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vendredi, 30 décembre 2005

Regardez cette Sainte-Victoire

medium_08cezannedesc.jpgRegardez cette Sainte-Victoire, quel élan, quelle soif impérieuse de soleil et quelle mélancolie le soir, quand toute cette pesanteur retombe. Les blocs étaient du feu. Il y a du feu encore en eux. Le jour a l’air de reculer en frissonnant, d’avoir peur d’eux.

               Paul Cézanne

21:04 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (6)

Ses foudroyantes notes glacées dans le vide sidéral de l'infini

« L'air de la Reine de la Nuit est un des sommets de l'art de Mozart, avec ses foudroyantes notes glacées dans le vide sidéral de l'infini, dans un ciel froid, aux étoiles de glace. »

« Le grand problème que pose Mozart aux chanteurs, aux musiciens, aux chefs d'orchestre, c'est l'équilibre entre la force et la grâce, entre la chaleur et une espèce d'étonnement détaché, entre la rigueur impitoyable du rythme et la souplesse de l'invention créatrice absolue. Il faut de très grands musiciens, et assez humbles pour accepter de faire ce que Mozart demande. »

Giorgio Strehler

A lire dans le dossier Mozart du Nouvel Obs ici

13:36 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

La nuit montait du sol comme une nappe d'encre

La nuit montait du sol comme une nappe d'encre, pas une lumière, le noir des murs plus profond encore que le noir des prés. Un vent à décorner les boeufs ; mes poings gelaient au fond des poches. Alabar ne m'a pas suivi longtemps : ce rien ne lui disait rien qui vaille. Il a fait demi-tour et gratté à la porte qui s'est ouverte aussitôt. Je cherchais l'ermitage de ce saint Enda dont les disciples ont fondé Saint-Gall et appris aux rustres que nous étions à se signer, dire les grâces, chanter les neumes, enluminer les manuscrits de majuscules ornées ruisselantes d'entrelacs, de griffons, d'aubépines, de licornes. D'après ma carte, cette tanière serait juste deux cents mètres à l'Est sous la maison. Je ne l'ai évidemment pas trouvée ce soir-là — de jour c'est une taupinière basse, moussue, si rudimentaire qu'à côté d'elle, les borries des bergers de Gordes font penser au Palais du facteur Cheval. Mais j'ai vu — mes yeux s'étaient fait à la nuit — une forme pâle, rencognée dans l'angle formé par deux murets. C'était un percheron blanc si énorme et immobile que j'ai d'abord pensé à une gigantesque effigie abandonnée là par quelque Atlantide, ignorée des archéologues, et que les vents d'hiver auraient débarrassée de ses lichens et barnacles pour lui donner ce poli et cette perfection d'opaline.

Journal d'Aran, Nicolas Bouvier, p 31-32

11:55 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1)

Clon-mac-noïse, février 1985

«Clon-mac-noïse, février 1985. La rivière se love à fleur des prés couverts de gelée blanche. Elle est bordée de saules et de moutons couchés qui font deviner son cours imprévisible comme il doit l’être : un méandre de plus est ce qu’une rivière peut faire de mieux ; c’est d’ailleurs ce qu’on attend.»

Premières lignes du "Journal d'Aran" de Nicolas Bouvier ; pour une balade inspirée en Irlande...

11:37 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)

J'ai de mes ancêtres gaulois

J'ai de mes ancêtres gaulois l'oeil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.

Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.

D'eux, j'ai : l'idolâtrie et l'amour du sacrilège ; - Oh ! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure ; - surtout mensonge et paresse.

J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains ! - Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal.

Rimbaud, Une saison en enfer

jeudi, 29 décembre 2005

Tout est dans la nuit et nous y sommes encore

medium_ecosse_202002_20002.jpgTout est dans la nuit et nous y sommes encore, tout est dans la nuit et je me débats. Mon âme est en friche, je cours après quelque chose que je ne rattraperai jamais et rien ne peut m’empêcher de courir, de poursuivre ce but insensé, ce paradoxe est une clé, quelque chose m’échappe encore mais je le découvrirai, je n’ai d’autre issue que de chercher, que de chercher l’inaccessible étoile. Et si c’était Léonore cette étoile, ou une des branches de l’étoile, jamais je n’avais rencontré quelqu’un comme elle, j’ai l’impression en la voyant de regarder le temps, tout en elle est aérien, limpide et sacré, son âme est comme une forêt balayée par le vent, elle ressemble à ces paysages de l’Écosse puissants et lumineux, souvent le soir pour m’endormir je m’imagine être un brin d’herbe bercé par le vent, sur cette lande, entre deux lochs, pays merveilleux, sublime, c’était mon premier voyage, j’avais dix-huit ans, je ne savais pas où j’allais, je l’ai découvert en avançant, je voulais seulement aller en Angleterre, puis la route a déroulé son ruban...

Les services secrets

Les services secrets étaient appelés par toute l’histoire de la société spectaculaire à y jouer le rôle de plaque tournante centrale ; car en eux se concentrent au plus fort degré les caractéristiques et les moyens d’exécution d’une semblable société. Ils sont aussi toujours davantage chargés d’arbitrer les intérêts généraux de cette société, quoique sous leur modeste titre de « services ». Il ne s’agit pas d’abus, puisqu’ils expriment fidèlement les mœurs ordinaires du siècle du spectacle. Et c’est ainsi que surveillants et surveillés fuient sur un océan sans bords. Le spectacle a fait triompher le secret, et il devra être toujours plus dans les mains des spécialistes du secret qui, bien entendu, ne sont pas tous des fonctionnaires en venant à s’autonomiser, à différents degrés, du contrôle de l’État ; qui ne sont pas tous des fonctionnaires.

