mardi, 05 mai 2015
Les femmes de Manet
"Chez Manet, les femmes sont partout : Victorine Meurent, Berthe Morisot, Méry Laurent, etc. (...) C'est très difficile de peindre une femme qui tient le coup ! C'est extraordinairement difficile !"
Philippe Sollers, La Révolution Manet
21:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet, philippe sollers
jeudi, 28 août 2014
Toujours Manet
La plupart des commentateurs, plus ou moins inspirés, de Manet, ont tous ce cliché : à savoir que Manet serait à l’origine de la naissance de l’art moderne. Cette histoire d’art moderne perdure encore, et puis tombe de plus en plus dans la bouillie de « l’art contemporain », Il n’y a pas d’art moderne. Il y a tour simplement art ou pas. Les grottes de Lascaux sont « modernes », Titien est « moderne », Manet est « moderne ». Toutes ces oeuvres sont la continuation de l’art par d’autres moyens selon le temps. Le marché de l’art raconte maintenant qu’il y aurait un art moderne et on en arrive ainsi à la bouillie contemporaine. On ne doit pas non plus prendre Manet pour un impressionniste. C’est encore une autre façon de brouiller les cartes et d’éviter de parler de ce qu’il y a d’essentiel dans l’art de Manet : c’est-à-dire une révolution. Et, on peur avancer que ce qu’il réalise est une renaissance, une renaissance de l’art à partir d’un moment où il a été, d’une certaine manière, occulté, offusqué, détruit. C’est le monde tel qu’il va, qui va contre l’art, c’est la société qui va sans arrêt contre l’art ainsi que les différents pouvoirs. Mais cela dépend, il y a des périodes fastes, par exemple, lorsque l’église catholique accepte, dans son sein, des œuvres aussi fabuleuses que celles de Titien, Tintoret, Tiepolo, Véronèse. C’est ça la question de l’art.
P. Sollers
13:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, manet
mardi, 24 décembre 2013
Fleurs
Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.
Rimbaud
Manet
05:39 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, manet
mardi, 22 octobre 2013
Une moderne Olympia
Cézanne a réalisé deux versions de Une moderne Olympia, en 1869-70 puis en 1873, tribute to Manet, dirait-on aujourd'hui... Il s'y est représenté à chaque fois.
13:39 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cézanne, manet
jeudi, 05 janvier 2012
L'éclaircie, de Philippe Sollers, roman, sortie aujourd'hui
« Je pense à toi [2] en voyant le portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes, la future belle-sœur de Manet, que ce dernier a peint en1872. On dirait qu’elle est en grand deuil, mais elle est éblouissante de fraîcheur et de gaieté fine. Ce noir éclatant te convient. Ce que Manet a découvert dans le noir ? Le regard du regard dans le regard, l’interdit qui dit oui, la beauté enrichie de néant. Des philosophes ont écrit sur Manet, mais, comme c’est curieux, ils ne semblent pas avoir vu ses femmes. La très belle sœur de Manet le voit, lui, ce peintre, elle le traverse. Les violettes sont leur secret commun, elle porte le deuil en avant des massacres de la Commune. Elle a tout l’avenir devant elle. Ni la Terreur ni la Mort ne règnent ici, et le18e siècle français devait passer par ce noir pour s’approfondir. Le noir, donc, comme lumière, dans une jolie veuve, une jolie sœur. »
(Extrait) éditions Gallimard
02:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, manet, berthe morisot
mercredi, 27 avril 2011
Vitesse fixe
"Le chef d'oeuvre, c'est quelque chose d'extrêmement travaillé, et en même temps, il faut que ça ait l'air totalement improvisé. Manet a toujours parlé de spontanéité. Très travaillé, et lâché au maximum. D'où l'impression étrange de vitesse fixe de certains tableaux."
Ph Sollers, La révolution Manet, L'infini n° 114
23:20 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
dimanche, 24 avril 2011
Manet
« L’intelligence éclate dans chaque coup de pinceau de Manet. »
Picasso
23:29 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : manet
jeudi, 10 mars 2011
Femmes (Manet)
Il me semble le voir encore dans ce grand atelier clair qu’il avait loué tout en haut de la rue d’Amsterdam, au milieu de ses tableaux qui mettaient sur le murs des taches lumineuses de couleurs et de toiles inachevées, empilées par tas où apparaissaient de vagues silhouettes de femmes venues une fois et surprises par le peintre dans leurs poses familières.
La figure fine et spirituelle, d’une mobilité extrême, avait quelque chose de franc, de subtil, qui attirait tout de suite. Et à le regarder peindre, à l’entendre causer de son art, on sentait l’homme qui n’est pas du commerce, qui a le feu au ventre. Le plissement de l’œil gauche, comme ébloui par des coups de lumière, rappelait certains portraits de Goya. Les prunelles paraissaient un peu fatiguées par le travail en plein air, par l’étude assidue et directe des horizons et de la campagne. Le profil avait une distinction malicieuse. Et avec ses vêtements coupés à la dernière mode, sa barbe blonde, ses manières affinées et simples, Manet ne ressemblait en rien aux artistes bohèmes qui se font « une tête ».
