mardi, 24 mars 2009
La nature du roman
La nature du roman, si elle était connue, les romans seraient écrits par des fonctionnaires. Les thèmes des romans seraient enregistrés sur logiciel, les romans composés par ordinateur. La nature du roman est inconnue. Elle fuit sous l'esprit de celui qui écrit le roman comme la femme fuit, tout en s'abandonnant aux mains de son amant, tandis que sa propre imagination divague. La nature du roman est l'absence. Le roman n'est pas seulement mobile, il est mouvant, il se transforme en même temps qu'il se déroule, il ignore à jamais le prochain mot. La nature du roman est l'infini. Le roman est l'autobiographie en acte. Le romancier est une création de chaque instant. Il dit « Je » pour mentir. Il s'affirme homme et femme, ange et monstre, jeune homme et vieillard. Il meurt autant de fois qu'il faut. Il aime infatigablement. La nature du roman est le sexe. Le roman est un acte sexuel. La nature du roman est une femme rousse, dans une salle obscure, qui convoite un acteur de cinéma. « Tout à l'heure, chez moi, Lexington Avenue. » Elle ferme les yeux et s'enfonce les ongles dans les paumes. La nature du roman est un vieil homme, assis sur un pliant, la nuque protégée du soleil par un mouchoir, qui regarde, immobile, le paysage poussiéreux. Il boit une orchiatta, que lui apporte un jeune garçon de café, en qui il croit vaguement se reconnaître, et tirant de sa poche un carnet, il tente de noter un souvenir qui vient de lui traverser l'esprit. Sa main tremble. La nature du roman est la guerre entre le désir et la mémoire, entre l'écriture et le temps. La nature du roman est l'impossible.
Pierre Bourgeade, La nature du roman (Pauvert, 1993, p. 18-19)
00:40 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, pierre bourgeade
lundi, 23 mars 2009
Pour mon pote Joan-Pau
"Quand les mots ne sont pas assez beaux, la langue d'oc les pare."
Colette
20:55 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue d'oc, joan-pau, colette
Givre
Givre. « Quand je répète ce mot scintillant, il me semble que je mords dans une pelote de neige crissante, une belle pomme d’hiver façonnée par mes mains. » : Colette.
20:44 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : colette, givre
Où chante la mer
« Pour moi, tel mot suffit à recréer l’odeur, la couleur des heures vécues, il est sonore et plein et mystérieux comme une coquille où chante la mer. »
Colette
19:41 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : colette
Tout l'été
C'est pourtant un sujet battu et rebattu, mais Mathieu Lindon s'en sort très bien dans ce En enfance. 111 tableaux ou saynètes qui racontent avec un mélange de détachement et d'intimisme. Du léger au tragique, de la traversée du mal au plaisir de la sensation, tout est raconté de cette enfance qui ressemble à la nôtre (Mathieu Lindon est né en 1955). Le kaléidoscope est réussi ; finalement, de cet anodin, de ce particulier, page après page se dessinent des lignes de force, toute une vie, tout un monde, et c'est peut-être ça la littérature.
Ce qu'il trouve de plus joli dans la fable est "tout l'été" qu'il comprend dans le moindre détail, qui a un lien avec sa propre vie et qu'il lui arrive d'employer hors poésie : "Je vais me baigner tout l'été", "Je vais jouer tout l'été", "Je n'irais pas à l'école tout l'été."
Mathieu Lindon, En enfance, éditions P.O.L. 2009
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mathieu lindon, en enfance, enfance
dimanche, 22 mars 2009
In a bluesy way
15:45 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jimmy hendrix, red house
samedi, 21 mars 2009
Le grand pow woh de la lumière
La neige vint cet hiver-là, en brouillard qui apaise les contours. La mer était grise, grise et blanche. Des nuées de mouettes voletaient en rangs serrés au dessus de l'eau. Quelques pas derrière, les flamants, suspendus, jetaient des taches roses sur le vert des étangs. Je marchais de longues heures jusqu'à la cathédrale de Maguelone. Les étangs offraient leur placidité sauvage, le silence retenu de ce qu'était le rivage autrefois, maintenant oublié, à peine ridé par le vent du Nord. Puis arrivait un soleil éclatant, avec les passants, incongrus, lointains dans ce décor de couleurs. Le grand pow woh de la lumière.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur
Courbet, La mer à Palavas
00:15 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
vendredi, 20 mars 2009
Lisbonne, par Marie Genty
Lisbonne, dans l’Alfama, mai 2007, Marie Genty
11:43 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lisbonne, marie genty
Visages
« Si je perdais ma bibliothèque, j’aurais toujours le métro et l’autobus. Un billet le matin, un billet le soir et je lirais les visages. »
Marcel JOUHANDEAU
Marc CHAGALL
00:15 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel jouhandeau, marc chagall
jeudi, 19 mars 2009
Une rondelle ne fait pas le printemps mais...
