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lundi, 02 février 2009

Zazie

zazie2.jpgDans le métro bien sûr !

21:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : queneau, zazie, louis malle

Piero le fou

0212-0018_der_tod_adams_detail.jpgRien de plus apaisant que les fresques de Piero della Francesca. Comme Cézanne, il a poursuivi un chemin solitaire, sans chercher la gloire ni la protection d’hommes influents, préférant l’œuvre aux intrigues du monde. Reste la plénitude, un sentiment d’éternité. Personne n’a imprimé à ses personnages autant de grâce, de sérénité sur les visages, jamais on n’a pu lire une telle absence d’anxiété jusque dans les scènes de violence, de guerre.

Visages proches de ceux de Cézanne d’ailleurs, hiératiques, paisibles. L’acte de voir ne se détermine pas à partir de l’œil mais à partir de l’éclaircie de l’être, cette phrase de Heidegger, Léonore la met en exergue de son livre.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007, n & b éditions

PIERO DELLA FRANCESCA ; LE DECES D'ADAM ; DETAIL

dimanche, 01 février 2009

Le cabinet de curiosités de Eric Poindron

Un nouveau blog à découvrir ici

Débranche !

Internet partout, tout le temps : et si on se débranchait  : lire ici

Ou, en musique, là !

Les Variations Goldberg

cezanne_1897.jpgLe soleil caresse les toits. Les rayons bas traversent le studio. L’artiste décompose puis recompose le monde. Volume, éclairage, couleurs, forme, les éléments s’assemblent dans un ordre amoureux.

Comme dans les Variations Goldberg, les lignes mélodiques sautillent, s’avancent, mordent l’une sur l’autre, se déchirent, s’entrechoquent, reviennent au point de départ, plus tout à fait les mêmes, puis s’envolent comme des sinusoïdes ou des parallèles, à ne jamais se rejoindre.

 Les couleurs chez Cézanne se parlent, lancent des cris, des injures parfois, ensuite douceur, repos. L’ensemble est réconcilié. On a vu d’abord une mer en furie, le déchaînement des éléments, flux et reflux de l’ombre et du soleil. Une multitude de plans apparaissent, des ouvertures, des contrechamps. Une résonance, un abîme, des passerelles.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007, n & b éditions

Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire, 1897-98

Les Variations Goldberg, extrait ici

samedi, 31 janvier 2009

300 000 km/s

monet-pont-argenteuil.jpgmonet_selfpor_.jpgC'est la vitesse de la lumière, c'est bien ce qu'avait compris Claude Monet, "l'oeil sublime"

Le Pont d'Argenteuil et autoportrait

vendredi, 30 janvier 2009

Tout a lieu maintenant

1455_piero_della_francesca_dream.jpgPiero della Francesca, Le Songe de Constantin

jeudi, 29 janvier 2009

Provocation ?

hotel-fouquets-barriere-1.jpgJT de 20 heures ce soir sur France 2. Après les reportages sur les manifestations, comment vivre avec 900 euros aujourd'hui, interviewes diverses ; un peu après, arrive un reportage sur les palaces parisiens qui pourront enfin afficher 5 étoiles et non plus seulement 4. Soulagement des propriétaires, on visite la suite impériale, 11 000 euros la nuit, interview d'un jeune client : "je me sens ici comme chez moi"...

A vendre : pays pauvres

Au moment où de graves émeutes secouent Madagascar, où 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et où le président vient d'acheter un deuxième appareil "Air Force 1" (coût : 60 millions de dollars) pour ses déplacements, il est bon de rappeler ce qui s'est passé en fin d'année dernière :

"Début novembre, la Corée du Sud vient de frapper un grand coup en raflant la moitié - vous avez bien lu : la moitié ! - des terres arables de Madagascar "

