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samedi, 27 décembre 2008

Le jour va se lever

flora.jpgLe jour va se lever, je vais aller prendre un café Galleria Umberto I, histoire de croire encore un peu à la réalité. Bruits de réveil dans la ville. La “madrugada”, le meilleur moment de  la journée. L’air du matin a toujours cette saveur  particulière, crépitement de bruits, enfants qui pleurent, vaisselle qui teinte. Dans les bassi, les lumières clignotent. L’odeur de la nuit est encore là, stagnante, fraîcheur de la mer, proche, rassurante. Dans le dédale des rues, le jour s’est insinué, furtif. Les vaguelettes roulent les galets sur la plage, dans un bruit d’osselets.  Premières salves de klaxons, ronflements de moteurs, rythmés par les cloches des églises, de loin en loin. Pour quelques minutes encore la ville a cet aspect irréel, magique de la vie engourdie. Tout est encore informe, en devenir.

Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman

Flora (ou Primavera), fresque du 1er siècle issue de la Villa Arianna, Stabies, Italie
peinture murale, 39 x 32 cm

Les Noces de Cana bis

Cana0.jpgCalembour extrait de Paradis, de Philippe Sollers, et Véronèse, Les Noces de Cana, détail

vendredi, 26 décembre 2008

Les derniers travaux de Jacki Maréchal

A voir ici

Avant Turner il n'y avait pas de brume sur la Tamise

turner_g.jpgEt un amical bonjour à JLK chez qui j'ai trouvé cette phrase de Oscar Wilde !

jeudi, 25 décembre 2008

Longtemps je suis resté

2221.jpgLongtemps je suis resté sans pouvoir, sans savoir peindre la Sainte-Victoire, parce que j'imaginais l'ombre concave, comme les autres qui ne regardent pas, tandis que, tenez, regardez, elle est convexe, elle fuit de son centre. Au lieu de se tasser, elle s'évapore, se fluidise. Elle participe toute bleutée à la respiration ambiante de l'air. Comme là-bas, à droite, sur le Pilon du Roi, vous voyez au contraire que la clarté se berce, humide, miroitante. C'est la mer… Voilà ce qu'il faut rendre. Voilà ce qu'il faut savoir. Voila le bain de science, si j'ose dire, où il faut tremper sa plaque sensible. Pour bien peindre un paysage, je dois découvrir d'abord les assises géologiques. Songez que l'histoire du monde date du jour où deux atomes se sont rencontrés, où deux tourbillons, deux danses chimiques se sont combinées. Ces grands arcs-en-ciel, ces prismes cosmiques, cette aube de nous-mêmes au-dessus du néant, je les vois monter, je m'en sature en lisant Lucrèce. Sous cette pluie fine je respire la virginité du monde. Un sens aigu des nuances me travaille. Je me sens coloré par toutes les nuances de l'infini. A ce moment-là, je ne fais plus qu'un avec mon tableau. Nous sommes un chaos irisé. Je viens devant mon motif, je m'y perds. Je songe, vague. Le soleil me pénètre sourdement, comme un ami lointain, qui réchauffe ma paresse, la féconde. Nous germinons. Il me semble, lorsque la nuit redescend, que je ne peindrai et que je n'ai jamais peint. Il faut la nuit pour que je puisse détacher mes yeux de la terre, de ce coin de terre où je me suis fondu. Un beau matin, le lendemain, lentement les bases géologiques m'apparaissent, des couches s'établissent, les grands plans de ma toile, j'en dessine mentalement le squelette pierreux. Je vois affleurer les roches sous l'eau, peser le ciel. Tout tombe d'aplomb. Une pâle palpitation enveloppe les aspects linéaires. Les terres rouges sortent d'un abîme. Je commence à me séparer du paysage, à le voir. Je m'en dégage avec cette première esquisse, ces lignes géologiques. La géométrie, mesure de la terre. Une tendre émotion me prend. Des racines de cette émotion monte la sève, les couleurs. Une sorte de délivrance. Le rayonnement de l'âme, le regard, le mystère extériorisé, l'échange entre la terre et le soleil, l'idéal et la réalité, les couleurs ! Une logique aérienne, colorée, remplace brusquement la sombre, la têtue géométrie. Tout s'organise, les arbres, les champs, les maisons. Je vois. Par taches. L'assise géologique, le travail préparatoire, le monde du dessin s'enfonce, s'est écroulé comme dans une catastrophe. Un cataclysme l'a emporté, régénéré. Une nouvelle période vit. La vraie ! Celle où rien ne m'échappe, où tout est dense et fluide à la fois, naturel. Il n'y a plus que des couleurs, et en elles de la clarté, l'être qui les pense, cette montée de la terre vers le soleil, cette exhalaison des profondeurs vers l'amour. Le génie serait d'immobiliser cette ascension dans une minute d'équilibre, en suggérant quand même son élan. Je veux m'emparer de cette idée, de ce jet d'émotion, de cette fumée d'être au-dessus de l'universel brasier. Ma toile pèse, un poids alourdit mes pinceaux. Tout tombe. Tout retombe sous l'horizon. De mon cerveau sur ma toile, de ma toile vers la terre. Pesamment. Où est l'air, la légèreté dense ? Le génie serait de dégager l'amitié de toutes ces choses en plein air, dans la même montée, dans le même désir. Il y a une minute du monde qui passe. La peindre dans sa réalité ! Et tout oublier pour cela. Devenir elle-même. Etre alors la plaque sensible. Donner l'image de ce que nous voyons, en oubliant tout ce qui a paru avant nous.

