Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 13 février 2010

Prix : un franc

rimbaud.jpgEdition originale (aux frais de l’auteur)
Bruxelles, Alliance Typographique (M.-J. Poot et Compagnie), 1873.
(Le seul livre que Rimbaud ait souhaité publier)

samedi, 28 juin 2008

Sur la question du corps

FLEURS 032005 (2).jpgUne saison en enfer se termine par la phrase suivante : « Et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. » Qu’est-ce que ça veut dire : posséder la vérité dans une âme et un corps ? « Loisible », quel mot ! Et puis « posséder » ? Ah, posséder la vérité ! Comment ne pas se faire posséder ? C’est l’expérience de Dostoïevski : dans les souterrains, vous avez affaire à des possédés. Vous les laissez se demander pourquoi ils le sont. C’est à eux de trouver la réponse. J’aime ce mot-là, même argotiquement : être possédé ou non. Un style, on n’arrive pas à le posséder du dehors. Hôlderlin dit, par exemple, que le poète est un demi-dieu. Sa position est très difficile, parce que d’un côté il a affaire à la jalousie rituelle des dieux qui peuvent le rendre fou. Mais il a aussi à se défendre des mortels qui sont par rapport à lui (pour autant que ce verbe est fait de chair) dans une avidité particulière, provoquant des désirs passionnels qui peuvent aller jusqu’à la mise à mort. Alors, entre devenir fou et se faire crucifier par désir, par appropriation désirante, la voie est assez étroite, n’est-ce pas ? Le verbe fait chair est l’objet d’un violent investissement érotique, qui peut déboucher assez facilement sur le meurtre. Comme dit un libertin chez Sade : il ne faut pas que je vous désire trop, autrement vous allez y passer. Il dit cela à Juliette. Je ne vais pas vous regarder trop parce que, sinon, cela ira jusqu’au bout, je vous tuerai. Sade effraie parce qu’il dévoile, au fond, que tout corps veut la mort de l’autre. Peut-il y avoir un Éros, indépendant de la pulsion de mort, un Éros qui ne serait pas le « jumeau » de Thanatos ? Mais oui : c’est cela, le style. C’est un don, une grâce, une musique qui, au fond, n’ont rien d’humain. D’où la jalousie qu’il provoque. C’est ainsi.

Philippe Sollers, Eloge de l'infini (Interview de N. CASADEMONT)

Lire cette contribution dans son intégralité ici

Photo : Gildas Pasquet

dimanche, 25 mai 2008

Il faut être absolument moderne.

"Car je puis dire que la victoire m'est acquise: les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais!
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques: tenir le pas gagné. Dure nuit! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau!. . . Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps."

Rimbaud, Une Saison en enfer (fin du texte)