Il avait des emballements brusques, des poussées soudaines d’idées qui le prenaient en entier, des rages de travail que suivaient bientôt de pénibles lassitudes, un dégoût absolu de l’ébauche commencée. Il voyait, en effet, plus vite qu’il ne peignait. Sa main était moins active que son cerveau, que ses yeux dont l’acuité étonnait et, les trois quarts du temps, il abandonnait le tableau qu’il n’avait presque pas fini dans une première séance.
De là, tous ces pastels, tous ces portraits oubliés aux quatre coins de l’atelier. On aurait dit que toutes les jolies petites femmes de Paris avaient passé par là, passé cinq minutes comme des mouches curieuses, le temps de se laisser admirer, d’enlever et de remettre leur chapeau devant l’élégante Psyché Empire qui se dressait tout près de la porte. Et de ce défilé galant, des odeurs de jupes remuées, de nuques blondes, des promesses de revenir, il ne restait que quelques « quadrots » barbouillés de teintes tendres et claires.
René Maizeroy, Petites femmes, 1885.
22:54 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
mardi, 08 mars 2011
Manet et manebit
Il reste et il restera (Paul Valéry à propos de Manet)
"Ce révolutionnaire – le mot n’est pas trop fort – avait les façons d’un gentleman accompli. Avec des pantalons volontiers voyants, de courts vestons, un chapeau à bords plats posé sur le derrière de la tête, toujours irréprochablement ganté de Suède, Manet n’avait rien d’un bohème et n’était bohème en rien. C’était une façon de dandy. Blond, avec une barbe rare et menue qui s’effilait en pointe double, il avait dans la vivacité extraordinaire des yeux – de petits yeux gris pâle et très constellés, – dans l’expression de la bouche moqueuse, – une bouche aux lèvres minces avec des dents irrégulières et inégales, – une forte dose de gaminerie parisienne. Très généreux et très bon, il était volontiers ironique dans le discours et souvent cruel. Il avait le mot à l’emporte-pièce, coupant et déchiquetant d’un coup. Mais quel bonheur dans l’expression et souvent quelle justesse dans l’idée !"
Armand Silvestre, « Souvenir littéraire. Le café Guerbois »,
La Revue générale : littéraire, politique, artistique, 1886.
Portrait de Berthe Morisot
04:06 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
samedi, 17 avril 2010
Jeune femme nue
Une semaine plus tard, la chair de Léonore bien présente, chez lui. Le feu crépite dans la cheminée. Gaétan contemple son corps endormi pigmenté de rouge par les reflets incandescents.
<!--[if !supportEmptyParas]-->
Son regard est si intense, scrutateur, gourmand, qu’il craint de la réveiller. Elle est sublime, dos nu jusqu’aux reins, on devine l’arrondi des hanches. La dénuder complètement, il en a furieusement envie. Il dévoile les fesses, les cuisses. Clarté rougeoyante. Pas un pouce de son corps qu’il ne vénère. Le monde s’arrête d’être multiple, il s’est envolé, résumé en elle, sa chair.
Il n’aime rien tant chez les femmes que l’effet du repos sur le visage, le relâchement, cette grâce dans l’abandon. La sensualité, visible, palpable, dans le granulé de la peau, les lignes du geste inachevé, la respiration du sommeil. Certaines femmes laissent flotter cette ondulation en permanence autour d’elles, à la lisière. Alors, la rudesse du monde s’estompe. Il éprouve de la fierté à la contempler dans son lit, avec le sentiment du devoir accompli. Plaisir âcre, puissant, paisible.
Raymond Alcovère, extrait de Le Sourire de Cézanne, roman, éditions N&B, 2007
Manet, Jeune femme nue, détail
00:15 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : raymond alcovère, manet, le sourire de cézanne
samedi, 27 mars 2010
Quand le style français atteint cette pointe du concert
J’ai vu ce matin, dans des circonstances particulières, le portrait que Manet a fait de Berthe Morisot en 1872. Il a alors 40 ans, elle 31. C’est un tableau bouleversant de vivacité, de curiosité, d’amour. Une victoire de la Commune de Paris, en noir positif. Berthe est la belle-sœur de Manet, mais surtout sa belle sœur. Dans le bouquet de violettes du corsage s’affirme la victoire sur la mort (Morisot). Le sourire de la mort. Manet avait été très déprimé, l’année précédente, par les massacres de la Semaine sanglante.
Dans violette, il y a viol, voile, voilette, violet (« le rayon violet de ses yeux », l’« Oméga » de Rimbaud), bien que les yeux, ou plutôt le regard aigu, de Berthe Morisot soient de couleur noisette. Il y a aussi viole, l’instrument de musique. Dans un petit tableau magistral, Manet peint, côte à côte, un billet écrit, un bouquet de violettes et un éventail. Bleu, blanc, rouge. On lit Mlle Berthe, et sa signature. On peut difficilement faire plus explicite comme déclaration de délicatesse érotique violente.
Rimbaud : « l’élégance, la science, la violence ».
Quand le style français atteint cette pointe du concert (Watteau, Fragonard, Manet), c’est exécuté avec presque rien.
