Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 26 mars 2010

Fluctuat

Sans%20titre%20-%209.jpg"Dans ces temps-là, les Français s'imaginaient d'aimer leur Roi, et ils en faisaient toutes les grimaces ; aujourd'hui on est parvenu à les connaître un peu mieux. Mais dans le fond les Français sont toujours les mêmes. Cette nation est faite pour être toujours dans un état de violence ; rien n'est vrai chez elle, tout n'est qu'apparent. C'est un vaisseau qui ne demande que d'aller, et qui veut du vent, et le vent qui souffle est toujours bon. Aussi un navire est-il les armes de Paris."

Casanova, Histoire de ma vie

Image d'Eddie Bonesire

jeudi, 25 mars 2010

Tous les sens à la fois

451_388_veronese-bethsabee.jpg"Il est incontestable que si Venise, comme toute école italienne, respecte la forme et même en a le sens, elle n'aspire qu'à épanouir tout ce que la forme réprime ou combat. (...) Au lieu de satisfaire la pensée et ses règles sévères, l'art que conçoit Venise plaira à la sensibilité et s'abandonnera à elle. Il sera sensoriel, il sera sensuel, il sera sensible. (...) Représenter la réalité par l'équivalence des formes définies et nettes, qui parlent à l'esprit et qui sont un acte de compréhension, c'était l'ambition de la Renaissance. La représenter par le rendu des apparences telles qu'elles sont perçues directement par les sens, c'est adopter une attitude inverse, une soumission physique à la donnée. (...) L'école vénitienne préféra définitivement à la forme la couleur, qui enchante les sens ; au rendu exact des matières réelles, elle préféra le déploiement des richesses propres à la peinture elle-même. Au pittoresque elle ajouta le pictural ; elle fut la première à créer un art jouant des impressions bien plus que des règles savantes. Enfin, la beauté qu'elle poursuivit ne fut plus une conception de l'esprit, mais un enchantement du regard ; elle naît de la volupté d'une chair plutôt que de l'exacte harmonie d'un corps et de ses proportions. (...) Art sensuel donc, mais encore plus sensible : car le choc physique n'est que le début d'un ébranlement délicieux qui s'achèvera dans l'âme ; toute sensation se mue en émotion et toute émotion contribue à un état intérieur. (...) Cette résonance nouvelle, les successeurs immédiats des grands maîtres vénitiens de la Renaissance l'ont déjà perçue : la preuve en est la façon dont Rubens, par exemple, parle de Titien "avec qui la peinture a trouvé son parfum". Ce que Rubens nomme parfum, c'est ce que Delacroix ou Van Gogh appellent musique : la possibilité pour l'art de n'être plus une satisfaction du goût et de l'esprit par la clarté et l'harmonie des formes, mais une puissance suggestive par laquelle se communiquent à la fois l'immatériel et l'indicible".
René Huyghe, L'Art et l'âme
Véronèse (Paolo Caliari, dit)
[Vérone, 1528 - Venise, 1588]
Bethsabée au bain

mercredi, 24 mars 2010

La pouffe mondialisée est-elle l'avenir de la femme?

916469-1084223.jpgQuant au « contenu rédactionnel » (comme on dit quand on fait un journal piège-à-pub) il ne diffère pas de ce qui semble être la tendance actuelle de la presse féminine : la pouffisation mondiale. Celle qui fait que, de Tokyo à Paris en passant par Rome, Düsseldorf, Dubaï, etc. les journaux et les séries télé destinés au public femelle ont réussi à imposer comme seul modèle : celui de la pétasse californienne à hauts talons.
Lire ici à propos du nouveau magazine féminin de Lagardère

00:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presse, médias

mardi, 23 mars 2010

Encre

GEOMETRIE ROCHALAISE (35)2.jpgUne goutte d’encre est un lac où un ange a chu si brillamment que la corolle noire de l’impact a le poli de la bakélite, la gracile élégance d’une ombelle fraîchement vernissée, en son centre, — en son ventre où disparaît, engloutie, l’aile agile et frêle du messager divin à jamais immergé dans une obscurité liquide et sirupeuse, collant aux plumes,tenant de l’huile usée et du goudron sécrétés par les soutes d’un jadis si majestueux paquebot, éclatant de blancheur lisse, étoilée, rehaussée du sourire perlé des coquillages servis dans des grands plats d’argent sur le rebord desquels, parmi les algues et les poissons en incrustation d’émail, les guirlandes électriques multicolores bercées par la brise mystérieuse, les lèvres nacrées des femmes en vison, les cols satinés des smokings et les épaulettes d’or des uniformes d’apparat se pressaient, s’agglutinaient et s’évanouissaient en un chapelet de reflets, jouant déjà la scène du naufrage, du fatal destin des lourdes chaloupes au chargement livide, — les coquilles, jetées par-dessus bord depuis le pont des cuisines, attendant patiemment leurs nouveaux hôtes, et légèrement les corps s’enfonçant, se frayant un chemin vertical, hésitant et nécessaire, enrobés d’une solitude qui est celle des astres, auréolés d’un lent nuage verdâtre de poussière marine, impalpable et fuyant suaire de leur déliquescence, premier signe de l’inéluctable entropie dont la pierre renferme les strates, ces cris oppressés de la matière qui, en se disloquant, s’affine et, sur la berge, alanguie, s’étale, poudre de nacre scintillante, pure, et conserve un instant l’empreinte incertaine et fugace de l’aile d’un ange imprudent, tandis que les corps rongés et mous, un à un, gonflés d’un ironique besoin de s’élever, remontent à la  surface et jouent dans les vagues.

Jean-Jacques Marimbert, texte paru dans la revue Encres Vagabondes en juin 1999.

Image : d'après une photo de Gildas Pasquet

lundi, 22 mars 2010

Le bagage que l'on emporte

delvaux4.jpg"Selon Wilhelm Stekel, le bagage que l'on emporte est le poids des péchés par lesquels on se sent écrasé."

Hélène Cixous

Paul Delvaux

dimanche, 21 mars 2010

L'Art de la guerre

«crbst_927.jpg Le recours à la duperie est un principe à observer dans la guerre. Par conséquent, quand vous êtes capable de désirer livrer combat, vous devez tâcher de vous montrer inapte et indifférent. Quand vous voulez rester sur place ou aller loin, feignez le contraire. Quand l’adversaire est cupide, faites-lui miroiter des gains. Quand l’ennemi est en désordre, prenez-le d’assaut ; quand il est en position solide, prenez garde à lui ; quand il est puissant, évitez de le rencontrer ; quand il est arrogant, cherchez à le faire fléchir ; quand il est prudent, incitez-le à l’arrogance ; quand il est dispos, cherchez à le harceler ; quand il est solidaire, efforcez-vous de semer la discorde dans son sein. Attaquez l’ennemi à l’improviste, quand il n’a fait aucun préparatif. Il est impossible de donner un modèle établi des secrets de l’art de la guerre. ».

Sunzi, L'Art de la guerre

Peinture de Jacki Maréchal

samedi, 20 mars 2010

La solitude de l'écrivain

ABSTRAIT-CREATIONS (31).JPG« L'écrivain est seul, abandonné des anciennes classes et des nouvelles. Sa chute est d'autant plus grave qu'il vit aujourd'hui dans une société où la solitude elle-même, en soi, est considérée comme une faute. Nous acceptons (c'est là notre coup de maître) les particularismes, mais non les singularités ; les types, mais non les individus. Nous créons (ruse géniale) des chœurs de particuliers, dotés d'une voix revendicatrice, criarde et inoffensive. Mais l'isolé absolu ? Celui qui n'est ni breton, ni corse, ni femme, ni homosexuel, ni fou, ni arabe, etc. ? La littérature est sa voix, qui, par un renversement "paradisiaque", reprend superbement toutes les voix du monde, et les mêle dans une sorte de chant qui ne peut être entendu que si l'on se porte, pour l'écouter (comme dans ces dispositifs acoustiques d'une grande perversité), très haut au loin, en avant, par-delà les écoles, avant-gardes, les journaux et les conversations. »
Roland Barthes

Création graphique de Gildas Pasquet

vendredi, 19 mars 2010

Il ne peut pas être question de certitudes

Un poète, 1859, Jean-Louis Ernest Meissonnier.jpgJe fouillais à nouveau les librairies et les bibliothèques. Un agent ne peut vivre que hors du temps, sa dimension n’est pas la même, elle est double, trouble, toujours une autre vérité à découvrir derrière la première, c’est celle-là qu’il cherche, jamais rien d’établi… Il doit être à la fois extrêmement rationnel et très intuitif, avoir circonscrit le plus possible l’affectif, le psychologique. Il ne peut pas être question de certitudes. La littérature m’aidait à entrer dans cette dimension ; la fiction est l’univers des possibles, apprendre à s’y mouvoir devenait une porte dans le monde du renseignement. Traverser le monde des apparences, s’y déplacer... Au moment où ma vie était devenue un désert, je découvrais une multitude d’espaces et un temps nouveau.

Raymond Alcovère, roman en cours d'écriture

Jean-Louis Ernest Meissonnier, Un poète, 1859

jeudi, 18 mars 2010

Une deuxième Révolution a eu lieu en France

pommes.jpg« Une deuxième Révolution a eu lieu en France, plus fondamentale que la première, dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle. Elle a porté sur les racines mêmes de ce qu'on appelle communément penser, dire, percevoir, représenter, se souvenir, sentir. En peinture, au-delà du surgissement héroïque de l'Impressionnisme (qui continue à culpabiliser la Banque), cette révolution a un nom : Cézanne. En poésie : Rimbaud. On rapproche ici, pour la première fois, ces deux expériences ayant engendré tour à tour le rejet, l'incompréhension, la fascination, l'appropriation, la spéculation. Sous le béton des cultes, les forêts de la liberté ; sous le pavé des thèses, l'évidence. Même si on essaie de la recouvrir sous des flots d'argent ou de tourisme "culturel", une vraie révolution persiste. L'art "moderne" se dissout dans l'affairement spectaculaire ? La Montagne Sainte-Victoire ou Les Illuminations sont là. Que signifie donc cette subversion en couleurs ? Dans quelles dimensions prennent place ces portraits, ces paysages, ces Baigneuses, vers quelle Présence cet espace jamais vu fait-il signe ? Qu'est-ce qu'un Cézanne ? Quel est son Temps ?  »

Philippe Sollers, Le Paradis de Cézanne

Cézanne, Pommes, pêches et poires, 1880

mercredi, 17 mars 2010

Mes hôtes de la nuit

baiser-vole-L-1.jpeg« J'aime les histoires. Je suis d'ailleurs un excellent écouteur d'histoires. Je sais toujours, même si c'est parfois vague, quand une âme ou un personnage est en train de voyager dans l'air et a besoin de moi pour se raconter. Écouter et raconter, c'est un peu la même chose. Il faut apprendre à être disponible, à laisser en permanence la porte de son imagination ouverte. Mes histoires, mes livres, je les ai tout simplement accueillis. Vous vous en doutiez : je crois aux muses. J'ai une immense affection pour mes hôtes de la nuit. Je les traite comme des hôtes de marque. »

Antonio Tabucchi

Fragonard, Le Baiser volé

mardi, 16 mars 2010

Volcan

Edito du jour de Laurent Joffrin, Libération

13:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

8,2 Km, d'Eddie Bonesire

8,2 - couverture.jpgEddie Bonesire est décidément un photographe surprenant. Certaines de ses photos, très épurées, sont plus proches de l'art abstrait que de la photographie telle qu'on l'entend habituellement. Ici, avec ce recueil, il revient pour ainsi dire à une photo plus classique, en noir et blanc, mais l'effet est tout aussi saisissant. Les photos sont en outre agrémentées de courts textes (parfois en flamand ou en français), incisifs, poétiques :

8,2 - l'échelle.jpgVoir ici son site

00:14 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eddie bonesire

lundi, 15 mars 2010

L'Indifférent

watteau-indifferent.jpg« Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. A part ça, je porte en moi tous les rêves du monde »

Fernando Pessoa, Bureau de tabac

Watteau, L'Indifférent

dimanche, 14 mars 2010

Jardins de l’Alhambra

Grenade bas reliefs 3.JPG« Je ne savais plus si je respirais de la musique ou si j’entendais des parfums ».

Maupassant, à propos des Jardins de l’Alhambra, à Grenade

Photo de Gildas Pasquet

samedi, 13 mars 2010

J'accuse, le clip

saez-mondino4.jpgDamien Saez, ici

Photo de Jean-Baptiste Mondino

14:10 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : damien saez

L'autre

Écrire, c’est disparaître. Personne — à moins de remonter jusqu’au prophète Élie ou jusqu’à Empédocle — n’a disparu comme Isidore Ducasse. Mort inconnu à vingt-quatre ans, sa brève existence est un impérieux défi à la finitude ; il n’en surnage, seules traces avec l’embarras universel, que deux livres aussi étranges qu’apparemment incompatibles : les Chants de Maldoror et Poésies. [...]

François Meyronnis

10:35 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lautréamont

Le mal

ABSTRAIT-CREATIONS (11).JPG "Le mal, arrivé à un certain point, s'égorge lui-même"

Joseph de Maistre

Création de Gildas Pasquet

vendredi, 12 mars 2010

...

"Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit."

Rimbaud

19:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud

La Rochefoucauld, toujours...

industrie (188).JPG« Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. »

« Nous avons plus de force que de volonté, et c’est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. »

« Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de  notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections. »

« Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. »

« Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune. »

« On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine. »

Photo : Gildas Pasquet

jeudi, 11 mars 2010

à écouter, Coline Serreau, sur les solutions locales

ICI