mercredi, 10 juin 2009
Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales » Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Edouard Manet, Le Grand Canal à Venise, 1874
13:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, edouard manet
mardi, 09 juin 2009
Les circuits courts
Très bonne idée des écolos de priviégier les circuits courts. Puisque la consommation est la clé du système, ce sur quoi il repose, si de plus en plus de gens la modifient, en évitant dans la mesure du possible les grandes surfaces et en achetant des produits de proximité, il y aura forcément infléchissement des politiques ; à suivre...
09:47 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : circuits courts, environnement, écologie
lundi, 08 juin 2009
Les éditions n & b redémarrent
Les éditions n & b redémarrent, toujours sous la forme d'une association loi 1901, et recentrées autour de la poésie. Jean-Luc Aribaud a passé le flambeau à une nouvelle équipe autour de Progreso Marin. Ils vous proposent donc pour 30 euros, l’envoi des 3 prochains ouvrages, tous frais d’envoi payés. Ce qui reprèsente une économie de 10 euros + un livre cadeau. Merci de libeller vos chèques à « Associations N & B Editions »
N & B Editions 21 rue du Venasque 31170 Tournefeuille netbeditions@orange.fr
Photo de Henri Cartier-Bresson
13:22 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : éditions n & b
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux
Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l'ai trouvée amère. − Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. − Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !
"Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."
Ah ! j'en ai trop pris : − Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.
Rimbaud, Prologue de Une Saison en enfer
Photo de Henri Cartier-Bresson
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arthur rimbaud, henri cartier-bresson
dimanche, 07 juin 2009
Il est trop tard pour être pessimiste
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samedi, 06 juin 2009
Du coup, une autre vision se dessine
"Il y a les écrits qu’on lit distraitement, ceux qu’on lit en sachant qu’on ne les relira jamais, et puis, en très petit nombre, ceux qu’on relit sans cesse. On les sait presque par cœur, à la virgule près, mais, rien à faire, ils révèlent toujours quelque chose de nouveau, ils sont actifs sans en avoir l’air, ce sont des émetteurs constants, des trésors. Ils font signe. Du coup, une autre vision se dessine."
Philippe Sollers, Les voyageurs du temps, roman
Giovanni Bellini, L'ange musicien
17:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : philippe sollers, giovanni bellini
vendredi, 05 juin 2009
Femme vacante, de Frédérique Martin
"Un homme, même intelligent, est la plupart du temps prévisible jusqu'à la consternation. Posez sur lui des prunelles admiratives, flattez son ego, allez sur son terrain, reniflez-le jusqu'au fond de l'âme. A travers moi, tu te subjuguais toi-même. Mon zeste de séduction ? T'accorder un peu, refuser beaucoup. Ensuite, comme dans une recette de cuisine, posez vos mains là où il est le plus démuni, laissez lever, dévorez, c'est prêt." Frédérique Martin creuse un sillon profond dans ce court roman. Alice, épouse et mère, abandonne son mari et ses trois enfants pour suivre un amant, qui va l'abandonner à son tour. C'est ce moment d’intense solitude qui est raconté ici, disséqué même pourrait-on dire. Elle rencontre Adèle, une femme plus âgée, seule comme elle, rencontre improbable là aussi, mais qui va l'aider à y voir plus clair : "L'argent, le pouvoir, le sexe, c'est le trio gagnant des demeurés. Le seul véritable moteur, c'est les enfants. Ils servent d'alibi à tous les agissements. Qu'est-ce qu'on ne commet pas au nom du sacro-saint amour parental. Parce qu'ils espèrent, ces parents modèles, et qui souvent se vérifie, c'est qu'ils seront aimés, quoi qu'ils fassent. Et ils ne s'en privent pas ! Dans ce domaine, leur imagination est sans limite." Puis, un peu plus loin : "Ce qui fait la différence entre vivre selon des valeurs ou vivre selon des aliénations, c'est la complaisance qu'on se porte à soi-même. La com-plai-sance, Alice. Cette manière veule qu'on a d'être en sa propre compagnie et de tout se permettre pour satisfaire le tyran qu'on abrite, le petit moi qui décide." Femme vacante est une belle leçon de vie. "Adèle m'a transmis un bien précieux, comprendre que quand on aime, il faut laisser aller." Le livre est sobre, superbement construit, l'écriture dense et sensuelle : "Et puis ça vient d'un coup, comme une hémorragie, une douleur massive, c'est là. Des flots de larmes, on coule, c'est le coeur."
