mercredi, 20 janvier 2010
L'autre versant du monde
Françoise Renaud publie avec L'autre versant du monde son onzième roman, sans doute un des plus forts et des plus aboutis. Son écriture a encore gagné en maturité, en sobriété, en profondeur. C'est l'histoire d'un couple et de son voyage en Inde. Lui, a l'habitude d'y aller pour son travail. Pour elle, c'est une découverte, et cette découverte ira bien au-delà de ce qu'elle imaginait. Car là-bas, tout est différent : "L'Inde était isolée de l'Asie et du reste du monde par une sorte de mur jailli des jungles entre Baloutchistan et Haute-Birmanie." "L'expérience d'un tel continent ne peut se transmettre par le récit, la photographie ou le reportage. Il s'agit d'une expérience de la chair, forte et intime." C'est bien ce que va vivre ce couple et qui nous est raconté ici avec finesse, sans tricherie, porté par une écriture qui gagne en densité dirait-on, au fur et à mesure de l'avancée du roman. "L'expérience indienne ressemble davantage à un butin extorqué dans la fièvre qu'à un gain mérité dans la mesure où elle se nourrit directement de la foule, de l'observation des ombres assises sur leurs talons contre les façades ou couchées à l'abri des colonnades, au beau milieu des champs de terre, ombres revêtues de cendres et investies des souffrances de leurs parents et de leurs aïeux, parfois dansant au gré des violons qui se plaignent en des tessitures si aiguës qu'ils donnent à frissonner aux personnes qui n'en ont pas l'habitude, décrivant l'éternelle blessure des vivants."
L’AUTRE VERSANT DU MONDE, roman (CLC Éd., 2009)
Illustration : "L'enfant à la chemise bleue", Frédéric Plumerand, huile sur toile, 2007
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jeudi, 10 décembre 2009
L'autre versant du monde, de Françoise Renaud
Françoise Renaud publie avec L'autre versant du monde son onzième roman, sans doute un des plus forts et des plus aboutis. Son écriture a encore gagné en maturité, en sobriété, en profondeur. C'est l'histoire d'un couple et de son voyage en Inde. Lui, a l'habitude d'y aller pour son travail. Pour elle, c'est une découverte, et cette découverte ira bien au-delà de ce qu'elle imaginait. Car là-bas, tout est différent : "L'Inde était isolée de l'Asie et du reste du monde par une sorte de mur jailli des jungles entre Baloutchistan et Haute-Birmanie." "L'expérience d'un tel continent ne peut se transmettre par le récit, la photographie ou le reportage. Il s'agit d'une expérience de la chair, forte et intime." C'est bien ce que va vivre ce couple et qui nous est raconté ici avec finesse, sans tricherie, porté par une écriture qui gagne en densité dirait-on, au fur et à mesure de l'avancée du roman. "L'expérience indienne ressemble davantage à un butin extorqué dans la fièvre qu'à un gain mérité dans la mesure où elle se nourrit directement de la foule, de l'observation des ombres assises sur leurs talons contre les façades ou couchées à l'abri des colonnades, au beau milieu des champs de terre, ombres revêtues de cendres et investies des souffrances de leurs parents et de leurs aïeux, parfois dansant au gré des violons qui se plaignent en des tessitures si aiguës qu'ils donnent à frissonner aux personnes qui n'en ont pas l'habitude, décrivant l'éternelle blessure des vivants."
L’AUTRE VERSANT DU MONDE, roman (CLC Éd., 2009)
Illustration : "L'enfant à la chemise bleue", Frédéric Plumerand, huile sur toile, 2007
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dimanche, 01 novembre 2009
Age de pierre, un inédit de Françoise Renaud
Cet endroit, elle l’a déniché en amont du campement établi sur la rivière depuis la dernière lune. Progression lente dans l’entrelacs des écorces, à revers du torrent. Et puis, du bord où le soleil se couche, la vasque naturelle sous les aulnes — il faut la connaître pour la trouver.
Toujours une odeur de cervidé.
