jeudi, 21 avril 2005
Confession d'un voyageur nocturne
"Herbe légère et douce brise, au bord de l'eau :
Seul, dans la nuit, le mât dressé d'une chaloupe.
La plaine se déploie, escortée des étoiles ;
Le grand fleuve s'écoule, aux remous de la lune."
Tou Fou
12:40 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (17)
Commentaires
C'est un bien paisible décor qu'il nous plante là, Tou Fou.
Les confessions des voyageurs sont souvent agréables à lire.
Bonne journée !
Écrit par : Mab | jeudi, 21 avril 2005
C'est ça qui est magique avec la poésie chinoise, une sensation de calme qui se pose tout de suite, comme de la neige...
Écrit par : Ray | jeudi, 21 avril 2005
Je ne connais pas vraiment la poésie chinoise, mais je sais qu'à partir du moment où j'en lirai, j'aimerais ça.
Écrit par : Mab | jeudi, 21 avril 2005
"confession" aussi d'un voyageur que j'aime bien et dont je vous livre ci-dessous les souvenirs :
SOUVENIR DE VOYAGE À VARSOVIE
Qu’es-tu devenue, petite sœur tzigane, qui un soir pieds nus est passée par ma vie, quelque part dans l’obscure venelle d’un faubourg de Varsovie où, sous le porche étroit des maisons, s’abritaient des brigands à couteaux ? On se serait cru, ma parole ! dans un poème d’Apollinaire n’eût été l’infecte réalité des choses et l’estafilade dans le vif dont te gratifièrent les marlous, en punition de m’avoir été soumise pour rien d’autre que deux sous de tendresse. J’emportai dans ma fuite un peu du sang giclé de ton visage à ma joue rapprochée et la honte me poursuit de n’avoir su te protéger, remords inaliénable de cette tache rouge à la pochette de mon habit transpercée.
Je ne revis ma tzigane ni matin suivant ni autres matins et bien que l’ayant partout cherchée ; des cabarets à violons de la vieille ville aux trous à vin sordides des banlieues, du quartier des rempailleurs à celui des diseuses d’avenir et des tireuses de cartes aux fichus bariolés. Nul ne sut jamais me dire son visage, ni si elle était Anna, Zita ou Malika ; encore moins comment la retrouver. Ainsi dans l’enchevêtrement d’une tripaille de ruelles toutes plus étriquées les unes que les autres, j’errai des nuits entières en quête de mon éphémère amour, l’âme brûlée et ne sachant par quel moyen tuer mon chagrin.
Existe-t-il aujourd’hui, quelque part dans Varsovie aux soirs incertains, le fantôme d’une femme usée promenant misère au long des rues, et dont le visage en pleine jeunesse défiguré serait l’image fidèle de toutes mes chimères trop tôt assassinées ?
Écrit par : P.A.G | jeudi, 21 avril 2005
Quel est l'auteur-voyageur de cette "confession" PAG ?
Je l'ai déjà lu qq part ce texte et ça me plaît toujours autant.
Écrit par : Calou | jeudi, 21 avril 2005
Et Tou Fou, c'était un contemporain de Li Po ?
Écrit par : Rick Hunter | jeudi, 21 avril 2005
Li Po (701-762)
Tou Fou (712-770)
Écrit par : Ray | jeudi, 21 avril 2005
il est intriguant le voyageur de P.A.G.
il me fait penser à Cendrars (pourtant, le Blaise, c'etait pas le genre à fuire devant les marlous)
Écrit par : jacques | jeudi, 21 avril 2005
C'est pas de Blaise, mon cher Jacques. Quoique de Blaise, si j'un jour trouve la patience, je vous tape "J'AI TUÉ" sur le blum à Ray. Y'en a qui connaissent ? Un chef d'oeuvre.
Bon, c'est pas de blaise en tout cas mais ça ne fait rien, j'aime toujours beaucoup quand même. Et pourra sans doute nous dire de qui Calou qui a déjà lu ça dans un livre de recettes de sa grand mère.
Eh! ousqu'il est passé le Marambert ?
Et l'Breton II; tabassé par sa pâtée ?!
Écrit par : P.A.G | jeudi, 21 avril 2005
l'Marambert tul connais, il s'ECONOMISE, c't un homm' modern' ! depuis que je lui ai rappelé qu'il devait entrer dans la péiade dare dare, il s'est dit "bon sang mais c'est bien sûr !" merde j'ai une oeuvre à écrire, là à mon avis, il doit taffer, au lieu de passer son temps à écrire des conneries, l'est pas CON lui l'Marambert !
Écrit par : Ray | vendredi, 22 avril 2005
M'est avis, tu vois Ray, que le Maramb' il s'est mis pour de bon à la boisson.
Écrit par : P.A.G | vendredi, 22 avril 2005
Merde alors, lui qui était si propre sur lui, si bien élevé...
Écrit par : Ray | vendredi, 22 avril 2005
Je vous bénis, mes frères.
Écrit par : J.-J. M. | vendredi, 22 avril 2005
oui mais j'aimerais bien que pag ou un autre me dise d'ou c'est "souvenir de voyage à varsovie" ou calou alors qui a lu ?
alors, qui sait qui c'est ?
Écrit par : pascal | vendredi, 22 avril 2005
Avec un peu de patience Pascal, nous l'apprendrons bien un jour par un lettré (vous savez ces types qui se définissent par un plein de lettres comme celles-ci: P A G) et ne comptez pas sur moi car ma mémoire fout le camp, c'est déjà beau que le souvenir de cette belle lecture remontasse une nuit à la surface...
Écrit par : Calou | vendredi, 22 avril 2005
[...] Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Oeil pour oeil, dent pour dent. A nous deux maintenant. A coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi poête. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre.[...]
("J'ai tué", Cendrars 1918)
Aujourd'hui 1er septembre 1917 j'ai trente ans. Trente ans! C'est le terme que je m'étais fixé pour me suicider, naguère, quand je croyais au genie de la jeunesse. Aujourd'hui je ne crois plus à rien, la vie ne me remplit pas plus d'horreur que la mort, et réciproquement.
J'ai posé la question à tous mes amis : Etes-vous prêts à mourrir à l'instant même? Aucun ne m'a jamais répondu. Moi, je suis prêt; mais je suis également prêt à vivre encore cent mille ans. N'est-ce pas le même truc?
Il y a les hommes.
Et plus que jamais je m'emerveille de voir combien tout est facile, aisé, inutile et absolument pas nécessaire ou fatal. On commet les âneries les plus gigantesques et le monde de braire de joie comme, par exemple, à la guerre, avec ses fanfares, ses Te Deum, ses célébrations de victoire, ses cloches, ses drapeaux, ses monuments, ses croix de bois. 'Une nuit de Paris repeuplera tout cela' disait Napoléon après l'inspection du champ de bataille de Leipzig. Que la vie est admirable. Une nuit de Paris...
Il y a les hommes. Il ne faut pas se prendre trop au sérieux.
Une nuit suffit.
Une nuit d'amour.
Moins que cela, un coup de bite...
Un noeud.
(une note, dans Moravagine - 1er Septembre 1917)
Écrit par : Jacques | mercredi, 27 avril 2005
Superbe Cendrars, merci !
Écrit par : Ray | mercredi, 27 avril 2005
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