samedi, 26 novembre 2005
Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande
Je crois effectivement que le travail fondamental de l'écrivain ne peut plus se faire autrement que dans la clandestinité, malgré d'ailleurs une apparence soit tout à fait convenable, soit tout à fait trompeuse. Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande. Cela vient du fait que, désormais, la société contrôle tout et se raconte à elle-même dans des séries d'images. J'ai une grande habitude d'être pris pour quelqu'un d'autre. Je suis aussi habitué à ce qu'on ne lise pas du tout ce que j'écris. J'en retire à la fois un sentiment d'impunité et de liberté très grande. Je peux vivre selon l'image qu'on a de moi et poursuivre dans le même temps des activités tout autres...
16:45 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0)
La possibilité de parler la langue des oiseaux
Qui vole selon, c’est dans le poème de Rimbaud: « Elle est retrouvée! / Quoi? l’éternité./ C’est la mer mêlée/ Au soleil. Mon âme éternelle,/ Observe ton vœu/ Malgré la nuit seule/ Et le jour en feu./ Donc tu te dégages/ Des humains suffrages/Des communs élans!/ Tu voles selon... » Qu’est ce que ça veut dire quelqu’un qui en arrive à tutoyer son âme, son âme éternelle? « Mon âme éternelle, dit le poème, observe ton vœu malgré la nuit seule et le jour en feu ». Donc il lui donne, il lui assigne une position. Tu voles selon: ça c’est magnifique! Ça veut dire qu’une fois entré dans ce temps-là, l’éternité est retrouvée: on ne va pas vers l’éternité, on la retrouve, mais d’une toute autre façon qu’on l’aura imaginée autrefois, parce que c’était Dieu. L’homme n’a même pas besoin de Dieu, c’est tout à fait une autre expérience, vous entrez dans une dimension où tout devient une situation libre. Vous êtes devenu une sorte d’oiseau libre, l’alchimie vous savez, c’est aussi la possibilité de parler la langue des oiseaux!
Interview passionnante de Philippe Sollers à lire en entier ici
14:50 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0)
Le corps est la grande raison
Je crois que Nietzsche a anticipé ce qui est en train de nous arriver lorsqu’il a dit que « le corps était la grande raison », et qu’il s’agirait, désormais, presque d’être l’incarnation animale de Dieu, ou bien qu’il faudrait penser enfin ses sens, ses cinq sens! Je crois désormais effectivement vérifiable que tout est fait pour priver l’être humain de sa perception et de ses sensations, de le scotcher à l’image publicitaire, d’appauvrir son langage, de façon à ce qu’il se vive parfaitement embarrassé, désespéré et vite évacuable. Ce qui fait que le totalitarisme du XXe siècle ayant démontré, comme le dit Hannah Arendt, la « superfluité » de la vie humaine, nous entrerions dans un système planétaire qui ferait qu’une vie n’est pas seulement superflue – tout le monde est devenu remplaçable –, mais que ça ne vaut même plus la peine de s’arrêter sur la perception et la sensation! Ce que vous démontre, au contraire, la ténacité, le courage, la sublime assurance de peintres comme Matisse et Picasso, par exemple, qui, précisément, ont agi en tant que réfractaires à leur époque et ont tenu bon en peignant des choses qui pourrait vous paraître inessentielles par rapport à la propagande du temps: c’est une magnifique leçon! On l’accepte en peinture, pourquoi ne pas l’accepter en littérature, avec des mots?