Lire ici, et

Le nerf de la guerre

Jean-Antoine-Watteau-L-Indifferent-The-Casual-Lover-.jpgJe lis ces temps-ci les Mémoires de Saint-Simon. Il n’y a rien de plus urgent, à mon avis, à lire aujourd’hui. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi. Ouvrez n’importe quel volume, et vous allez être absolument passionné par la description de l’époque. Je ne parle pas de ceux qui imitent Saint-Simon pour décrire aujourd’hui la situation politico-mondaine dans laquelle nous sommes plongés, je parle de Saint-Simon lui-même. Et si vous lui aviez dit, au duc de Saint-Simon : « Alors, vous faites de la littérature, vous êtes écrivain ? », il vous aurait regardé avec un air de profonde stupéfaction : « Écrivain ? je ne suis pas écrivain ! » Il s’excuse même de son style, alors que c’est le plus brillant qui ait jamais existé en français, le plus remarquable, le plus pointu… « Je n’ai jamais su être un sujet académique, je n’ai jamais pu me défaire d’écrire rapidement. Je ne comprends pas ce que vous dites, je ne suis pas écrivain, je suis le duc de Saint-Simon, j’écris mes Mémoires. De la littérature ! Mais de quoi parlez-vous ? J’écris la vérité, la vérité à la lumière du Saint-Esprit. » Là, tout à coup, le concept de littérature explose. Nous pénétrons dans ce que le langage peut dire à un moment comme vérité. La vérité pour Saint-Simon, c’est quelque chose de tout à fait saisissant : tout est mensonge, corruption, chaos, la mort est là toutes les trois pages, les intrigues n’arrêtent pas, c’est un brasier de complots, l’être humain a l’air de passer comme une ombre, attaché à tout ce qu’il peut y avoir de plus sordide, de plus inquiétant. Lisez, par exemple, son portrait du duc d’Orléans, et vous serez saisi d’admiration. Vous êtes devant quelque chose qu’un universitaire vous dira être de la littérature et, évidemment, c’est tout autre chose: c’est une position métaphysique très particulière, quelqu’un qui écrit en fonction de ce qu’il veut dire comme vérité.
Philippe Sollers, extrait de "La littérature ou le nerf de la guerre", lire ici en entier

Watteau, L'indifférent

mercredi, 28 janvier 2009

Rassurant ?

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Fragments d'histoires

p5MVi7.jpgSalon Créativa, Parc des Expositions de Montpellier, du 29 janvier au 1 février, de 10 H à 19 H

Frédérique Azaïs-Ferri

04 67 87 54 56

06 87 27 62 91

Vernissage vendredi 30 janvier, de 17 H à 19 H précises

mardi, 27 janvier 2009

La Fontaine de jouvence

CalvetRogniatcochetchatsouriceaumini.jpgQuand je suis fatigué de mauvais langage, de français lourd, empesé, bref quand tout va mal, je m'administre un bain de jouvence avec les Fables de La Fontaine ; à mon sens, c'est un des sommets de notre langue, personne n'a été aussi précis et percutant à la fois...
Ici (merci Gazelle !) ce sont des illustrations qui replongeront peut-être certains comme moi dans de lointains souvenirs...

Mais les textes eux, dont d'une fraîcheur exceptionnelle !

lundi, 26 janvier 2009

En boucle

Kandinsky1_large.jpgCe qu’il y a de beau et de terrible, désormais, dans le Spectacle généralisé, c’est sa plasticité immédiate. Vous n’êtes jamais sûr d’avoir vu ce que vous avez vu, ni entendu ce que vous avez entendu. Le Spectacle est à la fois puissamment réel, permanent, passé, irréel, de plus en plus virtuel, et malgré tout réel. Hier est déjà très loin, demain a déjà eu lieu, tout se remplace et s’efface. Exemple : vous dites « Gaza », mais s’est-il vraiment passé quelque chose à Gaza ? Vous dites « Fatah », « Hamas », « Hezbollah », mais que recouvrent ces noms, quelle est leur signification profonde ? Vous dites : j’ai vu des ruines, des cadavres, des linceuls à répétition, des visages égarés de souffrance, et puis j’ai entendu des hurlements, des cris, des sirènes, des bombardements, mais ces morts existent-ils, ces bombardements ont-ils eu lieu ? Oui, aucun doute, mais tout disparaît aussitôt pour recommencer. Le film vous est diffusé en boucle, vous l’avez déjà vu, mais ça continue.

Philippe Sollers, Journal du Mois, janvier 2009, lire la suite ici

Kandinsky

dimanche, 25 janvier 2009

La Recherche du temps présent

zoom_valloton.jpgLongtemps, je me couche de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se ferment si vite que je n’ai pas le temps de me dire: Je m’endors. Et, une demi-heure après, la pensée qu’il est temps de chercher le sommeil m’éveille; je veux poser le volume que je crois avoir encore dans les mains et souffler ma lumière; je ne cesse pas en dormant de faire des réflexions sur ce que je viens de lire, mais ces réflexions prennent un tour un peu particulier; il me semble que je suis moi-même ce dont parle l’ouvrage: une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survit pendant quelques secondes à mon réveil; elle ne choque pas ma raison mais pèse comme des écailles sur mes yeux et les empêche de se rendre compte que le bougeoir n’est plus allumé. Puis elle commence à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure; le sujet du livre se détache de moi, je suis libre de m’y appliquer ou non; aussitôt je recouvre la vue et je suis bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demande quelle heure il peut être; j’entends le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrit l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.

