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lundi, 28 décembre 2009

Le règne de Sarkozy est-il en danger? Oui, si Carla Bruni devient franchement démodée

A lire ici le Journal du mois de Ph. Sollers

Le Corbeau et le Renard, autre version

na23tzyq.jpg  Comme un corbeau, plus noir que n'est la poix,
  Était au haut d'un arbre quelquefois
  Juché, tenant à son bec un fromage,
  Un faux renard vint quasi par hommage
  A lui donner le bonjour ; cela fait,
  Il est venu à l'extoller à fait

  En lui disant : " Ô triomphant corbeau,
  Sur tous oiseaux me sembles de corps beau
  Et pour autant les ceux qui noir te disent
  Très méchamment de ta couleur médisent
  Vu que tu es par très apparent signe
  De trop plus blanc que ne fut oncques cygne,
  Et que le paon en beauté tu excèdes,
  S'ainsi est donc que la voix tu possèdes
  Correspondant à ta beauté de corps,
  C'est assavoir, fondée en doux accords
  Pour bien chanter, entends pour vrai et croi
  Que des oiseaux es digne d'être roi ;
  A cette cause j'aurais bon appétit
  D'ouïr ta voix déployer un petit a,
  Quand pour certain quelque chose qu'on nie
  Ton chant me semble être plein d'harmonie. "

  Par tels propos adulatifs et feints
  Qu'a ce renard cauteleux et atteints,
  Le sot corbeau fut tant de gloire épris
  Qu'incontinent à chanter il s'est pris,
  Dont par sa gloire il encourut dommage
  Quand hors du bec lui en chut le fromage,
  Que ce renard tout exprès attendait
  Car autre chose avoir ne prétendait
  Vu qu'aussitôt qu'il en fut jouissant
  Il s'enfuit, voire en se gaudissant
  De ce corbeau, ainsi pris par son art
  Bien lui montrant qu'il était vrai conard.

Guillaume HAUDENT (14??-14??)
  (Recueil : Apologues d'Esope)

dimanche, 27 décembre 2009

Une image pour les hommes de l’avenir

474px-Claude_Monet_-_Palazzo_Dario%2C_Venice.jpg« Cent solitudes profondes conçoivent ensemble l’image de Venise - c’est son charme. Une image pour les hommes de l’avenir. »

Nietzsche 

Claude Monet

La prose est née d’hier

Durer_Antwerp_1520.jpgJamais de ces vieilles phrases à muscles saillants, cambrés, et dont le talon sonne. J’en conçois pourtant un, à moi, un style : un style qui serait rythmé comme le vers, précis comme le langage des sciences, et avec des ondulations, des ronflements de violoncelle, des aigrettes de feu ; un style qui vous entrerait dans l’idée comme un coup de stylet, et où votre pensée voguerait enfin sur des surfaces lisses, comme lorsqu’on file dans un canot avec bon vent arrière. La prose est née d’hier ; voilà ce qu’il faut se dire. Le vers est la forme par excellence des littératures anciennes. Toutes les combinaisons possibles ont été faites ; mais celles de la prose, tant s’en faut.

Gustave Flaubert, 24 avril 1852
Durer, Antwerpen, 1520

samedi, 26 décembre 2009

Fiction

crbst_972.jpg"Le fluide sacré de la fiction"

Henri James

Tableau de Jacki Maréchal

vendredi, 25 décembre 2009

Sprezzatura

gina-lollobrigida-2l6hs.jpg"Mais j’ai déjà souvent réfléchi sur l’origine de cette grâce, et, si on laisse de côté ceux qui la tiennent de la faveur du ciel, je trouve qu’il y a une règle très universelle, qui me semble valoir plus que tout autre sur ce point pour toutes les choses humaines que l’on fait ou que l’on dit, c’est qu’il faut fuir, autant qu’il est possible, comme un écueil très acéré et dangereux, l’affectation, et pour employer peut-être un mot nouveau, faire preuve en toute chose d’une certaine sprezzatura, qui cache l’art et qui montre que ce que l’on a fait et dit est venu sans peine et presque sans y penser."

