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vendredi, 12 février 2010

Le grand pow-wow de la lumière

jean-seberg-1-sized.jpgLa neige vint cet hiver-là, en brouillard qui apaise les contours. La mer était grise, grise et blanche. Des nuées de mouettes voletaient en rangs serrés au dessus de l’eau. Quelques pas derrière, les flamants, suspendus, jetaient des taches roses sur le vert des étangs. Je marchais de longues heures jusqu’à la cathédrale de Maguelone. Les étangs offraient leur placidité sauvage, le silence retenu de ce qu’était le rivage autrefois, maintenant oublié, à peine ridé par le vent du Nord. Puis arrivait un soleil éclatant, avec les passants, incongrus, lointains dans ce décor de couleurs. Le grand pow-wow de la lumière.

Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", vient de paraître, éditions Lucie

jeudi, 11 février 2010

Boum !

Boum !

19:17 Publié dans Chanson | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : charles trenet, boum

5 ans déjà !

Fragonard_l'Inspiration.jpgC'était le jeudi 3 février 2005, ouverture de ce blog, avec cette note :

Se voir en peinture...

Notre temps est devenu fou. Ordre, contrôle, rentabilité. Alors que bonheur et plaisirs sont faits de rien. De riens. Ce rien on vous le laisse comme disait Léo Ferré. Eh bien prenons-le ! Prenons la parole, s’il ne reste que ça ! Même si ça ne sert à rien, ou justement à cause de cela ! Reste à jouer ! D’ailleurs la parole des grands écrivains est faite de silence. Quand on lit un grand texte, aussitôt le silence se fait, un silence de neige, tout autour. Comme si le monde s’arrêtait de tourner, si tout le bruit inutile apparaissait d’un coup comme ce qu’il est vraiment, c’est à dire vide, creux et inutile.
Il y a ces grands textes et puis la peinture. Certains tableaux happent le monde, l’insèrent, l’intègrent à eux, subrepticement...
Les regardant, vous êtes happés, intégrés à eux. Attention la chose peut même se faire à votre insu. Regardez mieux un tableau de Watteau, Delacroix, Poussin, Véronèse ou Fragonard…
Observez attentivement, peut-être vous y découvrirez-vous, dans un coin, tenant une guitare, ou dialoguant avec l’ange…

Et les 3 premiers à laisser des commentaires : Nina, PAG et JJM !

00:10 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : blog, fragonard

mercredi, 10 février 2010

Fictions...

jean-seberg.jpgL’infériorité de l’esprit se mesure à la grandeur apparente des objets et des circonstances dont il a besoin pour s’émouvoir. Et surtout à l’énormité des mensonges et des fictions dont il a besoin pour ne pas voir l’humilité de ses moyens et de ses désirs. (Paul Valéry)

Photo : Jean Seberg

mardi, 09 février 2010

Virer Debord !

Voici une histoire qui ne manque pas de sel ! L'Etat fait appel au mécénat des entreprises privées pour conserver en France les archives de Guy Debord, sinon elles partiront aux Etats-Unis... A lire là

Un nouveau magazine littéraire en ligne

Il s'appelle "La Vie littéraire" et c'est ici

13:16 Publié dans Revues | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la vie littéraire

Dans le temps...

dorleac-franiaaoise-02-g.jpgSi du moins il m'était laissé assez de temps pour accomplir mon oeuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l'idée s'imposait à moi avec tant de force aujourd'hui, et j'y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes, - entre lesquelles tant de jours sont venus se placer - dans le Temps.

Marcel Proust, Le temps retrouvé (dernier paragraphe)

Photo : Françoise Dorleac

lundi, 08 février 2010

Concours de nouvelles de l'Encrier renversé

XXIIe CONCOURS FRANCOPHONE DE NOUVELLE 2010

DE L’ENCRIER RENVERSÉ ET DE LA VILLE DE CASTRES

Réglement ici

Une forme d'intelligence extraterrestre

La meilleure preuve qu'il existe une forme d'intelligence extraterrestre est qu'elle n'a pas essayé de nous contacter

Pierre Dac

9, rue de la Vieille intendance à Montpellier

Jardindesplantes2.jpgC'est à cette adresse que Paul Valéry a écrit "Monsieur Teste", tout près de la Place de la Canourgue et de la cathédrale de Montpellier, dans la même maison qui vit naître Auguste Comte. Fruttero et Lucentini, qui avaient réuni leurs chroniques de "La Stampa" sous le titre de "La prédominance du crétin", terminent leur livre par ces lignes sur Valéry : « Monsieur Teste n’est pas un symbole commode, un héros triomphant que l’on peut suivre en rangs, en entonnant des slogans. En un certain sens, il a toujours été vaincu. Mais à intervalles assez longs, quand les trottoirs hurlants se sont momentanément vidés, on peut toujours, si on le désire, entendre son pas nocturne, régulier, imperturbablement solitaire ».

