samedi, 28 juin 2008
Sur la question du corps
Une saison en enfer se termine par la phrase suivante : « Et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. » Qu’est-ce que ça veut dire : posséder la vérité dans une âme et un corps ? « Loisible », quel mot ! Et puis « posséder » ? Ah, posséder la vérité ! Comment ne pas se faire posséder ? C’est l’expérience de Dostoïevski : dans les souterrains, vous avez affaire à des possédés. Vous les laissez se demander pourquoi ils le sont. C’est à eux de trouver la réponse. J’aime ce mot-là, même argotiquement : être possédé ou non. Un style, on n’arrive pas à le posséder du dehors. Hôlderlin dit, par exemple, que le poète est un demi-dieu. Sa position est très difficile, parce que d’un côté il a affaire à la jalousie rituelle des dieux qui peuvent le rendre fou. Mais il a aussi à se défendre des mortels qui sont par rapport à lui (pour autant que ce verbe est fait de chair) dans une avidité particulière, provoquant des désirs passionnels qui peuvent aller jusqu’à la mise à mort. Alors, entre devenir fou et se faire crucifier par désir, par appropriation désirante, la voie est assez étroite, n’est-ce pas ? Le verbe fait chair est l’objet d’un violent investissement érotique, qui peut déboucher assez facilement sur le meurtre. Comme dit un libertin chez Sade : il ne faut pas que je vous désire trop, autrement vous allez y passer. Il dit cela à Juliette. Je ne vais pas vous regarder trop parce que, sinon, cela ira jusqu’au bout, je vous tuerai. Sade effraie parce qu’il dévoile, au fond, que tout corps veut la mort de l’autre. Peut-il y avoir un Éros, indépendant de la pulsion de mort, un Éros qui ne serait pas le « jumeau » de Thanatos ? Mais oui : c’est cela, le style. C’est un don, une grâce, une musique qui, au fond, n’ont rien d’humain. D’où la jalousie qu’il provoque. C’est ainsi.
Philippe Sollers, Eloge de l'infini (Interview de N. CASADEMONT)
05:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rimbaud, une saison en enfer, corps, philippe sollers, gildas pasquet
vendredi, 27 juin 2008
Un mental de résistant
« La vie ce n’est pas facile/Il faut avoir un mental de résistant »
Grand corps malade
11:17 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : slam, résistance, grand corps malade
Bling bling !
04:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : presse, nouvel obs, gauche
jeudi, 26 juin 2008
Derrière une porte de pluie
Derrière une porte de pluie
Un bruit de caresse d’étoffe arrive sur mes rives et je rêve de l’océan
Des hommes silencieux retenus depuis l’enfance
Entre eux et le feu
Une femme parle avec peine de ce qui vient
Elle cherche un sens qui l’aide à vivre
Elle aimerait arrêter cette pluie, lui indiquer un autre lieu
Un flux continu de mots l’assaille, sa voix intérieure
L’immense paysage de la mort
L’automne infini où habitent les hommes et les arbres dépourvus de sang
La pluie jaune de l’oubli
Quitter ce lieu inconnu
Elle aimerait se reposer
S’échapper là haut et s’exercer à rêver
Elle a mangé la soupe froide des morts
Derrière une porte de pluie
Une lueur d’espoir danse dans ses yeux
Sandy Bel, poète amérindienne
03:16 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, sandy bel, poésie amérindienne, gildas pasquet
mercredi, 25 juin 2008
Ferrari ! calée !
13:26 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, besancenot, ferrari
Excepté quand
"Vous savez que je hais la morale, excepté quand elle est faite par Athos."
