lundi, 06 février 2006
Trop de singes !
"La prochaine fois que je constituerai mon équipe, a-t-il raconté, je prendrai un tiers de chiens, un tiers de chats, un tiers de singes." M. Raffarin savoure son effet et poursuit : "Les chiens sont attachés à leur maître, les chats à leur foyer et les singes sautent de branche en branche. Dans mon équipe, j'avais probablement trop de singes..."
Ainsi s'est exprimé le Lao-Tseu du Haut-Poitou
11:35 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (5)
Le Larzac
Dénudé à la face du ciel, le Larzac est un château d'eau. Mais pour les autres. Une eau qui va vers les vallées, sur ses flancs. Et qui en nourrit les rivières. Alors qu'il reste assoiffé tout l'été.
Max Rouquette
10:06 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 05 février 2006
Le nouvel avocat

En général, le Barreau approuve l’admission de Bucéphale. Avec une étonnante compréhension on se dit que Bucéphale, dans l’ordre actuel de la société, a une situation difficile, et que pour cette raison précisément, aussi bien qu’à cause de son importance dans l’histoire universelle, il mérite qu’on lui fasse quelque accueil. Aujourd’hui - nul ne peut le nier - il n’y a plus de grand Alexandre. Assassiner on sait encore le faire ; on est habile à atteindre de lance un ami par-dessus la table du banquet ; bien des gens trouvent aussi que la Macédoine est trop étroite de sorte qu’ils maudissent Philippe, le père ; mais personne, personne ne sait mener aux Indes. Du temps d’Alexandre déjà, les portes des Indes étaient hors d’atteinte, mais le glaive du roi en montrait du moins la direction. Aujourd’hui, les fameuses portes ont été transportées bien plus loin et bien plus haut ; et personne ne montre la direction ; nombre de gens tiennent des glaives, mais seulement pour les brandir, et le regard qui veut les suivre s’égare.
Vraiment, tout compte fait, le mieux est peut-être comme Bucéphale de s’enfoncer dans les livres de droit. Libre, les côtés délivrés des cuisses du cavalier, auprès de la lampe paisible, loin des rugissements de la bataille d’Alexandre, il lit et tourne les feuilles de nos vieux livres.
Franz Kafka
22:04 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Un message impérial
L’Empereur - dit-on - t’a envoyé, à toi en particulier, à toi, sujet pitoyable, ombre devant le soleil impérial chétivement enfouie dans le plus lointain des lointains, à toi précisément, l’Empereur de son lit de mort a envoyé un message. Le messager, il l’a fait agenouiller auprès du lit pour lui souffler le message ; et l’Empereur tenait tant à son message qu’il se le fit répéter à l’oreille. De la tête il a fait signe que c’était bien cela qu’il avait dit. Et devant tous ceux qui le regardent mourir - tous les murs qui gênent se trouvent abattus et sur de vastes perrons qui s’élancent avec audace se se tiennent en cercle les grands de l’Empire - devant eux tous il a expédié le message. Le messager s’est mis en route tout de suite, un homme vigoureux, infatigable ; en poussant alternativement d’un bras et de l’autre, il se fraye un chemin à travers la foule ; s’il rencontre de la résistance, il désigne sa poitrine où est le signe du soleil ; il avance facilement, comme nul autre. Mais la foule est grande et elle n’en finit pas d’habiter partout. Si l’espace s’ouvrait devant lui, comme le messager volerait. Et bientôt tu tu entendrais le battement magnifique de ses poings à ta porte. Mais hélas, que ses efforts restent vains ! Et il est toujours à forcer le passage à travers les appartements du palais central ; jamais il ne les franchira, et s’il surmontait ces obstacles il n’en serait pas plus avancé ; dans la descente des escaliers, il aurait encore à se battre ; et s’il parvenait jusqu’en bas, il n’en serait pas plus avancé, il lui faudrait traverser les cours ; et après les cours, le second palais qui les entoure, et de nouveau des escaliers et des cours, et de nouveau un palais ; et ainsi de suite durant les siècles des siècles ; et si enfin il se précipitait par l’ultime porte - mais jamais, jamais cela ne pourrait se produire - il trouverait devant lui la Ville Impériale, le centre du monde, la Ville qui a entassé les montagnes de son propre limon. Là, personne ne pénètre, même pas avec le message d’un mort. Mais toi, tu es assis à ta fenêtre, et dans ton rêve tu appelles le message quand vient le soir.
Franz Kafka
19:35 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4)
Grammaire, grimoire et glamour
18:41 Publié dans Sauce piquante | Lien permanent | Commentaires (0)
Vignoble de Berlou, terre de schiste
17:10 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
Le plus grand théologien de tous les temps
Mon grand-père avait coutume de dire : "La vie est étonnament brève. Dans mon souvenir elle se ramasse aujourd’hui sur elle-même si serrée que je comprends à peine qu’un jeune homme puisse se décider à partir à cheval pour le plus proche village sans craindre que - tout accident écarté - une existence ordinaire et se déroulant sans heurts ne suffise pas, de bien loin, même pour cette promenade."
Franz Kafka, Le plus proche village
16:38 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2)
La musique d'aujourd'hui...
Victoires de la Musique 2006, meilleur enregistrement de l'année : "Génération, Phonal, Feuermann, Ritratto concertante" de Jean-Louis Agobet, enregistré en Alsace par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg sous la direction de François-Xavier Roth et avec les solistes Michel Portal, Paul Meyer, Alain Billard, Xavier Phillips et Alexandre Paley.