Marcel Proust # Arno Calleja

Arno Calleja traduit La Recherche du Temps Perdu au temps présent.

Felix Valloton, Environs de Cagnes, le soir

 

samedi, 24 janvier 2009

La Comtesse de Chinchon

Condesa_de_chinchon.jpgElle est là, dans un fauteuil dont elle ne sortira plus, dans sa robe de taffetas blanche, juste posée dans la soie, petit bout de soulier en bas, comme si elle tirait la langue. Duex bagues, des bras, un coude, une drôle de petite plante verte sur la tête. Ce n'est pas la duchesse d'Albe, dont la nudité peut encore faire rêver des adolescents avisés, mais une curieuse poule aristocratique, à la bêtise inébranlable et sympathique, vive, aigüe, méchante, innocente (petits yeux noirs lumineux tournés vers la gauche). Elle se laisse prendre par son peintre dont elle ignore absolument le génie, il entre dans son bonnet de dentelle, sa nacre, sa chasteté fade, bouclée. Cette comtesse va vieillir très vite, elle ressasse déjà les platitudes de son temps, elle va rejoindre les vieilles sorcières venimeuses et macabres, mais, pour l'instant, elle est sauvée par les conventions, le protocole. Que serait-elle aujourd'hui ? Une petite-bourgeoise, peut-être ministre. Là, elle vaut beaucoup, et elle ne vaut rien. Elle resplendit de son rien.

Goya, La Comtesse de Chinchon

Sollers, Les Voyageurs du temps

vendredi, 23 janvier 2009

Le mot "commission"

Dans mes souvenirs d'enfance, ce mot évoquait "une course", au sens très large, "faire une commission", ou "des commissions", il y avait aussi cette expression "je lui ferai la commission" qui évoquait plutôt le service rendu simple et gratuit. Les années passant, je me suis rendu compte que ce mot renvoyait la plupart des gens à une transaction financière, un pourcentage ou un bénéfice pris, signe des temps sans doute...

10:43 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : humeur, commission

Le doute

FrancisPicabia.jpgComment identifier le doute avec certitude ?

Raymond Devos

Francis Picabia

jeudi, 22 janvier 2009

L'Arétin et le Tintoret

museo_thyssen_g_764_173.jpgEn rentrant par la place des Prêcheurs, les peintres défilent dans sa tête. Greco, l’émotion brute ; corps, visages étirés, tendus par la douleur, une forme d’humanité rarement atteinte. Vélasquez, Les Menines, phénoménal tableau, le plus extraordinaire de tous peut-être, et La Vénus au miroir, sa sensualité absolue, lisse, froide, brûlante. Rembrandt, ses autoportraits, l’ironie, la nature est une splendeur d’ironie. Caravage, les corps taillés, sculptés par la lumière. Poussin, l’harmonie ; là tout est résumé, compris, entré dans la peinture. Rubens, la perpétuité colorée du sang, écrira Cézanne. Fragonard, l’exaltation, le désir. Delacroix, le feu, la passion. Picasso, à lui seul tout le XX ème siècle, ses chocs, ses ruptures. Et Titien, si fascinant ; talent inouï de coloriste, énergie et raffinement, longévité hors du commun, et son art de déjouer tous les pièges, sa vie durant ; le seul devant qui Charles Quint se soit baissé, pour ramasser ses pinceaux. Et il était l’ami de l’Arétin.

Raymond Alcovère, extrait du roman : Le Sourire de Cézanne

La Rencontre entre L'Arétin et le Tintoret


« On faisait circuler à Venise un sonnet injurieux pour le petit teinturier, qui résolut aussitôt d'imposer silence aux langues venimeuses.

Un jour qu'il aperçut l'Arétin dans les environs de la place Saint-Marc, Jacopo l'aborda poliment, et le pria de venir jeter un coup d'oeil sur ses ouvrages et lui donner une heure de séance, disant qu'il voulait faire d'un personnage si célèbre un portrait au crayon.

