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mardi, 29 novembre 2005

Plus de force que de volonté

Nous avons plus de force que de volonté ; et c'est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles.
(La Rochefoucauld, Réflexions ou Sentences et Maximes morales)

16:08 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)

Enfin tout

quand on s'éveille enfin a la claire compréhension
Et que l'on sent qu'il n'y a aucune frontière
Qu'il n'y en a jamais eu
On se rend compte qu’on est tout.
Les montagnes, les rivières,
L'herbe, les arbres, le soleil, la lune, les étoiles
Et l'univers enfin
Ne sont autres que nous-mêmes.
Rien ne nous distingue
Rien ne nous sépare les uns des autres
L'aliénation, la peur, la jalousie, la haine
Sont évanouies.
On sait en pleine lumière
Que rien n'existe en dehors de soi
Que par conséquent rien n'est a craindre.
Etre conscient de cet état
Engendre la compassion,
Les gens et les choses
Ne sont plus séparés de nous
Mais sont au contraire
Comme notre propre corps.

Genpo Sensei,  Moine Zen japonais

lundi, 28 novembre 2005

Définitions desprogiennes

CONSULTANT : Se dit de celui qui consulte ta montre, te dit l'heure et te fait payer la prestation.

ECONOMISTE : Expert qui saura demain pourquoi ce qu'il a prédit hier n'est pas arrivé aujourd'hui.

FACILE : Se dit d'une femme qui a la moralité sexuelle d'un homme.

GYNECOLOGUE : personne qui travaille là où les autres s'amusent.

INTELLECTUEL : se dit d'un individu capable de penser pendant plus de deux
heures à autre chose qu'au sexe.

MAL DE TETE : contraceptif le plus utilisé par les femmes.


NYMPHOMANE : terme utilisé par certains hommes pour désigner une femme qui a envie de faire l'amour plus souvent qu'eux.

PARLEMENT : Nom étrange formé des verbes "parler" et "mentir".


SECRET : Information que l'on ne communique qu'à une seule personne à la fois.

SNOBISME : Action de s'acheter des choses qu'on n'aime pas avec de l'argent qu'on n'a pas dans le but d'impressionner des gens qu'on n'aime pas.

SYNONYME : Mot à écrire à la place de celui dont on n'est pas certain de l'orthographe.

TRAVAIL D'EQUIPE : C'est la possibilité de faire endosser les fautes aux autres.

VEDETTE : Personne qui travaille dur toute sa vie pour être connue, et qui porte ensuite de grosses lunettes noires pour ne pas être reconnue.

20:15 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (7)

Des poussières pleines de lumière

"... L'hiver au pays Rebeillard était toujours une saison étincelante. Chaque nuit la neige descendait serrée et lourde.... Les villes, les villages, les fermes du Rebeillard dormaient ensevelis dans ces épaisses nuits silencieuses. De temps en temps toutes les poutres d'un village craquaient, on s'éveillait, les épais nuages battaient des ailes au ras de terre en froissant les forêts. Mais tous les matins arrivaient dans un grand ciel sans nuages, lavé par une petite brise tranchante. A peine sorti de l'horizon, le soleil écrasé par un azur terrible ruisselait de tous côtés sur la neige gelée ; le plus maigre buisson éclatait en coeur de flamme. Dans les forêts métalliques et solides le vent ne pouvait pas remuer un seul rameau ; il faisait seulement jaillir sur l'embrasement blanc des embruns d'étincelles. Des poussières pleines de lumière couraient sur le pays.

Jean Giono, Le Chant du Monde

Ah les mots...

Catin : Ancien diminutif affectueux de Catherine. Ce prénom féminin est la francisation de Katharina, « la parfaite »

La suite ici

3e salon International de l'Autre LIVRE

Les 2, 3, 4 & 5 décembre 2005 à Paris (Salle Olympe De Gouges, Square Marcel Rajman / Rue Merlin, Paris 11ème)

3e salon International de l'Autre LIVRE : 120 éditeurs indépendants seront présents.