Joaquim Gasquet, Cézanne

mercredi, 24 décembre 2008

Premières phrases célèbres

Je hais les voyages et les explorateurs.

Claude Levi-Strauss, Tristes Tropiques

Le "Homère" de la peinture

Llile2004Rubens.jpgAinsi parlait Delacroix de Rubens

00:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peiture, rubens

mardi, 23 décembre 2008

Comme un homme nu au milieu de gens habillés

kafka.jpg« Nous sommes tous en apparence capables de vivre parce que nous avons eu un jour ou l’autre recours au mensonge, à l’aveuglement, à l’enthousiasme, à l’optimisme, à une conviction ou à une autre, au pessimisme ou à quoi que ce soit. Mais lui est incapable de mentir, tout comme il est incapable de s’enivrer. Il est sans le moindre refuge, sans asile. C’est pourquoi il est exposé, là où nous sommes protégés. Il est comme un homme nu au milieu de gens habillés."

Milena, lettre à Max Brod

lundi, 22 décembre 2008

Oui l'heure nouvelle est au moins très sévère

cavalier_polonais.jpgOui l'heure nouvelle est au moins très sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.


Rimbaud, Une Saison en enfer

Rembrandt, Le Cavalier polonais

A propos de ce tableau :

Le tableau a été découvert en 1897 en Pologne, plus de deux siècles après sa création, sans que l’on sache l’histoire de ce tableau entre temps, ni qui est l’énigmatique cavalier...

Lire ici

dimanche, 21 décembre 2008

Ce que l'on devient

bagua.gifMon idée  - qui était aussi celle de Michel Foucault dans ses tout derniers textes - c'est que l'on écrit moins pour savoir qui l'on est que ce que l'on devient ; ma conviction c'est que l'enjeu d'un livre c'est moins d'être soi, de se rejoindre, de coïncider avec sa vérité, ses ombres, l'éternel enfant en soi et autres idioties du même tonneau, que de se changer, de devenir quelqu'un de différent de celui qu'on était avant de commencer et que la croissance même du livre a rendu obsolète et inintéressant.

Bernard Henri-Lévy, Ennemis publics, p 39

samedi, 20 décembre 2008

Etincelle d'or de la lumière nature

DanaeJanGossaert.jpgEnfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature

Rimbaud

Danae, Jan Gossaert, 1527

Qui fut Jan Gossaert ? Un acteur important de la vie artistique dans l'essor de la Renaissance dans les Pays-Bas, une peintre de talent qui fut au service des Princes et notamment de Philippe de Bourgogne. Gossaert est un personnage historique puisqu'il fut le premier peintre à faire le voyage à Rome dans le but de copier des antiques. Et l'on sait combien cette pratique d'apprentissage eut la vie longue dans les siècles qui ont suivi. On connait parfois mieux Gossaert sous son pseudonyme, celui de Mabuse, cependant les détails sur sa vie privée sont laconiques. Hormis ce voyage, on connait peu de choses sur lui et il demeure un mystère dans l'histoire de l'art.