On pourra ici faire une promenade littéraire dans Montpellier

Photo : Le Jardin des Plantes à Montpellier

dimanche, 07 février 2010

Bright Star, de Jane Campion

photo-inspirant-l-affiche_630_630.jpgJane Campion est poète et filme à merveille les écrivains, on l'avait vu dans le magnifique "Un Ange à ma table" sur la vie de Janet Frame. Ici elle s'attache au poète John Keats(interprété par Ben Whishaw), et à son idylle avec Fanny Brawne (Abbie Cornish). Remarquable plasticienne, la cinéaste traduit subtilement les sensations (vent dans les rideaux, passage des saisons), et les émotions ; l'histoire d'amour est très belle, servie par des comédiens étonnants. Sur la stèle de Keats, mort à Rome après un passage à Naples, on gravera cette épitaphe qu'il a composée lui-même : « Here lies one whose name was writ in water » : « Ici repose celui dont le nom était écrit sur l'eau ».

De l'imaginer

The-Foot-of-Miss-O-Murphy-Francois-Boucher-303163.jpg« Je tremblai l'acceptant, mais de l'imaginer, je devins fou »

(Georges Bataille, Madame Edwarda)

François Boucher (détail)

samedi, 06 février 2010

Encre de Kin

JE2-1 - Copie.jpgLe grand Bona Mangangu est de retour sur la toile (normal pour un peintre !). Son site s'appelle "Encre de Kin". Ici une des ses encres sur papier que vous pourrez découvrir sur son site. Bonne visite...

vendredi, 05 février 2010

ça Chamfort !

Etrange et secret Chamfort dans des temps sanglants d'une folie sombre. « La pensée console de tout et remédie à tout. Si quelquefois elle vous fait du mal, demandez-lui le remède du mal qu'elle vous fait, elle vous le donnera. » C'est au sujet de ce libre penseur, en tout cas, que Voltaire a écrit ce blasphème salubre : « La nation n'est sortie de la barbarie que parce qu'il s'est trouvé trois ou quatre personnes à qui la nature avait donné du génie et du goût, qu'elle refusait à tout le reste. » Français, encore un effort...

Ph Sollers

Lire l'article en entier ici

Avis de recherche

La Belle-mère Dure recherche des collages, montages, photos détournées, dessins humoristiques etc. pour ses prochains numéros. (Voir ici)

Une sorte de nettoyage

Collage de Philippe Lemaire.jpg"J’écris de manière trop intermittente pour avoir une seule méthode de travail : il m’est arrivé plus d’une fois de passer une année et davantage sans m’y remettre. Quand j’écris, je ne travaille pas avec régularité – pas d’heures fixes –, j’évite seulement le travail d’après dîner, qui entraîne immanquablement l’insomnie : je mets beaucoup de temps à me débarrasser l’esprit de mon écriture du jour. J’essaie simplement, si j’écris un récit ou un roman, de ne pas trop espacer les jours de travail, espacement qui rend plus difficile de reprendre le récit dans le ton exact où je l’ai laissé. Pratiquement, jamais plus de deux heures de travail dans une journée ; au-delà, j’ai besoin de sortir, d’aller me promener. Si j’écris un texte court, dont l’écriture demande à être très surveillée, la marche sert d’ailleurs souvent à la mise au point presque mécanique d’une phrase qui ne m’a pas laissé satisfait : elle produit l’effet d’une espèce de blutage. La phrase qui reste dans mon souvenir à la fin de la promenade – tournée et retournée le long du chemin – s’est débarrassée souvent de son poids mort. En la comparant au retour avec celle que j’ai laissée écrite, je m’aperçois quelquefois qu’il s’est produit des élisions heureuses, un tassement, une sorte de nettoyage."

Julien Gracq

Collage de Philippe Lemaire

Voir ici le site de La Nouvelle Revue Moderne, qu'il anime

jeudi, 04 février 2010

Clandestinité

Le genou de Claire.jpg"Je crois effectivement que le travail fondamental de l'écrivain ne peut plus se faire autrement que dans la clandestinité, malgré d'ailleurs une apparence soit tout à fait convenable, soit tout à fait trompeuse. Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande. Cela vient du fait que, désormais, la société contrôle tout et se raconte à elle-même dans des séries d'images. J'ai une grande habitude d'être pris pour quelqu'un d'autre. Je suis aussi habitué à ce qu'on ne lise pas du tout ce que j'écris. J'en retire à la fois un sentiment d'impunité et de liberté très grande. Je peux vivre selon l'image qu'on a de moi et poursuivre dans le même temps des activités tout autres..."
Philippe Sollers