Aramis
Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas
00:39 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dumas, morale, athos
mardi, 24 juin 2008
Si Cézanne a raison, j’ai raison
01:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, cézanne, matisse
lundi, 23 juin 2008
Bona Mangangu, d'après Van Dyck
Bona Mangangu. Etudes (une dizaine) d'après Antoine van Dyck (1599-1641). Crayon graphite et encre de Chine sur papier Kraft froissé. 1998
12:56 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, dessin, bona mangangu, van dyck
Origine du bon et du mauvais
"Seul invente l'amélioration, celui qui sait sentir : "telle chose n'est pas bonne"."
Nietzsche, Le Gai Savoir
Titien, Danaé
05:02 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, titien, nietzsche
dimanche, 22 juin 2008
Le Solitaire
"Je déteste suivre autant que conduire. Obéir ? Non ! Et gouverner, jamais ! Qui ne s'inspire pas d'effroi n'en inspire à personne, Et celui seul qui en inspire peut mener. Je déteste déjà me conduire moi-même ! J'aime comme les animaux des forêts et des mers, Me perdre pour un bon moment, M'accroupir à rêver dans un désert charmant, Et me faire revenir de loin à mes pénates, M'attirer moi-même… Vers moi."
Nietzsche, Le Gai savoir, prologue
00:47 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche, le gai savoir, gildas pasquet
samedi, 21 juin 2008
Vois
"Vois : j'ai posé sur le papier un point d'encre très
noire; ce feu sombre est l'eau même de la nuit; un
silence d'étoiles échevelées"
Roger Kowalski
00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, roger kowalski
Notre dernière reconnaissance envers l'art
Si nous n'avions pas approuvé les arts et inventé cette sorte de culte du non-vrai : la compréhension de l'universalité du non-vrai et du mensonge que nous procure maintenant la science - cette compréhension de l'illusion et de l'erreur comme conditions du monde intellectuel et sensible - ne serait absolument pas supportable. La probité aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Or, à notre probité, s'oppose une puissance contraire qui nous aide à échapper à de pareilles conséquences : l'art, en tant que consentement à l'illusion. Nous n'empêchons pas toujours notre regard d'arrondir et d'inventer une fin: alors ce n'est plus l'éternelle imperfection que nous portons sur le fleuve du devenir - alors nous nous imaginons porter une déesse, et ce service nous rend fiers et enfantins. En tant que phénomène esthétique, l'existence nous semble toujours supportable, et, au moyen de l'art, nous sont donnés l'œil et la main et avant tout la bonne conscience pour pouvoir créer, de par nous-mêmes, un pareil phénomène. Il faut de temps en temps nous reposer de nous-mêmes, en nous regardant de haut, avec le lointain de l'art, pour rire, pour pleurer sur nous; il faut que nous découvrions le héros et aussi le fou que cache notre passion de la connaissance; il faut, de-ci de-là, nous réjouir de notre folie pour pouvoir rester joyeux de notre sagesse. Et c'est précisément parce que nous sommes au fond des hommes lourds et sérieux, et plutôt encore des poids que des hommes, que rien ne nous fait autant de bien que la marotte : nous en avons besoin devant nous-mêmes - nous avons besoin de tout art pétulant, flottant, dansant, moqueur, enfantin et bienheureux pour ne pas perdre cette liberté qui nous place au-dessus des choses et que notre idéal exige de nous. Ce serait un recul pour nous de tomber tout à fait dans la morale, précisément avec notre probité irritable, et, à cause des exigences trop sévères qu'en cela nous avons pour nous-mêmes, de finir par devenir nous-mêmes des monstres et des épouvantails de vertu. Nous devons aussi pouvoir nous placer au-dessus de la morale : et non seulement nous y placer, avec la raideur inquiète de quelqu'un qui craint à chaque moment de glisser et de tomber, mais aussi pouvoir planer et jouer au-dessus d'elle! Comment pourrions-nous pour cela nous passer de l'art, nous passer des fous? - et tant que vous aurez encore honte de vous-mêmes, en quoi que ce soit, vous ne pourrez pas être des nôtres!
