dimanche, 29 janvier 2006
Exprimer
"L'homme tend à nier ce qu'il ne sait pas affirmer (exprimer)."
Paul Valéry, Tel quel.
21:11 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2)
Le masque
"Il y a toujours, dans la littérature, ceci de louche : la considération d'un public. Donc une réserve toujours de la pensée, una arrière-pensée où gît tout le charlatanisme. Donc, tout produit littéraire est un produit impur. Tout critique est un mauvais chimiste qui cesse de se rappeler ce précepte, qui est absolu. Il ne faut donc jamais conclure de l'oeuvre à un homme - mais de l'oeuvre à un masque - et du masque à la machine. "
Paul Valéry, Tel quel.
20:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3)
Le mensonge
Le mensonge consiste à présenter la vérité comme triste
Philippe Sollers, Une vie divine
(Bon dimanche !)
10:18 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (11)
Ce qu’il y a de plus dangereux aujourd’hui
Le temps me paraît parfois si court, pour tout ce qu’il me reste à faire. Le temps de la lecture, de l’écriture, il faut toujours ruser, se battre pour en gagner un peu, j’ai l’impression qu’on veut nous le voler, c’est qu’il est dangereux, subversif, c’est même ce qu’il y a de plus dangereux aujourd’hui ; un temps jugé contre-productif, un temps de non-consommation, de retrait, d’absence. Solution du système, inonder le marché de livres ineptes et vides, que ceux qui pourraient contenir un espoir ou un embryon de réflexion, une étincelle pour inciter à la réflexion, à la pensée, au renversement de perspective soient noyés, recouverts et écrasés sous des piles de bons sentiments, de mauvais style, de conformité, de bêtise...
04:56 Publié dans Instantané | Lien permanent | Commentaires (8)
Continuer à être un fleuve inexploré
J'écris pour continuer à être un fleuve inexploré
Jim Harrisson
Edouard Debat-Ponsan, le massage
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (12)
samedi, 28 janvier 2006
Les hommes désespèrent stupidement de l'amour
Les hommes désespèrent stupidement de l'amour - j'en ai désespéré - ils vivent asservis à cette idée que l'amour est toujours derrière eux, jamais devant eux : les siècles passés, le mensonge de l'oubli à vingt ans. Ils supportent, ils s'aguerissent à admettre surtout que l'amour ne soit pas pour eux, avec son cortège de clartés, ce regard sur le monde qui est fait de tous les yeux de devins. Ils boitent de souvenirs fallacieux auxquels ils vont jusqu'à prêter l'origine d'une chute immémoriale, pour ne pas se trouver trop coupables. Et pourtant pour chacun la promesse de toute heure à venir contient tout le secret de la vie, en puissance de se révéler un jour occasionnellement dans un autre être
Breton, L'amour fou
22:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Criminels
"L'art et l'amour sont criminels en puissance, - ou ne sont pas"
Paul Valéry
19:01 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (6)
Comme le fruit se fond en Jouissance
Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée
Le changement des rives en rumeur.
Paul Valéry, Le cimetière marin
William Bouguereau, La brise du printemps
17:30 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1)
L'esprit ne doit pas s'occuper des personnes
L'esprit ne doit pas s'occuper des personnes
Il faut entrer en soi-même armé jusqu'aux dents
Créer une sorte d'angoisse pour la résoudre
Faire en soi le tour du "propriétaire". Etat d'un être qui en a fini avec les mots abstraits, - qui a rompu avec eux.
Paul Valéry, extrait de "Quelques pensées de Monsieur Teste"
16:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (6)
vendredi, 27 janvier 2006
La bêtise n'est pas mon fort
La bêtise n'est pas mon fort. J'ai vu beaucoup d'individus; j'ai visité quelques nations; j'ai pris ma part d'entreprises diverses sans les aimer; j'ai mangé presque tous les jours; j'ai touché à des femmes. Je revois maintenant quelques centaines de visages, deux ou trois grands spectacles, et peut-être la substance de vingt livres. Je n'ai pas retenu le meilleur ni le pire de ces choses: est resté ce qui l'a pu.
Paul Valéry, Incipit de Monsieur Teste
August Macke, Autoportrait
20:58 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (7)
Les gestes étranges que pour tuer l'amour inventent les amants...

Paul Valéry, William Bouguereau
18:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3)
Notre conception de l’aventure
La seule œuvre véritablement aventureuse de notre époque est peut-être devant nous avec les livres de Breton, et nous ne pourrions en douter que si nous persistions à ne pas tenir compte du changement de signe qu’a subi à l’époque moderne la notion de l’aventure. Ce qui pour le Moyen Age était source d’enthousiasme, sentiment de l’obstacle mieux que vaincu : volatilisé, c’était le triomphe imaginaire remporté sur les impossibilités matérielles alors toutes puissantes : c’était l’attirail des tapis et des chevaux volants, des fées, des géants, des enchanteurs, des armes magiques. Ce monde ouvert, irrévélé, accumulant autour de l’homme ses grands bancs de brouillard, ce monde de la chance exorbitante qu’était le monde des premiers âges s’est brusquement coagulé sous nos yeux. Les impossibilités matérielles ont reculé d’un coup au delà de toute limite, laissant aujourd’hui, même aux triomphes techniques les plus bouleversants, on ne sait quel arrière goût de "déjà vu" fastidieux – en même temps le monde social où s’ouvraient autrefois, exacerbées peut-être par la rigidité des barrières sociales, des chances véritablement fabuleuses (devenir prince,– devenir roi) s’est sclérosé brusquement sous le poids étouffant de l’universel enregistrement de la police, des lois, des archives, du mécanisme d’une réglementation envahissante qui déprécie tous les possibles à mesure qu’elle les multiplie banalement (il a pu être exaltant sans doute d’imaginer Cendrillon devenant princesse : il ne l’est plus, même pour des enfants, d’imaginer un prolétaire devenant président de la République – et cela du fait que ce haut magistrat ne nous apparaît au fond que comme un rouage plus pitoyablement commandé encore que les autres, plus incapable qu’un autre de répondre à l’élan aujourd’hui presque impossible à satisfaire vers un être "hors série" – "hors la loi"). Notre conception de l’aventure a dû en conséquence changer entièrement de sens. Avec l’achèvement de l’exploration de la planète (l’exploration de la matière n’a pas le même retentissement imaginatif) s’est terminée l’ère de l’aventure diffuse et vaguante : celle des romans de la Table Ronde comme celle de Robinson Crusoé.