Interview passionnante de Philippe Sollers à lire en entier ici
Matisse, La joie de vivre
09:18 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 25 novembre 2005
Le saint chinois
« Il s’exprime dans des discours extravagants, dans des paroles inédites, dans des expressions sans queue ni tête, parfois trop libres, mais sans partialité, car sa doctrine ne vise pas à traduire des points de vue particuliers. Il juge le monde trop boueux pour être exprimé dans des propos sérieux. C’est pourquoi il estime que les paroles de circonstance sont prolixes, que les paroles de poids ont leur vérité, mais que seules les paroles révélatrices possèdent un pouvoir évocateur dont la portée est illimitée. Ses écrits, bien pleins de magnificence, ne choquent personne, parce qu’ils ne mutilent pas la réalité complexe. Ses propos, bien qu’inégaux renferment des merveilles et des paradoxes dignes de considération. Il possède une telle plénitude intérieure qu’il n’en peut venir à bout. En haut, il est le compagnon du créateur ; en bas il est l’ami de ceux qui ont transcendé la mort et la vie, la fin et le commencement. La source de sa doctrine est ample, ouverte, profonde et jaillissante ; sa doctrine vise à s’harmoniser avec le principe et à s’élever à lui. Et pourtant, en répondant à l’évolution du monde et en expliquant les choses, il offre une somme inexprimable de raisons qui viennent, sans rien omettre, mystérieuses, obscures et dont personne ne peut sonder le fond."
Tchouang-tseu
23:20 Publié dans Taoisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Dérapage
Pour ceux qui l'aurait raté, celui de Hélène Carrière d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, à la télévision russe NTV.
22:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (10)
Encre
Une goutte d’encre est un lac où un ange a chu si brillamment que la corolle noire de l’impact a le poli de la bakélite, la gracile élégance d’une ombelle fraîchement vernissée, en son centre, — en son ventre où disparaît, engloutie, l’aile agile et frêle du messager divin à jamais immergé dans une obscurité liquide et sirupeuse, collant aux plumes, tenant de l’huile usée et du goudron sécrétés par les soutes d’un jadis si majestueux paquebot, éclatant de blancheur lisse, étoilée, rehaussée du sourire perlé des coquillages servis dans des grands plats d’argent
sur le rebord desquels, parmi les algues et les poissons en incrustation d’émail, les guirlandes électriques multicolores bercées par la brise mystérieuse, les lèvres nacrées des femmes en vison, les cols satinés des smokings et les épaulettes d’or des uniformes d’apparat se pressaient, s’agglutinaient et s’évanouissaient en un chapelet de reflets, jouant déjà la scène du naufrage, du fatal destin des lourdes chaloupes au chargement livide, — les coquilles, jetées par-dessus bord depuis le pont des cuisines, attendant patiemment leurs nouveaux hôtes, et légèrement les corps s’enfonçant, se frayant un chemin vertical, hésitant et nécessaire, enrobés d’une solitude qui est celle des astres, auréolés d’un lent nuage verdâtre de poussière marine, impalpable et fuyant suaire de leur déliquescence, premier signe de l’inéluctable entropie dont la pierre renferme les strates, ces cris oppressés de la matière qui, en se disloquant, s’affine et, sur la berge, alanguie, s’étale, poudre de nacre scintillante, pure, et conserve un instant l’empreinte incertaine et fugace de l’aile d’un ange imprudent, tandis que les corps rongés et mous, un à un, gonflés d’un ironique besoin de s’élever, remontent à la surface et jouent dans les vagues.
Jean-Jacques Marimbert, texte paru dans la revue Encres Vagabondes en juin 1999.
19:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (25)
En passant
Je ne suis pas photographe écrivain peintre je suis empailleur des choses que la vie m'offre en passant
Jacques-Henri Lartigue
17:50 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (5)
L'amour
la lune belle pavane
ses courbes rousses
à faire bander
l’arc du soleil
dans toute son intensité
le vent haleine chaude
de douce bête
échevelle
la crinière du ciel
ce parfum
unique
de galops
sauvages
danse vertige
des oiseaux
la musique
est née tzigane
jetée au feu
donne vie
donne souffle
l’amour n’est pas l’amour
l’amour c’est l’amour
mais ouvrez
ouvrez !
ne pas saisir
ne pas serrer
mais ouvrir lâcher
désenchaîner
les pantins !
ouvrez la cage
du sang qui cogne
laissez jaillir
la fontaine de vivre
donnez à boire
à tous ces assoiffés
qu’on les fasse
danser enfin !
l’amour
l’amour !
l’amour est perdu d’avance
laissons-le divaguer
qu’il profite de la mer
moite et douce
l’amour
dessus dessous
au-delà
qu’il soit roi
des oisillons frileux lancés au soleil
des rêves poussière à se frotter les yeux
à s’amouracher
de vers lumineux
l’amour…
épargnons-lui
le sinistre sérieux
de nos serments théâtraux
la camisole de tendresse
et nos angoisses toxiques
aimer oui !
