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jeudi, 17 juillet 2008

Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages

couverture.jpgLe Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Françoise Renaud, a obtenu le Prix 2008 du Manuscrit Régional VALLEELIVRES Cévennes.

Extrait : 

Le deuxième trimestre était largement entamé quand je revis par hasard Virginia au bar de Jacquelin.

Elle paraissait changée, son visage amaigri, sa peau ternie. Dans l'instant où elle avait franchi le seuil du bar, j'avais cru qu'elle me cherchait des yeux, raison pour laquelle j'avais levé le bras pour lui faire signe. Lentement elle avait marché vers moi, alors j'avais vu combien elle était changée.

Je rentrais d'une excursion à l'île de Groix avec mes camarades de maîtrise, aussi j’entrepris de lui raconter la pointe des Chats, les litages fins et plissés des schistes étonnamment bleus. Bleus à cause du glaucophane. Oui, le glaucophane : un minéral abyssal qui donnait idée de ce qui arrivait quand l'écorce terrestre rencontrait le plancher océanique, un minéral engendré sous de très hautes pressions qui témoignait de chevauchements anciens. J'assurais que sa couleur était inimitable, proche de l'indigo des robes de désert, proche des lavandes du plein été. À la fois marin et végétal. Elle n'avait jamais entendu ce nom-là. Pour conclure elle affirma que je ne manquais pas de talent pour conter les histoires.

En vérité j'étais fou, fou d'avoir découvert les roches à glaucophane et fou de la revoir, persuadé que le premier événement avait suscité l'autre.

Souvent j’avais guetté sa silhouette au sein de la marée d'étudiants qui franchissait le seuil du restaurant, mais jamais ne l'avais aperçue. Chaque fois j’avais refoulé ma déception. Et maintenant j'avais envie de le lui avouer quand, brusquement, elle proposa de sortir dans le parc. L'air lui manquait.

La pluie était tombée une bonne partie de la matinée et les végétaux dégageaient encore des odeurs de tempête. Tout de même, on sentait que le vent du nord était en train de rentrer, que le ciel lentement s'abandonnait à ses courants indécis.

Nous nous assîmes sur un muret à proximité de la bibliothèque.

Les gouttes géantes suspendues aux branches d'arbre au-dessus de nos têtes tremblaient. Parfois chutaient dans nos cheveux.

Quel prix accorder à ces secondes où nous avions les yeux posés sur le même ciel ? Il était plombé comme après un naufrage, pourtant la clarté grandissait à mesure que le vent se précisait, nimbait nos corps et nos visages d’un halo blanc. Tout le reste de la vie aurait pu se dérouler à l'aune de cette clarté, du moins en avoir la saveur : moi assis près d'elle à frôler sa manche, le vent en train de naître, l’imperceptible frémissement du monde après la pluie.

Peut-être que c'était ça le bonheur.

Commentaires

C'est vraiment très joliment écrit.

Écrit par : marie | jeudi, 17 juillet 2008

J'ai eu le plaisir de rencontrer Françoise Renaud chez Dom l'animateur de l'atelier d'écriture Alpha, et là je revois son visage, mais aussi son rayonnement...que les mots lus ici materialisent. Très agréable moment de lecture. Merci Raymon de ton partage. Hélène O.

Écrit par : Hélène | vendredi, 18 juillet 2008

C'est fort bien écrit et donne envie d'en avoir plus. Merci de nous proposer ce livre.

Écrit par : ariaga | samedi, 19 juillet 2008

absolument , et le thème aussi est très intéressant

Écrit par : lam à l'eau | dimanche, 20 juillet 2008

Les commentaires sont fermés.