lundi, 13 juillet 2009
Journée de chaleur
Journée de chaleur, chant ininterrompu des cigales sous le marronnier, mais vent ondoyant, léger et presque frais qui rend l'atmosphère supportable. Vraie journée d'été où ce pays, au pied des Cévennes, prend sa vraie dimension. Là où le vent ne circule pas, l'air est vraiment écrasant. Sur la table, abandonné, un magazine avec le visage cadavérique de Michaël Jackson, mort vivant bien à l'image de notre monde qui le ressuscite, icône idéale.
Pierre Bonnard, Mise de table dans un jardin
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dimanche, 12 juillet 2009
Aujourd'hui
Aujourd'hui temps doux, ciel vaste, illimité, oiseaux qui sillonnent le ciel, après-midi vague, la mer est là proche, mais pas envie d'y aller, seulement la rêver un peu comme j'ai rêvé de Lisbonne et de sa langueur, l'été est là, pour la troisième année consécutive il n'est ni très chaud ni étouffant, de même que les deux derniers hivers ont été froids, est-ce le changement climatique annoncé, le Gulf Stream qui a perdu de sa force ne nous réchaufferait plus, tout à l'heure il y a Shining de Kubrick à la télé...
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samedi, 11 juillet 2009
Si vous passez par Montauban...
10:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ingres, montauban
Oui on l'aime le Tour de France !
00:22 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tour de france
vendredi, 10 juillet 2009
Déviations
« Un général est comme un écrivain qui veut faire une certaine pièce, un certain livre, et que le livre lui-même, avec les ressources inattendues qu’il révèle ici, l’impasse qu’il présente là, fait dévier extrêmement du plan préconçu. »
Marcel Proust
Photo : Ralph Gibson
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jeudi, 09 juillet 2009
Les organes remontaient
Vous savez ce que c’est que le soutien-gorge ? Au XIXe siècle, on ne disait pas la bite, la vulve, on disait le ventre, le bas-ventre. On ne disait pas le ventre, on disait l’estomac. On ne disait pas l’estomac, on disait le cœur. Les organes remontaient. La pudeur faisait qu’on n’avait pas de seins mais une gorge. D’où le soutien-gorge au lieu du soutien- seins.
Michel Serres Entretien avec Alain Barbanel et Daniel Constantin Revue Médias N°11 juillet 2007
Photo de Willy Ronis
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mercredi, 08 juillet 2009
Toute la vérité
"Dire toute la vérité est impossible, les mots y manquent"
Lacan
13:29 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lacan
En suspens
Quand le vent souffle, on dirait que tout est déplaçable, en suspens. Au milieu de ce grand cirque, avec le ciel immense, on a continué de parler. Une façon de dévorer l’autre. A notre première rencontre, déjà au Mexique, j’avais eu l’impression que tout se figeait, elle et moi on devenait imperméables à tout mouvement extérieur. De nouveau, presque palpable, une corde, tendue entre nous, entrait en résonance chaque fois qu’on la frôlait. Et on avait envie de la frôler souvent. Pas trop pour ne pas l’agacer et brouiller son mouvement mais cette vibration, ce décalage incessant, troublaient le jeu. On observait l’attirance grandir, deux aimants cherchant inutilement à se retenir.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur...
00:15 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent, les ailes du desir
mardi, 07 juillet 2009
L'été, la nuit...
L'été, la nuit, les bruits sont en fête.
Edgar Poe
15:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : edgar poe
Je m'écris
J'interprète ma page de vie
J'en use comme plaque de cuivre
Je la grène de plaisirs
Je la crible d'années
Je la saisis en verte saison
Je la racle de nuits d'hiver
Je la ronge en creux d'angoisses
Je m'y taille espace libre
Je l'attaque en matière noire
Je progresse d'épreuves en épreuves
Je la creuse de vaines morsures
Je la burine d'émotions
Je l'entame
Pour nier le temps
Je m'écris
Pour durer."
Andrée CHEDID Rythmes"
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lundi, 06 juillet 2009
Plus fort que la mort de Bambi
22:04 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : eric dejaeger
Un article sur Le Sourire de Cézanne
13:41 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le sourire de cézanne, jean-jacques nuel
Les mollahs disent merci à Bambi
02:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (4)
dimanche, 05 juillet 2009
Un peu de Malraux alors...
« L'artiste n'est pas le transcripteur du monde, il en est le rival »
« Le plus grand mystère n'est pas que nous soyons jetés au hasard entre la profusion de la matière et celle des astres ; c'est que, dans cette prison, nous tirions de nous-mêmes des images assez puissantes pour nier notre néant »
« L'art transforme le destin en liberté, c'est un anti-destin »
Photo : Malraux (à droite) lorsqu'il partit dans les années 30 en expédition pour retrouver la reine de Saba
01:02 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : andré malraux
samedi, 04 juillet 2009
L'évangile selon saint Selon
Tchouang-tseu
03:56 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nina houzel, philippe sollers, tchouang tseu
Les poèmes
03:33 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland giguère
vendredi, 03 juillet 2009
Sans doute, un jour...
"Sans doute, un jour, devant les étendues arides ou reconquises par la forêt, nul ne devinera plus ce que l'homme avait imposé d'intelligence aux formes de la terre en dressant les pierres de Florence dans le grand balancement des oliviers toscans."
André Malraux; Les Voix du silence
11:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : andré malraux, toscane
jeudi, 02 juillet 2009
Un seul est parti
Une souris mélancolique me regarde pendant que je fais la vaisselle. Il y a quelques jours déjà qu'elle sort du tas de bois que j'ai monté devant la fenêtre, et qu'elle me regarde à travers la vitre. Elle a dû faire son nid entre les bûches, et lorsqu'elle entend l'eau de mon évier couler dehors, elle grimpe tout en haut du tas, et ses yeux gris m'évoquent la mélancolie.
A lire ici la suite de cette nouvelle de Hubert Mingarelli :
http://www.telerama.fr/livre/la-mer-la-baie-de-somme-une-...
Photo de Henri Cartier-Bresson
00:31 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : hubert mingarelli, henri cartier-bresson
mercredi, 01 juillet 2009
La gloria di colui che tutto move
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mardi, 30 juin 2009
Latérite, de Jean-Jacques Marimbert
Je me disais, n'y va pas. Tu n'en reviendras pas, trop loin, de tout, de tes mots, de tes chemins. Tu cours les yeux fermés, n'y va pas. Je me disais aussi : ce sont des chemins trop anciens, beaucoup trop, tu vas t'y casser le nez. D'un haussement d'épaule j'ai fait le fier, celui qui a lu Conrad, Bouvier ou je ne sais qui, quand je dis lu, bouffé oui, vite mâché, sans voir que le fil tendu entre les pages me piégeait, me ligotait les pieds. N'y va pas. Tu n'es pas bien ici ? La Garonne, les briques, le tremble au fond du jardin, trois oiseaux, le puits, tari mais un puits, des iris, l'été finissant. Je n'en ai fait qu'à ma tête. Partir, le verbe a toujours bourdonné, partir. Filer. Vers quoi ? qui ? Un nom, une sonorité, l'ombre d'un nid, le cri d'une chouette : Cotonou. N'y va pas. Reste et rêve, si tu veux, c'est mieux, tu arrêtes tout quand tu veux, tu fermes les yeux et repars quand tu veux ; mais une fois quitté ici, une fois là-bas -- je n'ose même pas t'imaginer là-bas -- que feras-tu ? C'est décidé : tout noter. Ce refus de sauter, je le note. Cotonou. Tu t'attaches trop aux sons. Tu es matérialiste, dans ton genre. Pour un vieux, c'est douteux. Poésie à trois sous, un enfant aurait honte, rirait de toi. Justement, enfant, tu n'es qu'un enfant. Tu m'avais déjà fait le coup. C'est à peine si tu savais lire... Himalaya et hop, tu t'étalais en plein ciel, te vautrais, tout blanc, et l'écho, plus tard tu disais que l'écho habitait le nom comme une salle vide. Himalaya, un cri lointain et long écho, i...a...a...a..., sur à-pic blancs, rochers pointus, turlututu ! Pareil avec Istanbul, Valparaiso, Médines et des tas, des tas de villes. Même pas. De la musique ? Rien que de la musique ? Tu as beau accélérer le pas, tu vas rater l'avion, il le faut. Tu sais rater un avion, tu l'as déjà fait, tu les as tous ratés jusqu'à présent, alors un de plus... Tu peux tirer ta valoche, pas usée par les soutes des longs courriers, ça non ! Et puis tu es vieux ! Penses-y : dans trois fois rien septante ! Avant, passe encore, brin de folie, le regard vacillant devant une photo, nez collé à la vitrine d'une agence de voyages, cocotiers, paquebots, châteaux forts, casbahs, ces noms, même pas les lieux, les noms. Une vraie collection sur tes cahiers, pas classés, au hasard. Preuve, tu n'as jamais été bon en géo. Mais qui te parle de géographie ? Je veux seulement savoir ce qu'il y a dans ce nom. C'est la terre qui importe. La terre ou la Terre ? La géo c'est de la couture, voyage immobile sur un bâti, et moi je désorganisais, je glissais toujours au-delà des faufils, longs pointillés pour préparer la guerre, on connaît, ailleurs c'était mieux, et une fois là, je prenais n'importe quelle route, une ligne de dénivelé, un fleuve, j'évitais les villes, je sautais les reliefs, je planais sur les Océans ! La Terre. Tu fermais les yeux, tu disais : "la Terre !" Un enfant, ça se comprend, mais tu as mal aux os, arthrose, tu craques de partout, tu oublies... La terre m'a toujours ému. J'aurais aimé être vigie et crier "Terre !" après des mois de mer, de solitude, de soleil à n'en plus pouvoir. C'est ton côté stylite ! Grimper à la grand'hune du monde et rêvasser, faire d'un nid de pie ton territoire, ta patrie, à deux pas du divin pour ainsi dire. "Terre !" Libération ! Déflagration ! La mer est là, le ciel immense, quel vent!, naseaux salés, tout tangue et roule, "Terre !" L'air expulsé, jusque-là confiné par un coup de glotte tétanisé, précieux viatique en vue de ce seul moment où libéré il te coupe le sifflet ! Avec la mer, mouillé, avec le fer, feu. Mais terre, c'est solide, le sol tremble sous le talon, juste avant la douceur de l'air, à poumons fermés. Souffle inouï, d'emblée scindé, sifflé, empêché, murmuré, rauque. Air vague ou tassé, feulé, toujours teinté, aux couleurs du temps. L'air du temps, voilà la terre, rouge ici, brune, ocre jaune, noire, pâleur de nacre au fond d'un ravin, et c'est de l'eau qui coule, irrigue, inonde, recouvre. Et sous le terre, terre encore, tôt ou tard enfouie, tassée, aussi noire que lait dessous, là où tout se joue, tes os, dans le secret des odeurs musquées, d'invisibles copulations moléculaires au hasard d'ondulations symphoniques, déplacement mathématique des astres. N'y va pas. Tu rentreras déglingué, perclus de symptômes bizarres dont personne ici ne saura quoi te dire. Croûte latéritique des régions tropicales, alumine, oxyde de fer. Latérite, sang de brique d'où sourd l'humide ambiguïté, le bois parfait, totémique. N'y va pas. À Cotonou, tu ne connais personne. Justement. Tu te vois en Afrique ? Désert, ou bien indescriptible fouillis végétal et humain, au choix ! Entre les deux, des zones inclassables, des acacias avec des épines grandes comme ça, à peine de bois tordu, pâle, calciné par le sable, pour faire cuire des riens, quelques chèvres, un puits tous les..., des chameaux qui se dandinent en blatérant ! Toi tu veux aller plus loin, encore plus loin, là où tout est enchevêtré, inextricable ? Il paraît que tout pousse à une allure folle, que l'humidité, parlons-en, l'humidité n'est pas qu'un mot ! Et ça grouille, bestioles, insectes, racines, les villages bouffés au termites, les enfants faméliques, les yeux traversés de filaires et... Qu'est-ce que tu me chantes ! Je tire ma valise. J'emporte trop de trucs. À tous les coups je vais avoir un excédent de bagages. N'y va pas. J'ai peur. Ouf ! De justesse, la voilà dans la file sur le tapis roulant. Toujours glacé, ces aéroports, illisibles ces billets d'embarquement. Monde fou. Si j'avais pu y aller en bateau ! Porte 48, immédiat. Il fait un froid de canard dans ce coucou ! Une revue, papier glacé, dossier sur la Suède, je sors mon pull et ma carte : Afrique de l'Ouest. Je regarde cette épaule de l'Océan et ne vois rien. Lanières multicolores des pays découpés dans la chair, galons d'une uniforme de carnaval. C'est bon, on vole. La clim' me fait claquer des dents. Toute la nuit comme ça ! Le plaid est minuscule, on va finir gelés. Vers l'avant, un écran muet où s'agite une fille et un gars qui s'engueulent, non, ils rigolent, ne savent pas ce qu'ils veulent, je mets le casque, anglais, j'appuie, allemand, le fil se débranche, ils s'embrassent à bouche goulue, ma voisine sors un masque de décontraction, il fait de plus en plus froid. Je cale mon regard entre Togo et Nigeria, fais le Yo-Yo du nord au sud, accroche çà et là des syllabes vides, rejoins le sud, l'eau, Cotonou, bleu atlantique, ocre béninois. L'atmosphère se stabilise entre vibration et relative apesanteur. Je me lève pour dérouiller mes poulies, manque rester pour l'éternité dans le cercueil des toilettes, décide de dormir jusqu'aubout du voyage. L'écran est mort. Ma voisine est livide, légèrement bleutée. Ici et là, des corps affalés. La carlingue fonce dans la nuit. Je sonne l'hôtesse, superbe métisse type antilope. Je finis par somnoler en suçotant un armagnac parcimonieux. Plus que six heures ! Une ribambelle hétéroclite d'impressions, des images par vagues molles cheminent derrière mes paupières. Je recompose à tâtons l'itinéraire qui m'a mené à ce siège étroit, dur, inconfortable. La pêche est maigre. Toujours revient une fascination ancienne, indatable, détachée de tout souvenir d'enfance, cependant étrangère à aucun. Un mélange pâteux m'envahit, où germe, incertaine puis évidente, la nécessité de ne pas mourir sans avoir vu la Côte des Esclaves.
Latérite : Jean-Jacques Marimbert (texte paru dans la revue L'instant du Monde).
00:17 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-jacques marimbert, bona mangangu