lundi, 05 octobre 2009
Lectures, peinture et musique autour de la sortie de mon roman

19:06 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
Il s'en tire mieux.
"Imaginer Mallarmé dans un embouteillage sur une autoroute. Baudelaire idem. Proust, idem. Rimbaud à Baïkonour. Céline à Shangai. Saint-Simon partout. Il s'en tire mieux. Pourquoi."
Philippe Sollers, Carnet de nuit
Photo du film Barry Lindon
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : saint-simon
dimanche, 04 octobre 2009
Plus profonds, plus dérapants, plus durs
"Pour moi aussi, c'était le retour, mais les retours ne sont jamais ce qu'on imagine, ils sont chaque fois plus profonds, plus dérapants, plus durs."
Philippe Sollers, Le Secret
Guido Reni, Beatrice Cenci
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, guido reni
samedi, 03 octobre 2009
C’était un grand jeune homme brun, imberbe, nerveux, rangé et travailleur
"C’était un grand jeune homme brun, imberbe, nerveux, rangé et travailleur. Il n’écrivait que la nuit, assis à son piano. Il déclamait, il forgeait ses phrases, plaquant ses prosopopées avec des accords. Cette méthode de composition faisait le désespoir des locataires de l’hôtel qui, souvent réveillés en sursaut, ne pouvaient se douter qu’un étonnant musicien du verbe, un rare symphoniste de la phrase cherchait, en frappant son clavier, les rythmes de son orchestration littéraire."
Extrait de la préface de Léon de Genonceaux à son édition des Chants de Maldoror (1890), à lire en entier ici
(Lautréamont meurt en novembre 1870, à l'âge de 24 ans et demi, pendant le siège allemand de Paris)
01:17 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lautréamont, léon de genonceaux
vendredi, 02 octobre 2009
Manet, toujours Manet
20:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
lundi, 28 septembre 2009
Le quatrième de couv
23:14 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
A paraître bientôt...
Voici la couv, le roman devrait paraître fin octobre...
Tout ça, c'est aussi beaucoup de travail, ce blog va être en pause pendant quelques jours, à très bientôt...
13:50 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
samedi, 26 septembre 2009
Une page s'ouvre
Ce soir je suis seul et je sais que je le serai toujours. J’ai toujours voulu que ma vie avance plus vite, réaliser mes rêves et je sais à présent que je ne le pourrai pas, que tout cela n’a aucune importance, que l’univers n’a aucun sens. Et je ne suis pas malheureux, j’accède même à un état qui excède et annule tous les autres. Jamais je ne m’étais trouvé à ce point conscient, au bord du vide, sans rien pour me rattraper, je pourrais tomber et ne pas m’en remettre, avec cette conscience en filigrane que tout est absolument nouveau, les bruits du dehors m’arrivent dans leur vraie matérialité, une page s’ouvre, peut-être la dernière, alors mieux vaut ne pas la rater.
El Greco, garçon allumant une chandelle
00:13 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : journal, el greco
vendredi, 25 septembre 2009
L'amour...
"L'amour, dans un pays d'athées, ferait adorer la divinité." : Rochester, cité par Voltaire dans son Dictionnaire philosophique (au mot amour)
Photo de Willy Ronis (1976)
19:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, amour, willy ronis
jeudi, 24 septembre 2009
Faire l’amour avec elle était comme un diamant noir
Elle s’est installée près d’Argenteuil, début pour nous de fréquents va-et-vient entre Paris et le Midi. Faire l’amour avec elle était comme un diamant noir. Des années après, je me souviens de ses robes fuchsia, leur frôlement sur la peau, les gestes lents ou brusques pour les enlever, la lumière indigo qui tombait le soir sur la maison au bord de l’eau, avec l’odeur de bois vermoulu, l’atmosphère légère et venteuse du bassin parisien. Le désir longtemps aiguillonné, les heures dans le train à penser à elle, le bouillonnement de mon imagination, puis tout devenait simple et banal, d’un calme absolu. Mes angoisses s’envolaient, elle n’avait qu’à faire un geste. Parfois, quand je la voyais arriver sur le quai de la gare, d’un monde étrange, différent, nos univers ne coïncidaient pas tout de suite, les mots ne se trouvaient pas. Puis tout s’ouvrait à nouveau.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Bonheur est un drôle de serpent", à paraître fin octobre aux éditions Lucie.
