samedi, 05 juin 2010
Une obscurité de glaïeuls
Il pleut des flèches de soleil acerbes comme des sagaies et drues comme un nuage de sauterelles.
Un vent de terre souffle une haleine chaude et mon cheval, rude et âpre comme le sel se cabre face à la montagne.
Enfin le vent du soir coule une giclée de citron frais sur les collines et ce fleuve immense aux reflets roses qui file grand large vers la mer – ample mouvement de ses méandres, inachevé, cours à l’apparence immobile mais forces profondes, latentes, terribles.
Une obscurité de glaïeuls.
Raymond Alcovère, extrait de "L'aube a un goût de cerise", N&B éditions, 2010
Nicolas de Staël
19:31 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, nicolas de staël
vendredi, 04 juin 2010
Z
Un Z, il suffit d’un Z à l’intérieur d’un mot, pour qu’on lui trouve aussitôt un charme particulier. Quelque chose d’indéfinissable. Qui inquiète et subjugue à la fois
Jean-Luc Hennig
00:10 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-luc hennig, z, jacki maréchal
jeudi, 03 juin 2010
C'est tous les jours comme ça, de Pierre Autin-Grenier
LIRE
Un couple d’étudiants des Beaux-Arts s’est fait prendre en flagrant délit en train de lire, lui un roman de Zola, elle (ce qui ne va pas manquer d’aggraver sérieusement son cas) un samizdat de V., dans le Lyon-Orléans de dix-huit heures quatre, hier. Trois jeunes recrues frais versées dans la toute nouvelle Police Armée du Peuple ont sans doute voulu faire d’entrée du zèle et afficher ainsi leur ardeur a bien servir le régime en opérant de leur propre initiative ce contrôle-surprise juste avant le départ du train. Les deux fieffés provocateurs se sont fait copieusement passer à tabac sans que quiconque n’ose réagir dans le compartiment, avant que d’être embarqués manu militari au commissariat central pour y répondre de leur conduite. Martin qui me rapporte l’affaire ajoute qu’à l’heure qu’il est on ne donne pas cher de leur avenir dans l’art de l’autoportrait.
Il est vrai que depuis l’entrée en vigueur de cet imbécile décret interdisant de lire dans les lieux public tout écrit autre que la presse d’État ou les petits ouvrages à couverture bleu nuit du ministère de la Formation Civique, on assiste à une véritable chasse aux récalcitrants, à une traque sans trêve et sans merci des fraudeurs de tout acabit. Certes le nombre de nos concitoyens encore entichés de littérature a fondu à vue d’œil depuis la réforme drastique de l’édition, la sarabande enragée des ciseaux de la censure et les mesures contraignantes concernant le commerce de librairie, mais il reste important quand même et composé d’individus assez déterminés pour poser problème. Quant aux dissimulateurs de toutes sortes, ils ont recours à des subterfuges d’une telle ingéniosité pour assouvir leur passion qu’on peut les croire tirant substantifique moelle du Manuel à l’usage de l’Homme Nouveau (sous couverture bleu nuit) alors qu’ils sont tout simplement plongés dans quelque croustillant chapitre de Proust.
Déjà c’était à se tordre lorsqu’Ils ont imposé sur tous les ouvrages de fiction ces grotesques bandeaux rouges et blancs marqués d’inscriptions aussi absurdes que « Lire peut entraîner des lésions cérébrales graves », « Lire peut provoquer des troubles oculaires irrémédiables » ou « Lire peut nuire aux spermatozoïdes et réduit la fertilité » et autres âneries ignobles tout droit sorties de leur esprit tordu, mais quand la sous-secrétaire d’État en charge des Activités Culturelles et de Loisirs a déclaré dans un discours fameux par sa bêtise vouloir « aller buter les déviants jusque dans les chiottes » (sic), alors je ne vous dis pas le sentiment de malaise mêlé d’angoisse qui s’est emparé de tous ceux pour qui lire autre chose que les romans à l’eau de rose des éditeurs sous contrat représente l’ultime espoir d’évasion, le dernier espace de liberté. Nombreux ceux qui (comme moi, avouons-le ici en douce) ont entrepris de stocker en lieu sûr différents titres de leurs auteurs de prédilection dans la crainte de voir bientôt considérée comme suspecte, si ce n’est tantôt interdite, la possession d’une bibliothèque à domicile. Faudra-t-il demain se coudre les paupières pour avoir l’air d’un honnête citoyen?
Quand même voltigent toujours de-ci de-là des mots réchappés du carcan de la médiocrité imposée et de la littérature marchande, la plupart publiés sous le manteau par des enragés à la témérité sans faille, vendus le plus souvent à la sauvette ou dans les arrière-boutiques de libraires rebelles et qui font le bonheur de quelques irréductibles, d’amateurs de belles choses ou d’impénitents vieillards comme moi. Mais tout cela, pour combien de temps encore ?
