vendredi, 16 mai 2008
Toute la nuit...
Toute la nuit nous avons ramé jusqu’au large
Aux mains du vent
Et rapatrié de la panse intime de la mer des cercueils mayas
Gravés en idéogrammes
Sur le sable
Nous avons recompté
Les syllabes
Plus jaunes que la rouille
Au moment de dire le nom
Des bourreaux ont surgi
Et s’avancent vers nous
L’ennemi qu’on n’attendait pas commence par effacer le verbe signe de notre identité
Peine perdue de tout un siècle
Où l’amertume nous abat dans un vertige inouï
Nous avons fui dans le ravin avec des serpents
Malgré les nuits tumultueuses
Nous nous sommes endormis transis
Blottis les uns contre les autres comme des chimpanzés.
Aucun ne s’éveilla
Personne ne s’intéressa à nous
Seul dieu nous veillait
Nous avons perdu notre langue
Mais nous ne capitulerons pas,
Nous résisterons en rêvant d’autres mondes possibles
Les serpents et les bêtes affolées seront nos alliés.
Sandy Bel, poète amérindienne
Peinture de Annie Caizergues
14:47 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie, poésie amérindienne, sandy bel, annie caizergues
Lent balancement de la houle
Lent balancement de la houle, dans un ciel anis, déchiré du cri des mouettes. Les minarets s'inscrivent en volutes sur l'horizon. Là, tout près, le cargo mugit, la fumée s'échappe à gros bouillons. Gaétan n'a pas envie d'assister au départ, les mouchoirs agités qui s'envolent. Après trois semaines à Istanbul, l'idée de voyager sur ce bateau lui plaît. S'isoler, penser différemment peut-être. C'est alors qu'elle apparaît. Jamais il n'a vu de visage aussi défait. Elle marche comme un somnambule. Au moment où il ouvre la porte de sa cabine, elle s'évanouit devant lui. Il la prend dans ses bras et la dépose sur le lit, se frayant un chemin parmi les bagages. Il devine un je ne sais quoi de très jeune en elle, pourtant elle a peut-être le double de son âge. Cheveux fins, visage rond, presque lunaire, une douceur asiatique dans les traits. Une savante construction de lignes, d'arrondis, en arpèges, tout autour.
Il a l'impression par son regard, sa position, d'une échappée fulgurante dans l'intimité de quelqu'un. Elle dort, le visage légèrement apaisé. Il ferme la porte, s'assoit à côté du lit. Impossible de la quitter des yeux. Les machines vrombissent. Le cargo, avec des passagers à bord, se dirige vers Marseille. Comment peut-on souffrir à ce point ? Son coeur bat régulièrement. Il lui enlève les chaussures, ramène une couverture. Est-ce que je vais dormir, dans cet état ? Se promener sur le pont, bonne idée, respirer l'air du large. Il part à regret. Le navire s'élance sur la mer de Marmara, perlée de lumières. La nuit tombe, enfin le silence. Un vent puissant, roboratif, soulève l'écume. Il est heureux dans cette solitude. Devant ses yeux, elle danse toujours. Les reflets de la lune courent sur le glacis des vagues. Il imagine les criques brûlées de soleil, l'odeur des pins, des cyprès, les crépuscules amarante et puis l'histoire, majestueuse, inscrite dans les paysages. Mais ces sensations le laissent de marbre aujourd'hui. Il retourne près d'elle.
Raymond Alcovère, début du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b
00:20 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne, istanbul
jeudi, 15 mai 2008
Appel à textes
Une nouvelle collection aux éditions Acoria
Collection Chercheurs d’Histoire
Dirigée par Anne Bourrel
Les éditions ACORIA lancent un appel à textes pour leur nouvelle collection.
Vous pouvez nous faire parvenir dès aujourd’hui
vos manuscrits de romans
liés à l’Histoire des XX et XXI siècles.
Concept : L’Histoire s’écrit, les idéologues la façonnent à leur manière, pour leur bien propre ou celui de quelques uns. L’écrivain, lui, se doit de relire ce qui a été écrit. Son individualité se glisse entre les lignes, il tisse une autre trame. Les histoires s’accrochent à l’Histoire pour nous la montrer nue et sanglante. C’est dans l’éclatante subjectivité du romancier, que l’Histoire ici se met en scène, pour que se déploie l’éventail du réel.
Cette collection propose des romans qui reviennent sur les évènements historiques qui ont façonné le vingtième siècle (et les tout débuts du vingt-et-uniè
Les romans proposés offriront aux lecteurs une très grande variété de thèmes ; de l’Histoire du Congo contemporain, jusqu’à la révolte des vignerons languedociens des années 70, en passant par le calvaire des boat people. Parfois l’auteur regardera l’Histoire avec un grand angle, parfois, il la prendra par le biais d’un évènement plus anodin. Néanmoins, la collection Chercheurs d’Histoire se situera toujours sur un mode littéraire et narratif.
