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samedi, 13 septembre 2008

Les amants du Spoutnik, de Haruki Murakami

51J9BGSXW2L__SL500_AA240_.jpgAu printemps de sa vingt-deuxième année, Sumire tomba amoureuse pour la première fois de sa vie. Cet amour aussi dévastateur qu'une tornade dans une vaste plaine ravagea tout sur son passage (...) L'objet de cet amour absolument mémorable était marié, avait dix-sept ans de plus que Sumire et, surtout, était une femme. C'est de là que partit toute cette histoire, et là aussi qu'elle s'acheva (ou presque). Ainsi commence "Les amants du Spoutnik, de Haruki Murakami. Voilà un écrivain qui a un ton, du rythme, et sous l'apparente légèreté, on lit plusieurs livres à la fois, un léger et drôle, l'autre profond, encore un désespéré ou cynique et l'ensemble baignant dans une atmosphère onirique. On est au Japon - un Japon qui n'apparaît presque qu'en filigrane, très irréel, ténu -, mais en même temps ailleurs, du reste l'histoire se déplace ensuite en Europe. Sumire vit hors du temps, et les deux autres personnages principaux sont toujours enveloppés dans quelque chose de plus grand qu'eux, qui les dépasse, qu'ils cherchent désespérément à comprendre, et tout l'imaginaire de l'écrivain et le nôtre se déploient. Et puis le livre bascule. On entre vraiment dans le roman, le trouble, l'inconscient des personnages ; l'écriture se fait plus précise, plus ressérée, chargée d'émotion, profonde. Les vies des trois personnages se tissent, se détissent entre elles dans un ballet étrange et envoûtant...

Extrait : "A travers l'écriture, je renouvelle quotidiennement l'affirmation de mon existence. N'est-ce pas ? Mais oui, exactement ! cela explique que j'aie rempli une quantité de pages aussi phénoménales. J'écrivais chaque jour - ou presque. Comme si je fauchais, seule, sans un instant de répit, l'herbe d'un immense pré. un jour ici, le lendemain là; mais j'avais à peine achevé le tour du champ et fauché toute l'herbe qu'elle y avait déjà repoussé aussi haut qu'avant…"

vendredi, 12 septembre 2008

Les temps de la vulgarité au pouvoir

" Politiquement et socialement, les temps qui se préparent sont ceux de la vulgarité. Demain verra le règne tout-puissant de la vulgarité, la vulgarité sera la forme moderne de la démocratie d’où le peuple — qui échappa historiquement à la vulgarité — se sera absenté. Après les siècles de pouvoir aristocratique et religieux, puis ceux du pouvoir bourgeois, les temps de la vulgarité au pouvoir. "

Alain Fleischer

Lire ici

Les Muets de Trécorbier, de Olivier Cousin

Cousin_Trecorbier.jpgVoici un thriller "à la française", j'allais dire "à la bretonne", puisque l'action se passe dans une petite île bretonne battue par les vents, et agitée par les passions humaines. On a un peu l'impression d'être dans un roman de Simenon d'ailleurs, et ses fameuses "atmosphères". A la française donc, car si le sang y coule peu, l'action se passe surtout dans les têtes, les états d'âme. Tout s'y déroule en demi-teintes, en non-dits. C'est la grande habileté de ce roman de nous faire toujours douter, hésiter, osciller entre le vrai et le faux, la folie et le bon sens ; deux versions d'une même histoire se croisent... Deux soeurs aussi qui vont aller l'une vers l'autre, à la recherche du passé. Après "L'ombre des tableaux" qui évoquait le peintre Paul Sérusier, voici un deuxième roman bien séduisant de Olivier Cousin.

Les muets de Trécorbier / Olivier Cousin. - Liv'éditions, 2005. (Liv'poche-suspense).

