jeudi, 02 février 2006
Musiciennes et Musiciens
Elle n'a pas gagné de "Victoire de la Musique" mais on l'aime bien Cecilia, la copine à Philippe !
Vos héros dans la vie d’aujourd’hui ?
Des musiciens. Ce sont les seules gens que je respecte. Eux ne mentent jamais
Et vos héroïnes ?
Des musiciennes. Notamment la pianiste Martha Argerich. Ou Cecilia Bartoli.
Philippe Sollers, Son questionnaire de Proust (extrait) par Roland Mihaïl, Antoine Silber, L’Express du 12/09/2002
14:04 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
Un p'tit radis bleu
Poète
De longs jours et de longues nuits nous vivons en ces lieux où les chevaux, même morts, encore cavalent à la folie, crin hérissé sous les rafales, écorniflant au gré des bruyères ou des forêts l'instant de répit qu'il faut pour éclaircir les tourments de l'infini et continuer la course, ensemble, vers de lointaines et fraternelles utopies.
Nous ne connaissons ni caparaçon ni mèche de cravache, seulement menés que nous sommes par les désordres voulus du vent, le tremblement confus des étoiles dans l'eau des lacs, l'obstination des grands arbres à défier le carnage du temps. Le plus souvent seul le silence nous sert de signe de reconnaissance et nous savons aussi comment appréhender l'aube sans avoir même à la nommer.
Notre liberté n'est pas celle du cavalier pomponné comme pour la parade et caracolant sur l'esplanade en plein soleil; elle tient au contraire tout entière dans les quelques mots fragiles que trace le poète d'une plume incertaine sous la lumière rouge de la lune.
Pierre Autin-Grenier, Les radis bleus
10:37 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6)
Sans adjectif !
Il sera beaucoup pardonné à J.-J.M. car il a de bonnes idées ! Excellentes même ! En ce moment il n'aime pas les adjectifs ! Ça m'en a donné une à moi d'idée (comme quoi rien n'est impossible ) ! Un petit jeu quoi ! Ecrire des courts textes sans adjectif ! Unique contrainte ! Pas si facile ! Les meilleurs seront publiés ici ! Vous avez disons jusqu'à dimanche ! Vous pouvez les envoyer directement en commentaires ou par mail (il est quelque part sur le blog) ! A vous de jouer ! (les points d'exclamation sont autorisés !)
04:28 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 01 février 2006
Musique !
Va-t-il l'avoir, c'est en ce moment, en direct sur FR3, Jean-Louis Agobet (c'est un copain), sa victoire de la musique, meilleur enregistrement de l'année, et c'est de la musique contemporaine !
22:50 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2)
Ce fameux point de l’attention
Ainsi - me disais-je - c’est à un des moments les plus désolés de ma vie que j’aurai trouvé le hasard et la force d’exprimer, mais non : de capter ou d’entrevoir ce fameux point de l’attention où tout est décidément interchangeable. ’La pensée défilait devant moi ; ma propre personne et ’moi’ capable non seulement de voir tout cela dans une sorte de lumineuse absence, mais de le soupeser, de le juger, d’en rire... Et, dans ce détachement passionné, l’absurdité, enfin, devenait merveilleux : une réalité merveilleusement absurde.
20:30 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2)
Le bleu ne fait pas de bruit
C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien. Le bleu est une couleur propice à la disparition.
extrait d'Une histoire de bleu, de Jean-Michel Maulpoix
10:13 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3)
Décalé
Ici, l'homme d'une coalition alternative doit encore posséder quelque chose de monarchique, de belliqueux, de dominateur ou alors incarner au contraire une nouveauté onirique, un contre-modèle plus médiatique que politique.
09:14 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 31 janvier 2006
Fleuron
Le Connaisseur affecte, selon les circonstances, le comportement d'un homme privé de raison, celui d'un enfant ou celui d'un génie des ténèbres. On le prend tantôt pour un insensé, tantôt pour un sage ; Parfois il est investi d'une splendeur royale ; parfois ce n'est plus qu'un moine itinérant : Parfois, comme un python, il gît, immobile ; parfois son visage s'éclaire d'un bienveillant sourire ; Tantôt les hommes lui rendent les honneurs, tantôt ils l'insultent ; tantôt ils ne le remarquent même pas. (...) Tout en agissant il reste inactif ; tout en cueillant le fruit d'actions antérieurement accomplies, il n'en est pas affecté ; Tout en ayant un corps de chair, il ne s'identifie pas avec lui ; tout en étant limité, il est omniprésent.