Femme vacante, roman
Frédérique Martin
Editions Pleine Page, collection 5A7
144 pages, 14 €
Voir ici le site de Frédérique Martin
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : frédérique martin, femme vacante
jeudi, 04 juin 2009
American Ecolo
00:32 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ecologie, tendances
Les Bienveillantes, de Jonathan Littell
Les Bienveillantes se présente comme les mémoires fictifs d'un officier SS durant la Seconde Guerre mondiale. Agent de liaison, chargé de diverses missions tout au long de la guerre, le narrateur est plutôt observateur qu’acteur des massacres. Le roman, très long et très complet, permet de suivre de l'intérieur toute une partie de la guerre, notamment le front russe et l'organisation des camps de concentration. Le narrateur, fin et lettré, est un nazi convaincu. Après une relation incestueuse avec sa sœur, il devient homosexuel.
Une des raisons essentielles développées dans le roman pour expliquer l'Holocauste est la ressemblance, voire la symétrie entre les Allemands (au sens d’Allemands aryens) et les Juifs. On ne tue finalement l’autre que parce qu’il incarne ce que l’on ne supporte pas dans son propre être. Un des personnages du roman, le haut dignitaire nazi Mandelbrod — qui porte un nom juif — souligne que les Allemands ont une dette envers les Juifs : « Toutes nos grandes idées viennent des Juifs. Nous devons avoir la lucidité de le reconnaître. » Parmi ces idées, on trouve l’idéologie völkisch (« La Terre comme promesse et comme accomplissement, la notion du peuple choisi entre tous, le concept de la pureté du sang »). Or pour les nazis, il ne peut y avoir deux peuples élus.
Le meurtre de masse est problématique pour la plupart des soldats. Pour remédier à cet état de fait, la création de camps de concentration est un moyen de diluer la responsabilité des différents acteurs du génocide, chacun pouvant arguer n’avoir fait que son travail. À part quelques brutes sadiques, la plupart font ce qu'ils considèrent comme leur devoir avec dégoût, et surmonter ce dégoût est vécu par eux comme une victoire personnelle sur eux-mêmes, une forme de vertu.
Le livre, outre son intérêt historique, est passionnant par ce qu'il pose la question du mal. « J'en suis arrivé à la conclusion que le garde SS ne devient pas violent ou sadique parce qu'il pense que le détenu n'est pas un être humain ; au contraire, sa rage croît et tourne au sadisme lorsqu'il s'aperçoit que le détenu, loin d'être un sous-homme comme on le lui a appris, est justement, après tout, un homme, comme lui au fond, et c'est cette résistance, vous voyez, que le garde trouve insupportable, cette persistance muette de l'autre, et donc le garde le frappe pour essayer de faire disparaître leur humanité commune. Bien entendu, cela ne marche pas : plus le garde frappe, plus il est obligé de constater que le détenu refuse de se reconnaître comme un non-humain. À la fin, il ne lui reste plus comme solution qu'à le tuer, ce qui est un constat d'échec définitif. »
Bien sûr, ce livre n’est pas dénué d’ambiguïtés, comment pourrait-il en être autrement ? Mais c’est un récit d’une très grande force, une vraie œuvre littéraire.
Raymond Alcovère, chronique parue dans le Magazine Autour des auteurs n° 8, mai 2008
Édition revue par l’auteur, Folio 2008
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jonathan littell, les bienveillantes
mercredi, 03 juin 2009
Des points disponibles
Peindre un tableau, c'est comme jouer au jeu de go. On s'efforce de déposer sur l'échiquier des "points disponibles". Plus il y en a, plus on est sûr de gagner.