Source le Blog-Art

vendredi, 19 décembre 2008

Chant de guerre parisien

verlaine_par_courbet.jpgLa Grand’ville a le pavé chaud,
Malgré vos douches de pétrole,
Et décidément, il nous faut
Vous secouer dans votre rôle...

J’ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. je commence de suite par un psaume d’actualité 

Rimbaud, Chant de guerre parisien, Charleville, 15 mai 1871. à Paul Demeny

Verlaine par Courbet

jeudi, 18 décembre 2008

Le désespéré

sarkozy-courbet-300x197.jpg

18:58 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sarkozy, courbet, peinture, humour

Un écrivain sans corps ?

1868_Gustave_Courbet_-_The_Source_(Detail).jpgVoici un texte bien étrange de Eric Chevillard dans l'Autofictif :

L’écrivain était mieux préparé que quiconque à vivre dans les mondes virtuels d’Internet. Il avait ses songes, ses personnages. Il a maintenant des amis et des correspondants dans cette sphère idéale. Il se passe très bien des corps, du frottement rugueux du réel, de ses contrariétés, de ses contretemps. Il peut enfin être à la fois visible et invisible, présent et absent. Son monde se dématérialise. Il se meut dans le cristal liquide comme poisson dans l’eau.

Se passer des corps ? Est-ce encore de l'écriture ?

Gustave Courbet

mercredi, 17 décembre 2008

Appel à textes et à créations graphiques

A830webgi.jpgPour le prochain numéro du Magazine Autour des auteurs, comme d'habitude, propositions à faire parvenir à Françoise Renaud renaudfran@free.fr

Ici, Oeuvre de Jacki Maréchal

mardi, 16 décembre 2008

Appel à la défense du pluralisme

Rue89 s’est associé à plusieurs autres médias indépendants -le site Mediapart, les magazines Le Nouvel Observateur, Marianne et Les Inrockuptibles- pour lancer un appel commun contre les projets du gouvernement en matière de médias.

Lire ici et signer la pétition

Enfance

DSC07807.JPGCette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la fable, mexicaine et flamande ; son domaine, azur et verdure insolents, court sur des plages nommées, par des vagues sans vaisseaux, de noms férocement grecs, slaves, celtiques.
À la lisière de la forêt les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, la fille à lèvre d'orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.

Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer ; enfantes et géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés jeunes mères et grandes sœurs aux regards pleins de pèlerinages, sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses.
Quel ennui, l'heure du "cher corps" et "cher cœur".

Rimbaud, Illuminations, Enfance I

Delbar Shahbaz, childhood,

size:135-180cm
mixmedia
ringlet tree

lundi, 15 décembre 2008

Bertrand Joliet expose à Gazeran

C'est en région parisienne, vernissage vendredi 19 décembre à 19 H, infos ici

Poèmes de Sandy Bel

Joan_miro.jpgDoux vent

Imprégné du levant

 

La nuit

Est-elle finie ?

 

La ville comme une bête noyée

Sommeille 

Dans l’immense corbeille

Un chat retient la vie

D’une souris

Prête à s’échapper

 

  

                  ****

 

  

Hier

Dans l’île

Ce n’était pas possible

Maintenant

Je suis imaginaire

 

Les derniers rayons de soleil

Surtout ceux qui dérivent

Avec le vent

Et arrivent

A ma fenêtre

 

Certains, pas tous.
S’arrêtent

Et se projettent

 

Sur mon corps

En me transfigurant

 

Un instant

De silence

Ils me font belle

Comme dans un conte de fée

 

Et je prends cette chance

Sans remords

 

Heureuse j’avale une étoile

Exilée du ciel

Sandy Bel, poète amérindienne

Joan Miro

dimanche, 14 décembre 2008

Internet et le livre

A lire ici sur PileFace un entretien avec Robert Darnton sur la numérisation du livre et ses conséquences possibles