Le blog d'Olivier Cousin

jeudi, 11 septembre 2008

Un Ogre dans la ville, de Mireille Disdero

959739799.jpgMarseille est une ville sublime, étonnante. Onirique même. Au contraire de l'idée de ceux qui ne la connaissent que de loin, la ville qui vit naître Artaud et mourir Rimbaud est pleine de mystères, d'étrangeté. Cendrars en a parlé magnifiquement dans "L'homme foudroyé" : "Marseille, presque aussi ancienne que Rome, ne possède aucun monument. Tout est rentré sous terre, tout est secret." Mireille Disdero nous plonge dans une autre ville encore, loin de tous les clichés, tour à tour solaire et terrifiante. L'orage approchait, dans les aigus. L'orage ici c'est l'ogre. Il s'appelle Angelo. Il harcèle la narratrice, veut la dévorer, lui dévorer sa vie. Il est son double en quelque sorte. Tour à tour Marie et Angelo évoquent chacune des faces de l’histoire, la médaille et son envers. Cet ogre est un monstre affectueux et dangereux. Quelque chose bouge et se lève tout autour. Respiration haletante de fantômes sans au-delà des vies. Larmes rouges du tatoueur pour un amour de peau. Bruit des existences loin, autour, dans les rues. Battements d’ailes noires des secondes qui nous escortent. La ville s’éveille, grandit de ses tentatives sans apaisement. J’ai toujours peur.C’est une ville souvent crépusculaire, venteuse, presque vide (une atmosphère à la De Chirico) qui déroule ses méandres. Et si c’est à un suspens haletant que nous convie Mireille Disdero, rythmé par les encres de Catherine Carruggi, le vrai fil conducteur du roman c’est la poésie : Je m’allonge sur la pierre chaude, les yeux vers le ciel. J’écoute les vagues se jeter contre l’île. Shhhhhhhhuuuuuuuu… Des mouettes tournoient au-dessus de moi pour m’inviter au voyage. La lumière est presque palpable. Je la sens me toucher, m’aimer. Je suis bien. Aujourd’hui, il n’y a personne, pas un seul touriste. J’aime cet endroit. Je pense à la première fois que je suis arrivée à Marseille avec mes parents. On devait atterrir à Marignane mais l’avion est venu faire un demi-tour au-dessus de Marseille et du Frioul, en fin d’après-midi. L’ombre des ailes frôlait les vagues. Ce jour-là, j’ai été heureuse d’avoir des yeux capables de découvrir cette ville adossée à la mer. Je garde encore la marque de sa beauté, même des années après, en traversant ses quartiers aux murailles écorchées. J’aime Marseille, je l’ai dans les yeux, comme une couleur.

 Références ici

Voir aussi le blog de Mireille Disdero

La citadelle de Machaerous

lovecraft_01.jpgLa citadelle de Machaerous se dressait à l'orient de la mer Morte, sur un pic de basalte ayant la forme d'un cône. Quatre vallées profondes l'entouraient, deux vers les flancs, une en face, la quatrième au-delà. Des maisons se tassaient contre sa base, dans le cercle d'un mur qui ondulait suivant les inégalités du terrain ; et, par un chemin en zigzag tailladant le rocher, la ville se reliait à la forteresse, dont les murailles étaient hautes de cent vingt coudées, avec des angles nombreux, des créneaux sur le bord, et, çà et là, des tours, qui faisaient comme des fleurons à cette couronne de pierre, suspendue au-dessus de l'abîme. Il y avait dans l'intérieur un palais orné de portiques, et couvert d'une terrasse que fermait une balustrade en bois de sycomore, où des mâts étaient disposés pour tendre un vélarium.

Flaubert, Herodias

Philippe Druillet

mercredi, 10 septembre 2008

Tu piges Edvige ?

"Bref, écrire dans une base de données qu’un responsable patronal est gay ou qu’un imam a le cancer de la prostate, est tout a fait courant depuis près de vingt ans. Et ce genre de mentions ont été autorisés par un gouvernement socialiste. Simplement, les responsables de l’époque était un peu plus malin que les Sarko boys. Il ne l’écrivait pas en toute lettres dans un décret publié au Journal Officiel…"

Lire ici dans Backchich

Ca saute ! ça danse !

DSC07673.JPGVoilà le sommet des arbres qui disparaît, les collines qui s'abaissent ; je vois les villes comme des taches d'encre éclaboussées, les routes telles que des pattes d'insectes qui se prolongent et s'amincissent. La mer ne remue plus, elle est toute plate, on la dirait solide comme la terre, et c'est la terre au contraire qui se balance en oscillant. Je vois les pics des montagnes couverts de neige, qui se tassent les uns près des autres comme des moutons qui se rassemblent en troupeau. Ca saute ! ça danse ! L'air pèse sur ma poitrine, j'étouffe ! Le vent par grandes bouffées me donne des coups dans la figure.

La Tentation de Saint Antoine (version de 1849) Gustave Flaubert

Peinture de Delbar Shahbaz

mardi, 09 septembre 2008

Allez voir

P1010816.jpgAllez voir les flamants qui marchent sur des pincettes, de peur de mouiller, dans l'eau du bassin, leurs jupons roses ; les cygnes et la vaniteuse plomberie de leur col ; l'autruche, ses ailes de poussin, et sa casquette de chef de gare responsable ; les cigognes qui haussent tout le temps les épaules (à la fin, ça ne signifie plus rien) ; le marabout frileux dans sa pauvre jaquette, les pingouins en macfarlane ; le pélican qui tient son bec comme un sabre de bois, et les perruches, dont les plus apprivoisées le sont moins que leur gardien lui-même qui finit par nous prendre une pièce de dix sous dans la main.
P1010818.jpg Allez voir le yack lourd de pensées préhistoriques ; la girafe qui nous montre, par-dessus les barreaux de la grille, sa tête au bout d'une pique ; l'éléphant qui traîne ses chaussons devant sa porte, courbé, le nez bas : il disparaît presque dans le sac d'une culotte trop remontée, et, derrière, un petit bout de corde pend.P1010821.jpg
Allez donc voir le porc-épic garni de porte-plume bien gênants pour lui et son amie ; le zèbre, modèle à transparent de tous les autres zèbres ; la panthère descendue au pied de son lit ; l'ours qui nous amuse et ne s'amuse guère, et le lion qui bâille, à nous faire bâiller.

