jeudi, 26 janvier 2006
Hop !
Les 26, 27 et 28 janvier à 19 heures :
Hop !
Ou
La brutalité d’un projecteur dessine
l’effroi du libraire face aux velours
rouges
De Pascal Nordmann
Par Pierre Barayre et sa compagnie
J’ai vu un clown à Avignon qui disait deux
textes d’un Suisse plasticien à une vitesse
défiant la pesanteur du monde tel qu’il nous
pend aux pieds. Et c’était bien.
Pierre Barayre nous fait l’amitié de présenter
son travail conduit avec la proche complicité
de Katharina Stadler : ne le manquez pas,
c’est un monde !
Entrée : 5 €
À 50 m du Dôme, cours Gambetta :
La Baignoire/cie Les Perles de Verre 7,rue
Brueys 34000 Montpellier
06 14 47 06 99
04:05 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 25 janvier 2006
August Macke (1887-1914)
21:32 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3)
La seule devant laquelle je me sois jamais incliné
Au beau printemps de 1952 vous viendrez d'avoir seize ans et peut-être serez-vous tentée d'entrouvrir ce livre dont j'aime à penser qu'euphoniquement le titre vous sera porté par le vent qui courbe les aubépines... Tous les rêves, tous les espoirs, toutes les illusions danseront, j'espère, nuit et jour à la lueur de vos boucles et je ne serai sans doute plus là, moi qui ne désirerais y être que pour vous voir. Les cavaliers mystérieux et splendides passeront à toutes brides, au crépuscule, le long des ruisseaux changeants. Sous de légers voiles vert d'eau, d'un pas de somnambule une jeune fille glissera sous de hautes voûtes, où clignera seule une lampe votive. Mais les esprits des joncs, mais les chats minuscules qui font semblant de dormir dans les bagues, mais l'élégant revolver-joujou perforé du mot « Bal » vous garderont de prendre ces scènes au tragique. Quelle que soit la part jamais assez belle, ou tout autre, qui vous soit faite, je ne puis savoir. Vous vous plairez à vivre, à tout attendre de l'amour. Quoi qu'il advienne d'ici que vous preniez connaissance de cette lettre - il semble que c'est l'insupposable qui doit advenir - laissez-moi penser que vous serez prête alors à incarner cette puissance éternelle de la femme, la seule devant laquelle je me sois jamais incliné. Que vous veniez de fermer un pupitre sur un monde bleu corbeau de toute fantaisie ou de vous profiler, à l'exception d'un bouquet à votre corsage, en silhouette solaire sur le mur d'une fabrique - je suis loin d'être fixé sur votre avenir laissez-moi croire que ces mots : « L'amour fou » seront un jour seuls en rapport avec votre vertige.
Breton, l'amour fou
21:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Le libéralisme à la française
13:46 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
Le baiser
Pour en revenir aux histoires amoureuses, érotiques, etc., la question est finalement de savoir si ça embrasse pour de vrai ou pas. On n'arrive pas comme ça aux «baisers comme des cascades, orageux et secrets, fourmillants et profonds ». Au commencement sont les bouches, les langues, les appétits, le goût, les salivations discrètes. Il est révélateur que la lourde et laide industrie porno insiste sur les organes pourdétourner l'attention de la vraie passion intérieure, celle qui se manifeste d'une bouche à l'autre. Manger et boire l'autre, être cannibale avec lui, respirer son souille, son «âme », parler la langue qui parle enfin toutes les langues, trouver son chemin grâce au don des langues, c'est là que se situe la chose, le reste s'ensuit. La mécanique organique peut produire ses effets, elle n'est pas dans le coup oral et respiratoire. Les prostituées n'embrassent pas, et leur cul, de même,reste interdit, réservé au mac. Une petite salope, d'aujourd'hui, en revanche, peut branler, faire la pipe à fond, et même se laisser enculer, mais n'embrasse pas, ou pas vraiment, et ça se sent tout de suite. Embrasser vraiment, au souffle, prouve le vrai désir, tout le reste est blabla. Dire que qui trop embrasse mal étreint est un préjugé populaire. Une femme qui embrasse à fond un homme (ou une autre femme) s'embrasse elle-même et se situe d'emblée dans un hors-la-loi aristocratique. Rien n'est plus sérieux, vicieux, délicieux, incestueux, scandaleux. Il faut mêler la parole à cet élan, ceux qui ne parlent pas en baisant s'illusionnent, quelles que soient les prestations machiniques et le vocabulaire obscène. Un baiser orageux et soudain avec une femme par ailleurs insoupçonnable vaut mille fois mieux qu'un bourrage vaginal primaire ou une fellation programmée. On s'embrasse encore sans préservatifs buccaux, n'est-ce pas, c'est possible. Possible, mais, logiquement, en voie de disparition. C'est trop généreux, trop gratuit, trop enfantin, trop intime. Le baiser-cascade est en même temps un hommage hyperverbal : on embrasse le langage de l'autre,c'est-à-dire ce qui enveloppe son corps. Mais oui, c'est une eucharistie, une