Pierre Soulages
Sérigraphie sur inox poli.
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mercredi, 23 septembre 2009
Tu te souviendras
"Si tu veux rejouer le COUP FOUDROYANT de Dada, révoque les fantômes à vide de l'avant-gardisme. Ainsi tu ne diras jamais : "Je ne veux pas savoir s'il y a eu des hommes avant moi." Tu te SOUVIENDRAS, au contraire, qu'il y a eu des hommes, et qu'ils ont produit ces gestes, ces phrases, ces oeuvres, que ton cerveau ramène à chaque instant à leur intégrité."
Philippe Sollers
Photo de Richard Avedon
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mardi, 22 septembre 2009
Ces hauteurs qui semblaient vides
" Il était tard lorsque K. arriva. Une neige épaisse couvrait le village. La colline était cachée par la brume et par la nuit; nul rayon de lumière n'indiquait le grand château. K. resta longtemps sur le pont de bois qui menait de la grande route au village, les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides. "
Franz Kafka
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lundi, 21 septembre 2009
Le grand poker
"C'est ça le grand poker : mal jouer au bon moment !"
Edward G. Robinson, dans Le Kid de Cincinnati.
00:15 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poker, le kid de cincinnati
dimanche, 20 septembre 2009
L'expression de sa constitution intime
"Cézanne n'était pas le maladroit sublime que tend à nous représenter une certaine légende. Ses aquarelles révèlent au contraire une habileté vertigineuse... Il avait l'amour de la localité, il comprenait avec quelle ferveur les objets adhèrent à l'endroit qui leur est donné... La même pesanteur maintient les choses dans le temps qui les maintenait dans l'espace... La couleur est immobile, elle vient du fond de l'objet, de son essence ; elle n'est pas son enveloppe mais l'expression de sa constitution intime».
Jacques Rivière, article sur Cézanne, 1910
Pichet et assiette de poires, 1890 -1893
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samedi, 19 septembre 2009
Dans une oeuvre d'imagination de premier ordre
« Dans une oeuvre d'imagination de premier ordre le conflit n'est pas entre les personnages, mais entre l'auteur et le lecteur. »
Nabokov
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vendredi, 18 septembre 2009
Toute conversation se réduit désormais...
” Toute conversation se réduit désormais à une succession de monologues alternés où chacun, à toute allure, fait sa propre publicité en face de l’autre. On se tronperait en donnant de ce phénomène criant une interprétation psychologique. Non, votre interlocuteur n’est pas “ narcissique “, ” arriviste “, ” autistique “, voire ” paranoïaque ” : c’est une particule du spectacle, il ne peut pas faire autrement.”
Philippe Sollers, Carnet de nuit
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jeudi, 17 septembre 2009
La solitude totale
Vous écrivez qu'il y a trente ans, il n'y avait pas de suicide au travail pour deux raisons : la résistance à l'effort et des solidarités plus fortes...
Oui, il y avait les autres, un collectif de travail, des stratégies de défense. On ne laissait pas un type s'enfoncer. J'ai vu des ouvriers alcooliques qui ne pouvaient pas monter sur les toits pour travailler. Les copains lui demandaient de rester en bas. Ils faisaient le boulot à sa place. Vous vous rendez compte de ce que cela veut dire en termes de prévention de l'accident, de prévention du suicide, de prévention des troubles psychopathologiques ? C'est impensable aujourd'hui ! On apprend aujourd'hui le pire alors qu'on apprenait le meilleur hier : la solidarité. C'est parce qu'on a adopté de nouvelles méthodes au travail que l'on a aujourd'hui un désert au sens arendtien du terme : la solitude totale.
