mardi, 09 février 2010
Dans le temps...
Si du moins il m'était laissé assez de temps pour accomplir mon oeuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l'idée s'imposait à moi avec tant de force aujourd'hui, et j'y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes, - entre lesquelles tant de jours sont venus se placer - dans le Temps.
Marcel Proust, Le temps retrouvé (dernier paragraphe)
Photo : Françoise Dorleac
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marcel proust, le temps retrouvé, françoise dorleac
lundi, 08 février 2010
Concours de nouvelles de l'Encrier renversé
16:48 Publié dans Concours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : concours de nouvelles, l'encrier renversé
Une forme d'intelligence extraterrestre
La meilleure preuve qu'il existe une forme d'intelligence extraterrestre est qu'elle n'a pas essayé de nous contacter
Pierre Dac
09:56 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pierre dac, extraterrestre
9, rue de la Vieille intendance à Montpellier
C'est à cette adresse que Paul Valéry a écrit "Monsieur Teste", tout près de la Place de la Canourgue et de la cathédrale de Montpellier, dans la même maison qui vit naître Auguste Comte. Fruttero et Lucentini, qui avaient réuni leurs chroniques de "La Stampa" sous le titre de "La prédominance du crétin", terminent leur livre par ces lignes sur Valéry : « Monsieur Teste n’est pas un symbole commode, un héros triomphant que l’on peut suivre en rangs, en entonnant des slogans. En un certain sens, il a toujours été vaincu. Mais à intervalles assez longs, quand les trottoirs hurlants se sont momentanément vidés, on peut toujours, si on le désire, entendre son pas nocturne, régulier, imperturbablement solitaire ».
On pourra ici faire une promenade littéraire dans Montpellier
Photo : Le Jardin des Plantes à Montpellier
00:15 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montpellier, paul valéry, fruttero et lucentini
dimanche, 07 février 2010
Bright Star, de Jane Campion
Jane Campion est poète et filme à merveille les écrivains, on l'avait vu dans le magnifique "Un Ange à ma table" sur la vie de Janet Frame. Ici elle s'attache au poète John Keats(interprété par Ben Whishaw), et à son idylle avec Fanny Brawne (Abbie Cornish). Remarquable plasticienne, la cinéaste traduit subtilement les sensations (vent dans les rideaux, passage des saisons), et les émotions ; l'histoire d'amour est très belle, servie par des comédiens étonnants. Sur la stèle de Keats, mort à Rome après un passage à Naples, on gravera cette épitaphe qu'il a composée lui-même : « Here lies one whose name was writ in water » : « Ici repose celui dont le nom était écrit sur l'eau ».
03:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : cinéma, jane campion, bright star
De l'imaginer
« Je tremblai l'acceptant, mais de l'imaginer, je devins fou »
(Georges Bataille, Madame Edwarda)
François Boucher (détail)
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges bataille, françois boucher
samedi, 06 février 2010
Encre de Kin
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bona mangangu, encre de kin
vendredi, 05 février 2010
ça Chamfort !
Etrange et secret Chamfort dans des temps sanglants d'une folie sombre. « La pensée console de tout et remédie à tout. Si quelquefois elle vous fait du mal, demandez-lui le remède du mal qu'elle vous fait, elle vous le donnera. » C'est au sujet de ce libre penseur, en tout cas, que Voltaire a écrit ce blasphème salubre : « La nation n'est sortie de la barbarie que parce qu'il s'est trouvé trois ou quatre personnes à qui la nature avait donné du génie et du goût, qu'elle refusait à tout le reste. » Français, encore un effort...
Ph Sollers
13:59 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chamfort, philippe sollers
Avis de recherche
La Belle-mère Dure recherche des collages, montages, photos détournées, dessins humoristiques etc. pour ses prochains numéros. (Voir ici)
09:22 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la belle-mère dure
Une sorte de nettoyage
"J’écris de manière trop intermittente pour avoir une seule méthode de travail : il m’est arrivé plus d’une fois de passer une année et davantage sans m’y remettre. Quand j’écris, je ne travaille pas avec régularité – pas d’heures fixes –, j’évite seulement le travail d’après dîner, qui entraîne immanquablement l’insomnie : je mets beaucoup de temps à me débarrasser l’esprit de mon écriture du jour. J’essaie simplement, si j’écris un récit ou un roman, de ne pas trop espacer les jours de travail, espacement qui rend plus difficile de reprendre le récit dans le ton exact où je l’ai laissé. Pratiquement, jamais plus de deux heures de travail dans une journée ; au-delà, j’ai besoin de sortir, d’aller me promener. Si j’écris un texte court, dont l’écriture demande à être très surveillée, la marche sert d’ailleurs souvent à la mise au point presque mécanique d’une phrase qui ne m’a pas laissé satisfait : elle produit l’effet d’une espèce de blutage. La phrase qui reste dans mon souvenir à la fin de la promenade – tournée et retournée le long du chemin – s’est débarrassée souvent de son poids mort. En la comparant au retour avec celle que j’ai laissée écrite, je m’aperçois quelquefois qu’il s’est produit des élisions heureuses, un tassement, une sorte de nettoyage."
Julien Gracq
Collage de Philippe Lemaire
00:15 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julien gracq, philippe lemaire
jeudi, 04 février 2010
Clandestinité
"Je crois effectivement que le travail fondamental de l'écrivain ne peut plus se faire autrement que dans la clandestinité, malgré d'ailleurs une apparence soit tout à fait convenable, soit tout à fait trompeuse. Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande. Cela vient du fait que, désormais, la société contrôle tout et se raconte à elle-même dans des séries d'images. J'ai une grande habitude d'être pris pour quelqu'un d'autre. Je suis aussi habitué à ce qu'on ne lise pas du tout ce que j'écris. J'en retire à la fois un sentiment d'impunité et de liberté très grande. Je peux vivre selon l'image qu'on a de moi et poursuivre dans le même temps des activités tout autres..."
Philippe Sollers
Photo : Le Genou de Claire
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers, le genou de claire
mercredi, 03 février 2010
Madagascar
Madagascar, ce n’est ni l’Afrique, ni l’Asie. La terre y est rouge. Pas vraiment une île, pas non plus un continent. Dix-huit ethnies la composent. On y parle le français mais surtout le malgache, une langue superbe, sonore, mélodieuse. Il y a des gens riches mais beaucoup de très pauvres. On est dans l’hémisphère sud, et sur les hauts-plateaux, il fait froid en hiver. On y est majoritairement chrétien mais on croit surtout aux ancêtres. On y adore la politique pourtant la corruption est partout. Les gens n’ont presque rien et la solidarité n’est pas un vain mot. Les rites funéraires sont permanents et on y rit beaucoup. On y est sentimental et nostalgique mais souvent implacable avec les autres. Et les gens vous écoutent vraiment. Dès l’arrivée, je m’y suis senti bien. Comme si j’y étais venu dans une autre vie. Je savais qu’une place m’attendait là. Jamais auparavant je n’avais eu ce sentiment. Un je ne sais quoi, l’air que l’on respire, la force des émotions, une intensité, les paysages.
Ici, tout est plus simple et plus vivant, comme remonté d’un autre âge et toujours là, tranquille et posé dans la lumière. Le temps s’écoule différemment, en profondeur. La projection dans l’avenir est inutile, privée de sens. Le présent allégé, se concentre. Madagascar est un pays pauvre, on est sans cesse renvoyé à cette réalité. Mais derrière s’en dissimule une autre. De retour en Europe, la pauvreté, le vide de nos vies, le décalage constant avec la réalité, le spectacle permanent, jaillissent en pleine lumière. Ici, les gestes ont du sens. On lutte d’abord pour survivre.
Malraux a écrit : « Sans doute un jour, devant les étendues arides ou reconquises par la forêt, nul ne devinera plus ce que l’homme avait imposé d’intelligence aux formes de la terre en dressant les pierres de Florence dans le grand balancement des oliviers toscans ». Cette phrase, je l’ai comprise dans la Grande Île. Ici, un je ne sais quoi a eu lieu, il y a longtemps. Il en reste beauté, dénuement et harmonie. Tout s’éclaire enfin, inscrit dans une perspective. Ce que je cherchais au Mexique, je l’ai trouvé là. C’est absurde, nous avons construit un monde absurde. On peut passer en quelques heures d’une société d’abondance et de faux semblants à ce monde cru, dur, où on se bat à chaque seconde pour sa survie.
Coline et Francis habitent à une douzaine de kilomètres d’Antananarivo, la capitale. On les parcourt à travers des rizières, de belles maisons et des bidonvilles. La foule se presse, à toute heure du jour et de la nuit, autour des échoppes, aux arrêts des taxis-brousse. Les enfants, très jeunes, travaillent au bord des routes, à casser, charrier des pierres, des briques. Des familles entières vivent sans toit, parfois au bord des décharges. Le pays, cette année-là, s’efforçait de donner une image moderne, il organisait les Jeux de l’océan Indien. Au milieu du désordre ambiant, de l’absence d’organisation, surgissaient des affiches clinquantes vantant les mérites du sport et des produits censés le représenter. Alors qu’en Europe, tout le monde ne parle que d’environnement et de sauver la planète, ici le moindre camion ou la plus petite voiture crachent une fumée noire épouvantable qui empuantit l’atmosphère. Et pourtant j’ai trouvé dans ce pays plus de vie qu’en Europe.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", vient de paraître, éditions Lucie
00:23 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent, madagascar
mardi, 02 février 2010
Un nouveau site d'info
03:50 Publié dans Info | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : info, le vent se lève
Errer humanum est !
Un droit que bien peu d’intellectuels se soucient de revendiquer, c’est le droit à l’errance, au vagabondage.
Et pourtant, le vagabondage, c’est l’affranchissement, et la vie le long des routes, c’est la liberté !
Rompre un jour bravement toutes les entraves dont la vie moderne et la faiblesse de notre cœur, sous prétexte de liberté, ont changé notre geste, s’armer du bâton et de la besace symboliques, et s’en aller !
Pour qui connaît la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté (car on n’est libre que tant qu’on est seul), l’acte de s’en aller est le plus courageux et le plus beau.
Egoïste bonheur, peut-être. Mais c’est le bonheur, pour qui sait le goûter.
Etre seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, et marcher, solitaire et grand à la conquête du monde.
Isabelle Eberhardt
Peinture de Nicolas De Staël
00:15 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël, isabelle eberhardt
lundi, 01 février 2010
Pigeon impossible
21:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : animation, pigeon impossible
Musique
Tous les arts tendent à la musique, cet art dans lequel la forme est le fond.
Borges
Peinture de Nicolas de Staël
14:07 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, borges, nicolas de staël
Répétition
Il n’y a que deux sortes de comique, le comique de répétition et...
le comique de répétition
13:55 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : répétition
Gravité
"La gravité est le plaisir des sots"
Alexandre Vialatte
00:18 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : alexandre vialatte, gravité
dimanche, 31 janvier 2010
L’impression de vivre en haute mer
"J'ai toujours eu l’impression de vivre en haute mer, menacé, au cœur d'un bonheur royal." : Albert Camus ; à lire ici dans le Journal du Mois de Ph. Sollers, et aussi, à propos de Sarko : "Le directeur est un peu étriqué, appliqué, mais proche de ses employés angoissés, réunis à la cafétéria du comité d'entreprise."
11:18 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : albert camus, philippe sollers, journal du mois
La souffrance d'autrui
"Car il est naturel à l'homme de haïr sa propre souffrance dans la souffrance d'autrui."
Georges Bernanos, Sous le soleil de Satan
Photo de Levin Sam
00:15 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : georges bernanos, levin sam