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mercredi, 23 novembre 2005

La poésie

Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où
elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.


Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.


Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.

(Pablo Neruda, Mémorial de l'île Noire, 1964)

22:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Le chemin se fait en marchant

Tout passe
et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer
Voyageur, le chemin
C'est les traces
de tes pas
C'est tout ; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier
Que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer

Antonio Machado

22:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5)

Franck Pavloff à Montpellier

Demain à la librairie Sauramps : Franck Pavloff, l'auteur de Matin Brun, qui a participé 2 fois à la revue L'instant du Monde (n° 2 et n° 7) et a fait la préface du recueil "L'instant du conte" pour Occi'zen sera à Montpellier (17 h 30) à l'occasion de la sortie de son livre : le Pont de Ran-Mositar

Un dossier lui est consacré dans le dernier numéro de la revue Salmigondis

Plus d'infos sur demain ici

Les inédits de Buk : comme disait Dieu...

à la salope qui a pris mes poèmes

certains disent que nous devrions garder quelques remords personnels du

poème,

rester abstraits, et il y a un peu de vrai là-dedans,

mais jésus ;

douze poèmes partis et je ne garde pas de copies " carbone " et tu as mes

peintures aussi, mes meilleures ; j’en suffoque :

essayes-tu de me presser tel un citron comme tous les autres ?

pourquoi n’as-tu pas pris mon argent ? ils le font d’habitude

dans mon pantalon saoul et endormi qui vomit dans le coin.

la prochaine fois prends mon bras gauche ou un billet de cinquante

mais pas mes poèmes :

je ne suis pas Shakespeare

mais un jour simplement

il n’y en aura plus aucun, abstrait ou autre ;

il y aura toujours de l’argent et des salopes et des pochards

jusqu’à l’ultime bombe,

mais comme disait Dieu,

en croisant les jambes,

je vois où j’ai fabriqué plein de poètes

mais pas tellement de

poésie.

Charles Bukowski

Extrait de It Catches My Heart in Its Hands (1963) repris dans Burning in Water Drowning in Flame (Selected Poems 1955-1973), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1999, 16.

Traduction : Éric Dejaeger

to the whore who took my poems

 

some say we should keep personal remorse from the

poem,

stay abstract, and there is some reason in this,

but jezus;

twelve poems gone and I don't keep carbons and you have

my

paintings too, my best ones; it's stifling:

are you trying to crush me out like the rest of them?

why didn't you take my money? they usually do

from the sleeping drunken pants sick in the corner .

next time take my left arm or a fifty

but not my poems:

I'm not Shakespeare

but sometime simply

there won't be any more, abstract or otherwise;

there'll always be money and whores and drunkards

down to the last bomb,

but as God said,

crossing his legs,

I see where I have made plenty of poets

but not so very much

poetry.

14:33 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (5)

Des vraies questions avec des vraies réponses

Q : Qu'est-ce qu'une gousse d'ail jetée contre un mur qui revient ?

R : C'est le retour du jet d'ail

Q : Pourquoi les marchands de savon font-ils fortune ?
R : Parce que leurs clients les savent honnêtes.
> >
Q : Quel est le pluriel d'un coca ?
R : Des haltères (car un coca désaltère).

Q : D'après Elvis, il y a deux sortes d'OVNI, vous les connaissez ?
R : L'OVNI tender et l'OVNI true.
> >
Q : Pourquoi les soeurs japonaises aiment-elles les Beatles ?
R : Parce qu'elles sont jaunes les nonnes.
> >
Q : Qu'est-ce que c'est un petit pois et une carotte qui se battent ensemble ?
R : Un bon duel.
> >
Q: Comment appelle-t-on un chauffeur de corbillard ?
R: Un pilote-décès.

Q : Où samedi se trouve avant vendredi ?
R : Dans le dictionnaire.