Christophe Dejours, psychanalyste, appelle à repenser le travail pour sortir des logiques gestionnaires qui détruisent le tissu socio-professionnel tout en faisant croire qu'elles traitent les problèmes des salariés. (lire l'interview en entier ici)
00:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : travail, suicide, christophe dejours
mercredi, 16 septembre 2009
Du plaisir d'émietter
"Le plus artiste ne sera pas de s'atteler à quelque gros œuvre, comme la fabrication d'un roman, par exemple, où l'esprit tout entier devra se plier aux exigences d'un sujet absorbant qu'il s'est imposé; mais le plus artiste sera d'écrire, par petits bonds, sur cent sujets qui surgiront à l'improviste, d'émietter pour ainsi dire sa pensée. De la sorte, rien n'est forcé. Tout a le charme du non voulu, du naturel. On ne provoque pas: on attend."
(Jules Renard, Journal, 13 septembre 1887)
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mardi, 15 septembre 2009
Ce texte a bercé mon enfance...
Les soirées d'automne et d'hiver étaient d'une autre nature. Le souper fini et les quatre convives revenus de la table à la cheminée, ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée; on mettait devant elle un guéridon avec une bougie. Je m'asseyais auprès du feu avec Lucile; les domestiques enlevaient le couvert et se retiraient. Mon père commençait s alors une promenade qui ne cessait qu'à l'heure de son coucher. Il était vêtu d'une robe de ratine blanche, ou plutôt d'une espèce de manteau que je n'ai vu qu'à lui. Sa tête, demi-chauve, était couverte d'un grand bonnet blanc qui se tenait tout droit. Lorsqu'en se promenant il s'éloignait du foyer, la vaste salle était si peu éclairée par une seule bougie qu'on ne le voyait plus; on l'entendait seulement encore marcher dans les ténèbres : puis il revenait lentement vers la lumière et émergeait peu à peu de l'obscurité, comme un spectre, avec sa robe blanche, son bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi nous échangions quelques mots à voix basse quand il était à l'autre bout de la salle ; nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. II nous disait en passant. « De quoi parliez-vous? » Saisis de terreur, nous ne répondions rien ; il continuait sa marche. Le reste de la soirée, l'oreille n'était plus frappée que du bruit mesuré de ses pas, des soupirs de ma mère et du murmure du vent. Dix heures sonnaient à l'horloge du château : mon père s'arrêtait; le même ressort, qui avait soulevé le marteau de l'horloge, semblait avoir suspendu ses pas. Il tirait sa montre, la montait, prenait un grand flambeau d'argent surmonté d'une grande bougie, entrait un moment dans la petite tour de l'ouest, puis revenait, son flambeau à la main, et s'avançait vers sa chambre à coucher, dépendante de la petite tour de l'est. Lucile et moi, nous nous tenions sur son passage ; nous l'embrassions en lui souhaitant une bonne nuit. Il penchait vers nous sa joue sèche et creuse sans nous répondre, continuait sa route et se retirait au fond de la tour, dont nous entendions les portes se refermer sur lui.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe
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lundi, 14 septembre 2009
Les climats influent plus ou moins sur le goût des peuples
Les climats influent plus ou moins sur le goût des peuples. En Grèce, par exemple, tout est suave, tout est adouci, tout est plein de calme dans la nature comme dans les écrits des anciens. On conçoit presque comment l'architecture du Parthénon a des proportions si heureuses comment la sculpture antique est si peu tourmentée, si paisible, si simple, lorsqu'on a vu le ciel pur et les paysages gracieux d'Athènes, de Gorinthe et de Flonie. Dans cette patrie des Muses la nature ne conseille point les écarts, elle tend au contraire à ramener l'esprit à l'amour des choses uniformes et harmonieuses.
Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jerusalem
Poussin, Paysage avec Diane et Orion
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chateaubriand, poussin