mercredi, 10 septembre 2008
Ca saute ! ça danse !
Voilà le sommet des arbres qui disparaît, les collines qui s'abaissent ; je vois les villes comme des taches d'encre éclaboussées, les routes telles que des pattes d'insectes qui se prolongent et s'amincissent. La mer ne remue plus, elle est toute plate, on la dirait solide comme la terre, et c'est la terre au contraire qui se balance en oscillant. Je vois les pics des montagnes couverts de neige, qui se tassent les uns près des autres comme des moutons qui se rassemblent en troupeau. Ca saute ! ça danse ! L'air pèse sur ma poitrine, j'étouffe ! Le vent par grandes bouffées me donne des coups dans la figure.
La Tentation de Saint Antoine (version de 1849) Gustave Flaubert
05:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, flaubert, peinture, delbar shahbaz
mardi, 09 septembre 2008
Allez voir
Allez voir les flamants qui marchent sur des pincettes, de peur de mouiller, dans l'eau du bassin, leurs jupons roses ; les cygnes et la vaniteuse plomberie de leur col ; l'autruche, ses ailes de poussin, et sa casquette de chef de gare responsable ; les cigognes qui haussent tout le temps les épaules (à la fin, ça ne signifie plus rien) ; le marabout frileux dans sa pauvre jaquette, les pingouins en macfarlane ; le pélican qui tient son bec comme un sabre de bois, et les perruches, dont les plus apprivoisées le sont moins que leur gardien lui-même qui finit par nous prendre une pièce de dix sous dans la main.
Allez voir le yack lourd de pensées préhistoriques ; la girafe qui nous montre, par-dessus les barreaux de la grille, sa tête au bout d'une pique ; l'éléphant qui traîne ses chaussons devant sa porte, courbé, le nez bas : il disparaît presque dans le sac d'une culotte trop remontée, et, derrière, un petit bout de corde pend.
Allez donc voir le porc-épic garni de porte-plume bien gênants pour lui et son amie ; le zèbre, modèle à transparent de tous les autres zèbres ; la panthère descendue au pied de son lit ; l'ours qui nous amuse et ne s'amuse guère, et le lion qui bâille, à nous faire bâiller.
Jules Renard, Histoires Naturelles
00:12 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, jules renard, histoires naturelles
lundi, 08 septembre 2008
Réalité
« Nous accueillons facilement la réalité, peut-être parce que nous soupçonnons que rien n'est réel. »
Borges
14:31 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, borges
Les miniatures de Frédérique Azaïs-Ferri
Il y en aura mille mardi, à l'Art Café, en voici quelques unes
Place des Beaux-Arts à Montpellier, du 2 au 30 septembre 2008
Le carré décliné : "Histoires"
Vernissage mardi 9 septembre à partir de 18 H
04 67 87 54 56 / 06 87 27 62 91
03:25 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, événement, miniatures, frédérique azaïs-ferri
Journaliers
Certains visages sont une fête. Transparents, ils laissent passer l'âme. Opacité de la plupart.
Toute ma vie, j'ai aspiré à vivre davantage. La vie est l'exercice du bonheur parfait, qu'il ne s'agit pas seulement de ressentir, mais de répandre, comme une sorte de rayonnement.
Marcel Jouhandeau, Journaliers, NRF n°122, février 1963
00:18 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jouhandeau, journaliers, littérature
dimanche, 07 septembre 2008
Frédérique Azaïs-Ferri à l'Art-Café, vernissage ce mardi
Place des Beaux-Arts à Montpellier, du 2 au 30 septembre 2008
Le carré décliné : "Histoires"
Vernissage mardi 9 septembre à partir de 18 H
04 67 87 54 56 / 06 87 27 62 91
07:41 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frédérique azaïs-ferri, vernissage, carré, art, peinture abstraite
Enfin dimanche !
00:45 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dimanche
samedi, 06 septembre 2008
Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Françoise Renaud, par Hervé Pijac
Ce roman — dont le titre judicieux est tiré de l’œuvre éponyme du peintre Caspar David Friedrich — nous invite dans une quête sensible de l’absolu au travers d’un retour, parfois douloureux, sur soi-même. Il ne s’agit pas d’une autobiographie, pourtant, comme dans toute son œuvre, Françoise Renaud dévoile quelques pans de ses racines et la maîtrise de son émotivité est l’apanage des « vrais » écrivains, toujours à la recherche d’un inaccessible…
Cette fois elle se glisse dans une âme masculine.
Un homme aurait tout pour être heureux s’il n’était confronté au mal de vivre à cette période charnière de l’existence où l’on s’interroge, parfois en vain, parfois découvrant le chemin. Une rencontre avec une Cévenole va le conduire doucement à la sérénité.
Cet homme pourrait être vous, ou moi. En tout cas, je me retrouve en lui, aussi dans l’hommage rendu à cette femme à la fois guide et amie, transfigurée par la maladie et d’une grande force morale.