Jules Renard, Histoires Naturelles

Miniatures de Frédérique Azaïs-Ferri

lundi, 08 septembre 2008

Réalité

« Nous accueillons facilement la réalité, peut-être parce que nous soupçonnons que rien n'est réel. »

Borges

14:31 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, borges

Les miniatures de Frédérique Azaïs-Ferri

P1010578.jpgP1010590.jpgIl y en aura mille mardi, à l'Art Café, en voici quelques unes

Place des Beaux-Arts à Montpellier, du 2 au 30 septembre 2008

Le carré décliné : "Histoires"

Vernissage mardi 9 septembre à partir de 18 H

04 67 87 54 56 / 06 87 27 62 91

P1010575.jpgP1010551.jpgP1010553.jpg

Journaliers

GYS9lBJtDvR2.jpgCertains visages sont une fête. Transparents, ils laissent passer l'âme. Opacité de la plupart. 

Toute ma vie, j'ai aspiré à vivre davantage. La vie est l'exercice du bonheur parfait, qu'il ne s'agit pas seulement de ressentir, mais de répandre, comme une sorte de rayonnement.

Marcel Jouhandeau, Journaliers, NRF n°122, février 1963

dimanche, 07 septembre 2008

Frédérique Azaïs-Ferri à l'Art-Café, vernissage ce mardi

IMG_8088.jpgPlace des Beaux-Arts à Montpellier, du 2 au 30 septembre 2008

Le carré décliné : "Histoires"

Vernissage mardi 9 septembre à partir de 18 H

04 67 87 54 56 / 06 87 27 62 91

Voir ici

Enfin dimanche !

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00:45 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dimanche

samedi, 06 septembre 2008

Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Françoise Renaud, par Hervé Pijac

couverture.jpgCe roman — dont le titre judicieux est tiré de l’œuvre éponyme du peintre Caspar David Friedrich — nous invite dans une quête sensible de l’absolu au travers d’un retour, parfois douloureux, sur soi-même. Il ne s’agit pas d’une autobiographie, pourtant, comme dans toute son œuvre, Françoise Renaud dévoile quelques pans de ses racines et la maîtrise de son émotivité est l’apanage des « vrais » écrivains, toujours à la recherche d’un inaccessible…

 

Cette fois elle se glisse dans une âme masculine.

Un homme aurait tout pour être heureux s’il n’était confronté au mal de vivre à cette période charnière de l’existence où l’on s’interroge, parfois en vain, parfois découvrant le chemin. Une rencontre avec une Cévenole va le conduire doucement à la sérénité.

Cet homme pourrait être vous, ou moi. En tout cas, je me retrouve en lui, aussi dans l’hommage rendu à cette femme à la fois guide et amie, transfigurée par la maladie et d’une grande force morale.

 

Que ce livre ait été récompensé du Prix Vallée Livres 2008 n’est pas le fruit du hasard. Les Cévennes y sont omniprésentes, tant dans les caractères des personnages que par la prégnance de la pierre (Il y avait le schiste à tessiture sombre, le granite en vigie, le calcaire fissuré. (…) Le schiste avait ma préférence.) et, peut-être surtout, des paysages (Ces montagnes sauvages (…) connaissent des matins d’azur et des nuits de neige, des chuchotements d’herbe et des hurlements de vent.). Tellurisme garanti, à fleur de granite.

Françoise Renaud, bretonne et géologue, nous offre l’enchantement d’un texte superbe à l’écriture épurée et d’une grande justesse, marquée de cette sensualité des mots qui lui est chère.

Éditions GabriAndre, 2008 – 16,95 €

http://www.editions-gabriandre.com

Voir ici le site de Françoise Renaud

 

Les yeux de...

18765071_w434_h_q80.jpgNadine Labaki, réalisatrice et actrice du film "Caramel", 2007

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (6)

cezanne_regard.jpgPaysages de peintres : Toujours des plats d'épinards

Flaubert

Paul Cézanne. Grand Pin et Terres rouges.
1890-1895. Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).

vendredi, 05 septembre 2008

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (5)

HOSTILITES : Les hostilités sont comme les huîtres, on les ouvre. "Les hostilités sont ouvertes". Il semble qu'il n'y a plus qu'à se mettre à table.

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (4)

Avocats : ont le jugement faussé à force de plaider le pour et le contre.

Flaubert

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (3)

P8240225.jpgException : Dites qu'elle confirme la règle. Ne vous risquez pas à expliquer comment

Flaubert

Photo de Nina Houzel

jeudi, 04 septembre 2008

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (2)

EPINARDS : Sont le balai de l'estomac. Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : "Je ne les aime pas, j'en suis bien aise, car si je les aimais, j'en mangerai et je ne puis pas les souffrir." (Il y en a qui trouveront cela parfaitement logique et qui ne riront pas).

Flaubert