05:57 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : musique, john lennon, instant karma
Même un refus d'éditeur peut être beau !
D'un éditeur japonais du début du XX ème, ici résumé :
"Votre texte est absolument magnifique, seulement, il est d'une telle qualité que nous ne pourrions plus publier d'autres textes, bien entendu insignifiants au regard du vôtre. Ceci signifierait la fin de notre maison d'édition et notre faillite. Pour ces raisons, nous nous voyons dans la regrettable obligation de refuser votre si beau texte, pour le bien de nos familles"
00:20 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : edition, refus d'éditeur
mercredi, 18 mars 2009
Le temps de la dérision
"M. de Lapalisse, grand humoriste, concluait qu'à force de ne rien prendre au sérieux on prend au sérieux le rien... Nous y sommes !"
Lire ici l'avis, fort intéressant, d'un éditorialiste très sérieux : Claude Imbert
Jeff Koons à Versailles
02:23 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claude imbert, jeff koons
mardi, 17 mars 2009
Lisez des livres et vous verrez, ils vous le rendront bien !
Ma nouvelle devise, écrite ici là-haut, trouvée dans le toujours passionnant "Cabinet des curiosités, des étrangetés et des singularités de Eric Poindron"
02:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : eric poindron, livre
Ronan Barrot au Grand Palais
Art Paris, du 19 au 23 mars
Grand PalaisAvenue Winston Churchill — 75008 Paris
Galerie Claude Bernard
Stand F7
00:15 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo, ronan barrot
lundi, 16 mars 2009
Down by the river
21:03 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : crosby stills nash and young
The needle and the damage done
20:47 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : neil young
Chaque gorgée est un mensonge
Les deux "o" de Porto gouleyent au fond de la bouteille noire. Porto, ça roule au fond d'un golfe sombre, avec un port de tête altier de gentilhombre. De la noblesse cléricale, austère, et cependant galonnée d'or. Mais dans le verre, il reste seulement l'idée du noir. Plus grenat que rubis, c'est de la lave douce où donnent des histoires de couteau, des soleils de vengeance, et des menaces de couvent sous le fil du poignard. Oui, toute cette violence, mais endormie par le cérémonial du petit verre, par la sagesse des gorgées timides. Du soleil cuit, des éclats assourdis. Une saveur perverse de fruit mat où se seraient noyés les débordements, les brillances. A chaque lampée, on laisse le porto remonter vers une source chaude. C'est un plaisir à l'envers, qui s'épanouit à contretemps, quand la sobriété se fait sournoise. A chaque coup de langue en rouge et noir monte plus fort le lourd velours. Chaque gorgée est un mensonge.
Philippe Delerm, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : porto, philippe delerm
dimanche, 15 mars 2009
Like a Hurricane
21:32 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : neil yong, like a hurricane
Ce jeudi à Grenoble
Jacki Maréchal
E X P O S I T I O N
Jeudi 19 mars 2009 à partir de 18h30
e s p a c e A U R R A N
39, rue de Vizille
GRENOBLE
06 16 26 07 58
14:56 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacki maréchal, grenoble, expo
aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre
"J'ai écrit des récits. Le récit m'est indispensable pour atteindre indirectement à la poésie. C'est la poésie que je cherche, c'est-à-dire la création de fictions, tirées du plus profond de l'âme et dont la vie fictive, observée, analysée avec soin, me permette d'étudier et de connaître cette âme elle-même, par cette sorte de reflet.
Or pour que ces reflets soient bien vivants, pour qu'ils s'animent, il faut mettre l'âme en présence de ces points magnétiques du monde qui, par leurs radiations, excitent le plus intensément les puissances intérieures : la terre, les bêtes, le vent, l'eau, le feu, l'air, certaines créatures privilégiées, intermédiaires étranges entre nous et l'inconnu.
C'est la quête des secrets. Or que nous laissent supposer ces secrets multiples, sinon que tout se tient, que tout voit, que tout communique, que tout a un sens, et qu'on erre à ne pas croire en cette unité de la vie ; bien plus que vie et mort sont deux branches d'un même tronc, et que finalement tout aboutit à l'unité de l'être, qui, lui-même, fondu dans le non-être, est mystérieusement contenu par Dieu. Tout mythe poétique est un mythe religieux.
Chercher à travers ces secrets, découvrir les communications invisibles au commun c'est aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre."
Henri Bosco - Lettre à Jean Steinmann, Pentecôte 1948, in "Jean Steinmann, Littérature d'hier et aujourd'hui" - Desclée de Brouwer, 1963.
Felix Valloton, Maisons et roseaux
00:15 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : felix valloton, henri bosco