Guy Debord, Commentaires à la Société du Spectacle

Toutes les peines du monde

« Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes, et on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme. »

Arthur Cravan

14:34 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (3)

Le paysage audiovisuel

Finalement il n’y a jamais eu autant d’opacité, d'épaisseur, de brouillage ; insensiblement, le flux quotidien et ininterrompu d’images et de messages auquel on est soumis est devenu un écran entre nous et le monde. Devant nous ne s’étale plus que le paysage audiovisuel...

mercredi, 28 décembre 2005

Piquant !

Pris sur Langue sauce piquante, blog toujours aussi délicieux :

Vous connaissez l'anantapodoton ?

Exemple : Quelle est la différence entre un corbeau ?...
(réponse : il a les deux pattes de la même longueur, surtout la gauche).

Les mots ou les expressions à la con, qu'on déteste (liste non exhaustive)

booster, point barre !, c'est clair !, j'hallucine, impacter, stigmatiser, synergie, promo, entame, la barre symbolique, monter au créneau, un signal fort, incontournable, ...-culte, cerise sur le gâteau, marge de manoeuvre étroite, déficit abyssal...

De Félix Fénéon : Le Dunkerquois Scheid a tiré trois fois sur sa femme. Comme il la manquait toujours, il visa sa belle-mère : le coup porta.

D'alexis Piron, poète et dramaturge né à Dijon (1689-1773), cette épitaphe :

Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
pas même académicien.

Un nouveau service aux étudiants

Pour acheter et vendre des livres, c'est ici

Picasso et l'art

Des révélations, c'est là !

10:15 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0)

Le pape et Mozart

C'est un signe ! A lire ici

mardi, 27 décembre 2005

Un nouveau corps amoureux

medium_chagallillv.jpgDevant une neige un Etre de Beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s'élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré, des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la Vision, sur le chantier. Et les frissons s'élèvent et grondent et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, - elle recule, elle se dresse. Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.

Rimbaud, Being beauteous

Marc Chagall

Trouvé dans une papillote

Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Etre "de quelque chose", ça pose un homme, comme être "de Garenne", ça pose un lapin

Alphonse Allais

13:53 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)

C’est la première fois, dans l’Europe contemporaine...

C’est la première fois, dans l’Europe contemporaine, qu’aucun parti ou fragment de parti n’essaie plus de seulement prétendre qu’il tenterait de changer quelque chose d’important. La marchandise ne peut plus être critiquée par personne : ni en tant que système général, ni même en tant que cette pacotille déterminée qu’il aura convenu aux chefs d’entreprises de mettre pour l’instant sur le marché.

Partout où règne le spectacle, les seules forces organisées sont celles qui veulent le spectacle. Aucune ne peut donc plus être ennemie de ce qui existe, ni transgresser l’omertà qui concerne tout. On en a fini avec cette inquiétante conception, qui avait dominé durant plus de deux cents ans, selon laquelle une société pouvait être critiquable et transformable, réformée ou révolutionnée. Et cela n’a pas été obtenu par l’apparition d’arguments nouveaux, mais tout simplement parce que les arguments sont devenus inutiles. À ce résultat, on mesurera, plutôt que le bonheur général, la force redoutable des réseaux de la tyrannie.

Jamais censure n’a été plus parfaite. Jamais l’opinion de ceux à qui l’on fait croire encore, dans quelques pays, qu’ils sont restés des citoyens libres, n’a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu’il s’agit d’un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n’a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien.

Guy Debord, Commentaires sur la Société du spectacle, 1988

Texte intégral ici

lundi, 26 décembre 2005

Comme un vent frais dans un ciel clair

medium_matisse1.2.jpgTa tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.


Baudelaire, A celle qui est trop gaie

Matisse, La musique

11:33 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 25 décembre 2005

Pastorale, par Matisse, 1905

medium_matisse.gif

09:01 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Pour réussir votre réveillon

La recette de la dinde au whisky  

Acheter une dinde d' environ 5Kg et une bouteille de whisky, du sel,du poivre, de l' huile d' olive, des bardes de lard. Barder la dinde, la saler, la poivrer et ajouter un filet d' huile d'olive. Préchauffer le four Th 7 pendant 10Mn. Se verser un verre de whisky, le boire. Mettre la dinde au four dans un plat de cuisson. Se verser deux verres de whisky et les boire. Après une debi-beurre, fourrer l' ouvrir et surbeiller le buisson de la pinde. Brendre la vouteille de biscuit et s' enfiler une bonne rasade. Après une demi-heure, dituber jusqu'au bour. Oubrir la borte, reburner, revourner, enfin bref, mettre la guinde dans l' autre sens. S' asseoir sur uen butain de chaise et se reverdir 5 ou 6 verres de wizby. Buire. Non luire ou cuire la bringue bandant 4 heures. Et hop! 5 berres de blus. R'tirer le four de la dinde. Se rebercer une bonne voulée de whisky. Rabasser la dinde ( l' est tombée par terre ). l' ettuyer et la voutre sur un blat... sur une assiette. Se béter la figure à cause de gras sur le barrelage de la buisine. Ne pas essayer de se relever. Déciver qu' on est bien par derre et binir la mouteille de misky... Blus tard, ramber jusqu' au lit, dorbir ze qui reste de la nuit. Le lendemain matin, prendre un alka seltzeir,manger la dinde froide avec de la mayonnaise et nettoyer le bordel que vous avez mi dans la cuisine.   Durée: une bonne jounée.

08:53 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (11)

samedi, 24 décembre 2005

Verve, nuit de Noël

medium_6303.jpgMatisse

18:47 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)