Photo : Le Genou de Claire

mercredi, 03 février 2010

Madagascar

IMGP0936.JPGMadagascar, ce n’est ni l’Afrique, ni l’Asie. La terre y est rouge. Pas vraiment une île, pas non plus un continent. Dix-huit ethnies la composent. On y parle le français mais surtout le malgache, une langue superbe, sonore, mélodieuse. Il y a des gens riches mais beaucoup de très pauvres. On est dans l’hémisphère sud, et sur les hauts-plateaux, il fait froid en hiver. On y est majoritairement chrétien mais on croit surtout aux ancêtres. On y adore la politique pourtant la corruption est partout. Les gens n’ont presque rien et la solidarité n’est pas un vain mot. Les rites funéraires sont permanents et on y rit beaucoup. On y est sentimental et nostalgique mais souvent implacable avec les autres. Et les gens vous écoutent vraiment. Dès l’arrivée, je m’y suis senti bien. Comme si j’y étais venu dans une autre vie. Je savais qu’une place m’attendait là. Jamais auparavant je n’avais eu ce sentiment. Un je ne sais quoi, l’air que l’on respire, la force des émotions, une intensité, les paysages.

Ici, tout est plus simple et plus vivant, comme remonté d’un autre âge et toujours là, tranquille et posé dans la lumière. Le temps s’écoule différemment, en profondeur. La projection dans l’avenir est inutile, privée de sens. Le présent allégé, se concentre. Madagascar est un pays pauvre, on est sans cesse renvoyé à cette réalité. Mais derrière s’en dissimule une autre. De retour en Europe, la pauvreté, le vide de nos vies, le décalage constant avec la réalité, le spectacle permanent, jaillissent en pleine lumière. Ici, les gestes ont du sens. On lutte d’abord pour survivre.

Malraux a écrit : « Sans doute un jour, devant les étendues arides ou reconquises par la forêt, nul ne devinera plus ce que l’homme avait imposé d’intelligence aux formes de la terre en dressant les pierres de Florence dans le grand balancement des oliviers toscans ». Cette phrase, je l’ai comprise dans la Grande Île. Ici, un je ne sais quoi a eu lieu, il y a  longtemps. Il en reste beauté, dénuement et harmonie. Tout s’éclaire enfin, inscrit dans une perspective. Ce que je cherchais au Mexique, je l’ai trouvé là. C’est absurde, nous avons construit un monde absurde. On peut passer en quelques heures d’une société d’abondance et de faux semblants à ce monde cru, dur, où on se bat à chaque seconde pour sa survie.

Coline et Francis habitent à une douzaine de kilomètres d’Antananarivo, la capitale. On les parcourt à travers des rizières, de belles maisons et des bidonvilles. La foule se presse, à toute heure du jour et de la nuit, autour des échoppes, aux arrêts des taxis-brousse. Les enfants, très jeunes, travaillent au bord des routes, à casser, charrier des pierres, des briques. Des familles entières vivent sans toit, parfois au bord des décharges. Le pays, cette année-là, s’efforçait de donner une image moderne, il organisait les Jeux de l’océan Indien. Au milieu du désordre ambiant, de l’absence d’organisation, surgissaient des affiches clinquantes vantant les mérites du sport et des produits censés le représenter. Alors qu’en Europe, tout le monde ne parle que d’environnement et de sauver la planète, ici le moindre camion ou la plus petite voiture crachent une fumée noire épouvantable qui empuantit l’atmosphère. Et pourtant j’ai trouvé dans ce pays plus de vie qu’en Europe.

 

Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", vient de paraître, éditions Lucie

mardi, 02 février 2010

Un nouveau site d'info

A voir ici, un nouveau site d'info : Le vent se lève (lire notamment l'édito de présentation : Derrière la vitre)

03:50 Publié dans Info | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : info, le vent se lève

Errer humanum est !

nicolas-de-sta%C3%ABl-noon-landscape.jpgUn droit que bien peu d’intellectuels se soucient de revendiquer, c’est le droit à l’errance, au vagabondage.
Et pourtant, le vagabondage, c’est l’affranchissement, et la vie le long des routes, c’est la liberté !
Rompre un jour bravement toutes les entraves dont la vie moderne et la faiblesse de notre cœur, sous prétexte de liberté, ont changé notre geste, s’armer du bâton et de la besace symboliques, et s’en aller !
Pour qui connaît la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté (car on n’est libre que tant qu’on est seul), l’acte de s’en aller est le plus courageux et le plus beau.
Egoïste bonheur, peut-être. Mais c’est le bonheur, pour qui sait le goûter.
Etre seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, et marcher, solitaire et grand à la conquête du monde.

Isabelle Eberhardt

Peinture de Nicolas De Staël