10:15 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
L'hostal del poëta, chambres d'hôtes
03:56 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 04 février 2006
Ou la terre qui tremble
Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble
Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble ?
Claude Nougaro, Paris mai
Matisse, La danse
19:16 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (3)
Dionysos et le Crucifié-Ressuscité en parfait accord
"Chaque homme qui se ferme au divin est par lui bientôt consumé dans la destruction" écrit Philippe Sollers dans "La mutation du divin" (in revue L'infini n° 93, hiver 2005). Quelle est donc cette conception du divin qui en irrite beaucoup ? Cela passe par Venise nous dit Sollers, de son vrai nom : Sérénissime : "Ce terme n'est pas tombé là par hasard. Au féminin, bien sûr. Venise, la plus dangereuse des villes... Qui sait voir, sous son masque, Dionysos et le Crucifié-Ressuscité en parfait accord ?"
Claude Monet, 1908
18:00 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (3)
Compères de blog !
17:30 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 03 février 2006
Volupté
"Volupté, Volupté qui fut jadis maîtresse
Du plus bel esprit de la Grèce,
Ne me dédaigne pas, viens-t-en loger chez moi ;
J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien
Qui ne me soit souverain bien,
Jusqu'au sombre plaisir d'un cœur mélancolique".
La Fontaine
Felix Vallotton
21:59 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
Flaubert à propos de Graziella
« Causons un peu de Graziella.. C'est un ouvrage médiocre, quoique la meilleure chose que Lamartine ait faite en prose. (...) Et d'abord, pour parler clair, la baise-t-il, ou ne la baise-t-il pas ? Ce ne sont pas des êtres humains, mais des mannequins. - Que c'est beau ces histoires d'amour, où la chose principale est tellement entourée de mystère que l'on ne sait à quoi s'en tenir ! l'union sexuelle étant reléguée systématiquement dans l'ombre, comme boire, manger, pisser, etc ! Ce parti pris m'agace. Voilà un gaillard qui vit continuellement avec une femme qui l'aime, et qu'il aime, et jamais un désir ! Pas un nuage impur ne vient obscurcir ce lac bleuâtre ! O hypocrite ! S'il avait raconté l'histoire vraie, que c'eût été plus beau ! Mais la vérité demande des mâles plus velus que M. de Lamartine. »
Flaubert, Correspondance, Lettre à Louise Colet.
19:17 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (3)
La paresse
Felix Vallotton
14:59 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (5)
Dans des miroirs magiques
Le sens de la création littéraire : dépeindre des objets ordinaires tels que leur reflet apparaîtrait dans des miroirs magiques
Nabokov
Felix Vallotton
14:27 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2)
Tout le rêve de la démocratie
Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli.
Gustave Flaubert
13:34 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)
Soyez résolus à ne plus servir !
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n'est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu'on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l'ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu'il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort. Ce maître n'a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n'a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu'il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D'où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n'est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s'il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s'il n'était d'intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n'étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? Vous semez vos champs pour qu'il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu'il en fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu'il les mène à la guerre, à la boucherie, qu'il les rende ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances. Vous vous usez à la peine afin qu'il puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu'il soit plus fort, et qu'il vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d'indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l'ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre.
Discours de la servitude volontaire - Etienne de la Boétie
11:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5)
jeudi, 02 février 2006
Voix
C'est une bouche cachée dans le noir de la nuit qui parle bas et invite, par-delà les rêves incertains, à la révolte. Une voix de velours violet frémissant dans les plis du vent, semblable à celles de ces statues qu'on recouvrait jadis d'un voile le mercredi des Cendres et dont les forces mystérieuses nous fascinaient jusqu'au vertige. Avant de quitter le sommeil pour les prémices de l'aube, embrasse passionnément cette bouche; et cette voix, qu'elle vibre en ton coeur de plaisir et de défi tout le long du jour si tu tiens à gagner la paix du soir sans avoir mis genou en terre.
Tu n'auras plus rien à redouter ainsi, ni le joug humiliant des possédants ni l'entrave de leurs lois à ta liberté; le tourment des heures impossibles à vivre aura beau lâcher contre toi tous ses chiens, la meute n'atteindra ta conscience ni n'ébranlera ta volonté. Tu pourras aller debout dans le tohu-bohu du monde sans abdiquer rien de tes espérances, le clavecin des oiseaux dans les arbres accompagnera tes pas et le chemin sera tout entier tracé par le granit du pavé. Mais cette bouche qui murmure dans le noir, es-tu prêt à l'écouter? Cette voix violette de colère contre les mille complots de l'ordre, es-tu vraiment décidé à l'entendre ?
Pierre Autin-Grenier, Les radis bleus
21:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4)
Soirée exceptionnelle
Le mardi 7 février à L'Entrepôt, 7-9 rue Francis de Précenssé 75014 Paris, Les Livreurs (lecteurs de grand talent) vous invitent (entrée libre) à venir écouter des lectures de textes extraits du Petit traité de désinvolture, de Rêveurs et Nageurs et de Brefs aperçus sur l'Eternel Féminin (à paraître en avril prochain aux Editions Laffont) de Denis Grozdanovitch.
Les lectures démarreront à 20 H mais vous pouvez venir boire un verre dès l'ouverture du bar à 19 H 30.15:46 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0)