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mardi, 10 janvier 2017

La paresse

felix valloton

mardi, 14 avril 2009

Fâcheries

Alexandre_Dumas_fils_by_Vallotton.jpg"Tout homme qui a décidé que l'autre est un imbécile, un mauvais gars, se fâche quand l'autre montre enfin qu'il ne l'est pas."

Nietzsche, Humain trop humain

 Felix Valloton, Alexandre Dumas fils

dimanche, 15 mars 2009

aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre

53331_1210009972.jpg"J'ai écrit des récits. Le récit m'est indispensable pour atteindre indirectement à la poésie. C'est la poésie que je cherche, c'est-à-dire la création de fictions, tirées du plus profond de l'âme et dont la vie fictive, observée, analysée avec soin, me permette d'étudier et de connaître cette âme elle-même, par cette sorte de reflet.
Or pour que ces reflets soient bien vivants, pour qu'ils s'animent, il faut mettre l'âme en présence de ces points magnétiques du monde qui, par leurs radiations, excitent le plus intensément les puissances intérieures : la terre, les bêtes, le vent, l'eau, le feu, l'air, certaines créatures privilégiées, intermédiaires étranges entre nous et l'inconnu.
C'est la quête des secrets. Or que nous laissent supposer ces secrets multiples, sinon que tout se tient, que tout voit, que tout communique, que tout a un sens, et qu'on erre à ne pas croire en cette unité de la vie ; bien plus que vie et mort sont deux branches d'un même tronc, et que finalement tout aboutit à l'unité de l'être, qui, lui-même, fondu dans le non-être, est mystérieusement contenu par Dieu. Tout mythe poétique est un mythe religieux.
Chercher à travers ces secrets, découvrir les communications invisibles au commun c'est aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre
."

Henri Bosco - Lettre à Jean Steinmann, Pentecôte 1948, in "Jean Steinmann, Littérature d'hier et aujourd'hui" - Desclée de Brouwer, 1963.

Felix Valloton, Maisons et roseaux

dimanche, 25 janvier 2009

La Recherche du temps présent

zoom_valloton.jpgLongtemps, je me couche de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se ferment si vite que je n’ai pas le temps de me dire: Je m’endors. Et, une demi-heure après, la pensée qu’il est temps de chercher le sommeil m’éveille; je veux poser le volume que je crois avoir encore dans les mains et souffler ma lumière; je ne cesse pas en dormant de faire des réflexions sur ce que je viens de lire, mais ces réflexions prennent un tour un peu particulier; il me semble que je suis moi-même ce dont parle l’ouvrage: une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survit pendant quelques secondes à mon réveil; elle ne choque pas ma raison mais pèse comme des écailles sur mes yeux et les empêche de se rendre compte que le bougeoir n’est plus allumé. Puis elle commence à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure; le sujet du livre se détache de moi, je suis libre de m’y appliquer ou non; aussitôt je recouvre la vue et je suis bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demande quelle heure il peut être; j’entends le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrit l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.

Marcel Proust # Arno Calleja

Arno Calleja traduit La Recherche du Temps Perdu au temps présent.

Felix Valloton, Environs de Cagnes, le soir