Voilà ce que Bataille appelle l’indifférence active de Manet. Un détachement vibrant.
Magie de ces deux vers de Rimbaud :
Mais l’araignée de la haie
Ne mange que des violettes.
Ce Manet est un des plus beaux portraits du monde. Il illumine ma journée.
Sollers, L’Année du Tigre
00:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
lundi, 11 janvier 2010
La peinture est la chair du monde
Rome est cette ville hyperbolique dans les goûts, les saveurs, l’hérésie du baroque, balcons joufflus, débordant de clématites, roses thé, murs ocres délavés, défraîchis, crevassés, granuleux, palette chaude de couleurs - carte du tendre - ors, arabesques, extases, élévations, annonciations, effractions, assomptions, anges musiciens, mosaïques, effigies, brocarts, trompe-l’œil, bas reliefs, enjambements, stucs, travertins, bustes, porphyres, rocailles, frontispices, acanthes, treilles, couronnes, guirlandes, entrelacs, tourbillons, gargouilles, néréides, tritons, coquillages, naïades, fontaines jaillissantes, murmures de la pierre et de l’eau égrenant la ville en chapelets de plaisirs, glissando, flots de lumière en tranches napolitaines autour des sept collines avec le Tibre aux reflets céladon comme une couleuvre lovée à ses pieds, en veilleur impassible, gardien du temple.
Le baroque, c’est effacer, tordre, pulvériser. Tout art est baroque. On peut regarder le même chef d’œuvre des années après, il aura changé, ou plutôt il nous aura devancé.
Ici tout me ramène à toi, voilà ce que me racontent ces dentelles de pierre, sonates en or mineur, pizzicato, ces rideaux fuchsia, façades ondoyantes de palais, volupté ciselée dans le marbre. L’intérieur vaut l’extérieur, la vie sinue entre les deux, dissimulée dans les plis du temps.
Dans les Caves du Vatican, cette antre d’Ali Baba, l’éternité se dessine sous nos yeux ; perdus dans un dédale somptueux, immergés dans le plafond de la Sixtine et les Stanze de Raphaël, la peinture est la chair du monde.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", vient de paraître, éditions Lucie
Tableau de Manet
00:10 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : raymond alcovère, manet, le bonheur est un drôle de serpent
vendredi, 02 octobre 2009
Manet, toujours Manet
20:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
lundi, 13 avril 2009
Edgar Allan Poe
«Savez-vous pourquoi j'ai patiemment traduit Poe? Parce qu'il me ressemblait. La première fois que j'ai ouvert un livre de lui, j'ai vu, avec épouvante et ravissement, non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi, et écrites par lui vingt ans auparavant.»
Baudelaire
Et encore ceci, du même : «Son style est serré, concaténé, la mauvaise volonté du lecteur ou sa paresse ne pourront pas passer à travers les mailles de ce réseau tressé par la logique. Toutes les idées, comme des flèches obéissantes, volent au même but.»
Poe par Manet
00:15 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : edgar poe, baudelaire, manet
dimanche, 15 février 2009
Comme elle est vraiment
Il n'y a que lui, le roman, pour l'affirmer, le temps, le retourner, le transformer, le retrouver, le faire respirer sous nos yeux comme une peau d'étalon de course, l'isoler, l'écouter, le dilater et le contracter, l'accélérer, le freiner, lui, et le cavalier qui l'écrit, qui le lit ; qui écrit et lit sa propre vie comme elle est vraiment.
Philippe Sollers, Grand beau temps
Manet
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, philippe sollers, roman, manet
mardi, 03 février 2009
L'autoportrait à la palette
Manet; 1879
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet
lundi, 29 décembre 2008
Et cette illusion de bonheur finit par devenir bonheur...
Envie de sortir, de marcher, je suis monté à San Martino. Ce genre de décor somptueux, chargé m’aurait déplu il y a quelques années. Dorures, stuc, marbres polychromes, couleurs fondues, motifs enlacés, anges virevoltants, tout est fait pour dérouter l’âme, qu’elle vacille, l’enlever des griffes du réel, la jeter dans un monde de miroirs corruscants, un crépitement de pierreries, de marbres roses. Les plafonds figurent des ouvertures vers le ciel, vers d’autres images, où rien ne finit jamais. Une illusion de bonheur qui n’a jamais de fin. Toujours plus de couleurs, de rondeurs, de trompe- l’oeil. Et cette illusion de bonheur finit par devenir bonheur...
Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman
Manet, pivoines
17:13 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, raymond alcovère, fugue baroque, manet
dimanche, 30 novembre 2008
Manet, le regard
"Chez le père Lathuille"
03:34 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : art, peinture, manet, regard
dimanche, 16 novembre 2008
La rose est sans pourquoi
04:04 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angelus silesius, manet, rose
samedi, 02 août 2008
Les femmes inflexibles...
"Les femmes inflexibles sont les seules qui comptent. Il faut les prendre par la tendresse. Même quand vous en avez le moins envie, soyez tendre"
Hemingway
Manet
00:16 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : femmes, hemingway, manet