Photo : Jean-Louis Sieff
22:16 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0)
Des bisous sur les mains
Patrick Besson : « Sollers explose de contentement de soi. Chacune de ses pensées le ravit et tous ses raisonnements l’enchantent. Quant à ses phrases. il est tellement content de les avoir écrites qu’il doit se laire, la nuit, plein de bisous sur les mains. »
Réponse de Sollers dans le JDD :
"Ici, question : comment Patrick Besson a-t-il eu connaissance de ce détail intime ? Ai-je été trahi par une de mes anciennes amies, surprise de me voir soudain, à trois heures du matin, m’embrasser les mains avec effusion ? Non, Besson est seulement un bon écrivain, donc il a un don de voyance. C’est vrai, je l’avoue ,je me fais souvent des bisous sur les mains la nuit. Elles le méritent. ces pauvres mains de forçat de la littérature. C’est ma petite prière dans les ténèbres, ma pilule de philosophie."
11:56 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (32)
Tout doit lui servir
Dès maintenant, le poète sait que tout doit lui servir. L’hallucination, la candeur, la fureur, la mémoire, les vieilles histoires, l’actualité, la table et l’encrier, les paysages inconnus, la nuit tournée, les souvenirs inopinés, les prophéties de la passion, les conflagrations d’idées, de sentiments, d’objets, la nudité aveugle, la réalité crue, l’allègement des systèmes, le dérèglement de la logique jusqu’à l’absurde, l’usage de l’absurde jusqu’à l’indomptable raison, c’est cela, - et non l’assemblage plus ou moins savant, plus moins heureux, des syllabes, des mots - qui concourt à l’harmonie d’un poème. Il faut parler une pensée musicale qui n’ait que faire des tambours, des violons, des rythmes et des rimes du terrible concert pour oreilles d’ânes.
11:39 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4)
Le vers essentiel et primordial, antérieur aux mots eux-mêmes
On ne pense pas de manière continue, pas davantage qu’on ne sent d’une manière continue ou qu’on ne vit d’une manière continue. Il y a des coupures, il y a intervention du néant. La pensée bat comme la cervelle et le coeur. Notre appareil à penser en état de chargement ne débite pas une ligne ininterrompue, il fournit par éclairs, secousses, une masse disjointe d’idées, images, souvenirs, notions, concepts... Tel est le vers essentiel et primordial, antérieur aux mots eux-mêmes : une idée isolée par du blanc. Avant le mot une certaine intensité, qualité et proportion de tension spirituelle.
06:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5)
Tension
"On a souvent parlé de la couleur et de la saveur des mots. Mais on n’a jamais rien dit de leur tension, de l’état de tension de l’esprit qui les profère, dont ils sont l’indice et l’index, de leur chargement."
Paul Claudel
04:25 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0)
La prose est née d’hier
Jamais de ces vieilles phrases à muscles saillants, cambrés, et dont le talon sonne. J’en conçois pourtant un, à moi, un style : un style qui serait rythmé comme le vers, précis comme le langage des sciences, et avec des ondulations, des ronflements de violoncelle, des aigrettes de feu ; un style qui vous entrerait dans l’idée comme un coup de stylet, et où votre pensée voguerait enfin sur des surfaces lisses, comme lorsqu’on file dans un canot avec bon vent arrière. La prose est née d’hier ; voilà ce qu’il faut se dire. Le vers est la forme par excellence des littératures anciennes. Toutes les combinaisons possibles ont été faites ; mais celles de la prose, tant s’en faut.
03:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 janvier 2006
Théâtre
Dans une pièce de théâtre, les personnages qui se parlent font semblant de se parler, mais ils répondent moins aux discours des autres qu'ils ne répondent à la situation, c'est-à-dire à l'état (probable) du spectateur.
Paul Valéry, Tel quel
Vuillard, la lecture
21:36 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
Ses cheveux sont d'or on dirait
Ses cheveux sont d'or on dirait
- Un bel éclair qui durerait
- Ou ces flammes qui se pavanent
- Dans les rose-thé qui se fanent
- Mais riez riez de moi
- Hommes de partout surtout gens d'ici
- Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire
- Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
- Ayez pitié de moi
Apollinaire
Paul Delaroche
19:26 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
Lacan de vacances ?
05:16 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (1)
La jeunesse
La jeunesse est finie dès que ce que je pense s'imprime dans ce que je fais - tandis que ce que je fais s'incruste dans ce que je pense
Paul Valéry, Tel quel
00:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Morale
Toute morale repose, en définitive, sur la propriété humaine de jouer plusieurs personnages
Paul Valéry, Tel quel
Paul Delaroche, Herodias
00:05 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 29 janvier 2006
Un accident de perspective
Tantôt le pays dans la fenêtre n'est qu'un tableau pendu au mur : tantôt, la chambre n'est qu'une coque parmi les arbres qui m'empêche de voir le tout, non d'y être. Elle n'est qu'un accident de perspective comme une feuille cache un village.
Paul Valéry, Tel quel
21:15 Publié dans Paysages | Lien permanent | Commentaires (9)
Frapper
Frapper quelqu'un, c'est se placer à son point de vue
Paul Valéry, Tel quel
21:15 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1)