• Lancement : fin 2008
• Nombre d’ouvrages à paraître par an : 4
• Responsable éditoriale : Anne Bourrel
• Illustration de couverture : Marc Na, œuvre originale
• Format : 14,5 cm x 22 cm
• Nombre de pages compris entre 170 et 300
Collection Chercheurs d’Histoire
Dirigée par Anne Bourrel
Envoyez vos manuscrits uniquement par mail à l’adresse suivante :
acoria.chercheurs.
17:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : appel à textes, éditions acoria
La Cabane trempée 2008, c'est en cours
13:09 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, la cabane trempée
Delbar Shahbaz, my world
"My painting is a kind of interpretation of my imaginative world, the unity that is filled with narratives, poems and tales. Visual elements in my works are instead of some symbolic representations .I try to represent the world that an spectator can reach the implicit peace by looking at them. The elements are submerged in the space because they are all belongs to a super mundane world. I have two different collections of my paintings: one is called “an imaginary voyage” and the other is called”the feast of angles”. As you see, both of them are nearly belonged to the eastern belief .I attend to reach kind of nature which is forgotten, the nature interpreted by eastern concepts, which is neither completely abstract nor totally earth line! The light has special divinity in eastern culture, and I do pay attention to it and Its’ effects on colors, therefore I use mostly gold color or gold leaf in my paintings .Persian miniature and Islamic painting are some subjects that I am interested in .I appreciate their courage ness in using this amount of different glittering colors beside each other, also their deep concept are admirable.
I hope my paintings can lead the spectator in this special world at least for a moment, so they will perceive the perfection of enjoyment in that instant." You can see some of my works in this site http://www.bertrandjoliet.com/shahbaz/index.htm
tel:00989123402280 Delbar Shahbaz
09:09 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : delbar shahbaz, iran, peinture
Intonations
"Nos intonations contiennent notre philosophie de la vie, ce que la personne se dit à tout moment sur les choses."
Proust
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, proust, gildas pasquet, intonation
mercredi, 14 mai 2008
De la lumière avec du noir
« Manet est plus fort que nous tous, il a fait de la lumière avec du noir. »
Manet, Clair de lune sur le port de Boulogne
22:36 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peinture, manet
Imaginer Mallarmé...
"Imaginer Mallarmé dans un embouteillage sur une autoroute. Baudelaire idem. Proust, idem. Rimbaud à Baïkonour. Céline à Shangai. Saint-Simon partout. Il s'en tire mieux. Pourquoi."
Philippe Sollers, Carnet de nuit
Mallarmé par Manet
17:46 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mallarmé, littérature, manet, sollers
Du côté des courtisans
« Le Président aime bien Catherine, assure un habitué de l’Elysée. Il voit dans ses yeux son propre reflet, ça le rassure. Il veut qu’on l’admire. Il adore les courtisans. Mais dans le fond il ne tient pas trop compte de ce qu’elle lui dit. Il reste persuadé qu’il n’a besoin de personne, qu’il s’est fait tout seul ».
13:33 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, sarkozy, pégard, courtisan
Carnet de nuit, suite...
Ce n'est pas le temps qui fuit, mais une présence éveillée dans le temps
- Nabokov: "Dans une oeuvre d'imagination de premier ordre le conflit n'est pas entre les personnages, mais entre l'auteur et le lecteur."
Philippe Sollers, Folio, 4,20 €
05:22 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, carnet de nuit, nabokov
En feuilletant le Carnet de nuit de Philippe Sollers
Si tout le monde ne prenait plus rien, rigoureusement, au sérieux, le Messie serait là dans l'heure qui suit.
- Nietzsche : Les clowns et les danseurs de corde sont les seuls acteurs dont le talent est incontesté et absolu
- Quand deux individus se désirent vraiment, le démon souffre.
©Edward Steichen, Towards the Light - Midnight, 1908, épreuve au charbon et platinotype (tiré de l'exposition : Rodin et la photographie)
00:25 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, carnet de nuit, rodin
lundi, 12 mai 2008
Sa pétulance et son espièglerie
« La haine que tant de gens sérieux ont du langage. Sa pétulance et son espièglerie, ils la remarquent ; mais ce qu’ils ne remarquent pas, c’est le bavardage à bâtons rompus et son laisser-aller si dédaigné sont justement le côté sérieux de la langue ».
Novalis
19:20 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langage, novalis
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent
"Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent."
