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mercredi, 23 mars 2022

Hugo Baudelaire versus Pinard

275995917_10159963540933670_2487127493408362787_n.jpgVictor Hugo, exilé, écrit à Charles Baudelaire qui vient d'être condamné par le procureur Pinard.
« J’ai reçu, Monsieur, votre noble lettre et votre beau livre. L’art est comme l’azur, c’est le champ infini. Vous venez de le prouver. Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. Continuez. Je crie bravo de toutes mes forces à votre vigoureux esprit. Permettez-moi de finir ces quelques lignes par une félicitation. Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu’il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu’il appelle sa morale. C’est là une couronne de plus.
Je vous serre la main, poète. »

mercredi, 23 février 2022

Un livre

Victor HugoVous êtes à la campagne, il pleut, il faut tuer le temps, vous prenez un livre, le premier livre venu, vous vous mettez à lire ce livre comme vous liriez le journal officiel de la préfecture ou la feuille d’affiches du chef-lieu, pensant à autre chose, distrait, un peu bâillant. Tout à coup vous vous sentez saisi, votre pensée semble ne plus être à vous, votre distraction s’est dissipée, une sorte d’absorption, presque une sujétion, lui succède, vous n’êtes plus maître de vous lever et de vous en aller. Quelqu’un vous tient. Qui donc ? ce livre.

Un livre est quelqu’un. Ne vous y fiez pas.

Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dévident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraîne, telle ligne subjugue. Les idées sont un rouage. Vous vous sentez tiré par le livre. Il ne vous lâchera qu’après avoir donné une façon à votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout à fait transformés.

Victor Hugo, "Du Génie", Proses philosophiques de 1860-65

20:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo

samedi, 20 mars 2021

Changer le cours de nos vies

Les adieux, 1981, Miro.jpg« Et puis, il y a ceux que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie. »
Victor Hugo
Miro, Les adieux, 1981

17:38 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, miro

mardi, 11 août 2020

Intuition

«©Darusz Klimczack.jpg C’est parce que l’intuition est surhumaine qu’il faut la croire, c’est parce qu’elle est mystérieuse qu’il faut l’écouter, c’est parce qu’elle semble obscure qu’elle est lumineuse. »
Victor Hugo
Photo : Darusz Climczack

dimanche, 24 mars 2019

Les mots

Sōichirō TOMIOKA(富岡惣一郎 Japanese, 1922-1994)Trees.jpg"Les mots manquent aux émotions."
Victor Hugo
Photo : Soichiro Tomioka

 

lundi, 02 mars 2015

Dico de bord (extrait 11)

1865_70.jpg#‎Dicodebord‬ extrait 11
Hugo (Victor)
Booz endormi et À Villequier contiennent des trésors ; souffle poétique, puissance, grand style. Et puis Hugo, quel panache ! Dès 1851, il pressent le danger que représente Louis Napoléon Bonaparte : « Quoi ? Après Auguste, Augustule ! Quoi ! Parce que nous avons eu Napoléon le Grand, il faut que nous ayons Napoléon le Petit ! ». Le coup d’Etat du 2 décembre confirme ses craintes, l’armée tire aveuglément sur la foule. Banni, il quitte la France pour Jersey, et en rajoute une couche : « Le fleuve humain en marche, la vague française en avant, la civilisation, le progrès, l’intelligence, la révolution, la liberté, il a arrêté cela un beau matin, purement et simplement, tout net, ce masque, ce nain, ce Tibère avorton, ce néant ! » Il reviendra en vainqueur. À vingt ans, il s’était jeté dans la ferveur romantique : « Je serai Chateaubriand ou rien », et finira grand-père de la Nation. Il écrivait debout, on peut voir son bureau Place des Vosges à Paris. Il a noirci des milliers de pages, avec un incroyable facilité ; ici dans Océan : « L’équinoxe commence à traverser notre ciel et notre mer avec ses splendeurs et ses furies. Il pleut du rayon et de l’ouragan ; l’immensité et la terre, le soleil et l’océan, la nuée et l’écume ne font qu’un paysage ; paysage violent, féroce, charmant, lumineux, ténébreux, inouï. Il ne fait pas jour le jour et il ne fait pas nuit la nuit. On dirait que le bon Dieu consulte Rembrandt sur les horizons qu’il me fait. J’habite le plus magnifique des clairs obscurs. » Ou encore : « J’ai dans l’âme une fleur que nul ne peut cueillir » ou dans Booz endormi : « Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle / Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala/ L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle / Les anges y volaient sans doute obscurément/ Car on voyait passer dans la nuit, par moment/ Quelque chose de bleu qui paraissait une aile. » Un peu plus loin : « Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth / Les astres émaillaient le ciel profond et sombre / Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre/ Brillait à l'occident, et Ruth se demandait/ Immobile, ouvrant l'œil à moitié sous ses voiles/ Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été/ Avait, en s'en allant, négligemment jeté/ Cette faucille d'or dans le champ des étoiles. » Et ceci, dans les Proses philosophiques : « Vous êtes à la campagne, il pleut, il faut tuer le temps, vous prenez un livre, le premier livre venu, vous vous mettez à lire ce livre comme vous liriez le Journal officiel de la préfecture ou la feuille d’affiches du chef-lieu, pensant à autre chose, distrait, un peu bâillant. Tout à coup vous vous sentez saisi, votre pensée semble ne plus être à vous, votre distraction s’est dissipée, une sorte d’absorption, presque une sujétion, lui succède, vous n’êtes plus maître de vous lever et de vous en aller. Quelqu’un vous tient. Qui donc ? Ce livre. Un livre est quelqu’un. Ne vous y fiez pas. Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dévident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraîne, telle ligne subjugue. Les idées sont un rouage. Vous vous sentez tiré par le livre. Il ne vous lâchera qu’après avoir donné une façon à votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout à fait transformés. » On lui pardonne : « Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit. » Et on apprécie : « Il sortit de la vie comme un vieillard en sort. » Il a inspiré un amour fou à Juliette Drouet qui écrivit : « Je suis trop heureuse qu’il daigne me rendre malheureuse. »
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)

lundi, 11 août 2014

Aquarium

"Le rêve est l'aquarium de la nuit."

Victor Hugo

21:54 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : victor hugo

dimanche, 26 octobre 2008

Vous êtes à la campagne, il pleut,

Vous êtes à la campagne, il pleut, il faut tuer le temps, vous prenez un livre, le premier livre venu, vous vous mettez à lire ce livre comme vous liriez le journal officiel de la préfecture ou la feuille d’affiches du chef-lieu, pensant à autre chose, distrait, un peu bâillant. Tout à coup vous vous sentez saisi, votre pensée semble ne plus être à vous, votre distraction s’est dissipée, une sorte d’absorption, presque une sujétion, lui succède, vous n’êtes plus maître de vous lever et de vous en aller. Quelqu’un vous tient. Qui donc ? ce livre.

Un livre est quelqu’un. Ne vous y fiez pas.

Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dévident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraîne, telle ligne subjugue. Les idées sont un rouage. Vous vous sentez tiré par le livre. Il ne vous lâchera qu’après avoir donné une façon à votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout à fait transformés.

Victor Hugo, "Du Génie", Proses philosophiques de 1860-65

jeudi, 05 avril 2007

Un vieillard en sort

Il sortit de la vie comme un vieillard en sort

Victor Hugo, Les Burgraves,1843