CASTIGLIONE, Le Livre du courtisan, 1528

Naissance d'une revue, à lire ici

00:16 Publié dans Revues | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sprezzatura, gina

jeudi, 24 décembre 2009

L’Italie tout entière médite

"jpg_Rembrandt__Christ_Drives_Money-Changers_from_the_Temple__1626__Oil_on_panel__The_Pushkin_Museum_of_Fine_Art_Moscow_Russia.jpgIl faudrait pouvoir tout oublier, les églises, les controverses, les films, les images, les passions, les crimes, l’histoire millénaire, et. à la limite le christianisme lui-même, pour se mettre une bonne fois devant le cas individuel brut : « Dieu », le Dieu biblique s’entend, s’est-il un jour incarné dans un être humain de sexe masculin, devenant ainsi, par des voies plus que mystérieuses. le Père d’un Fils qui est le Même que lui ?"

Lire la suite ici

Rembrandt. Jesus chasse les marchands du Temple. 1626. Musee des Beaux Arts Moscou.

mercredi, 23 décembre 2009

Un très grand artiste

NEIL%20YOUNG.jpg« Les chansons de Neil Young sont faites pour ceux qui sont souvent malheureux , solitaires, qui frôlent les portes du désespoir ; mais qui continuent, cependant, de croire que le bonheur est possible. Pour ceux qui ne sont pas toujours heureux en amour, mais qui sont toujours amoureux de nouveau. Qui connaissent la tentation du cynisme, sans être capables d’y céder très longtemps. Qui peuvent pleurer de rage à la mort d’un ami (Tonight’s the night) ; qui se demandent réellement si Jésus-Christ peut venir les sauver. Qui continuent en toute bonne foi à penser qu’on puisse vivre heureux sur la Terre. Il faut être un très grand artiste pour avoir le courage d’être sentimental, pour aller jusqu’au risque de la mièvrerie. »

Michel Houellebecq, Interventions 2

mardi, 22 décembre 2009

Satori

IMG_7201.jpgCe jour-là, dans la cathédrale de Narbonne, dans cette ville de vent, mystérieuse, solaire, onirique, il s’est produit un tremblement, une révolution. Orgue et violon ont retenti. C’est la cathédrale la plus étrange qui soit, seul le chœur a été construit. Inachevée, à cause de cela   profondément humaine, elle est flamboyante, toute en élévation. Et puis la musique de Bach. Les notes comme des arcs en ciel se sont posées, envolées et devenues chair. L’éveil, le satori. Le 17 août 2005, au moment où je m’y attendais le moins, l’unité s’est réalisée.


Nightingale : Peinture de
Frédérique Azaïs-Ferri

Technique mixte sur toile  100x81

lundi, 21 décembre 2009

I talk to the wind

court-crimson-king.jpgSouvenirs, souvenirs, à écouter ici...

À la seule condition de faire preuve d’une bravoure extraordinaire…

P123~La-corrida-III-Affiches.jpg- La crise, la fameuse crise… Bien sûr ! Depuis des mois, dans mes lectures, les conversations que j’avais avec les uns et les autres, je m’en doutais, ça ne pouvait qu’arriver ! Et ce n’est pas fini. Cette crise est la concrétisation du processus de destruction en cours. Tu te rends compte, outre le désastre écologique - en fait c’est la même chose - 2 % de l’humanité possèdent la moitié du patrimoine. La réalité est élastique, elle peut absorber d’énormes ondes de choc, mais jusqu’à un certain point. Ensuite, quand les révolutions arrivent, elles emportent tout, même ceux qui les font ! Parfois je me dis, on a aussi peu de chances de réussir sa vie que le taureau quand il entre dans l’arène d’en sortir vivant, et pourtant cette chance existe. À la seule condition de faire preuve d’une bravoure extraordinaire…

Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", vient de paraître, éditions Lucie

Picasso, La Corrida

dimanche, 20 décembre 2009

Chaque page nouvelle est une aventure

James%20Joyce%202.jpgSupposons que je sois sur le point d’écrire une fable, et que deux arguments s’offrent à moi ; ma raison reconnaît que le premier est très supérieur ; le second est résolument médiocre, mais il m’attire. Dans ce cas-là, j’opte toujours pour le second. Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu.