Baudelaire
Caspar David Friedrich, Das Segelschiff, ca 1815
19:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, toi, baudelaire, friedrich
Prix d’édition poétique de la VILLE de DIJON 2009
ASSOCIATION LES POETES DE L’AMITIE
Prix d’édition poétique de la
VILLE de DIJON 2009
Délai de participation :
30 septembre 2008
Adresser 6 exemplaires d’un manuscrit en langue française ( 48 à 56 pages)
accompagnés de 3 enveloppes timbrées à votre adresse à :
Prix d’édition poétique de la Ville de Dijon
B.P.65 - 21021 Dijon Cedex
Le manuscrit primé est édité à 500 exemplaires, dont 150 sont remis au lauréat,100 mis à la disposition des Services culturels de la Mairie de Dijon, le reste servant au service de Presse et à la vente par l’Association Les Poètes de l’Amitié.
REMISE DU PRIX DANS LE CADRE
DU PRINTEMPS DES POETES EN MARS 2009
Voir également : http://des-passantes.over-blog.com/
N.B. : pour recevoir le Prix d’Edition 2008 (Sonnets de Lieux mêlés, de Laurent DESVOUX), adresser un chèque de 8 Euros – adresse ci-dessous)
Avec les remerciements du secrétaire du Prix .
Jean-Michel lévenard
25 rue Rimbaud
21000 Dijon
jean-michel.levenard@laposte.net
15:09 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie, concours, ville de dijon
samedi, 10 mai 2008
Le numéro 8 du Magazine Autour des Auteurs est en ligne
Le numéro 8 du Magazine Autour des Auteurs est en ligne ici :
http://www.autour-des-auteurs.net/magazine/new_mag.html
Littérature, arts plastiques, chroniques...
Nous cherchons des textes et des oeuvres d'arts plastiques pour les prochains numéros
Contact : Françoise Renaud renaudfran@free.fr
16:57 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : autour des auteurs, magazine
La chance, large et lent escalier
« À 10 ans, au fond du jardin, je suis ébloui par le simple fait d’être là (et pas d’être moi), dans le limité-illimité de l’espace. À 20 ans, grande tentation de suicide ; il est moins deux mais la rencontre avec Dominique (Rolin) me sauve. À 30 ans, rechute et vif désir d’en finir, mais la rencontre avec Julia (Kristeva) me sauve. À 40 ans, l’abîme : ennuis de santé de mon fils, Paradis impossible, New York dramatique, années de plomb en France. À 50 ans “bats-toi”, c’est tout ce que j’ai à me dire. À 60 ans, j’entrevois la synthèse, et, à 70, le large, avec un talisman venu de Nietzsche : “la chance, large et lent escalier ”.
Philippe Sollers, Un vrai roman, Mémoires.
12:38 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers, un vrai roman, littérature, gildas pasquet
vendredi, 09 mai 2008
La mise à égalité de tous les événements les uns par rapport aux autres
"Comment ne pas penser que le Cyclope moderne, incessant, mononucléaire, ressemble étrangement à une caméra ? La caméra enregistre sans arrêt tous les événements du monde, sans parler du fait qu'elle est là, en état de surveillance continue, pour traquer la vie des humains. Cette dévoration constante par la caméra ne va pas jusqu'à la crudité du temps d'Ulysse, à savoir qu'elle mangerait de la viande humaine. Mais enfin, c'est quand même comme cela que ça se passe, dans la mise à égalité de tous les événements les uns par rapport aux autres : cadavres et naissances, actualité de mode, publicité et bourrage de l'estomac représentatif. L'ignorance où la caméra entretient l'humanoïde de sa "proximité" me paraît flagrante. Dans les têtes fonctionne constamment une caméra, sous le signe du "je pense donc je suis", qui en réalité doit s'interpréter par "je me représente donc je crois que je suis moi" ou plus exactement "je crois que je suis ce qu'on me dit de jouer de plus en plus comme rôle".
Philippe Sollers, Guerres secrètes.
16:06 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, guerres secrètes, gildas pasquet
jeudi, 08 mai 2008
Le Logos
"Si l'acte de penser, qui est dans l'acte même d'être, ne se caractérise pas par un engagement de tout l'être, le Logos devient un os à ronger."
Philippe Sollers, Guerres secrètes, Editions Carnets Nord, 2007
Photo de Gildas Pasquet : Arôme
22:56 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers, guerres secrètes, gildas pasquet
mercredi, 07 mai 2008
Tout est rythme
"Tout est rythme. Le destin tout entier de l'homme est un rythme céleste et le dire poétique est une lutte pour la vérité. Ainsi le dieu utilise le poète comme flèche pour tirer de son arc le rythme."
Hölderlin
Bernini, Apollon et Daphné
19:02 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, rythme, hölderlin, apollon, bernini
mardi, 06 mai 2008
Cézanne, à la fin
Le vent âpre de novembre déjà l’entoure, odeur du froid qui s’insinue, feu de la terre. Cézanne, à la fin, ne peint plus que des couleurs. Un vent de folie balaye ses toiles. La couleur est le lieu où notre cerveau et l’univers se rencontrent. La lumière absolue, irradiante, déborde tout. Le dessin et la couleur ne sont plus distincts, quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude.
Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire vue des Lauves
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b
22:28 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne