mardi, 17 mars 2015
Dico de bord (extrait 22)
#Dicodebord extrait 22
Casanova (Giacomo)
Immense philosophe et écrivain. Persuadé que s’il était malheureux, c’était de sa faute, il a cherché sans relâche le bonheur, l’a trouvé et a consacré ses dernières années à raconter sa vie : « En me rappelant les plaisirs que j’ai eus, je les renouvelle, j’en jouis une seconde fois, et je ris des peines que j’ai endurées et que je ne sens plus. Membre de l’univers, je parle à l’air, et je me figure rendre compte de ma gestion, comme un maître d’hôtel le rend à son maître avant de disparaître. » Témoignage incomparable, écrit en français, langue des sages et des savants de l’Europe du 18e : « J’ai vécu en philosophe, je meurs en chrétien. » « Cultiver les plaisirs de mes sens fut dans toute ma vie ma principale affaire ; je n’en ai jamais eu de plus importante. » Il insiste sur le fait que « Son esprit et sa matière sont une seule substance. » « Le plaisir que je donnais composait toujours les quatre cinquièmes du mien ». « Rien ne pourra faire que je ne me sois amusé. » Il est vraiment un homme des Lumières, insiste sur la raison : « La raison est une parcelle de la divinité du Créateur. Si nous nous en servons pour être humbles, et justes, nous ne pouvons que plaire à celui qui nous en a fait le don. Dieu ne cesse d’être Dieu que pour ceux qui conçoivent possible son inexistence. Ils ne peuvent pas subir une plus grande punition. » Casanova, c’est sa force, est pragmatique : « Une philosophie consolante d’accord avec la religion prétend que la dépendance de l’âme, des sens, et des organes n’est que fortuite et passagère, et qu’elle sera libre et heureuse quand la mort du corps l’aura franchie de leur pouvoir tyrannique. C’est fort beau, mais, religion à part, ce n’est pas sûr. Ne pouvant donc me trouver dans la certitude parfaite d’être immortel qu’après avoir cessé de vivre, on me pardonnera, si je ne suis pas pressé de parvenir à connaître cette vérité. Une connaissance qui coûte la vie coûte trop cher. En attendant, j’adore Dieu, me défendant toute action injuste, et abhorrant les hommes injustes, sans cependant leur faire du mal. Il me suffit de m’abstenir de leur faire du bien. Il ne faut pas nourrir les serpents. » Et de citer Pline le Jeune : « Si tu n’as pas fait des choses dignes d’être écrites, écris-en du moins qui soient dignes d’être lues. » : Il l’a fait. Ce maître en stratégie a écrit aussi : « Il y a dans les grandes entreprises des articles qui décident de tout, et sur lesquels le chef qui mérite de réussir est celui qui ne se fie à personne. »
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)
22:44 Publié dans Dico de bord | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : casanova, dico de bord
mercredi, 01 février 2012
Dignes d'être lues
"Si tu n'as pas des choses dignes d'être écrites, écris-en du moins qui soient dignes d'être lues."
Casanova, Histoire de ma vie
Véronèse, le repas chez Levi, détail
00:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : casanova, veronese
dimanche, 31 juillet 2011
L'homme est libre
"L'homme est libre ; mais il ne l'est pas s'il ne croit pas de l'être, car plus il suppose de force au Destin plus il se prive de celle que Dieu lui a donnée quand il l'a partagé de raison. La raison est une parcelle de la divinité du Créateur. Si nous nous en servons pour être humbles, et justes, nous ne pouvons que plaire à celui qui nous en a fait le don. Dieu ne cesse d'être Dieu que pour ceux qui conçoivent possible son inexistence. Ils ne peuvent pas subir une plus grande punition."
Casanova, Histoire de ma vie, préface
22:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : casanova
jeudi, 22 juillet 2010
Et le vent qui souffle est toujours bon
Dans ces temps-là, les Français s'imaginaient d'aimer leur Roi, et ils en faisaient toutes les grimaces ; aujourd'hui on est parvenu à les connaître un peu mieux. Mais dans le fond les Français sont toujours les mêmes. Cette nation est faite pour être toujours dans un état de violence ; rien n'est vrai chez elle, tout n'est qu'apparent. C'est un vaisseau qui ne demande que d'aller, et qui veut du vent, et le vent qui souffle est toujours bon. Aussi un navire est-il les armes de Paris."
Casanova, Histoire de ma vie
13:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : casanova, gildas pasquet
vendredi, 26 mars 2010
Fluctuat
"Dans ces temps-là, les Français s'imaginaient d'aimer leur Roi, et ils en faisaient toutes les grimaces ; aujourd'hui on est parvenu à les connaître un peu mieux. Mais dans le fond les Français sont toujours les mêmes. Cette nation est faite pour être toujours dans un état de violence ; rien n'est vrai chez elle, tout n'est qu'apparent. C'est un vaisseau qui ne demande que d'aller, et qui veut du vent, et le vent qui souffle est toujours bon. Aussi un navire est-il les armes de Paris."
Casanova, Histoire de ma vie
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mardi, 03 juin 2008
Là-haut
"Un jour, à Paris, Casanova est à l’Opéra, dans une loge voisine de celle de Mme de Pompadour. La bonne société s’amuse de son français approximatif, par exemple qu’il dise ne pas avoir froid chez lui parce que ses fenêtres sont bien " calfoutrées ". Il intrigue, on lui demande d’où il vient : " de Venise ". Madame de Pompadour : " De Venise ? Vous venez vraiment de là-bas ? " Casanova : " Venise n’est pas là-bas, Madame, mais là-haut. " Cette réflexion insolente frappe les spectateurs. Le soir même, Paris est à lui."
13:37 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, casanova, philippe sollers
mardi, 22 mai 2007
Par l’expérience
"L’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par l’expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance car les doctes n’en forment tout au plus que la centième partie"
Casanova
18:34 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, philosophie, Casanova, Philippe Sollers
dimanche, 29 avril 2007
Bienvenue au club
"Ah l'heureux temps d'autrefois, où le président Mitterrand, me prenant à part dans un clin d'oeil, me disait qu'il était en train de lire Casanova : "Bienvenue au club", lui ai-je soufflé, à l'époque."
Philippe Sollers, Le Journal du mois, JDD du 29 avril 2007
22:02 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Mitterrand, Casanova, Philippe Sollers
samedi, 21 avril 2007
Le chef qui mérite de réussir
" Il y a dans les grandes entreprises des articles qui décident de tout, et sur lesquels le chef qui mérite de réussir est celui qui ne se fie à personne. "
21:18 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, présidentielles 2007, Casanova, Philippe Sollers
jeudi, 05 octobre 2006
Je les aime beaucoup
« Ma mère me mit au monde à Venise, le 2 avril, jour de Pâques, de l’an 1725. Elle eut la veille une forte envie d’écrevisses. Je les aime beaucoup. »
Casanova
14:09 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Casanova, littérature, écrevisse
lundi, 17 juillet 2006
Colère
« Le premier effet de la colère est précisément celui de priver l’esprit de la faculté de penser » écrit Casanova dans ses Mémoires, à propos d’une servante qui vient de se servir de trois de ses cahiers où il vient d’écrire justement ses Mémoires comme papier pour le ménage, sous prétexte que « les papiers étaient usés et griffonnés, avec même des ratures ». Casanova ajoute un peu plus loin : « J’ai cela de bon que chez moi la colère est de très peu de durée ». « J’ai pris le parti d’écrire de nouveau de mauvaise humeur, et par conséquent très mal, ce qu’étant de bonne humeur j’avais dû avoir écrit assez bien ; mais mon lecteur peut s’en consoler, car, comme les mécaniciens, il gagnera en temps ce qu’il perdra en force ».
22:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Casanova, colère