Julien Gracq, "André Breton", 1948
14:12 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2)
Un certain point de l'esprit
Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement.
André Breton
Soutine
10:06 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 26 janvier 2006
Courons à l'onde en rejaillir vivant
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.
Paul Valéry, Le cimetière marin
William Bouguereau, La femme au coquillage
21:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5)
Ce que j'ai aimé, que je l'aie gardé ou non, je l'aimerai toujours
"Toujours et longtemps, les deux grands mots ennemis qui s'affrontent dès qu'il est question de l'amour, n'ont jamais échangé de plus aveuglants coups d'épée qu'aujourd'hui au-dessus de moi, dans un ciel tout entier comme vos yeux dont le blanc est encore si bleu. De ces mots, celui qui porte mes couleurs, même si son étoile faiblit à cette heure, même s'il doit perdre, c'est toujours. Toujours, comme dans les serments qu'exigent les jeunes filles. Toujours, comme sur le sable blanc du temps et par la grâce de cet instrument qui sert à le compter mais seulement jusqu'ici vous fascine et vous affame, réduit à un filet de lait sans fin fusant d'un sein de verre. Envers et contre tout j'aurai maintenu que ce toujours est la grande clé. Ce que j'ai aimé, que je l'aie gardé ou non, je l'aimerai toujours. Comme vous êtes appelée à souffrir aussi, je voulais en finissant ce livre vous expliquer. J'ai parlé d'un certain "point sublime" dans la montagne. Il ne fut jamais question de m'établir à demeure en ce point. Il eût d'ailleurs, à partir de là, cessé d'être sublime et j'eusse, moi, cessé d'être un homme. Faute de pouvoir raisonnablement m'y fixer, je ne m'en suis du moins jamais écarté jusqu'à le perdre de vue, jusqu'à ne plus pouvoir le montrer. J'avais choisi d'être ce guide, je m'étais astreint en conséquence à ne pas démériter de la puissance qui, dans la direction de l'amour éternel, m'avait fait voir et accordé le privilège plus rare de faire voir. Je n'en ai jamais démérité, je n'ai jamais cessé de ne faire qu'un de la chair de l'être que j'aime et de la neige des cimes au soleil levant. De l'amour, je n'ai voulu connaître que les heures de triomphe, dont je ferme ici le collier sur vous. Même la perle noire, la dernière, je suis sûr que vous comprendrez quelle faiblesse m'y attache, quel suprême espoir de conjuration j'ai mis en elle. Je ne nie pas que l'amour ait maille à partir avec la vie. Je dis qu'il doit vaincre et pour cela s'être élevé à une telle conscience poétique de lui-même que tout ce qu'il rencontre d'hostile se fonde au foyer de sa propre gloire."
Breton, l'amour fou
20:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1)
Une bonne recommandation
18:36 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)
Toute la jeunesse de la sensation
C'est bientôt juin et l'héliotrope penche sur les miroirs ronds et noirs du terreau mouillé ses milliers de crêtes. Ailleurs les bégonias recomposent patiemment leur grande rosace de vitrail, où domine le rouge solaire, qui éteint un peu plus, là-bas, celle de de Notre-Dame. Toutes les fleurs, à commencer même par les moins exubérantes de ce climat, conjuguent à plaisir leur force comme pour me rendre toute la jeunesse de la sensation.
Fontaine claire où tout le désir d'entraîner avec moi un être nouveau se reflète et vient boire, tout le désir de reprendre à deux, puisque cela n'a encore pu se faire, le chemin perdu au sortir de l'enfance et qui glissait, embaumant la femme encore inconnue, la femme à venir, entre les prairies.
Breton, l'amour fou
17:50 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1)
Ruysdael, peintre du ciel
15:32 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (8)
Vêtue d'un feu ?
« Cette jeune femme qui venait d'entrer était comme entourée d'une vapeur - vêtue d'un feu ? tout se décolorait, se glaçait, auprès de ce teint rêvé sur un accord parfait de rouillé et de vert : l'ancienne Égypte, une petite fougère inoubliable rampant au mur intérieur d'un très vieux puits, le plus vaste, le plus profond, et le plus noir de tous ceux sur lesquels je me suis penché, à Villeneuve-lès-Avignon, dans les ruines d'une ville splendide du XIVe siècle français, aujourd'hui abandonnée aux bohémiens."
André Breton, L'amour fou
15:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Sollers, Google et la Chine...
05:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)