P.A.G
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pierre autin-grenier
mercredi, 02 juin 2010
« Je comprends tout ce qu’on a pu entendre au sujet de l’effet du Sud sur le caractère et l’énergie. »
« Il n’aurait pas fallu devenir psychiatre et prétendu fondateur d’une nouvelle tendance en psychologie, mais fabricant de quelque objet de genre courant comme du papier hygiénique, des allumettes ou des boutons de bottines. Il est beaucoup trop tard maintenant pour changer de profession, si bien que je continue - égoïstement mais en principe avec regrets - à jouir seul de tout. »
Sigmund Freud
Lire ici l'article complet extrait de "Discours parfait" de Philippe Sollers
Titien, L'Amour sacré et l'amour profane
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mardi, 01 juin 2010
Et même la nature extérieure ne peut plus garder la même gravitation
« Non, Van Gogh n'était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l'angle de vision, à côté de toutes les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie second Empire et des sbires de Thiers, de Gambetta, de Félix Faure, comme ceux de Napoléon III. Car ce n'est pas un certain conformisme de mœurs que la peinture de Van Gogh attaque, mais celui même des institutions. Et même la nature extérieure, avec ses climats, ses marées et ses tempêtes d'équinoxe ne peut plus après le passage de Van Gogh sur terre, garder la même gravitation »
Antonin Artaud : Van Gogh, le suicidé de la société
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lundi, 31 mai 2010
La suprême énergie d’un acte de renoncement
« Ni ses semblables, ni ses dieux, ni ses passions ne laisseront jamais un homme en repos. Du fait de ces alliés et de ces ennemis, il exerce une domination précaire, il possède une éphémère signification ; et c’est cette dépendance, dans toutes ses manifestations, grandes ou petites, superficielles ou profondes, et cette dépendance seule, que commente, interprète, démontre l’art du romancier, de la seule façon possible : par une création indépendante de circonstances et de personnages, réalisée en dépit de toutes les difficultés de l’expression, dans un effort d’imagination qui tire son inspiration de la réalité des formes et des sensations. Qu’un sacrifice doive être fait, qu’il faille abandonner quelque chose, c’est là la vérité gravée dans les recoins du temple bâti pour notre édification par les maîtres du roman. Il n’y a pas d’autre secret derrière le rideau. Toute aventure, tout amour, tout succès se résume dans la suprême énergie d’un acte de renoncement. C’est l’extrême limite de notre pouvoir, c’est la force la plus puissante et la plus efficace dont nous disposons. » :
Joseph Conrad, Notes sur la vie et les lettres.
Claude Monet et Nicolas de Staël
13:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph conrad, nicolas de staël; claude monet
vendredi, 28 mai 2010
Come di
La Comédie d'un jour, la comédie d'un jour d'ta vie... On pourra écouter Paolo Conte ici
ou venir vendredi 28, samedi 29 et dimanche 30 mai, à Montpellier.
Vous pourrez m'y retrouver sur le stand de la librairie Sauramps, les trois après-midi ainsi que le vendredi à 11 H 30 au lieu dit "La Friche" pour une restitution comme on dit de l'opération "Auteurs au lycée" à laquelle j'ai participé avec des lycéens de Bagnols-sur-Cèze, plus de détails ici
Programme complet de la manifestation ici
La littérature invitée cette année est celle d'Amérique du nord.
Et Paolo Conte chante ici encore : Alors Monsieur Hemingway, ça va ?
Oltre le dolcezze dell’Harry’s Bar
e le tenerezze di Zanzibar
c’era questra strada…
Oltre le illusioni di Timbuctù
e le gambe lunghe di Babalù
c’era questa strada…
…Questa strada zitta che vola via
come una farfalla, una nostalgia,
nostalgia al gusto di curaçao…
…Forse un giorno meglio mi spiegherò…
…Et alors, Monsieur Hemingway,
ça va?…
………
Et alors, Monsieur Hemingway,
ça va mieux?…
02:43 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : comédie du livre
mercredi, 26 mai 2010
Au bord de la mer
C’est dimanche, au bord de la mer. Le vent souffle en bourrasques, les promeneurs ont rebroussé chemin. Luminosité coupante. Il y a de la magie dans l’atmosphère, univers en suspens, près de basculer. Phénomène rarissime, on aperçoit le Canigou et la chaîne des Pyrénées en surimpression sur l’horizon. On tient à peine debout. Contre la violence des éléments, ils marchent. Puis ils s’arrêtent, seuls au milieu de l’espace.
Soudain Léonore le prend dans ses bras, l’embrasse à le dévorer. Ils sont serrés. Le vent hurle, soulève le sable. Elle crie : « dis-moi que tu m’aimes, que tu m’aimeras toujours ». Il l’embrasse en pleurs et crie à son tour : « je te le jure ». La tempête est effroyable. Ils tombent par terre, incapables de se détacher. Gaétan est sûr que, s’ils le faisaient à cet instant, ce serait à jamais. Emportés par un souffle qui vient du dedans, accrochés l’un à l’autre avec l’énergie du désespoir.
Le sable leur fouette le visage, s’insinue mais ils ne le sentent pas ou bien cette douleur est encore du plaisir. Au bout d’un temps, le vent a creusé un abri autour. Ils restent immobiles, puis la tension tant en eux qu’à l’extérieur s’apaise. Ils se lèvent sans dire un mot. Bientôt avec l’accalmie, ils ne seront plus seuls. Ils s’en vont, avec la sensation d’avoir été au bout du voyage, d’en être sortis vainqueurs. Silencieux, envahis par un bien-être profond.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007 éditions N&B
Turner, Vapeur dans la tempête de neige
16:55 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, turner, le sourire de cézanne
mardi, 25 mai 2010
Ciel de pagodes
Je bois l’aube.
Tremblements, orages, luxuriance.
Ordalie de vents.
Bégaiement du temps.
Tout peut s’arrêter car rien ne s’arrêtera jamais.
L’abîme est un fracas.
Ivre de colère, il s’abandonne.
Les anges y volent obscurément, symphonie bleu nuit de la pluie et du vent.
Un virage s’amorce.
La grande mue de la mer de nuages.
Le vent s’efface pour laisser la place au jour.
Ciel de pagodes, échelles vers le soleil.
Raymond Alcovère, Extrait de L'Aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010
François Plazy, Taozen
16:49 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'aube a un goût de cerise, françois plazy
lundi, 24 mai 2010
Maximes stendhaliennes
Songe à trois maximes :
1 S'accoutumer aux chagrins : tout homme en a sept ou huit par jour.
2 Ne pas trop s'exagérer le bonheur que l'on n'a pas.
3 Savoir tirer parti des moments de froideur pour travailler à perfectionner notre art de connaître, ou esprit.
Stendhal, Lettre à sa soeur Pauline, Marseille, 22 mars 1806.
18:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : stendhal, nina houzel
samedi, 22 mai 2010
OGM danger !
La Commission Européenne vient d'autoriser l'entrée et la culture d'OGM en Europe, contre le souhait des citoyens, et contre l'avis de plusieurs États Membres. La gouvernance européenne nous permet de déposer une demande officielle auprès de la Commission, pour peu qu'elle soit soutenue par un minimum de 1 million de citoyens européens. Aujourd'hui, et après 1 mois d'action, Greenpeace et Avaaz ont réussi à rassembler près de 820.000 signatures.Voici le lien vers la pétition : ça vous prendra 30 secondes, nous laissera peut-être une chance d'obtenir un moratoire au niveau européen, et d'éviter:
- l'entrée massive en Europe de cultures invasives (elles menacent la biodiversité), - potentiellement nocives pour notre santé (de nombreux avis médicaux mettent en garde contre les conséquences de la consommation d'OGM),
- potentiellement dangereuses pour l'indépendance économique des agriculteurs (les semences sont chères car brevetées, doivent être rachetées chaque année, et demandent l'utilisation de produits spéciaux disponibles uniquement chez les semenciers),
- polluantes (ces cultures nécessitent l'utilisation d'énormément de produits chimiques).
http://www.greenpeace.org/international/campaigns/genetic...
Photo de Jacques Henri Lartigue : Rugby
00:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ogm, pétition
vendredi, 21 mai 2010
Les impressions les plus délicates sont les plus fugitives
« Les impressions les plus délicates sont les plus fugitives ; si elles ne sont rendues sur l'instant, elles s'évaporent ou se matérialisent, deviennent banales, absolument comme les expressions de physionomie en passant du tableau du grand maître à la gravure ou à la mosaïque. Or ces sensations rapides et évanouissantes, éclairs de poésie et d'idéal, parfums subtils, traces des anges qui passent dans notre vie, sont justement ce qu'elle a de plus précieux. » : Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, 30 octobre 1852
Fragonard, Souvenir
16:04 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frédéric amiel, fragonard
jeudi, 20 mai 2010
Programme
"Je ne suis ni un libéral, ni un conservateur, ni un progressiste, ni un moine, ni un indifférent... Je voudrais être un artiste libre et rien de plus, et je regrette que Dieu ne m'ait pas donné les forces nécessaires. [...] Il n'y a pas que chez les marchands et dans les maisons d'arrêt que le pharisianisme, l'esprit obtus et l'arbitraire règnent en maîtres. Je les retrouve dans la science, dans la littérature, chez les jeunes. Pour la même raison, je n'éprouve pas d'attrait spécial pour les gendarmes, pas plus que pour les bouchers, les savants, les écrivains ou les jeunes. Enseignes et étiquettes sont, à mon sens, des préjugés. Mon saint des saints, c'est le corps humain, la santé, l'esprit, le talent, l'inspiration, l'amour et la liberté la plus absolue, la liberté face à la force et au mensonge, quelle que soit la façon dont ceux-ci se manifestent. Voici le programme auquel je me tiendrais si j'étais un grand artiste."