Huang Ping-Hung (Chine, Dynastie Ts'ing)
Matisse, La Leçon de musique
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : matisse, huang ping-hung
mardi, 02 juin 2009
La gauche en régression permanente
18:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gauche, politique, marianne
La machine médiatique à plein régime
17:21 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : médias
Brie, 1968
Henri Cartier-Bresson
14:00 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : henri cartier-bresson
De grands arbres Cézanne
Puis, après Marseille, j'ai essayé de faire du stop à travers la Provence, près d'Aix, où Cézanne a peint, ai fini par marcher pendant 30 kilomètres, mais ça valait le coup... me suis assis sur la pente des collines et j'ai fait des esquisses au crayon du pays de Cézanne, toits rouges rouille poussiéreux, collines bleues, pierres blanches, champs verts, n'a pas changé pendant toutes ces années... des fermes mauves et beiges dans de paisibles vallées fertiles de fermiers, rustiques, avec tuiles des toits d'un rose poudré délavé, une douceur verdâtre et grise, les voix de filles, des meules de foin grises, un jardin crayeux fertilisé de crottin de cheval, un cerisier blanc en fleurs (avril), un coq chantant doucement au milieu du jour, de grands arbres Cézanne dans le fond... etc.
Jack Kerouac, lettre à Ed White, 28 avril 1957
00:15 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cézanne, jack kerouac
lundi, 01 juin 2009
Mort d'une héroïne rouge
Mort d'une héroïne rouge est le premier roman de Qiu Xiaolong. L'action se passe en 1990, soit un an après Tiananmen, la Chine est en train de basculer dans l'économie de marché, ce n'est que le début du basculement, beaucoup de gens fonctionnent encore sur les anciens critères. On est donc entre deux mondes, dans ce moment improbable et pourtant bien réel où les deux systèmes qui ont dominé la deuxième partie du XX ème siècle coexistent, mais où l'un est déjà moribond et l'autre en plein développement. Et le livre, à l'image de cette société, en traduit les multiples contradictions. L'inspecteur principal Chen est (comme l'auteur) poète et traducteur de romans policiers, et on le sent parfois hésiter, se demander si sa vraie place est dans la police (où le hasard l'a amené) ou dans la littérature. Epris d'une morale confucéenne qui le fait résister héroïquement parfois aux tentations érotiques, il s'adapte tout de même - de manière très taoïste - aux changements en cours, n'hésitant pas à faire des compromis auprès des tenants des nouvelles mafias ou de membres influents du Parti pour faire avancer son enquête. Même si l'action est toujours bien serrée, (et c'est pour ça aussi qu'on aime les polars ) les digressions, nombreuses, nous font découvrir Shanghai ou Canton, la diversité de leur cuisine, de l’habitat, et toute une galerie de personnages secondaires qui reflètent le bouillonnement en cours. Ce n'est pas le moindre intérêt des romans de Qiu Xiaolong ; toujours les événements actuels sont mis en perspective avec ceux des cinquante dernières années mais aussi avec les fondements de la culture chinoise. L'inspecteur principal Chen recherche le meurtrier d'une travailleuse modèle de la nation, par là il va se trouver mêler aux intrigues politiques, à la complexité des rapports de force au moment des basculements en question. Car un peu comme chez Stendhal ici, tout est politique, et "Celui qui combat les monstres, a dit Nietzsche, devrait veiller à ne pas en devenir un lui-même." L'habileté de Qiu Xiaolong est de nous rendre compte de ce combat sans angélisme ni hypocrisie, avec une finesse toute chinoise.
Les romans de Qiu Xiaolong sont édités dans la collection Points Policier.
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : qiu xialong, mort d'une héroïne rouge
dimanche, 31 mai 2009
La Théorie du K.O.
"Il n'en reste pourtant pas des masses, des endroits où les pauvres persistent à s'entraider." Ce polar de Lilian Bathelot clôt le cycle sétois entamé par Avec les loups et poursuivi par Spécial Dédicace. La Théorie du K.O. c'est le nom de code d'une opération décidée par le ministère de l'intérieur. Le nom a été trouvé par un des chefs des services spéciaux qui a fait ses classes à La Havane, il y a bien des années de là, et pour d'autres causes, tout passe... De fait quelques péquenots sétois comme les appellent les superflics parisiens vont leur donner du fil à retordre. Tout ceci se passe sur fond de manipulation bien sûr. Les services de sécurité du Président du Conseil local, noyautés par un parti fasciste, ont commis quelques bavures, du coup c'est un véritable chaos qui enflamme L'île singulière. Priorité sera donnée à la protection du président, et toute l'opération sera maquillée en règlement de comptes de mafias rivales. Lilian Bathelot articule son polar de main de maître, les scènes d'action, la description du dessous des cartes de la politique locale, tout s'imbrique judicieusement comme la manipulation qu'il décrit. On en a le souffle coupé tout du long et on réfléchit en même temps à l'enchaînement des faits et des causes, au rapport entre les médias et le pouvoir, entre l'histoire secrète et l'histoire officielle. C'est bien un regard politique que nous livre ici Lilian Bathelot.