communion, une hostie, unepénétration sans traces, ce qu'a bien compris le fondateur du banquet crucial. Le narrateur enchanté de la Recherche du temps perdu note, lui, dès le départ, que le baiser tant attendu de sa mère, le soir, est comme une «hostie », une « communion », une « présence réelle» qui vont lui donner la paix du sommeil. Mme Proust est-elle allée peu à peu jusqu'à glisser légèrement en tout bien tout honneur, sa langue entre les lèvres de son petit communiant? «Prenez, mangez, buvez.» Il est amusant que les Anglo-Saxons, si puritains, aient inventé l'expression «French kiss» pour désigner le baiser à langue. Frisson du fruit défendu, rejet. La réticence à embrasser dit tout, et révèle la fausse monnaie. Le moindre recul, la moindre hésitation, le plus petit détournement de tête, la plus légère répulsion ou volonté d'abréviation ou d'interruption (pour passer à l'acte sexuel proprement dit, c'est-à-dire, en fait, s'éloigner) sont des signaux dont l'explorateur avisé tient compte. Il sait aussitôt s'il est réellement admis ou pas. «Ceci est mon corps, ceci est mon sang), l'au-delà de la mort parle. Bite, couilles, foutre, clitoris, vagin, cul, tout le cirque vient en plus, jamais le contraire. Une femme qui ne vous embrasse pas vraiment ne vous aime pas, et ce n'est pas grave. Elle peut poser sa bouche sur la vôtre, vous embrasser à la russe ou à l'amicale, aller même jusqu'au patin appuyé cinéma, mais la présence réelle, justement, ne sera pas là. Une expression apparemment innocente comme «bisous», de plus en plus employée, en dit long sur la désertification sensuelle. Plus de pain, plus de brioche, plus de vin, et surtout plus de mots; c'est pareil.
Une vie divine, Philippe Sollers
12:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (26)
La beauté convulsive
La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas
André Breton
09:11 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 24 janvier 2006
La maturité de l'homme
La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu quand on était enfant.
Nietzsche
19:09 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (2)
Soyez poètes
« Les paroles sont toutes faites et s’expriment : elles ne m’expriment point. C’est alors qu’enseigner l’art de résister aux paroles devient utile, l’art de ne dire que ce qu’on veut dire, l’art de les violenter et de les soumettre. Donnez tout au moins la parole à la minorité de vous-mêmes. Soyez poètes. »
Francis Ponge, Rhétorique, 1935, in Le Parti pris des choses
14:41 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (11)
Une page d'histoire
08:52 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)
Comme la passivité fait son lit, elle se couche
Chacun est le fils de ses œuvres, et comme la passivité fait son lit, elle se couche. Le plus grand résultat de la décomposition catastrophique de la société de classes, c'est que, pour la première fois dans l'histoire, le vieux problème de savoir si les hommes, dans leur masse, aiment réellement la liberté, se trouve dépassé: car maintenant ils vont être contraints de l'aimer.
Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne de " La Société du Spectacle "
02:35 Publié dans Société du spectacle | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 23 janvier 2006
Un p'tit dernier !
en 1933, Leonetto Cappiello [1875-1942], conçoit cette lithographie éditée par le ministère de l'agriculture dans le cadre d'une campagne publicitaire pour les vins de France
21:06 Publié dans alcool | Lien permanent | Commentaires (0)
En version ferroviaire
18:30 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)
Comment on devient satellite
17:55 Publié dans Sauce piquante | Lien permanent | Commentaires (0)
Jon Fosse
À l'initiative de la Maison Antoine Vitez (Centre International de la Traduction Théâtrale)
Le mercredi 25 janvier à 18 heures
à la Médiathèque Émile Zola de Montpellier
Lecture autour de l'oeuvre de Jon Fosse
entrée libre
par Hélène de Bissy et Béla Czuppon
avec la présence de Terje Sinding excellent traducteur de l'oeuvre de Jon Fosse et de bien d'autres auteurs scandinaves
Il y a trois ans, La Compagnie des Perles de Verre avait déjà monté deux oeuvres de Jon Fosse :
Chant de la nuit et Le manuscrit du chien.
Nous sommes heureux de pouvoir, par cette lecture-rencontre, réaffirmer notre enthousiasme et notre attachement à ce grand auteur norvégien contemporain
16:05 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
Information d'utilité publique
A partir de ce jour, sachez que vous avez le droit de refuser un contrôle d'alcoolémie pratiqué par la Police ou la Gendarmerie ! (décret n°2006-7 paru au JO du 02/01/2006) En effet, il y a risque de contamination de l'embout par la grippe aviaire, car ces contrôles sont effectués par des poulets, en plein air, dont les heures de sortie ne sont pas maîtrisées.