Borges

Photo : James Joyce

samedi, 19 décembre 2009

La Tempête

809.jpg

"Laissez passer les touristes, restez simplement là, devant ce tableau, oubliez tout. Il a lieu maintenant, pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps, comme Venise le fait constamment. C’est sa vocation, sa grandeur, son calme.
J’écoute, je commence à voir. A droite, une femme aux trois quarts nue, un boléro blanc sur les épaules, assise sur un drap froissé en pleine nature, allaite un enfant avec son sein gauche (on ne voit pas le droit). Elle vous regarde. Elle en a vu d’autres, elle en verra d’autres. Vous êtes obligé d’être cet enfant. La femme est très belle, jeune, éternelle, cheveux blond vénitien, rassemblée sur elle-même malgré ses cuisses écartées, très attentive, protectrice, un peu inquiète. A gauche, sur une autre scène, séparé de la femme à l’enfant par une rivière en ravin, un homme désinvolte et jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui, tourne la tête vers le petit théâtre de l’allaitement. Est-ce un père? Un fils? Un passant? Il a l’air très content, détaché, il pose. Il se souvient, aussi. Ce bébé, c’était lui dans une autre vie. Ou bien ce sera lui, et puis lui encore.
Où cela a-t-il lieu? Aux environs d’une ville que l’on voit se dresser dans le fond, au-delà d’un petit pont de bois qui fait communiquer les deux rives. Une ville sous l’orage dans un ciel gris-bleu. Un éclair déchire le fond de la toile et accentue la brisure entre la femme à l’enfant et l’homme contemplatif. Sur terre, une rivière les sépare, ils ne sont pas dans le même temps. Dans l’air, une zébrure et une fulgurance comme rentrée (vous voyez l’éclair, vous ne l’entendez pas encore) font apparaître le spectre des palais et des tours. Au premier plan, les humains mortels. Dans les coulisses, Dieu ou les dieux. Destin, hasard, saisons, nature. L’éclair est un serpent qui révèle les éternités différentes de la femme et de l’homme. Vous ne le savez pas au point où la couleur le dit.

Ce tableau est une étoile, un aimant. Je le vois d’ici, à Paris, par-delà le bruit et la fureur de l’histoire. Il fait le vide, il est évident. Il est d’un temps nouveau: le plus-que-présent permanent. J’aimerais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie. Je devine le passage secret qui l’a rendu possible"

Philippe Sollers

Giorgione

vendredi, 18 décembre 2009

Nos intonations

Lippiallégoriedelasimulation.jpg"Nos intonations contiennent notre philosophie de la vie, ce que la personne se dit à tout moment sur les choses"

Marcel Proust

Lorenzo Lippi, Allégorie de la simulation

jeudi, 17 décembre 2009

Roman

audrey_hepburn-bw1.jpg« Un romancier est quelqu'un qui a vu, au moins deux fois, quelque chose qu'il ne devait pas voir, et qui en triomphe. C'est tout. »

Philippe Sollers, Grand beau temps

Audrey Hepburn

mercredi, 16 décembre 2009

Là où la pensée danse, la musique pense

kitsune_baum_hiroshige.jpgA lire ici une lecture par Olivier-P Thébault des Voyageurs du temps, de Ph. Sollers

Hiroshige

Herbe légère

hiroshige-amour-L-1.jpg"Herbe légère et douce brise, au bord de l'eau :
Seul, dans la nuit, le mât dressé d'une chaloupe.
La plaine se déploie, escortée des étoiles ;
Le grand fleuve s'écoule, aux remous de la lune."

Tou Fou

Hiroshige

00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tou fou, hiroshige

mardi, 15 décembre 2009

Désirs

Augmenter les désirs jusqu'à l'insoutenable tout en rendant leur réalisation de plus en plus inaccessible, tel était le principe unique sur lequel reposait la société occidentale.

Michel Houellebecq, La possibilité d'une île

13:28 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : houellebecq

Un grand théâtre d'ombres, de transformismes, de variétés rythmées...

75227-moliere-france-langue-francaise.jpg« Ce français qu'on dit parfois inaccentué, sec, raisonneur et gourmé, est une langue très invective, très secrète et très arborescente, faite pour pousser. Très native, très germinative. La plus belle langue du monde, parce que c'est à la fois du grec de cirque, du patois d'église, du latin arabesque, de l'anglais larvé, de l'argot de cour, du saxon éboulé, du picard d'oc, du doux-allemand et de l'italien raccourci. Un grand théâtre d'ombres, de transformismes, de variétés rythmées... »

Valère Novarina

lundi, 14 décembre 2009

"Ce n'est pas parce que les caisses sont vides qu'elles sont inépuisables."

A lire ici quelques perles qui concourent pour le prix de l'humour politique