Que ce livre ait été récompensé du Prix Vallée Livres 2008 n’est pas le fruit du hasard. Les Cévennes y sont omniprésentes, tant dans les caractères des personnages que par la prégnance de la pierre (Il y avait le schiste à tessiture sombre, le granite en vigie, le calcaire fissuré. (…) Le schiste avait ma préférence.) et, peut-être surtout, des paysages (Ces montagnes sauvages (…) connaissent des matins d’azur et des nuits de neige, des chuchotements d’herbe et des hurlements de vent.). Tellurisme garanti, à fleur de granite.
Françoise Renaud, bretonne et géologue, nous offre l’enchantement d’un texte superbe à l’écriture épurée et d’une grande justesse, marquée de cette sensualité des mots qui lui est chère.
Éditions GabriAndre, 2008 – 16,95 €
http://www.editions-gabriandre.com
Voir ici le site de Françoise Renaud
15:44 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, critique, françoise renaud, le voyageur au-dessus de la mer de nuages
Les yeux de...
Nadine Labaki, réalisatrice et actrice du film "Caramel", 2007
08:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, yeux, caramel, nadine labaki
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (6)
Paysages de peintres : Toujours des plats d'épinards
Flaubert
Paul Cézanne. Grand Pin et Terres rouges.
1890-1895. Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).
00:26 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : flaubert, cézanne, épinards, dictionnaire des idées reçues
vendredi, 05 septembre 2008
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (5)
HOSTILITES : Les hostilités sont comme les huîtres, on les ouvre. "Les hostilités sont ouvertes". Il semble qu'il n'y a plus qu'à se mettre à table.
14:37 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : flaubert, dictionnaire des idées reçues, huître
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (4)
Avocats : ont le jugement faussé à force de plaider le pour et le contre.
Flaubert
11:42 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : flaubert, dictionnaire des idées reçues, avocat
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (3)
Exception : Dites qu'elle confirme la règle. Ne vous risquez pas à expliquer comment
Flaubert
00:24 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : flaubert, humour, dictionnaire des idées reçues, nina houzel
jeudi, 04 septembre 2008
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (2)
EPINARDS : Sont le balai de l'estomac. Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : "Je ne les aime pas, j'en suis bien aise, car si je les aimais, j'en mangerai et je ne puis pas les souffrir." (Il y en a qui trouveront cela parfaitement logique et qui ne riront pas).
Flaubert
14:32 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : flaubert, humour, dictionnaire des idées reçues
Une pensée réconfortante
Selon les astronomes modernes, l'espace est limité. Voilà une pensée très réconfortante, particulièrement pour les gens qui ne se rappellent jamais où ils ont mis les choses.
Woody Allen
13:06 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : humour, woody allen
Plutôt Michel-Ange que les gros bouddhas peinturlurés
Lire ici dans le Journal du mois de Philippe Sollers
Michel-Ange, La Tentation d'Adam et Eve, détail, la Chapelle Sixtine
00:20 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, michel-ange, philippe sollers
mercredi, 03 septembre 2008
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert
Echafaud : S'arranger quand on y monte pour prononcer quelques mots éloquents avant de mourir.
Flaubert
23:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : idées reçues, flaubert, dictionnaire
Marché de potiers à Collias
Sur les berges du Gardon, dimanche 7 septembre 2008, avec notamment la présence d'Anne Kerzeas
21:05 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, poterie, anne kerzeas
Flor de luna
Du côté de mes amis, c’était plutôt la dispersion. On avait vécu si près les uns des autres pendant des années, dans les mêmes appartements, que par un mouvement naturel sans doute, chacun avait volé de ses propres ailes. Valentin - j’avais partagé tant d’aventures avec lui - se laissait lentement envahir par l’alcool. Pourtant il en avait du talent, pour la musique, l’amitié. Un humour, une ironie mordantes. Il ne pouvait s’empêcher de regarder l’autre côté des choses. Et presque uniquement celui-là. Ce « presque » l’avait rattaché à la vie, mais pas longtemps. Un jour, à force de tutoyer le néant, il l’avait rejoint.
Parti vivre aux Pays-Bas, à son retour il n’était plus le même. Il pouvait se passer de boire, mais s’il avait le malheur de commencer, il ne s’arrêtait qu’ivre mort. Son regard si pétillant devenait hagard, il répétait les mêmes phrases, bientôt il titubait et c’était fini. Tout le temps de mon absence, il avait demandé de mes nouvelles. Et je n’en avais donné à personne. C’était terrible de le voir ainsi, à l’occasion de ses rares passages à Montpellier.
Il jouait divinement de la guitare. Quand j’entends Sampa pa ti, son morceau fétiche, je vois ses doigts courir sur le manche. Souvent, on finissait nos soirées au London Tavern. Fabrice, au piano, flottait au-dessus des événements, sourire fin à travers ses verres épais. On buvait, on parlait avec n’importe qui au London, tout était vrai, parce qu’on ne jugeait rien. Sauf dans les moments où l’alcool l’égarait, j’avais une complicité stupéfiante avec Valentin. Aujourd’hui, j’écoute Flor de luna et je pense à lui.
Raymond Alcovère, extrait d'un roman à paraître
Quant au fabuleux solo de batterie de Michael Shrieve à Woodstock, c'est là
00:25 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : en cours d'écriture, solaire, santana
mardi, 02 septembre 2008
La littérature
La littérature : un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous
Kafka
19:07 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, kafka