trop mais sans limite
oublier d’être beau intelligent parfait
pour se déguiser de chenilles
et faire peur aux orfraies
se vêtir de lune de terre de vent
faire l’amour comme les herbes
frotter la peau
tendre les fesses
ululer jouissance
éclater
de rire
al dente
démesurément
le geste est
toujours neuf
Cathy Garcia
12:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (11)
Ca m’a surpris, mais sans plus
(…) Lorsqu'il m'a dit qu'il avait dû faire piquer son chien, ça m’a surpris, mais sans plus. C'est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l'idée qu'un jour ou l'autre il va mourir.
- Tu comprends, je pouvais pas le faire passer pour un brun.
- Ben, un labrador, c'est pas trop sa couleur, mais il avait quoi comme maladie ?
- C'est pas la question, c'était pas un chien brun, c'est tout.
- Mince alors, comme pour les chats, maintenant ?
- Oui, pareil.
Pour les chats, j’étais au courant. Le mois dernier, j’avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir.
C'est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d'après ce que les scientifiques de l'État national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu'ils s'adaptaient mieux à notre vie citadine, qu'ils avaient des portées peu nombreuses et qu'ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat c'est un chat (…)
Extrait de Matin brun de Franck Pavloff, Cheyne éditeur, 1 €
09:41 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Sur tes yeux d'océan
Incliné sur les soirs je jette un filet triste
sur tes yeux d'océan.
Là, brûle écartelée sur le plus haut bûcher,
ma solitude aux bras battants comme un noyé.
Tes yeux absents, j'y fais des marques rouges
et ils ondoient comme la mer au pied d'un phare.
Ma femelle distante, agrippée aux ténèbres,
de ton regard surgit la côte de l'effroi.
Incliné sur les soirs je jette un filet triste
sur la mer qui secoue tes grands yeux d'océan.
Les oiseaux de la nuit picorent les étoiles
qui scintillent comme mon âme quand je t'aime.
Et la nuit galopant sur sa sombre jument
éparpille au hasard l'épi bleu sur les champs.
Pablo Neruda
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 24 novembre 2005
Nihilisme à l'eau de rose
21:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
La Niña de los Peines
- Un soir, la Niña de los Peines jouait avec sa voix d'ombre, avec sa voix d'étain fondu, avec sa voix couverte de mousse et l'enroulait à sa chevelure.
- Soudain elle se leva comme une folle pour chanter, sans voix, sans souffle, sans nuances, la gorge en feu, mais avec duende. Elle avait réussi à jeter bas l'échafaudage de la chanson, pour livrer passage à un démon furieux et dévorant, frère des vents chargés de sable, sous l'empire de qui le public lacérait ses habits.
- La Niña de los Peines dut déchirer sa voix, car elle se savait écoutée de connaisseurs difficiles qui réclamaient une musique pure avec juste assez de corps pour tenir en l'air Elle dut réduire ses moyens, ses chances de sécurité ; autrement dit, elle dut éloigner sa muse et attendre, sans défense, que le duende voulût bien venir engager avec elle le grand corps à corps. Mais alors comme elle chanta ! Sa voix ne jouait plus ; sa voix, à force de douleur et de sincérité, lançait un jet de sang.
- Federico Garcia Lorca
- Seguiriya
- La Niña de los peines
- Le Chant du monde
17:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7)
La lutte pour le souvenir
Hier est un arbre aux longs branchages, à l'ombre duquel je suis allongé, abandonné à la mémoire.
Soudain, je regarde, étonné: en longues caravanes, des voyageurs sont arrivés dans le même sentier; les yeux endormis dans le souvenir, ils fredonnent des chansons et évoquent ce qui fut. Et je crois deviner qu'ils se sont déplacés pour s'arrêter, qu'ils ont parlé pour se taire, qu'ils ont ouvert leurs yeux stupéfaits devant la fête des étoiles pour les fermer et revivre l'en allé...