Nietzsche, Le Gai Savoir, livre 2
Photos : Erwin Wurm (à voir dans le cadre de "La Dégelée Rabelais" à Bagnols les bains en Lozère jusqu'au 28 septembre 2008)
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : nietzsche, erwin wurm
vendredi, 20 juin 2008
Effets et causes
"Avant l'effet on croit à d'autres causes qu'après."
Nietzsche
15:25 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nietzsche
La poésie
« L’homme propose et dispose. Il ne tient qu’à lui de s’appartenir tout entier, c’est-à-dire de maintenir à l’état anarchique la bande chaque jour plus redoutable de ses désirs. La poésie le lui enseigne. Elle porte en elle la compensation parfaite des misères que nous endurons... Il y aura encore des assemblées sur les places publiques et des mouvements auxquels vous n’avez pas espéré prendre part. »
André Breton, 1924
Delbar Shahbaz, Inside the remembrance 1, 2008
11:38 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, andré breton, delbar shahbaz
mardi, 17 juin 2008
Quant au bleu de la mer et du ciel
« Aujourd’hui j’ai encore plus travaillé : cinq toiles, et demain, je compte en commencer une sixième. Ça marche donc assez bien, quoique ce soit bien difficile à faire : ces palmiers me font damner ; et puis les motifs sont extrêmement difficiles à prendre, à mettre dans la toile ; c’est tellement touffu partout ; c’est délicieux à voir. On peut se promener indéfiniment sous les palmiers, les orangers et les citronniers et aussi sous les admirables oliviers, mais quand on cherche des motifs, c’est très difficile. Je voudrais faire des orangers et des citronniers se détachant sur la mer bleue, je ne puis arriver à les trouver comme je veux. Quant au bleu de la mer et du ciel, c’est impossible. »
Monet à Alice, le 26 janvier : Bordighera, 1884
13:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : monet
lundi, 16 juin 2008
Le 4 mars 1768
Le 4 mars 1768, en même temps que l'apparition de Antonio Vivaldi en ce monde, se produit un événement très rare : un tremblement de terre.
22:14 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique, vivaldi
Le dernier soleil de Venise
Giovanni Battista Tiepolo
Jeune femme au perroquet (1760-1761)
21:34 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art, venise, tiepolo
dimanche, 15 juin 2008
Les dieux...
"Les dieux sont des animaux indestructibles et heureux."
Epicure
Canaletto, San Cristoforo, San Michele and Murano
19:06 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : epicure, canaletto, venise
samedi, 14 juin 2008
Les tableaux de Miro
Les tableaux de Miro sont des symphonies, des hymnes à la vie. Ciel bleu, céruléen, nuages rouges. Il se voulait catalan universel. Miro, étonnant de simplicité, de clairvoyance, avouant que les mots n’étaient pas sa spécialité. Pourtant : Les choses suivent leur cours naturel. Elles poussent, elles mûrissent. Il faut greffer. Il faut irriguer, comme pour la salade. Ca mûrit dans mon esprit. Aussi je travaille toujours énormément de choses à la fois. Et même dans des domaines différents : peinture, gravure, lithographie, sculpture, céramique. Avec cette idée, de l’impression globale du tableau, qui revient. Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème. Qu’il ait un rayonnement... Plus que le tableau lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il jette en l’air, ce qu’il répand. Miro, magicien, avec son désir d’être au plus près de la vie, des objets de tous les jours, ramenant de ses promenades sur la plage de Majorque des bouts de bois, de ficelle. Il voulait un art populaire et l’avait trouvé finalement. Partout du rouge, du bleu, de l’indigo, du jaune, la passion, voilà le catalan universel.
Raymond Alcovère, Extrait du roman : "Le sourire de Cézanne", 2007, éditions N & B14:49 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, peinture, miro, raymond alcovère, le sourire de cézanne
Si haut
"Si haut qu'on monte, on finit toujours par des cendres."
Henri Rochefort
05:00 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : haut, cendres