La frondaison d’un arbre tombé en travers protège des remous. Et là, elle s’accroupit, se penche vers l’eau, grimace. Dans le miroir d’argent, se dessine le contour tremblant de sa tête, sa bouche ouverte pareille à celle du poisson. Ni algue ni écume. L’eau coule depuis les branches, droit sous le pan de ciel, elle a la couleur de mercure.
Mawh chef du clan ignore où Zoa se trouve. Mawh porte un arc à l’épaule, carquois dans son dos. Hier il a guilloché ses pointes de flèches et a composé pour Zoa un collier en plumes de rapace.
Françoise Renaud © - 2 mars 2009
Photo de Barbara Heide
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mercredi, 15 avril 2009
Printemps à fréquenter, un inédit de Françoise Renaud
Regarde, mon fils, regarde autour de toi.
N’est-il pas magnifique, ce pays qui se laisse désirer —qui ne se livre qu’au fil d’une vie —, pays de lande qui connaît des saisons violentes à cause du vent, à cause de l’eau — l’eau de la pluie ou bien l’eau de la mer —qui frappe déferle ronge remplit fractures et trous de lapin, pays de broussaille égayée aux prémisses d’avril par les fleurs de l’ajonc.
Vanillée la senteur qui monte sitôt qu’on se penche, esprit du lieu sans doute, arbustes métronomes à l’écoute du temps disposés à tous les sacrifices.
Regarde, mon fils, et fréquente ce printemps.
Il va t’apprendre le ciel aux vastes nuées changeantes, mais comment tout ça peut-il être si beau ? Impensable, vraiment… presque trop… nous sommes toujours si occupés. N’oublie jamais mon fils, qu’un jour arrive où il ne nous reste plus qu’un seul et unique printemps et qu’on ne le sait pas, toutes saisons confondues brusquement derrière soi affûtant l’indescriptible issu de l’enfance, le reléguant au rang de regret.
Mais il suffit de marcher pour que la pensée s’éclaire et se remplisse du gras des choses.
Après moi tu continueras d’emprunter le sentier des douaniers, à moins que ta vie ne s’abrège — mais il ne faut pas penser à ça, à la mort de l’enfant avant soi —, et l’air te parlera de tes aïeux, de leur tempérament taciturne et de leur souffrance à gagner leur pitance. Ils ont bien existé, tu peux en être sûr. Leurs bras étaient durs comme le rocher, leurs barbes aussi grises que le schiste. Ils regardaient les falaises, fixaient depuis leurs champs le liséré scintillant de l’océan. Et la côte vibrait comme un appel, symbolisant l’inaccessible.
Va mon petit, marche et respire le parfum de vanille.
Tu croiseras des lapins, verras les cyprès plier et les murailles s’effriter sous les coups de boutoir des hivers.
Va mon enfant, mon seul et unique enfant.
C’est aussi ton pays, ton corps, ta chair minérale. Et il se dessinera à travers ton sommeil des constellations d’or et d’écume jusque là jamais décrites dans les livres, une sorte de bagage — à l’inverse du fardeau —, ton plus bel héritage.
06:44 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : inédit, françoise renaud
dimanche, 05 octobre 2008
Lecture concert de Françoise Renaud
Vendredi 10 octobre 2008, au Centre Culturel International de MUSIQUE SANS FRONTIERES
Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages : lecture concert
Françoise Renaud : textes et voix
Isabelle Toutain : harpe
Frédéric Tari : compositions et violon
Entrée libre et gratuite
09 54 58 74 18
00:15 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lecture concert, françoise renaud
dimanche, 14 septembre 2008
Françoise Renaud à Frontignan
Une lecture-concert aura lieu à Montpellier le vendredi 10 octobre autour de ce même Voyageur avec Isabelle Toutain à la harpe & Frédéric Tari au violon et au ténor électrique.