Etendu dans ce nouveau chemin, avec les yeux avides et fleuris des jours lointains, j'essaie vainement d'enrayer le fleuve du temps qui ondoie sur mes faits et gestes. Mais l'eau que je parviens à recueillir reste prisonnière des bassins secrets de mon coeur, dans lesquels, demain, devront s'enfoncer mes veilles mains solitaires
Pablo Neruda
Kupka, Les disques de Newton (1911-1912)
14:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
Dissonances
(Revue mythique de littérature éditée dans les années 90 à Nice)
Sur ce blog, dans les images qui répondent aux textes (et réciproquement) on remarquera qu'il n'y a pas (forcément) recherche d'harmonie mais parfois de dissonances ; ce n'est pas toujours l'image attendue qui est proposée, le contraste ou la disharmonie ouvrant parfois sur un regard différent sur le texte et l'image. L'avantage du blog en outre est qu'une note chassant l'autre, on peut (sans grande culpabilité) s'y tromper.
"La jouissance, ce n'est pas ce qui répond au désir (le satisfait), mais ce qui le surprend, l'excède, le déroute, le dérive" : (Roland Barthes)
03:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (11)
mercredi, 23 novembre 2005
La poésie
Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où
elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.
Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.
Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.
(Pablo Neruda, Mémorial de l'île Noire, 1964)
22:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
Le chemin se fait en marchant
Tout passe
et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer
Voyageur, le chemin
C'est les traces
de tes pas
C'est tout ; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier
Que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer
Antonio Machado
22:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5)
Franck Pavloff à Montpellier
Demain à la librairie Sauramps : Franck Pavloff, l'auteur de Matin Brun, qui a participé 2 fois à la revue L'instant du Monde (n° 2 et n° 7) et a fait la préface du recueil "L'instant du conte" pour Occi'zen sera à Montpellier (17 h 30) à l'occasion de la sortie de son livre : le Pont de Ran-Mositar
Un dossier lui est consacré dans le dernier numéro de la revue Salmigondis
19:57 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (1)
Les inédits de Buk : comme disait Dieu...
à la salope qui a pris mes poèmes
certains disent que nous devrions garder quelques remords personnels du
poème,
rester abstraits, et il y a un peu de vrai là-dedans,
mais jésus ;
douze poèmes partis et je ne garde pas de copies " carbone " et tu as mes
peintures aussi, mes meilleures ; j’en suffoque :
essayes-tu de me presser tel un citron comme tous les autres ?
pourquoi n’as-tu pas pris mon argent ? ils le font d’habitude
dans mon pantalon saoul et endormi qui vomit dans le coin.
la prochaine fois prends mon bras gauche ou un billet de cinquante
mais pas mes poèmes :
je ne suis pas Shakespeare
mais un jour simplement
il n’y en aura plus aucun, abstrait ou autre ;
il y aura toujours de l’argent et des salopes et des pochards
jusqu’à l’ultime bombe,
mais comme disait Dieu,
en croisant les jambes,
je vois où j’ai fabriqué plein de poètes
mais pas tellement de
poésie.
Charles Bukowski
Extrait de It Catches My Heart in Its Hands (1963) repris dans Burning in Water Drowning in Flame (Selected Poems 1955-1973), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1999, 16.
Traduction : Éric Dejaeger
to the whore who took my poems
some say we should keep personal remorse from the
poem,
stay abstract, and there is some reason in this,
but jezus;
twelve poems gone and I don't keep carbons and you have
my
paintings too, my best ones; it's stifling:
are you trying to crush me out like the rest of them?
why didn't you take my money? they usually do
from the sleeping drunken pants sick in the corner .
next time take my left arm or a fifty
but not my poems:
I'm not Shakespeare
but sometime simply
there won't be any more, abstract or otherwise;
there'll always be money and whores and drunkards
down to the last bomb,
but as God said,
crossing his legs,
I see where I have made plenty of poets
but not so very much
poetry.
14:33 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (5)
Des vraies questions avec des vraies réponses
Q : Qu'est-ce qu'une gousse d'ail jetée contre un mur qui revient ?
R : C'est le retour du jet d'ail
Q : Pourquoi les marchands de savon font-ils fortune ?
R : Parce que leurs clients les savent honnêtes.