éditions Jigal
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : lilian bathelot
samedi, 30 mai 2009
Alors on danse sur le monde en morceaux
21:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe-écologie
Vision des anges déchus
Vision des anges déchus. Une ville solaire, à l’écart des grandes routes du Mexique. Abandonnée de tous, sauf du vent. Et de l’autobus quotidien au départ de la grande ville. Avant, il y avait de l’or, maintenant il reste un hôtel, quelques bars sur la rue principale, des maisons basses. Un soleil âpre et mordant et le vent qui balaie la poussière. Je suis serveur dans cet hôtel, logé, nourri. Venu ici à cause d’un livre, Sur la route, de Jack Kerouac, et de l’arrivée au Mexique, vers la fin, qui ressemble au paradis.
Un jour, j’ai eu envie de partir. J’ai pris le train, le bateau, l’autocar, fait du stop. Comme dans le livre, tout peut arriver et tout arrive d’ailleurs, d’un instant à l’autre, du noir désespoir à des plaisirs fulgurants. Tout ce dont on peut rêver à vingt ans, là, à portée de main. On passe à travers les villes, les pays, comme une étoile filante, de vagues ombres se profilent. On aperçoit des reflets, des lignes se dessinent, furtives. Il est trop tôt pour s’arrêter. On est parti pour savoir comment était fait le destin, en explorer les contours. Le jeu est dangereux mais on ne le sait pas encore, ou on en rêve secrètement.
J’ai traversé la France, l’Espagne, le Portugal, avant une halte lisboète. Une ville magique, maritime, hors du temps. Un je ne sais quoi s’est arrêté là, peut-être une idée du bonheur possible. Il n’y a qu’à le ramasser, mais il glisse à travers les doigts. Lisbonne, à cet âge-là, c’est trop de lenteur, d’indéfini.
Je voulais pousser plus loin, voir des couleurs, m’éblouir. Après plusieurs semaines à regarder passer les nuages et tout ce mouvement du ciel au-dessus du Tage, ce gigantesque bras de mer que la ville regarde, en piste d’envol vers l’inconnu, j’ai été poussé dehors.
Raymond Alcovère, Le Bonheur est un drôle de serpent, roman en recherche d'éditeur, début du texte
00:15 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
vendredi, 29 mai 2009
Tout est fait pour que l’esprit chavire
Sur le bateau vers Naples, par Pozzuoli, Gaète, Cumes, traversée de l’antiquité... La route tournoie et s’enroule comme un serpent, avant de se lover dans le chaudron. Voitures, bruits, odeurs, fournaise, pantomimes, vitesse. Jamais je n’ai senti une telle envie de vivre dans les regards, les gestes des gens, cette passion, l’insouciance. La saison du San Carlo n’est pas commencée. La Galleria Umberto I, voûte tournante, en forme de croix, comme un monde à l’intérieur du monde. Pâtisserie Scaturchio, face à San Domenico, délires sucrés, florilège de saveurs, meringues neigeuses, icebergs de sucre, mûres pulpeuses et boursouflées, fraises fondantes acidulées, pistaches croquantes, abricots blonds veloutés, melons confits, fines lamelles d’amandes, fleurs d’oranger aux saveurs aériennes, marrons glacés...
Spaccanapoli. Merveilles du baroque, les escaliers de San Felice, le bien nommé. A l’image de la ville, vastes, ronds comme des coquilles, tournoyants, espace perdu mais peu importe, beauté, rondeurs, plaisir... Les églises ressemblent à des bonbonnières, des biscuits, écrins parfumés, bariolés, lardés de marbre, de stucs, blancs, écrus, roses, verts, pendeloques, niches, tableaux, gris-gris, tout est fait pour que l’esprit chavire, se perde.
Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman, n & b éditions, prix 98 de la ville de Balma
Antonio Corradini, La pudicizia
00:15 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fugue baroque, raymond alcovere, antonion corradini
jeudi, 28 mai 2009
L'inévitable descente du ciel
Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit. (Rimbaud)
J'écris pour agir et pour éviter d'être agi (Francis Ponge)
Naples, les escaliers de San Felice
22:16 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, francis ponge, naples