Q : Que dit un aveugle lorsqu'on lui donne du papier de verre ?
R : Putain, c'est écrit serré.
>
Q : Savez-vous ce qui est le plus difficile dans un accouchement chez les gitans ?
R : C'est de faire sortir la guitare.
> >
Q : Pourquoi les boîtes aux lettres à Prague sont-elles à 2m de haut sur les poteaux ?
R : Parce que les Tchèques postent haut.
> >
Q : Qu'est-ce qui est vert et qui se déplace sous l'eau ?
R : Un choux marin.
> >
Q : Deux chèvres sont sur un bateau : BABI et BABA. BABA tombe à l'eau. Que se passe-t-il ?
R : BABA coule et BABI bêle.
> >
Q : Combien d'oeufs pouvez-vous manger à jeun ?
R : Un seul car au deuxième on n'est plus à jeun.

Q : Comment appelle-t-on un boomerang qui ne revient pas ?
R : Un cintre.
> >
Q : Que s'est-il passé en 1111 ?
R : L'invasion des Huns.

Q : Je commence par un "e", je finis par un "e" et je contiens une lettre. Qui suis-je ?
R : Une enveloppe.

12:31 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (3)

Les inédits de Buk : bouteille de bière

bouteille de bière

une chose vraiment miraculeuse vient de se produire :

ma bouteille de bière est tombée à la renverse

et a atterri sur son fond par terre,

et je l’ai replacée sur la table pour laisser reposer la mousse,

mais les prises de vue n’ont pas eu autant de chance aujourd’hui

et il y a une petite fente le long du cuir

de ma chaussure gauche, mais tout cela est très simple :

nous ne pouvons acquérir trop : il y a des lois

dont nous ne savons rien, toutes sortes de coups de coude

nous enflamment ou nous glacent ; ce qui place

le merle dans la gueule du chat

n’est pas à dire pour nous, ni pourquoi certains hommes

sont emprisonnés comme des écureuils domestiques

alors que d’autres fouillent du groin d’énormes seins

durant des nuits sans fin — voici la

corvée et la terreur, et on ne nous

apprend pas pourquoi, enfin, c’est une chance que la bouteille

ait atterri bien droit, et bien que

j’en aie une de vin et de whisky,

ceci présage, quelque part, d’une bonne nuit,

et peut-être demain mon nez sera-t-il plus long :

nouvelles chaussures, moins de pluie, plus de poèmes.

Traduction : Éric Dejaeger

 

Extrait de At Terror Street and Agony Way (1968) repris dans Burning in Water Drowning in Flame (Selected Poems 1955-1973), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1999, 97.

 

beerbottle

 

a very miraculous thing just happened:

my beerbottle flipped over backwards

and landed on its bottom on the floor ,

and I have set it upon the table to foam down,

but the photos were not so lucky today

and there is a small slit along the leather

of my left shoe, but it's all very simple:

we cannot acquire too much: there are laws

we know nothing of, all manner of nudges

set us to burning or freezing; what sets

the blackbird in the cat's mouth

is not for us to say, or why some men

are jailed like pet squirrels

while others nuzzle in enormous breasts

through endless nights — this is the

task and the terror, and we are not

taught why. still, it's lucky the bottle

landed straightside up, and although

I have one of wine and one of whiskey,

this foretells, somehow, a good night,

and perhaps tomorrow my nose will be longer:

new shoes, less rain, more poems.

Charles Bukowski

  

11:42 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)

Questions et réponses

"Toute question ne se fonde jamais que sur une réponse. On ne se pose une question que là où on a déjà la réponse"

Lacan 

Extrait d'une conférence à voir et à entendre sur le site de Stephane Zagdanski : Lacan à Louvain (1972)

09:27 Publié dans Lacan | Lien permanent | Commentaires (18)

mardi, 22 novembre 2005

Chevauchée

Placide, l’eau s’élance

Au grand galop sous le pont,

Ecume ses dents sur les galets

Use ses longs cheveux de vent.

 

Les yeux brillants flottent dans les airs

C’est la chevauchée des crinières

Le sable en tourbillons dorés

La peau au grain miraculé.