> >
Q : Quel est le pluriel d'un coca ?
R : Des haltères (car un coca désaltère).
Q : D'après Elvis, il y a deux sortes d'OVNI, vous les connaissez ?
R : L'OVNI tender et l'OVNI true.
> >
Q : Pourquoi les soeurs japonaises aiment-elles les Beatles ?
R : Parce qu'elles sont jaunes les nonnes.
> >
Q : Qu'est-ce que c'est un petit pois et une carotte qui se battent ensemble ?
R : Un bon duel.
> >
Q: Comment appelle-t-on un chauffeur de corbillard ?
R: Un pilote-décès.
Q : Où samedi se trouve avant vendredi ?
R : Dans le dictionnaire.
Q : Que dit un aveugle lorsqu'on lui donne du papier de verre ?
R : Putain, c'est écrit serré.
>
Q : Savez-vous ce qui est le plus difficile dans un accouchement chez les gitans ?
R : C'est de faire sortir la guitare.
> >
Q : Pourquoi les boîtes aux lettres à Prague sont-elles à 2m de haut sur les poteaux ?
R : Parce que les Tchèques postent haut.
> >
Q : Qu'est-ce qui est vert et qui se déplace sous l'eau ?
R : Un choux marin.
> >
Q : Deux chèvres sont sur un bateau : BABI et BABA. BABA tombe à l'eau. Que se passe-t-il ?
R : BABA coule et BABI bêle.
> >
Q : Combien d'oeufs pouvez-vous manger à jeun ?
R : Un seul car au deuxième on n'est plus à jeun.
Q : Comment appelle-t-on un boomerang qui ne revient pas ?
R : Un cintre.
> >
Q : Que s'est-il passé en 1111 ?
R : L'invasion des Huns.
Q : Je commence par un "e", je finis par un "e" et je contiens une lettre. Qui suis-je ?
R : Une enveloppe.
12:31 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (3)
Les inédits de Buk : bouteille de bière
bouteille de bière
une chose vraiment miraculeuse vient de se produire :
ma bouteille de bière est tombée à la renverse
et a atterri sur son fond par terre,
et je l’ai replacée sur la table pour laisser reposer la mousse,
mais les prises de vue n’ont pas eu autant de chance aujourd’hui
et il y a une petite fente le long du cuir
de ma chaussure gauche, mais tout cela est très simple :
nous ne pouvons acquérir trop : il y a des lois
dont nous ne savons rien, toutes sortes de coups de coude
nous enflamment ou nous glacent ; ce qui place
le merle dans la gueule du chat
n’est pas à dire pour nous, ni pourquoi certains hommes
sont emprisonnés comme des écureuils domestiques
alors que d’autres fouillent du groin d’énormes seins
durant des nuits sans fin — voici la
corvée et la terreur, et on ne nous
apprend pas pourquoi, enfin, c’est une chance que la bouteille
ait atterri bien droit, et bien que
j’en aie une de vin et de whisky,
ceci présage, quelque part, d’une bonne nuit,
et peut-être demain mon nez sera-t-il plus long :
nouvelles chaussures, moins de pluie, plus de poèmes.
Traduction : Éric Dejaeger
Extrait de At Terror Street and Agony Way (1968) repris dans Burning in Water Drowning in Flame (Selected Poems 1955-1973), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1999, 97.
beerbottle
a very miraculous thing just happened:
my beerbottle flipped over backwards
and landed on its bottom on the floor ,
and I have set it upon the table to foam down,
but the photos were not so lucky today
and there is a small slit along the leather
of my left shoe, but it's all very simple:
we cannot acquire too much: there are laws
we know nothing of, all manner of nudges
set us to burning or freezing; what sets
the blackbird in the cat's mouth
is not for us to say, or why some men
are jailed like pet squirrels
while others nuzzle in enormous breasts
through endless nights — this is the
task and the terror, and we are not
taught why. still, it's lucky the bottle
landed straightside up, and although
I have one of wine and one of whiskey,
this foretells, somehow, a good night,
and perhaps tomorrow my nose will be longer:
new shoes, less rain, more poems.
Charles Bukowski
11:42 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)