12:09 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)
Moyennes de la vie humaine
11:11 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)
Sortir de l'imitation
Il fallait sortir de l'imitation, même celle de la lumière (...) Pour moi le dessin est une peinture, faite avec des moyens réduits, et qui peut être tout à fait intéressante, qui peut très bien soulager l'artiste de ses émotions.
Matisse
09:02 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 22 janvier 2006
Quelques considérations d’après « La science de la guérilla », de T.E. Lawrence.
(D'après le roman : "Le secret" de Philippe Sollers) :
La force réside dans la profondeur d’action et non dans le front. Dans la guerre irrégulière, ce que font les hommes est assez peu important, ce qu’ils pensent, en revanche, est capital. L’essentiel au fond est d’amener peu à peu l’ennemi au désespoir, ce qui signifie un plein emploi stratégique plus que tactique et le fait constant de « se trouver plus faible que l’ennemi, sauf sur un point ». On compte donc sur la vitesse, la mobilité, le temps, l’avancée rapide suivie du recul immédiat, le coup porté et aussitôt interrompu pour être porté ailleurs, le modèle devenant celui musical de la portée et non de la force, avec initiative individuelle et, comme dans le jazz, une improvisation collective de tous les instants. Les irréguliers combattent le plus souvent sans se connaître, parfois même en évitant de se connaître, ou encore sans s’admettre entre eux. Ceci est vrai aussi désormais pour la guerre spirituelle et sa substance fluide et réversible de temps comme de mémoire. Dans la guerre irrégulière, le commandement central n’a plus besoin d’être réellement incarné par tel ou tel, la logique y suffit, si elle est portée à une certaine puissance.
On part du principe que l’ennemi croit à la guerre, au sens où un penseur irrégulier comme Kafka, par exemple, disait qu’une des séductions les plus fortes du Mal est de pousser au combat. L’adversaire croit à la guerre, il en a besoin (ne serait-ce que pour vendre des armes) , il lui faut susciter des conflits en attisant les haines.
La rébellion doit disposer d’une base inattaquable, d’un endroit préservé non seulement de toute attaque mais de toute crainte. De cette façon on peut se contenter de deux pour cent d’activité en force de choc et profiter d’un milieu à 98 % de passivité sympathique. L’expression évangélique « qui n’est pas contre nous est pour nous » trouve ainsi son application militaire. Vitesse, endurance, ubiquité, indépendance, stratégie (étude constante des communications) plus que tactique. Il s’agit avant tout de casser chez l’autre sa volonté viscérale d’affrontement. Il cherche à vous imposer sa logique de mort, à vous fasciner avec votre propre mort, vous refusez et refusez encore, vous l’obligez à répéter dans le vide son obstination butée, vous continuez comme si de rien n’était, vous lui renvoyez sans cesse son désir négatif, bref vous finissez par l’user, le déséquilibrer, c’est le moment de passer à l’attaque. Tel est pris qui croyait prendre. Le premier élément est le Temps lui-même, la Mémoire. Le deuxième élément, biologique, n’est plus la destruction éventuelle des corps (tout indique qu’ils n’ont plus la moindre importance) mais le regard détaché sur leur inanité transitoire et leurs modes de reproduction de plus en plus artificiels. Enfin les 9/10 èmes de la tactique sont sûrs et enseignés dans les livres mais le dernier dixième de l’aventure peut être qualifié de « Providence ». Après tout, quelqu’un, entouré seulement de douze techniciens, a ainsi atteint des résultats étonnants. Il ne s’agissait pas de paix mais de guerre, la plus irrégulière qui soit, même pas « sainte », à y regarder de plus près (comme si elle en avait pris les formes pour s’opposer justement, à ces formes).
Conclusion : la guerre irrégulière repose sur une paix si profonde que tout désir de guerre s’y noie et s’y perd. On fait la guerre à la guerre, on traite le mal par le mal, on fait mourir la mort avec la mort (mort où est ta victoire ?) , on circule à grande vitesse dans une immobilité parfaite, on ne vise aucun but, et c’est pourquoi, finalement, il y en a un.
18:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous y gagneriez comme peintres
Ingres à ses élèves à Rome : "Si je pouvais vous rendre tous musiciens, vous y gagneriez comme peintres"
La grande Odalisque, détail
13:06 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (9)
Presque
"Alors ? Tout est fini, le désespoir et le néant triomphent ? Presque. Ce presque est la note fondamentale, inattendue, inespérée, gratuite, donnée."
Philippe Sollers, Une vie divine
04:13 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0)