01:48 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : litérature, événement, françoise renaud, frontignan, lecture
samedi, 06 septembre 2008
Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Françoise Renaud, par Hervé Pijac
Ce roman — dont le titre judicieux est tiré de l’œuvre éponyme du peintre Caspar David Friedrich — nous invite dans une quête sensible de l’absolu au travers d’un retour, parfois douloureux, sur soi-même. Il ne s’agit pas d’une autobiographie, pourtant, comme dans toute son œuvre, Françoise Renaud dévoile quelques pans de ses racines et la maîtrise de son émotivité est l’apanage des « vrais » écrivains, toujours à la recherche d’un inaccessible…
Cette fois elle se glisse dans une âme masculine.
Un homme aurait tout pour être heureux s’il n’était confronté au mal de vivre à cette période charnière de l’existence où l’on s’interroge, parfois en vain, parfois découvrant le chemin. Une rencontre avec une Cévenole va le conduire doucement à la sérénité.
Cet homme pourrait être vous, ou moi. En tout cas, je me retrouve en lui, aussi dans l’hommage rendu à cette femme à la fois guide et amie, transfigurée par la maladie et d’une grande force morale.
Que ce livre ait été récompensé du Prix Vallée Livres 2008 n’est pas le fruit du hasard. Les Cévennes y sont omniprésentes, tant dans les caractères des personnages que par la prégnance de la pierre (Il y avait le schiste à tessiture sombre, le granite en vigie, le calcaire fissuré. (…) Le schiste avait ma préférence.) et, peut-être surtout, des paysages (Ces montagnes sauvages (…) connaissent des matins d’azur et des nuits de neige, des chuchotements d’herbe et des hurlements de vent.). Tellurisme garanti, à fleur de granite.
Françoise Renaud, bretonne et géologue, nous offre l’enchantement d’un texte superbe à l’écriture épurée et d’une grande justesse, marquée de cette sensualité des mots qui lui est chère.
Éditions GabriAndre, 2008 – 16,95 €
http://www.editions-gabriandre.com
Voir ici le site de Françoise Renaud
15:44 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, critique, françoise renaud, le voyageur au-dessus de la mer de nuages
lundi, 28 juillet 2008
Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages, de Françoise Renaud
Voir la présentation du livre ici
« La vie d’un homme ressemble à celle de la montagne. L’événement qui arrive noie les précédents dans le chaos, remanie les matériaux tout en les entraînant vers l’abîme. Mais un jour tout remonte à la surface. » La montagne que raconte le dernier livre de Françoise Renaud est la Cévenne, terre rude et sensuelle en même temps, massive et tendre, fermée en apparence mais où les cœurs s’ouvrent si fort. C’est l’histoire d’un homme aussi qui remonte le cours de sa vie et des ses amours. « Auprès d’Hélène, la matière du souffle se faisait plus dense, l’espace se tendait comme une voile au vent. » « Ce n’était pas qu’Hélène me remplissait les veines de feu et m’inspirait des sentiments inédits, non, c’était seulement que sa présence révélait en moi une vie secrète. » Et dans la vie de cet homme, la découverte du tableau de Friedrich : « Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages » va jouer un rôle clé. « Chez Friedrich, toujours des transparences et des lumières surnaturelles, du minéral déchiqueté : parois diaclasées, chaos, abîmes, sommets inaccessibles avec personnages minuscules dominés par la puissance des événements terrestres. » On se laisse d’abord envoûter par la beauté du style de l’écrivain, son amplitude, la sensualité et la pudeur qui en émanent, puis par la finesse des notations psychologiques. Françoise Renaud a le don d’alterner les phrases longues et belles avec des énoncés courts et concis qui arrêtent la lecture et imposent la réflexion, un peu comme la vie finalement faite de longs moments creux et de satoris fulgurants.
Editions GabriAndre, prix Vallélivre Cévennes 2008
00:10 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le voyageur au-dessus de la mer de nuages, françoise renaud, critique, cévennes
jeudi, 17 juillet 2008
Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages
Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Françoise Renaud, a obtenu le Prix 2008 du Manuscrit Régional VALLEELIVRES Cévennes.