 

Les naseaux palpitent d’ivresse

Et brillent de la sueur du sang

Fougueux sous les muscles saillants

Tonnerre du sang contre l’écorce

Sculptée, finement ciselée.

 

Valérie Canat de Chizy

21:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Couleur réglisse

Alors que le sang

Caille sous les dents

S’ébrèche un sourire

Dans des yeux brumeux

Le sol s’évase

Sous les clapotis

Les pas se dilatent

Au milieu du bruit.

 

Alors que la nuit

Effiloche les murs

En longues rainures

Les phares projettent

Leurs yeux globuleux

Les rats s’émiettent

Au milieu des feux.

 

Alors que les briques

Couvent dans la braise

Et que les colchiques

Prennent leurs aises

Les bras perdent leurs feuilles

Et se ternissent

Les jambes deviennent

Couleur réglisse.

 

Valérie Canat de Chizy

21:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Exvagus

 A la musarde

Le vagabond rêve

D’envoyer dinguer

La mort et ses valets

Trimarder à tout va

Se frotter le crin

A la cendre

Des chemins

 

Se moque bien

Le migrateur

D’être riche

Se moque tout autant

De frôler mistoufle

A dia !

Toujours à dia !

Désenverguer

Se hisser haut

 

Boire au goulot

L’orpiment

Plein les yeux

S’en mettre

Du soleil du vent

Plein les poches

Faire chanter

Les chaumines

Qui s’imaginent

Roulottes péniches

 

Et rire à la peine

A la barbe des flèches

Cueillir les chatteries

Fuir les souricières

Aimer comme dératé

Qui n’a que faire

D’enjolivures…

Oyez !

 

Les parias battent tambours

Fument des navisphères

Et troquent des nébuleuses

De première nécessité

Avec de douces sorcières

Qui les adonisent

Les ceignent de beauté.

Cathy Garcia

18:36 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Sol y tierra

   

le vent

entre chien et loup

la lune cachée

 

dans le haut tilleul

 

la douceur

 

léger frisson

 

imperceptible

 

sortilège    

les démons de gouttières

miment le combat

 

quatre ombres

 

apparaissent

 

disparaissent

 

froissent les herbes    

le val de mes seins

invite à la balade

 

ma pensée va à l’homme

 

mais dieu siffle mon âme

 

comme on siffle un chien

 

et mon âme danse

 

une joie

 

soûle d’espace

 

solitaire  

sol y tierra

et le vent aussi et le vent…

Cathy Garcia

14:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Jusqu'où iront-ils ?

Nos amis américains ? Tenez-vous bien et cliquez !

12:28 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (6)

Sur la ligne

Il semble que nous soyons retenus à une frontière par un douanier et qu'une jeune femme arrive par là. Mais Bon Dieu, où sommes-nous ?

Lecture à La Baignoire de "Sur la ligne", de Gilles Moraton, les 25 et 26 novembre à 19 heures

En présence de l'auteur

par Gilles Moraton, Hélène de Bissy et Béla Czuppon

7 rue Brueys à Montpellier (Derrière le Dôme)

Renseignements et inscriptions au 06 14 47 06 99

10:45 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 21 novembre 2005

Es-tu là ?

La limite n’est point en Dieu et dans l’esprit, mais elle est posée par l’esprit pour qu’elle soit supprimée. Par son idéalité, l’esprit est élevé au-dessus du fini et sait que la limite n’est nullement infranchissable pour lui. (…) Et cette délivrance n’est pas, comme se le représente l’entendement, une délivrance qui ne s’accomplit jamais, une délivrance vers laquelle on ne fait que tendre indéfiniment ; mais l’esprit s’affranchit de ce progrès indéfini, se libère absolument de la limite, de son autre, et parvient par là à son être pour soi absolu, et se fait véritablement infini.  