Voir leur site.

Lire aussi l'interview de Dominique Dionisi, organisateur du salon.

Et toujours : http://perso.wanadoo.fr/calounet

dimanche, 27 novembre 2005

Messire Jacopo Tintoretto, peintre

« Au favori de la nature, mixture d'Esculape et fils adoptif d'Apelle,
Messire Jacopo Tintoretto, peintre.

 

Tel un grain de poivre qui recouvre, assomme et vaut l'arôme de dix bottes de pavots, c'est ainsi que vous êtes, vous qui êtes du même sang que les Muses. Bien que né depuis peu, vous êtes pourvu de beaucoup d'esprit et d'intelligence; votre barbe est peu fournie mais votre tête est bien pleine; votre corps est petit mais votre cour est grand, bien que jeune en âge vous êtes mûr en sagesse; et dans le peu de temps où vous avez été apprenti, vous avez appris davantage que cent qui sont nés maîtres. (...) Parmi ceux qui chevauchent le Pégase de l'art moderne, il n'en est pas de plus habile que vous dans la représentation des gestes, attitudes, poses majestueuses, raccourcis, profils, ombres, lointains, perspectives. On peut bien dire, en somme, que si vous aviez autant de mains que de qualités de cour et d'esprit, il n'y aurait pas de chose que vous ne puissiez faire, aussi difficile fut-elle. Vous m'êtes bien cher, oh mon frère, je le jure par le sang des moustiques, car vous êtes ennemi de la paresse : vous passez votre vie partagé entre l'accroissement de votre gloire, la restauration de vos forces physiques et l'édification de votre esprit. Cela s'appelle travailler pour en tirer bénéfice et gloire, manger pour vivre et ne pas dépérir, et faire de la musique et chanter pour ne pas devenir fou comme certains qui s'adonnent tant à leur art qu'ils en perdent d'un coup la raison et leur tête. (...) » (1547)

 


   Cette lettre pleine d'humour provient d'un ami d'enfance du Tintoret (1519-1594), Andrea Calmo (1510-1571), lui aussi fils de teinturier, qui devint l'un des plus grands comédiens de Venise au XVIème siècle.

medium_tintor_2.jpgJacopo Tintoretto - Autoportrait (v. 1548)

21:20 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Le génie de La Fontaine

Guillaume HAUDENT (14??-14??)
  (Recueil : Apologues d'Esope)

 D'un corbeau et d'un renard
  Comme un corbeau, plus noir que n'est la poix,
  Était au haut d'un arbre quelquefois
  Juché, tenant à son bec un fromage,
  Un faux renard vint quasi par hommage
  A lui donner le bonjour ; cela fait,
  Il est venu à l'extoller à fait

  En lui disant : " Ô triomphant corbeau,
  Sur tous oiseaux me sembles de corps beau
  Et pour autant les ceux qui noir te disent
  Très méchamment de ta couleur médisent
  Vu que tu es par très apparent signe
  De trop plus blanc que ne fut oncques cygne,
  Et que le paon en beauté tu excèdes,
  S'ainsi est donc que la voix tu possèdes
  Correspondant à ta beauté de corps,
  C'est assavoir, fondée en doux accords
  Pour bien chanter, entends pour vrai et croi
  Que des oiseaux es digne d'être roi ;
  A cette cause j'aurais bon appétit
  D'ouïr ta voix déployer un petit a,
  Quand pour certain quelque chose qu'on nie
  Ton chant me semble être plein d'harmonie. "

  Par tels propos adulatifs et feints
  Qu'a ce renard cauteleux et atteints,
  Le sot corbeau fut tant de gloire épris
  Qu'incontinent à chanter il s'est pris,
  Dont par sa gloire il encourut dommage
  Quand hors du bec lui en chut le fromage,
  Que ce renard tout exprès attendait
  Car autre chose avoir ne prétendait
  Vu qu'aussitôt qu'il en fut jouissant
  Il s'enfuit, voire en se gaudissant
  De ce corbeau, ainsi pris par son art
  Bien lui montrant qu'il était vrai conard.

Le vivre

" Je ne veux surtout pas laisser cela se figer, se pétrifier en doctrine. Je veux le vivre."

Rainer Maria Rilke, Journaux de jeunesse

06:05 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)

Je vous écris du bout du monde

"Je vous écris du bout du monde. Il faut que vous le sachiez. Souvent les arbres tremblent. On recueille les feuilles. Elles ont un nombre fou de nervures. Mais à quoi bon? Plus rien entre elles et l'arbre, et nous nous dispersons gênés. On ne voit rien, que ce qu'il importe si peu de voir. Rien, et cependant on tremble : Pourquoi ? "

Henri Michaux, Lointain intérieur

05:43 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 26 novembre 2005

Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande

Je crois effectivement que le travail fondamental de l'écrivain ne peut plus se faire autrement que dans la clandestinité, malgré d'ailleurs une apparence soit tout à fait convenable, soit tout à fait trompeuse. Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande. Cela vient du fait que, désormais, la société contrôle tout et se raconte à elle-même dans des séries d'images. J'ai une grande habitude d'être pris pour quelqu'un d'autre. Je suis aussi habitué à ce qu'on ne lise pas du tout ce que j'écris. J'en retire à la fois un sentiment d'impunité et de liberté très grande. Je peux vivre selon l'image qu'on a de moi et poursuivre dans le même temps des activités tout autres...

Une autre interview de Philippe Sollers à lire ici

16:45 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0)

La possibilité de parler la langue des oiseaux

Qui vole selon, c’est dans le poème de Rimbaud: « Elle est retrouvée! / Quoi? l’éternité./ C’est la mer mêlée/ Au soleil. Mon âme éternelle,/ Observe ton vœu/ Malgré la nuit seule/ Et le jour en feu./ Donc tu te dégages/ Des humains suffrages/Des communs élans!/ Tu voles selon... » Qu’est ce que ça veut dire quelqu’un qui en arrive à tutoyer son âme, son âme éternelle? « Mon âme éternelle, dit le poème, observe ton vœu malgré la nuit seule et le jour en feu  ». Donc il lui donne, il lui assigne une position. Tu voles selon: ça c’est magnifique! Ça veut dire qu’une fois entré dans ce temps-là, l’éternité est retrouvée: on ne va pas vers l’éternité, on la retrouve, mais d’une toute autre façon qu’on l’aura imaginée autrefois, parce que c’était Dieu. L’homme n’a même pas besoin de Dieu, c’est tout à fait une autre expérience, vous entrez dans une dimension où tout devient une situation libre. Vous êtes devenu une sorte d’oiseau libre, l’alchimie vous savez, c’est aussi la possibilité de parler la langue des oiseaux!

Interview passionnante de Philippe Sollers à lire en entier ici

 

14:50 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0)

Le corps est la grande raison

medium_matisse2.jpgJe crois que Nietzsche a anticipé ce qui est en train de nous arriver lorsqu’il a dit que « le corps était la grande raison », et qu’il s’agirait, désormais, presque d’être l’incarnation animale de Dieu, ou bien qu’il faudrait penser enfin ses sens, ses cinq sens! Je crois désormais effectivement vérifiable que tout est fait pour priver l’être humain de sa perception et de ses sensations, de le scotcher à l’image publicitaire, d’appauvrir son langage, de façon à ce qu’il se vive parfaitement embarrassé, désespéré et vite évacuable. Ce qui fait que le totalitarisme du XXe siècle ayant démontré, comme le dit Hannah Arendt, la « superfluité » de la vie humaine, nous entrerions dans un système planétaire qui ferait qu’une vie n’est pas seulement superflue – tout le monde est devenu remplaçable –, mais que ça ne vaut même plus la peine de s’arrêter sur la perception et la sensation! Ce que vous démontre, au contraire, la ténacité, le courage, la sublime assurance de peintres comme Matisse et Picasso, par exemple, qui, précisément, ont agi en tant que réfractaires à leur époque et ont tenu bon en peignant des choses qui pourrait vous paraître inessentielles par rapport à la propagande du temps: c’est une magnifique leçon! On l’accepte en peinture, pourquoi ne pas l’accepter en littérature, avec des mots?

Interview passionnante de Philippe Sollers à lire en entier ici

Matisse, La joie de vivre

09:18 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 25 novembre 2005

Le saint chinois

« Il s’exprime dans des discours extravagants, dans des paroles inédites, dans des expressions sans queue ni tête, parfois trop libres, mais sans partialité, car sa doctrine ne vise pas à traduire des points de vue particuliers. Il juge le monde trop boueux pour être exprimé dans des propos sérieux. C’est pourquoi il estime que les paroles de circonstance sont prolixes, que les paroles de poids ont leur vérité, mais que seules les paroles révélatrices possèdent un pouvoir évocateur dont la portée est illimitée. Ses écrits, bien pleins de magnificence, ne choquent personne, parce qu’ils ne mutilent pas la réalité complexe. Ses propos, bien qu’inégaux renferment des merveilles et des paradoxes dignes de considération. Il possède une telle plénitude intérieure qu’il n’en peut venir à bout. En haut, il est le compagnon du créateur ; en bas il est l’ami de ceux qui ont transcendé la mort et la vie, la fin et le commencement. La source de sa doctrine est ample, ouverte, profonde et jaillissante ; sa doctrine vise à s’harmoniser avec le principe et à s’élever à lui. Et pourtant, en répondant à l’évolution du monde et en expliquant les choses, il offre une somme inexprimable de raisons qui viennent, sans rien omettre, mystérieuses, obscures et dont personne ne peut sonder le fond."

Tchouang-tseu

23:20 Publié dans Taoisme | Lien permanent | Commentaires (0)

Dérapage

Pour ceux qui l'aurait raté, celui de Hélène Carrière d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, à la télévision russe NTV.

A lire ici

22:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (10)

Encre

Une goutte d’encre est un lac où un ange a chu si brillamment que la corolle noire de l’impact a le poli de la bakélite, la gracile élégance d’une ombelle fraîchement vernissée, en son centre, — en son ventre où disparaît, engloutie, l’aile agile et frêle du messager divin à jamais immergé dans une obscurité liquide et sirupeuse, collant aux plumes, tenant de l’huile usée et du goudron sécrétés par les soutes d’un jadis si majestueux paquebot, éclatant de blancheur lisse, étoilée, rehaussée du sourire perlé des coquillages servis dans des grands plats d’argent
sur le rebord desquels, parmi  les algues et les poissons en incrustation d’émail, les guirlandes électriques multicolores bercées par la brise mystérieuse, les lèvres nacrées des femmes en vison, les cols satinés des smokings et les épaulettes d’or des uniformes d’apparat se pressaient, s’agglutinaient et s’évanouissaient en un chapelet de reflets, jouant déjà la scène du naufrage, du fatal destin des lourdes chaloupes au chargement livide, — les coquilles, jetées par-dessus bord depuis le pont des cuisines, attendant patiemment leurs nouveaux hôtes, et légèrement les corps s’enfonçant, se frayant un chemin vertical, hésitant et nécessaire, enrobés d’une solitude qui est celle des astres, auréolés d’un lent nuage verdâtre de poussière marine, impalpable et fuyant suaire de leur déliquescence, premier signe de l’inéluctable entropie dont la pierre renferme les strates, ces cris oppressés de la matière qui, en se disloquant, s’affine et, sur la berge, alanguie, s’étale, poudre de nacre scintillante, pure, et conserve un instant l’empreinte incertaine et fugace de l’aile d’un ange imprudent, tandis que les corps rongés et mous, un à un, gonflés d’un ironique besoin de s’élever, remontent à la  surface et jouent dans les vagues.

 Jean-Jacques Marimbert, texte paru dans la revue Encres Vagabondes en juin 1999.

19:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (25)

En passant

Je ne suis pas photographe écrivain peintre je suis empailleur des choses que la vie m'offre en passant

Jacques-Henri Lartigue

17:50 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (5)

L'amour

la lune belle pavane

ses courbes rousses

à faire bander

l’arc du soleil

dans toute son intensité

le vent haleine chaude

de douce bête

échevelle

la crinière du ciel

 

ce parfum

unique

de galops

sauvages

danse vertige

des oiseaux

 

la musique

est née tzigane

jetée au feu

donne vie

donne souffle

 

l’amour n’est pas l’amour

l’amour c’est l’amour

mais ouvrez

ouvrez !

 

ne pas saisir

ne pas serrer

mais ouvrir lâcher

désenchaîner

les pantins !

 

ouvrez la cage

du sang qui cogne

laissez jaillir

la fontaine de vivre

donnez à boire

à tous ces assoiffés

qu’on les fasse

danser enfin !

 

l’amour

l’amour !

 

l’amour est perdu d’avance

laissons-le divaguer

qu’il profite de la mer

moite et douce

 

l’amour

dessus dessous

au-delà

 

qu’il soit roi

des oisillons frileux lancés au soleil

des rêves poussière à se frotter les yeux

à s’amouracher

de vers lumineux

 

l’amour…

épargnons-lui

le sinistre sérieux

de nos serments théâtraux

la camisole de tendresse

et nos angoisses toxiques

 

aimer oui !

trop mais sans limite

 

oublier d’être beau intelligent parfait

pour se déguiser de chenilles

et faire peur aux orfraies

se vêtir de lune de terre de vent

faire l’amour comme les herbes

frotter la peau

tendre les fesses

ululer jouissance

éclater

de rire

al dente

 

 

démesurément

le geste est

toujours neuf

 

Cathy Garcia

Voir aussi son site

12:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (11)

Ca m’a surpris, mais sans plus

(…) Lorsqu'il m'a dit qu'il avait dû faire piquer son chien, ça m’a surpris, mais sans plus. C'est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l'idée qu'un jour ou l'autre il va mourir.
- Tu comprends, je pouvais pas le faire passer pour un brun.
- Ben, un labrador, c'est pas trop sa couleur, mais il avait quoi comme maladie ?
- C'est pas la question, c'était pas un chien brun, c'est tout.
- Mince alors, comme pour les chats, maintenant ?
- Oui, pareil.
Pour les chats, j’étais au courant. Le mois dernier, j’avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir.
C'est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d'après ce que les scientifiques de l'État national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu'ils s'adaptaient mieux à notre vie citadine, qu'ils avaient des portées peu nombreuses et qu'ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat c'est un chat (…)

Extrait de Matin brun de Franck Pavloff, Cheyne éditeur, 1 €

Sur tes yeux d'océan

Incliné sur les soirs je jette un filet triste
sur tes yeux d'océan.

Là, brûle écartelée sur le plus haut bûcher,
ma solitude aux bras battants comme un noyé.

Tes yeux absents, j'y fais des marques rouges
et ils ondoient comme la mer au pied d'un phare.

Ma femelle distante, agrippée aux ténèbres,
de ton regard surgit la côte de l'effroi.

Incliné sur les soirs je jette un filet triste
sur la mer qui secoue tes grands yeux d'océan.

Les oiseaux de la nuit picorent les étoiles
qui scintillent comme mon âme quand je t'aime.

Et la nuit galopant sur sa sombre jument
éparpille au hasard l'épi bleu sur les champs.

Pablo Neruda

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)