée des nuages.
Vous aurez le désir d'être comme eux; vous entrerez sous la couverture de tuiles du village gris. On vous verra peut-être encore une fois au détour du chemin et puis vous pénétrerez sous la toiture du village et on ne vous verra plus: comme ces ruisseaux d'eau pure que personne ne voit, qui vivent sous la toiture des montagnes, dans la splendeur des roches profondes; comme tous ceux qui on disparu ici dont on n'entend jamais plus parler, et puis, un jour, à la croisée d'un chemin, on rencontre un homme, on se dit:
"Mais je le connais."
Puis on se dit:
"Mais non, voyons, il n'était pas si vert."
Ne l'ayant pas reconnu tel que la joie et la paix quotidiennes l'ont changé.
Il paraît qu'il existe une Provence en félibres.
Je ne la connais pas.

Jean Giono 

Paul Cézanne en train de peindre aux Lauves
janvier 1906. Photo Kerr-Xavier Roussel

 

mardi, 12 février 2008

Fruits

« Autour de Noël les jours sont paisibles comme des fruits alignés dans la paille. Les nuits sont de grosses prunes dures de gel ; les jours de petits abricots sauvages, aigres et doux ».

 

Jean Giono – Philémon

Toute humeur est tumeur

ed03228f5162bc66f3b8ed69e8f308d7.jpg« Toute humeur est tumeur. Il y a des gens qui transforment tout en guérilla. Ils sont dangereux, chefs ou ministres, ils font du gouvernement une faction. Ils ont le sens faussé et le cœur gâté. Le seul moyen de gagner avec eux, c’est de les fuir aux antipodes.»

Baltasar Gracian 

A lire et relire ici 

Photo : Gildas Pasquet 

lundi, 11 février 2008

Rainbow pour Rambaud

Une interview de Patrick Rambaud, pour la suite des aventures de Nicolas I er

Et l'Elysée en direct là

19:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, Sarkozy

La littérature et le mal : questionnements

"Après l’avènement du Mal absolu, l’acte de barbarie réside au contraire dans le renoncement même à la poésie." A propos du livre de François Meyronnis : De l’extermination considérée comme un des beaux-arts, lire ici quelques considérations sur la littérature et le mal, après le succès des livres de Michel Houellebecq et Jonathan Littell

dimanche, 10 février 2008

Les Bienveillantes

c8d3c273b12b9c3d48e00752975ddbc2.gifCa y est "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell est sorti en poche. (Belle réalisation au passage, les 1400 pages ne forment pas un ensemble excessivement épais et la taille des caractères est convenable). J'ai commencé la lecture ; tout de suite on sent qu'on est face à une oeuvre majeure, un voyage dont forcément on sortira différent. Lecture difficile, insoutenable par moments, mais livre profond et qui (me semble-t-il après 250 pages) évite les écueuils qu'on aurait pu craindre face à un tel sujet...

Une lettre imaginaire de Paul Cézanne

A lire ici sur le site des éditions n & b...

samedi, 09 février 2008

Le blog du Poulpe, c'est parti !

Premier épisode signé JB Pouy

Appel à textes

Le Magazine Autour des Auteurs recherche des textes, inédits, mais aussi chroniques de livres (récents ou oubliés) ou événements liés au livre, vous pouvez faire circuler l'info...

Contact  : Françoise Renaud, rédac-chef : renaudfran@free.fr

Enigmatiques portraits du Fayoum

89b7a2c19914a06565f58e5c4a928e96.jpgCe portrait a près de deux mille ans, lire ici

02:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fayoum, Egypte, John Berger

vendredi, 08 février 2008

Lâché par les siens ?

f88d53aa11f60abb109bab6d1ac32bd3.jpgLire ici

17:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, Sarkozy

Une coupe de champagne à 138 000 euros.

Ca plane pour eux ! Lire ici

01:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Sarkozy, avions

jeudi, 07 février 2008

Un épisode inédit de la Saga de L'inspecteur Maigros, par Eric Dejaeger

178e375e2a5eaed05ce914c778f94e46.jpgL'inspecteur Maigros est sans doute le policier le plus nul de l'histoire du polar. C'est Bérurier au cube. Il est sale, grossier, buveur, bâfreur et très porté sur le sexe. Il sévit à Charleroi, la plus grande métropole de Wallonie. Sévir est un bien grand mot car il dépense beaucoup d'énergie à ne rien faire. Les trente premiers épisodes de la Saga Maigros ont été envoyés aux « abonnés » durant l'automne. Une deuxième série est en cours d'écriture et débutera au printemps. Le site de Ray a l'honneur d'en proposer un extrait en avant-première.
PS - Les trente premiers épisodes de la Saga Maigros sont disponibles gratuitement en fichier pdf sur simple demande.
Eric Dejaeger
Illustration de Sarah Dejaeger 
 

MAIGROS — Épisode 55 — CONTRÔLE « TOLÉRANCE ZÉRO »

À peine rentrée de Dublin, la dive a lancé une opération « tolérance zéro » pour ce samedi soir. « Faut de temps en temps montrer qu’on bosse, Maigros. » s’est-elle justifiée auprès de l’inspecteur principal. Le désintéressé, qui déteste travailler de nuit encore plus que de jour, s’est consolé en prenant Snot comme équipière. La jeune femme est tout excitée à l’idée d’enfin pouvoir travailler et, surtout, de verbaliser. Elle ne tient plus en place dans le combi que Maigros a préféré à la vieille Mazda.