Hegel

La femme à la cravate noire

A cette époque, les peintres et les écrivains, c'était pareil. On vivait mélangés, avec probablement les mêmes soucis. On peut même dire que chaque écrivain avait son peintre. (...) Bientôt nous fûmes inséparables. C'est fou ce que nous avons pu boire, Modigliani et moi, et quand j'y pense, j'en suis épouvanté.

Blaise Cendrars

19:35 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

La mer à Dieppe

Oui amour violent tu es là partout tissé dans mon âme obombré dans chaque pore de ma peau rien ne peut me détacher de toi happé enlevé trituré ourdi dépossédé je peux à peine bouger vibration qui parcourt mon échine tout ce que je pourrai tenter pour me détacher de toi est inutile ce qui a été une fois est pour toujours

A demi-mot

Les vérités qui nous importent le plus s'offrent toujours à demi-mot

Balthasar Gracian

17:50 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1)

La cathédrale de Narbonne

La cathédrale de Narbonne est la plus étrange qui soit, seul le chœur a été construit. Fière, flamboyante, élancée, on la voit de loin, mais en y pénétrant tout est différent. On est déconcerté, on cherche ses repères puis on comprend : Elle est inachevée. Au Moyen Age la ville a refusé d’abattre un mur, sa construction a été stoppée. Il y manque la nef et le transept. Elle est humaine dirait-on. Toute en élévation, en verticalité. Son architecture est un prélude. Narbonne a cette atmosphère italienne et espagnole en même temps, désinvolte, sensuelle et mystérieuse.

14:00 Publié dans Paysages | Lien permanent | Commentaires (10)

Se moquerait-on du livre et de la lecture ?

Il est impossible d'ignorer les difficultés que rencontrent les enseignants et les documentalistes pour transmettre aux élèves le plaisir et le goût de la langue, de la lecture, de l'écriture.
À leurs côtés, journalistes, sociologues, parents d'élèves, professionnels du livre, s'inquiètent de la détérioration du langage chez les jeunes et de ses graves conséquences, faiblesse d'expression et difficulté de pensée, passages à l'acte consécutifs, défaut de symbolisation.
Face à cette situation, les ministères de l'Éducation nationale et de la Culture s'étaient engagés dans un important projet d'éducation artistique et culturelle associant enseignants, créateurs et partenaires culturels. La pratique de l'écriture créative dans le cadre des ateliers artistiques, le dialogue avec les professionnels du livre avaient trouvé leur place dans l'école élémentaire, les collèges, les lycées d'enseignement général et professionnel. L'apport de ces rencontres est évalué, reconnu. Les élèves qui en ont bénéficié manifestent un intérêt nouveau pour les livres, pour la langue qu'ils se réapproprient. Et pourtant !
Le 19 octobre 2005 les ministres de la Culture et de l'Education Nationale ont solennellement inauguré une nouvelle institution consultative intitulée Haut Conseil à l'Education Artistique.
À notre stupeur, nulle part l'écriture et la lecture ne sont mentionnées dans ses objectifs ! Par ailleurs, les crédits alloués à l'éducation artistique dans son ensemble subissent depuis deux ans une érosion considérable, tant au niveau du budget de la Culture que de celui de l'Education Nationale.
Petition à lire en entier et à signer ici

 

12:20 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 20 novembre 2005

Ce qu'on vend aujourd'hui le plus souvent sous le nom de femmes

Nietzsche a vu cela dans la fête française de l'époque : un splendide lever de soleil pour rien, le retour et même le dépassement du miracle grec. La fête, le bordel, l'intrigue, l'esprit, l'amour, l'humour, le déplacement incessant, la rapidité, le courage, la légèreté, le profond sérieux de la jouissance et de l'expérience. On a voulu punir ce débordement : c'est fait. Il était aristocratique et populaire, c'est-à-dire en réalité féminin. Ce qu'on vend aujourd'hui le plus souvent sous le nom de femmes aurait accablé d'ennui ou de rire les contemporains de Mozart.

Philippe Sollers, Casanova l'admirable

21:15 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (7)