Anton Tchekhov Lettre à Alexaï Plechtcheïev (4 octobre 1888)
13:41 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tchekhov, frédérique azaïs-ferri
mercredi, 19 mai 2010
Comédie du livre
Certains esprits frondeurs, comme notre bonne ville s'est toujours plu à en abriter, continuent à l'appeler "Tragédie du livre", mais non, il s'agit bel et bien de la Comédie du livre, du nom de la place du même nom, qui se déroulera les vendredi 28, samedi 29 et dimanche 30 mai, à Montpellier.
Vous pourrez m'y retrouver sur le stand de la librairie Sauramps, les trois après-midi sus-nommées (eh oui en bon méditerranéen, le matin je dors !) ainsi que le vendredi à 11 H 30 (une heure apéritive), au lieu dit "La Friche" (ça me convient !) pour une restitution comme on dit de l'opération "Auteurs au lycée" à laquelle j'ai participé avec des lycéens de Bagnols-sur-Cèze, plus de détails ici
Programme complet de la manifestation ici
La littérature invitée cette année est celle d'Amérique du nord.
00:10 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comédie du livre
dimanche, 16 mai 2010
Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau
On découvre à travers ces entretiens comment après la deuxième guerre mondiale, les surplus d'explosifs, de gaz de combat et de tanks ont été recyclés vers l'agriculture pour le plus grand profit de l'industrie chimique et pétrolière. Cette prétendue "révolution verte", en guerre contre la terre, a éradiqué les écosystèmes gratuits et pérennes qui avaient nourri l'humanité depuis la nuit des temps, pour leur substituer les intrants polluants et coûteux de la pétrochimie.
La conséquence de cette "révolution verte" c'est la mort des sols, l'éradication de la biodiversité, l'exode rural massif ou le suicide des paysans, la confiscation de notre bien commun primordial, la semence, la malnutrition de ceux qui mangent et la famine pour un milliard d'humains.
Cette agriculture n'est pas pérenne, elle repose sur une ressource épuisable et bientôt épuisée, le pétrole, elle nous emmène vers des crises alimentaires qui frapperont les pauvres d'abord, mais aussi les pays riches.
20:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : solutions locales pour un désordre global, coline serreau
samedi, 15 mai 2010
Malheur à celui par qui le Stendhal arrive !
"Vos plats ennemis ne seront connus que par le bonheur qu'ils auront eu d'être vos ennemis."
Stendhal
Géricault, Etude de main attrapant une grosse mouche
Musée Bonnat (Bayonne)
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : stendhal, géricault
vendredi, 14 mai 2010
Une histoire parallèle
12:26 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yannick haenel, veronese
jeudi, 13 mai 2010
Pierre Autin-Grenier à Carpentras
Pour la sortie de son dernier livre "C'est tous les jours comme ça" aux éditions Finitude
Lire ici un article de Pierre Assouline
Vendredi 14/05/2010 : 19H00
Librairie de l’Horloge
35 place de l’Horloge
84200 CARPENTRAS
04 90 63 18 32
13:35 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pierre autin-grenier, c'est tous les jours comme ça
Le Stade du miroir
Le sens de la création littéraire : dépeindre des objets ordinaires tels que leur reflet apparaîtrait dans des miroirs magiques
Nabokov
René Magritte, La Condition humaine
01:47 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nabokov, magritte
mercredi, 12 mai 2010
Erri de Luca, Valeur, Valore
"J'attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche.
J'attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles.
J'attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s'est pas épargné, à deux vieux qui s'aiment.
J'attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd'hui vaut peu de chose.
J'attache de la valeur à économiser l'eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s'asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi.
J'attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive.
J'attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelle que soit sa faute.
j'attache de la valeur à l'usage du verbe aimer et à l'hypothèse qu'il existe un créateur.
Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues.
Considero valore l'uso del verbo amare e l'ipotesi che esita un creatore."
Erri de Luca
Extrait du site toujours magnifique "Fleuves et Montagnes sans fin"
00:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca