vendredi, 26 mars 2010
Fluctuat
"Dans ces temps-là, les Français s'imaginaient d'aimer leur Roi, et ils en faisaient toutes les grimaces ; aujourd'hui on est parvenu à les connaître un peu mieux. Mais dans le fond les Français sont toujours les mêmes. Cette nation est faite pour être toujours dans un état de violence ; rien n'est vrai chez elle, tout n'est qu'apparent. C'est un vaisseau qui ne demande que d'aller, et qui veut du vent, et le vent qui souffle est toujours bon. Aussi un navire est-il les armes de Paris."
Casanova, Histoire de ma vie
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jeudi, 25 mars 2010
Tous les sens à la fois
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mercredi, 24 mars 2010
La pouffe mondialisée est-elle l'avenir de la femme?
Quant au « contenu rédactionnel » (comme on dit quand on fait un journal piège-à-pub) il ne diffère pas de ce qui semble être la tendance actuelle de la presse féminine : la pouffisation mondiale. Celle qui fait que, de Tokyo à Paris en passant par Rome, Düsseldorf, Dubaï, etc. les journaux et les séries télé destinés au public femelle ont réussi à imposer comme seul modèle : celui de la pétasse californienne à hauts talons.
Lire ici à propos du nouveau magazine féminin de Lagardère
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mardi, 23 mars 2010
Encre
Une goutte d’encre est un lac où un ange a chu si brillamment que la corolle noire de l’impact a le poli de la bakélite, la gracile élégance d’une ombelle fraîchement vernissée, en son centre, — en son ventre où disparaît, engloutie, l’aile agile et frêle du messager divin à jamais immergé dans une obscurité liquide et sirupeuse, collant aux plumes,tenant de l’huile usée et du goudron sécrétés par les soutes d’un jadis si majestueux paquebot, éclatant de blancheur lisse, étoilée, rehaussée du sourire perlé des coquillages servis dans des grands plats d’argent sur le rebord desquels, parmi les algues et les poissons en incrustation d’émail, les guirlandes électriques multicolores bercées par la brise mystérieuse, les lèvres nacrées des femmes en vison, les cols satinés des smokings et les épaulettes d’or des uniformes d’apparat se pressaient, s’agglutinaient et s’évanouissaient en un chapelet de reflets, jouant déjà la scène du naufrage, du fatal destin des lourdes chaloupes au chargement livide, — les coquilles, jetées par-dessus bord depuis le pont des cuisines, attendant patiemment leurs nouveaux hôtes, et légèrement les corps s’enfonçant, se frayant un chemin vertical, hésitant et nécessaire, enrobés d’une solitude qui est celle des astres, auréolés d’un lent nuage verdâtre de poussière marine, impalpable et fuyant suaire de leur déliquescence, premier signe de l’inéluctable entropie dont la pierre renferme les strates, ces cris oppressés de la matière qui, en se disloquant, s’affine et, sur la berge, alanguie, s’étale, poudre de nacre scintillante, pure, et conserve un instant l’empreinte incertaine et fugace de l’aile d’un ange imprudent, tandis que les corps rongés et mous, un à un, gonflés d’un ironique besoin de s’élever, remontent à la surface et jouent dans les vagues.
Jean-Jacques Marimbert, texte paru dans la revue Encres Vagabondes en juin 1999.
Image : d'après une photo de Gildas Pasquet
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lundi, 22 mars 2010
Le bagage que l'on emporte
"Selon Wilhelm Stekel, le bagage que l'on emporte est le poids des péchés par lesquels on se sent écrasé."
Hélène Cixous
Paul Delvaux
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dimanche, 21 mars 2010
L'Art de la guerre
« Le recours à la duperie est un principe à observer dans la guerre. Par conséquent, quand vous êtes capable de désirer livrer combat, vous devez tâcher de vous montrer inapte et indifférent. Quand vous voulez rester sur place ou aller loin, feignez le contraire. Quand l’adversaire est cupide, faites-lui miroiter des gains. Quand l’ennemi est en désordre, prenez-le d’assaut ; quand il est en position solide, prenez garde à lui ; quand il est puissant, évitez de le rencontrer ; quand il est arrogant, cherchez à le faire fléchir ; quand il est prudent, incitez-le à l’arrogance ; quand il est dispos, cherchez à le harceler ; quand il est solidaire, efforcez-vous de semer la discorde dans son sein. Attaquez l’ennemi à l’improviste, quand il n’a fait aucun préparatif. Il est impossible de donner un modèle établi des secrets de l’art de la guerre. ».
Sunzi, L'Art de la guerre
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samedi, 20 mars 2010
La solitude de l'écrivain
« L'écrivain est seul, abandonné des anciennes classes et des nouvelles. Sa chute est d'autant plus grave qu'il vit aujourd'hui dans une société où la solitude elle-même, en soi, est considérée comme une faute. Nous acceptons (c'est là notre coup de maître) les particularismes, mais non les singularités ; les types, mais non les individus. Nous créons (ruse géniale) des chœurs de particuliers, dotés d'une voix revendicatrice, criarde et inoffensive. Mais l'isolé absolu ? Celui qui n'est ni breton, ni corse, ni femme, ni homosexuel, ni fou, ni arabe, etc. ? La littérature est sa voix, qui, par un renversement "paradisiaque", reprend superbement toutes les voix du monde, et les mêle dans une sorte de chant qui ne peut être entendu que si l'on se porte, pour l'écouter (comme dans ces dispositifs acoustiques d'une grande perversité), très haut au loin, en avant, par-delà les écoles, avant-gardes, les journaux et les conversations. »
Roland Barthes
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vendredi, 19 mars 2010
Il ne peut pas être question de certitudes
Je fouillais à nouveau les librairies et les bibliothèques. Un agent ne peut vivre que hors du temps, sa dimension n’est pas la même, elle est double, trouble, toujours une autre vérité à découvrir derrière la première, c’est celle-là qu’il cherche, jamais rien d’établi… Il doit être à la fois extrêmement rationnel et très intuitif, avoir circonscrit le plus possible l’affectif, le psychologique. Il ne peut pas être question de certitudes. La littérature m’aidait à entrer dans cette dimension ; la fiction est l’univers des possibles, apprendre à s’y mouvoir devenait une porte dans le monde du renseignement. Traverser le monde des apparences, s’y déplacer... Au moment où ma vie était devenue un désert, je découvrais une multitude d’espaces et un temps nouveau.
Raymond Alcovère, roman en cours d'écriture
Jean-Louis Ernest Meissonnier, Un poète, 1859
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jeudi, 18 mars 2010
Une deuxième Révolution a eu lieu en France
« Une deuxième Révolution a eu lieu en France, plus fondamentale que la première, dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle. Elle a porté sur les racines mêmes de ce qu'on appelle communément penser, dire, percevoir, représenter, se souvenir, sentir. En peinture, au-delà du surgissement héroïque de l'Impressionnisme (qui continue à culpabiliser la Banque), cette révolution a un nom : Cézanne. En poésie : Rimbaud. On rapproche ici, pour la première fois, ces deux expériences ayant engendré tour à tour le rejet, l'incompréhension, la fascination, l'appropriation, la spéculation. Sous le béton des cultes, les forêts de la liberté ; sous le pavé des thèses, l'évidence. Même si on essaie de la recouvrir sous des flots d'argent ou de tourisme "culturel", une vraie révolution persiste. L'art "moderne" se dissout dans l'affairement spectaculaire ? La Montagne Sainte-Victoire ou Les Illuminations sont là. Que signifie donc cette subversion en couleurs ? Dans quelles dimensions prennent place ces portraits, ces paysages, ces Baigneuses, vers quelle Présence cet espace jamais vu fait-il signe ? Qu'est-ce qu'un Cézanne ? Quel est son Temps ? »
Philippe Sollers, Le Paradis de Cézanne
Cézanne, Pommes, pêches et poires, 1880
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mercredi, 17 mars 2010
Mes hôtes de la nuit
« J'aime les histoires. Je suis d'ailleurs un excellent écouteur d'histoires. Je sais toujours, même si c'est parfois vague, quand une âme ou un personnage est en train de voyager dans l'air et a besoin de moi pour se raconter. Écouter et raconter, c'est un peu la même chose. Il faut apprendre à être disponible, à laisser en permanence la porte de son imagination ouverte. Mes histoires, mes livres, je les ai tout simplement accueillis. Vous vous en doutiez : je crois aux muses. J'ai une immense affection pour mes hôtes de la nuit. Je les traite comme des hôtes de marque. »
Antonio Tabucchi
Fragonard, Le Baiser volé
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mardi, 16 mars 2010
Volcan
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8,2 Km, d'Eddie Bonesire
Eddie Bonesire est décidément un photographe surprenant. Certaines de ses photos, très épurées, sont plus proches de l'art abstrait que de la photographie telle qu'on l'entend habituellement. Ici, avec ce recueil, il revient pour ainsi dire à une photo plus classique, en noir et blanc, mais l'effet est tout aussi saisissant. Les photos sont en outre agrémentées de courts textes (parfois en flamand ou en français), incisifs, poétiques :
00:14 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eddie bonesire
lundi, 15 mars 2010
L'Indifférent
« Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. A part ça, je porte en moi tous les rêves du monde »
Fernando Pessoa, Bureau de tabac
Watteau, L'Indifférent
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dimanche, 14 mars 2010
Jardins de l’Alhambra
« Je ne savais plus si je respirais de la musique ou si j’entendais des parfums ».
Maupassant, à propos des Jardins de l’Alhambra, à Grenade
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samedi, 13 mars 2010
J'accuse, le clip
Photo de Jean-Baptiste Mondino
14:10 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : damien saez
L'autre
Écrire, c’est disparaître. Personne — à moins de remonter jusqu’au prophète Élie ou jusqu’à Empédocle — n’a disparu comme Isidore Ducasse. Mort inconnu à vingt-quatre ans, sa brève existence est un impérieux défi à la finitude ; il n’en surnage, seules traces avec l’embarras universel, que deux livres aussi étranges qu’apparemment incompatibles : les Chants de Maldoror et Poésies. [...]
François Meyronnis
10:35 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lautréamont
Le mal
00:11 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph de maistre, gildas pasquet
vendredi, 12 mars 2010
...
"Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit."
Rimbaud
19:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud
La Rochefoucauld, toujours...
« Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. »
« Nous avons plus de force que de volonté, et c’est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. »
« Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections. »
« Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. »
« Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune. »
« On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine. »
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jeudi, 11 mars 2010
à écouter, Coline Serreau, sur les solutions locales
19:38 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coline serreau, solutions locales