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jeudi, 10 avril 2008

La Société du spectacle, version théâtre

255825953.JPGMettre en scène, au théâtre, l'oeuvre de Guy Debord, c'est le pari réussi par cette compagnie, au théâtre du Hangar, jusqu'au 12 avril, à Montpellier, courez-y vite !

NOUS TOURNONS EN ROND DANS LA NUIT ET NOUS SOMMES DEVORES PAR LE FEU  (HURLEMENTS EN FAVEUR DE GUY DEBORD)

Pièce pamphlétaire pour trois films et sept acteurs
d’après l’œuvre critique et cinématographique de
Guy Debord 
                                               
Conception, réalisation et mise en scène : David Ayala

avec :  Sophie Affholder, Jean-Claude Bonnifait, Diane Calma, Roger Cornillac, Christophe Labas-Lafite, Alexandre Morand, Véronique Ruggia.

Coréalisation des films et montage : Julie Simonney
assistanat : Edith Félix
lumières :  Mathias Roche
son : Laurent Sassi
costumes : Gabrielle Mutel
régie générale : Frédéric Bellet
Administration de production : Sylvia Mammano

Extrait du texte :


C’est la première fois, dans l’Europe contemporaine, qu’aucun parti ou fragment de parti n’essaie plus de seulement prétendre qu’il tenterait de changer quelque chose d’important. La marchandise ne peut plus être critiquée par personne : ni en tant que système général, ni même en tant que cette pacotille déterminée qu’il aura convenu aux chefs d’entreprises de mettre pour l’instant sur le marché.

Partout où règne le spectacle, les seules forces organisées sont celles qui veulent le spectacle. Aucune ne peut donc plus être ennemie de ce qui existe, ni transgresser l’omertà qui concerne tout. On en a fini avec cette inquiétante conception, qui avait dominé durant plus de deux cents ans, selon laquelle une société pouvait être critiquable et transformable, réformée ou révolutionnée. Et cela n’a pas été obtenu par l’apparition d’arguments nouveaux, mais tout simplement parce que les arguments sont devenus inutiles. À ce résultat, on mesurera, plutôt que le bonheur général, la force redoutable des réseaux de la tyrannie.

Jamais censure n’a été plus parfaite. Jamais l’opinion de ceux à qui l’on fait croire encore, dans quelques pays, qu’ils sont restés des citoyens libres, n’a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu’il s’agit d’un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n’a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien.

Guy Debord, Commentaires sur la Société du spectacle, 1988

photo de Gildas Pasquet

jeudi, 24 janvier 2008

Le lieu du regard abusé et de la fausse conscience

e7dc7deb6b1cfa5f9e88f39b07c83cea.jpgLe spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d’unification. En tant que partie de la société, il est expressément le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. Du fait même que ce secteur est séparé, il est le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l’unification qu’il accomplit n’est rien d’autre qu’un langage officiel de la séparation généralisée.

Guy Debord, La Société du Spectacle

Texte intégral ici

dimanche, 06 janvier 2008

Ainsi va le monde (Et Nicolas Sarkozy avec)

f2da471c4b5d59e4461652448adbba45.jpgC’est la première fois, dans l’Histoire contemporaine, qu’aucun parti ou fragment de parti n’essaie plus de seulement prétendre qu’il tenterait de changer quelque chose d’important. La marchandise ne peut plus être critiquée par personne : ni en tant que système général, ni même en tant que cette pacotille déterminée qu’il aura convenu aux chefs d’entreprises de mettre pour l’instant sur le marché.

Partout où règne le spectacle, les seules forces organisées sont celles qui veulent le spectacle. Aucune ne peut donc plus être ennemie de ce qui existe, ni transgresser l’omertà qui concerne tout. On en a fini avec cette inquiétante conception, qui avait dominé durant plus de deux cents ans, selon laquelle une société pouvait être critiquable et transformable, réformée ou révolutionnée. Et cela n’a pas été obtenu par l’apparition d’arguments nouveaux, mais tout simplement parce que les arguments sont devenus inutiles. À ce résultat, on mesurera, plutôt que le bonheur général, la force redoutable des réseaux de la tyrannie.

Jamais censure n’a été plus parfaite. Jamais l’opinion de ceux à qui l’on fait croire encore, dans quelques pays, qu’ils sont restés des citoyens libres, n’a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu’il s’agit d’un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n’a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien.

Guy Debord, Commentaires sur la Société du spectacle, 1988

Photo : Gildas Pasquet