Extrait :
Le deuxième trimestre était largement entamé quand je revis par hasard Virginia au bar de Jacquelin.
Elle paraissait changée, son visage amaigri, sa peau ternie. Dans l'instant où elle avait franchi le seuil du bar, j'avais cru qu'elle me cherchait des yeux, raison pour laquelle j'avais levé le bras pour lui faire signe. Lentement elle avait marché vers moi, alors j'avais vu combien elle était changée.
Je rentrais d'une excursion à l'île de Groix avec mes camarades de maîtrise, aussi j’entrepris de lui raconter la pointe des Chats, les litages fins et plissés des schistes étonnamment bleus. Bleus à cause du glaucophane. Oui, le glaucophane : un minéral abyssal qui donnait idée de ce qui arrivait quand l'écorce terrestre rencontrait le plancher océanique, un minéral engendré sous de très hautes pressions qui témoignait de chevauchements anciens. J'assurais que sa couleur était inimitable, proche de l'indigo des robes de désert, proche des lavandes du plein été. À la fois marin et végétal. Elle n'avait jamais entendu ce nom-là. Pour conclure elle affirma que je ne manquais pas de talent pour conter les histoires.
En vérité j'étais fou, fou d'avoir découvert les roches à glaucophane et fou de la revoir, persuadé que le premier événement avait suscité l'autre.
Souvent j’avais guetté sa silhouette au sein de la marée d'étudiants qui franchissait le seuil du restaurant, mais jamais ne l'avais aperçue. Chaque fois j’avais refoulé ma déception. Et maintenant j'avais envie de le lui avouer quand, brusquement, elle proposa de sortir dans le parc. L'air lui manquait.
La pluie était tombée une bonne partie de la matinée et les végétaux dégageaient encore des odeurs de tempête. Tout de même, on sentait que le vent du nord était en train de rentrer, que le ciel lentement s'abandonnait à ses courants indécis.
Nous nous assîmes sur un muret à proximité de la bibliothèque.
Les gouttes géantes suspendues aux branches d'arbre au-dessus de nos têtes tremblaient. Parfois chutaient dans nos cheveux.
Quel prix accorder à ces secondes où nous avions les yeux posés sur le même ciel ? Il était plombé comme après un naufrage, pourtant la clarté grandissait à mesure que le vent se précisait, nimbait nos corps et nos visages d’un halo blanc. Tout le reste de la vie aurait pu se dérouler à l'aune de cette clarté, du moins en avoir la saveur : moi assis près d'elle à frôler sa manche, le vent en train de naître, l’imperceptible frémissement du monde après la pluie.
Peut-être que c'était ça le bonheur.
08:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : françoise renaud, le voyageur au-dessus de la mer de nuages
mercredi, 05 mars 2008
Assis sur la falaise
19:53 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françoise renaud, frédéric tari
dimanche, 02 mars 2008
Assis sur la falaise
Mardi 4 mars 2008 à 19 H, théâtre de Clermont-l'Herault, allées Roger Salengro, entrée libre, présentation de Assis sur la falaise : fugue musicale et textuelle en cinq mouvements, intime et bouleversante, que Françoise Renaud et Frédéric Tari nous présente après une période de répétitions au Théâtre avec Laurent Dhume.
La représentation sera suivie d'un apéritif à partager avec les artistes.
Merci de confirmer votre venue au 04 67 96 31 63 ou par mail reserv.theatredeclermont@wanadoo.fr
00:09 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, clermont-l'herault, françoise renaud
mercredi, 20 février 2008
Lecture concert, Assis sur la falaise
Mardi 4 mars 2008, à 19 H, à Clermont l'Hérault, entrée libre
Ecriture et voix : Françoise Renaud
Compositions et violon : Frédéric Tari
Mise en scène : Laurent Dhume
04 67 96 31 63
19:50 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lecture concert, Littérature, Françoise Renaud
vendredi, 23 novembre 2007
Lecture concert "en voyage"
19:17 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Françoise Renaud, Frédéric Tari