— Tu mouilles, Snot ?

— Toujours aussi romantique, Inspecteur. Merci de m’avoir laissé m’habiller en policière plutôt qu’en sex-symbol.

— Wé. On disait qu’c’était carnaval. Mais t’emballe pas, c’t’une exception.

Ils tournent sur le ring de Charleroi à la recherche d’une première victime.

— Là ! crie Snot, fort allumée. La Golf noire ! Y sont au moins à six dedans !

Maigros enclenche la sirène, monte à la hauteur du véhicule. Snot fait signe au conducteur de se ranger sur la bande d’arrêt d’urgence. Le combi s’arrête derrière. Les deux policiers descendent.

— Laisse-moi faire, Snot. T’as pas l’habitude avec les MITAC. Faut y aller molo, surtout qu’j’ai pas pu mett’ mon pare-balles : j’ai dû grossir d’puis la dernière fois qu’on a fait des contrôles. Pas moyen d’l’enfiler... Bonsoir. C’est pour un contrôle de routine, pas d’panique, les jeunes. Z’êtes à combien, là ?

— Six.

— Wé, c’est limite, l’aurait pas fallu qu’y en aurait un septième. J’peux voir les papiers du véhicule ?

— J’les ai oublié à la maison. On les laisse jamais dans la bagnole, cause qu’on pourrait nous les taxer, et j’ai pas pensé à les prent’ en partant.

— C’est b’en, ça, d’pas laisser les papiers dans l’voiture. Permis d’conduire et carte d’identité ?

— J’ai jus’ ma carte, M’sieur l’agent. Voilà...

— Inspecteur, si vous v’lez b’en. Bon... Si j’vois b’en, t’auras dix-huit ans dans deux mois...

— Kès ça change, Inspecteur ? Vous croyez que j’conduirai mieux dans deux mois ?

— T’as pas tout à fait tort. Dis donc, j’ai pas spécialement l’nez très fin mais ça sentirait pas un peu la gnôle dans l’habitac’ ?

— C’est jus’ qu’on a sifflé un coup d’whisky pour pas avoir froid.

— Quelle marque ?

— Salvatore, c’est quoi, la marque au whisky ?

— J’sais pas trop, j’ai pas r’gardé quand j’l’ai piqué au Carrefour. Ça doit pas êt’ de la merde, y avait un antivol. Attends... Où t’as planqué la bouteille, Kader ?... Passe !... C’est du Glen... Morangie.

— C’est du bon, ça ? Vous mêlez pas d’ça, Snot !

— Vous voulez goûter, Inspecteur ?

— C’est pas d’refus. Hum... Pas dégueu. Je m’permets d’confisquer, vu le statut d’mineur.

— Pas d’problème, Inspecteur.

— Et la d’moiselle, là, c’est quoi sa cigarette qui sent si bon ? Non, Snot ! Retournez dans l’combi !

— Mais, Chef...

— C’T’UN ORT’ ! N’oubliez pas les photos !... Allez, au combi ! Alors, c’est quoi, c’tabac provencal ?... Allez, z’avez pas l’âche non plus pour fumer. Aboulez les cibiches ou v’z’allez m’obliger à fouiller l’véhicule ! Faites pas les cons, j’suis d’bonne humeur mais ça pourrait changer rapid’ment.

Trois paquets de cigarettes changent de propriétaires.

— Et la d’moiselle, elle a une culotte sous sa jupette, au moins ? Lève un peu pour voir !... Mignon ! C’est b’en, p’tite ! J’aurais pas voulu t’coller un attentat à la pudeur. Bon, allez, filez ! J’sens qu’Lauteur arrive en bas d’pâche et qu’y va d’voir conclure. Que j’vous r’trouve pas su’l’ring ce soir !

La Golf démarre. Maigros revient au combi. Snot pleure à chaudes larmes.

— Chef... C’est une voiture... qui a été volée avant-hier... à Zottegem...

— Eeeh ! T’imagines le temps qu’ça aurait pris en pap’rasserie ? Allez, fume ça et bois un coup !

©Éric Dejaeger – 2008

mercredi, 06 février 2008

Le jeudi 14 février c’est aussi...

...l’inauguration des nouveaux locaux du Vin Noir, au 3 place Bouschet de Bernard, à Montpellier

A partir de 18h30 avec surprise musicale et dégustation…

Ca vire au pathétique

Le mot-clé est rupture

Désormais chaque action du président est interprétée comme un truc, un tour de passe-passe pour les tromper

Lire ici

Il est dans sa bulle, il n’écoute pas, dit un proche. Pire, il ne veut rien entendre

 ou

mardi, 05 février 2008

Poulpe fiction

En ces temps "rupture", rien de mieux que d’avoir de la suite dans les idées. Vous allez croire qu’on réchauffe les plats, mais non: le Poulpe, personnage né en 1995 dans une série de "romans policier de gare", héros de 200 romans très inégaux immortalisé à l’écran par Jean-Pierre Darroussin, existe encore. A partir du 9 février, il aura son Blog sur Rue89. Pour cela, nous comptons sur des auteurs de polars, mais aussi sur vous. Rappels des faits, décryptage et prévisions.

Lire ici

21:16 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Le Poulpe, rue89