L'Arétin, entraîné par tant de courtoisie, et pensant que le jeune peintre n'avait pas connaissance du sonnet, se laissa conduire à San-Luca.

A peine entré dans l'atelier, il vit son hôte fermer la porte avec soin, courir vers un trophée d'armes, en décrocher une dague fort pointue, et s'avancer l'arme au poing.

Jacques Robusti portait bien son nom : ses épaules carrées, sa taille haute, ses bras nerveux, sa mine énergique et l'épaisse forêt de cheveux qui se dressait sur sa large tête, lui donnaient l'apparence d'un athlète solide et de mauvaise rencontre pour un homme qui l'avait offensé.


L'Arétin se repentit trop tard de son imprudence.

— Eh ! Seigneur Robusti, s'écria-t-il en changeant de visage, que voulez-vous faire de cette dague ?

— Tenez-vous droit et ne bougez pas, lui dit brusquement le Tintoret, sans quoi je ne réponds de rien.

L'Arétin, tremblant de tous ses membres, vit Jacopo s'approcher de lui, et le toiser des pieds à la tête avec la dague.

—Vous avez, poursuivit le peintre, deux fois et demie la longueur de cette lame. Ne fallait-il pas, pour faire de vous un portrait exact, que j'eusse la mesure de votre personne ?

Voilà qui est fini; mais n'oubliez pas que, s'il vous arrive de m'insulter dans vos sonnets, je prendrai avec cette dague la mesure de votre coeur et de vos entrailles.

A présent, asseyez-vous dans ce fauteuil, et causons ensemble sans nous fâcher, pendant que je mettrai sur ce papier le visage effaré de votre seigneurie.


Depuis ce moment, l'Arétin ne prononça jamais le nom du Tintoret, et s'abstint de blâme aussi bien que de louange.

Mais la coterie du Titien et de ses amis demeura toujours hostile à Jacques Robusti ; c'est pourquoi il eut l'avantage sur son rival, sinon par le talent, du moins par le caractère.

Jamais le Tintoret ne cessa de professer une égale admiration pour le Titien et Michel-Ange, comme l'attestaient ces deux noms inscrits dans son atelier, pour rappeler aux jeunes gens les deux grands modèles que, selon lui, tout peintre ambitieux se devait proposer.

Cet hommage et cette justice n'apaisèrent point ses ennemis; et lorsque Sansovino acheva les belles portes de bronze de la sacristie de Saint-Marc, il y plaça, parmi ses figurines gracieuses, les têtes de l'Arétin et du Titien à côté de la sienne, et il oublia celle du Tintoret, dont, assurément, le voisinage n'eût point fait tort aux trois autres.

Au contraire, Jacques Robusti, dans ses compositions, se plut, avec une généreuse obstination, à reproduire souvent la figure du grand maître, dont il ne put jamais adoucir la rancune. »


Paul de Musset - Voyage en Italie

mercredi, 21 janvier 2009

La laitière

goya-la-laitiere-de-bordeaux580.jpgLa laitière de Bordeaux est un tableau fascinant. On sait qu’à l’époque, de jeunes paysannes venaient des environs apporter du lait en ville. Celle-ci est donc venue, sans doute chaque matin, chez Goya. Elle apparaît recueillie, incurvée, absorbée, nacrée, sur fond de ciel irisée. Elle est très brune et très solide, c’est une annonciation avec ciboire de lait moussant qu’elle apporte, vache sacrée, à son vieux bébé de peintre déjà sourd. Elle est vierge, bien entendu, mais divisée par cette grande avancée de jambes et de cuisses cachées. Attention, très attentive, sérieuse, presque sauvage dans sa tournée. C’est un ange, le ciel l’envoie, comme un caprice de lumière, au milieu des désordres de la guerre, des cauchemars, des tortures, des vampires, des vieilles sorcières édentées. C’est l’éternel retour de la duchesse d’Albe, à l’aube, qu’on a connue autrefois très nue ou très habillée. Elle ne fait que passer chez ce demi-fou, exilé espagnol qu’elle aime, de même que les femmes brunes, d’instinct, n’ont pas manqué de repérer ce jeune Allemand que l’on dit poète. Du vin, du lait.

Extrait de "Les Voyageurs du temps"

Goya, La laitière de Bordeaux